Working Together
Saving Tomorrow Today
du 28 novembre au 9 décembre 2011
+ 2 journées pour un accord...
17ème conférence des parties (COP17) de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (UNFCCC) et 7 ème session de la Conférence des parties siégeant en tant que Réunion des parties au Protocole de Kyoto (CMP7)
Vrais faux accords entre faux amis
Inutile de se voiler la face, les intérêts économiques et les nécessités de développement de la Chine et de l'Inde n'ont rien à voir avec ceux et celles de la France, de l'Union Européenne, des Etats Unis ou du Canada.
Quand les premiers ont pour objectifs d'atteindre les niveaux des seconds il est bien normal que les replis nationaux surgissent. L'agenda politique est très éloigné des contingences d'évolution du système Terre et l'entre soi bien compris des parties n'a de cesse de protéger ses citoyens, même au détriment de ses voisins.
L'exemple le plus flagrant, bien que déjà présent dans les coulisses, a été le retrait du Protocole de Kyoto du Canada annoncé officiellement le lundi 12 décembre. Si ce pays veut continuer tranquillement l'exploitation des sables bitumeux, polluer l'air (donc le nôtre aussi), ses rivières et ses lacs, construire des barrages voire réaliser des transferts d'eau du nord canadien vers le nord étasunien et n'être ni contrôlé, ni mis à l'index de la communauté internationale, il a fait le bon choix.
Pour ce qui concerne les résultats de Durban, dans le principe, entre 2012 et 2015 les états vont réfléchir à la façon dont ils peuvent s'engager dans une nouvelle version du protocole de Kyoto, quelles actions volontaires ils peuvent mettre en oeuvre pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre pour aboutir à un accord global qui concernera tous les pays, dont la conclusion est prévue, suivant la nouvelle feuille de route, avant 2015. Accord qui s'appliquera au plus tard à partir de 2020.
Ecrire et dire que le principal a été sauvé est une vision très optimiste quand on sait qu'aucune volonté politique n'est à l'œuvre pour soulever les enthousiasmes et porter une vision planétaire. Comme l'exprime si bien le ministère de l'écologie français, c'est un retour en arrière positif : ""Si les conservatismes s'étaient imposés le cadre multilatéral de lutte contre les changements climatiques aurait perdu sa pertinence pour l'avenir et aurait même pu s'effondrer à Durban. Nous avons au contraire franchi une étape dans ce processus, dont beaucoup disent qu'elle est comparable au mandat fixé à Berlin en 1995 pour adopter le Protocole de Kyoto."" (Mme Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, communiqué de presse du Meddtl le 11 décembre 2011).
C'est une danse bien étrange où les 195 danseurs s'efforcent d'avancer en reculant et compare le présent au passé en référence au futur. Temps libre, entre fin 2012 et 2020 (2020 qui n'est que le principe d'une année limite que les pays pourront modifier en fonction des crises financières, écologiques, voir plus grave encore) pour un tempo de développement au sens économico-industriel, loin de toute tentative, ou greenwhasinguette, dans l'intervalle, pour résoudre l'échauffement du système atmosphère.
Les industriels du bois, de l'eau, des mines, du pétrole, du gaz, du charbon et autres ressources fossiles pratiquent la tactique de l'évitement des coups, et des coûts, contraignants, préjudiciables à leurs actionnaires et à la croissance non finie (mais pas infinie) de leurs entreprises.
Se mêlent dans ces situations paradoxales des discours bienveillants pour éviter une catastrophe climatique annoncée, avec une hausse des températures de l'ordre de 6, voir 7 degrés Celsius d'ici... 50 à 100 ans et les contraintes de fournir à quelques milliards d'humains une vie décente dans un climat social au bord de l'explosion. Presque du style "Il n'y en aura pas pour tout le monde"...
Les peules autochtones, que des processus comme Redd Plus devraient assister dans leur développement (soutenable ? bien qu'ils s'y connaissent mieux que nous dans ce domaine), ont énergiquement protesté à Durban. Ils assurent, pour simplifier, que ce n'est qu'un moyen de prendre possession de leurs terres riches d'un sous-sol prometteur et de remplacer la flore de leurs forêts par des eucalyptus à pousse rapide jouant le rôle de puits de carbone (et de tueur des écosystèmes par la même occasion).
L'exemple récent du Yasuni en Equateur -déclaré Réserve Mondiale de la Biosphère par l'UNESCO- (lire notamment sur
sosYasuni) démontre bien que plus de 190 pays de la Planète n'ont rien à faire de la préservation d'espace aux multiples ressources florales et faunistiques et n'imaginez pas que cela concerne uniquement quelques milliers d'hectares à l'autre bout du monde (quid en France des trames vertes et bleues ?).
Durban replonge les négociateurs dans l'œil du cyclone, vous lirez ci-dessous quelques communiqués conclusifs, et cette situation internationale augure mal des résultats de Rio+20 en juin 2012.
Le gouvernement brésilien semble encore hésiter à organiser cette conférence symbolique, partagé qu'il peut être entre certains de ses députés qui envisagent sérieusement de raser la partie brésilienne de l'Amazonie (Aldo Rebelo, PCdoB,
voir notamment) pour y faire paitre des troupeaux de vaches (
clonées !?) à viande et pousser quelques autres céréales ogm et la nécessaire diplomatie de bon aloi pour devenir l'un des acteurs majeurs du XXIème siècle.
Au moment où le verdissement de l'économie est affiché ostensiblement (et à l'ordre du jour de Rio+20), sans crainte de rougir ni de faire rire ses interlocuteurs, que les cleantech ont le vent en poupe, l'année 2011 marque un pic de pollution et la déforestation n'a jamais été aussi importante.
Le CO2 va-t-il finir par modifier la composition de l'atmosphère ? Sans doute faut-il y prendre garde, trop de CO et plus rien ne s'enflamme et pas assez tout brûle.
Cet anniversaire de l'invention du développement soutenable prend donc le risque de devenir insoutenable.
COP 18 à Doha au Qatar en décembre 2012.
Le Qatar, choix par défaut de l'
organisation des Nations unies pour le climat par manque de capacités financières des autres pays candidats et des énormes efforts à réaliser par ce pays pour réduire son record du maximum d'émissions de CO2 par habitant (53,4 t) -ce qu'il s'est hypothétiquement engagé à entreprendre-, un choix à "la baisse" inscrit dans le déroulement et le résultat de Durban.
Doha est également célèbre, entre autres, par le
cycle du même nom de l'OMC (Organisation mondiale du commerce) -cycle qui piétine depuis plusieurs années-, la
coupe du monde de football en 2022, sa chaîne de
télévision internationale Aljazeera, ses pétrodollars, sa compagnie aérienne
Qatar Airways et ses énormes réserves de pétrole et de gaz...
Richard Varrault, 17 décembre 2011
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France : satisfaction mesurée du ministère de l'écologie.
Durban, COP 17 : Vers un nouveau cadre mondial pour lutter contre le changement climatique (11 décembre 2011)
Durban [COP 17], des ONG montent aux créneaux
Durban : face à l'emballement climatique et l'inaction gouvernementale, Occupy COP-17 ! (24 novembre 2011)
La situation à fin 2011
Organisation météorologique mondiale
Climat : 2011, année particulièrement chaude, selon l'OMM (29 novembre 2011)
Centre d'analyse stratégique
Les enjeux du financement d’une politique climatique mondiale (25 novembre 2011)
Avant Durban [COP 17], le ministère de l'écologie rappelle quelques évidences :
Rapport spécial du GIEC sur « les évènements climatiques extrêmes » : le climat doit rester une priorité (22 novembre 2011)