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Forçage radiatif, négatif ou positif ? Explications sur le site de Wikipédia

RAC, Réseau Action Climat, qui le compose ?

Analyse de Maximes Combes, économiste, pour Attac, son article pour le site Mediapart

The Draft Agreement, 5 octobre 2015

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18 octobre 2015

Le projet d'accord de l'Unfccc (United Nations Framework Convention on Climate Change/Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) pour la COP21 rejeté par les ONG françaises



A view of the atrium in the new World Conference Center Bonn (WCCB)
A view of the atrium in the new World Conference Center Bonn (WCCB), venue of the Bonn Climate Change Conference - October 2015 copyright : iisd.ca


Par Richard Varrault

Le texte qui doit servir de base aux négociations de la COP21 à Paris, ou Non-Paper, a été diffusé le du 5 octobre 2015. Il a été rédigé par les deux présidents et facilitateurs de la négociation, Ahmed Djoghlaf (l’algérien) et Dan Reifsnyder (l’étatsunien), et ils ont réduit le nombre de pages du document d'une centaine à vingt. Mais ce document est violement critiqué par les ONG françaises (RAC-F et Attac).

L’important n’est pas la taille du document qui doit être discuté mais bien ce qu’il contient, le contenant est secondaire par rapport au contenu. C’est le premier reproche fait à l’édition du 5 octobre, où nombreux sont ceux qui félicitent les deux présidents pour leur travail. Chacun comprend que plus on enlève de texte supposé superflu, plus le document sera léger mais plus il sera inconsistant et dépourvu d’ambition. L’exercice d’écriture n’est pas des plus simples certes mais des plus importants, 195 pays attendent un texte aussi clair que possible mais avec les ambitions qui vont avec...
La question de la limitation du réchauffement climatique à 2°C, voire 1.5°C reste cruciale. Les commentateurs craignent qu’en l’état actuel de la prose explicative du Non-paper, le business as usual domine au risque d’une élévation de température plus proche des 3°C.

Sans contraintes autoritaires de réduction des gaz à effet de serre émis, les pseudos objectifs ne seront jamais atteints, que ce soit en 2030 ou en 2050. Nos sociétés pétro-gazières, qui sniffent le CO2, ne sont pas préparées : aucune sensibilisation, ni éducation n’est mise en place à l’échelle des continents, la démarche est reportée sur le citoyen en devoir de tout assumer. Laisser dans notre sous-sol autant de possibilités de continuer à jouir de nos technologies à base d’énergies fossiles semble inconcevable à beaucoup.
D’autant que ne sera pas mis en place un processus de révision régulier de chacune des contributions nationales d’ici et après 2020, date d’application de l’éventuel accord de Paris 2015. A l’heure actuelle, les INDCs (ou contributions) présentés sont en incapacité de réduire les émissions carbonées. Ces engagements volontaires ont toutes les chances de ne pouvoir enrayer la progression continue, année après année de la période la plus chaude, pour cause de nos pollutions en CO2 anthropiques, à l’échelle globale sur notre planète. Notons que, presqu’à fin octobre, les pays du Golfe n’ont pas encore fournis leurs contributions. Vous vous demandez pourquoi ?

Où sont les données ?

L’un des éléments le plus étonnant de ce « draft agreement » est l’absence complète de données chiffrées, pourtant le document se réfère souvent aux données scientifiques les plus récentes (sans jamais les écrire), il s’exprime sur l’atténuation et l’adaptation mais jamais de chiffres. Ils doivent être tabous dans le langage diplomatique où les idées se superposent, parfois sont en double, sans dire exactement la même chose ni exprimer la même fonction (cf. les mots entre [ ], [contributions] [commitments] [other]. Nous sommes loin d’un rapport scientifique, de ceux du GIEC en particulier qui eux, vont directement là où sont les causes, généralement chiffrées et détaillées, et leurs conséquences. Toujours est-il que jamais autant de données ont été disponibles pour mesurer et estimer les GES qui provoquent le réchauffement de la planète. Pour quelles raisons les négociateurs ne présentent-ils aucune de ces données ? Ces données existent au sein de la COP, ce sont, entre autres, les contributions chiffrées des pays qui devraient être en bonne place pour discuter du fond du problème. Mais pas même un schéma accompagné de quelques explications n’est proposé. Les data sont pourtant présentes dans la moindre recherche depuis un moteur sur internet ; les négociateurs vivent-ils hors du monde sans contact avec ces giga-octets que n’importe quel public peut découvrir et discuter.

Qui va diriger cette COP, sur quelles bases ?

Les négociateurs ne peuvent pas être les médecins du dérèglement climatique et encore moins les prescripteurs des ordonnances qui seront rédigées. Ils ne paraissent attentifs qu’à la forme dont ils veulent parler de la maladie terrestre, sans jamais quantifier aucun élément, ni donner la mesure des quantités de CO2 qui s’accroissent à chaque seconde. Sans compter que nos médecins du XXIème siècle ne font jamais référence aux énergies renouvelables, nulle part il n’est question d’éoliennes ou de panneaux solaires, ni même de ressources hydrauliques (bien que beaucoup de barrages soient également contestés aujourd’hui dans de nombreuses parties du monde). Ces orientations essentielles mises en œuvre presque partout à des échelles diverses sont inexistantes dans le draft [le mot « renewable » (renouvelable) est absent du texte de 20 pages et le mot « energy » n’est présent qu’une fois page 6, article 8 pour citer l’Agence internationale de l’énergie Atomique, dans cet article il est question de la représentation des organisations et non du problème crucial de l’énergie à l’échelle de tous les pays, et pourquoi prendre comme exemple l’AIEA ? Un effet lobby ?

Quant à certains secteurs, comme le maritime ou l’aviation, ces mots n’existent pas dans le document du 5 octobre 2015. Pour venir « négocier » au Bourget les milliers de femmes et d’hommes ne viendront pas en vélo, ni en véhicule solaire mais utiliseront l’avion pour venir parfois de plus de 20 000 km ; quel sera l’empreinte carbone de ces personnes, le secrétariat de la COP21 a-t-il fait plancher quelques spécialistes pour une estimation réaliste ?
Dans le cas présent l’empreinte carbone pour un vol Sydney-Paris CDG en classe économique et en tenant compte du forçage radiatif serait de 4.70 tonnes d’équivalent CO2 par personne pour un voyage aller-retour (données calculées par le site calculator.carbonfootprint.com). Un autre site (consoglobe, planetoscope) nous apprend que 1 kilo d'équivalent C02 est émis toutes les 4 secondes par les voitures européennes, soit 900 kg/heure. Le voyage depuis Sydney correspondrait à plus de 5 heures de circulation de toutes les voitures européennes... Voila qui pourrait faire réfléchir les négociateurs si la COP21 leur offrait une appli de calcul de tous leurs déplacements depuis leur point de départ pour calculer leur empreinte carbone.
Mais ce serait un gadget trop « fun » pour nos sérieux arrivants.

Pour ne rien arranger nos futurs débateurs sont confrontés à une disjonction fondamentale, telle que définie par Amy Dahan et Stefan Aykut, appelée « schisme de réalité » entre un processus de gouvernance mondiale censé se déployer pour contenir le risque climatique et une réalité du monde complexe et multiforme qui lui échappe en très grande partie. Autrement dit, les importantes et moins importantes personnalités qui seront présentes dans les enceintes onusiennes encore en construction sur le tarmac du Bourget sont-elles compétentes pour en débattre (seules, ou accompagnées d’un vadémécum sur le climat ?).

Pour tenter une conclusion, il faut bien avoir en tête que ces 195 états n’ont, chacun, à diminuer leurs intérêts personnels dans cette vingt et unième négociation, dont les 20 précédentes n’ont été, au mieux, que l’occasion de rencontres bilatérales entre chefs de gouvernement ou au pire des échecs cuisants face à la complexité et l’incapacité de trouver un accord. De la démographie, tabou des Nations Unies, aux terres rares en passant par les ressources halieutiques ou le fond vert, le développement des ENR, chaque état peut dicter à ses négociateurs d’avancer ou reculer les pions de sa négociation. Dans ce jeu, ceux qui ne voudront pas entendre raison par rapport à l’énorme effort commun qu’il faudra produire seront peut-être les premiers perdants de ces parties où les concessions devront venir de tous. Ne par perde de vue face aux dérèglements climatiques, le vieil adage : « L’union fait la force ». Il n’y a plus à attendre !


NB : Un nouveau cycle de négociations reprend à Bonn et se tiendra du 19 au 23 octobre 2015.
Vous pouvez suivre les comptes-rendus des jounées de négociation à cette adresse, sur le site de l'IISD Reporting service et télécharger les Earth Negociation Bulletin ou ENB, en anglais, français, arabe et japonais.


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