Le document ci-dessous est extrait du "Bulletin des Négociations de la Terre", un service d’information sur les négociations de développement et d’environnement
En ligne sur www.iisd.ca/climate/cop20/enb/
Publié en plusieurs langues par l’Institut International du Développement Durable (IIDD)
CONFÉRENCE DE LIMA SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES : 1ER AU 12 DÉCEMBRE 2014
La Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques s’ouvre aujourd'hui à Lima, au Pérou, et se poursuivra jusqu'au 12 décembre. La Conférence comprend la 20e session de la Conférence des Parties (CdP 20) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et la 10e session de la Conférence des Parties siégeant en tant que Réunion des Parties au Protocole de Kyoto (CMP 10). Trois organes subsidiaires se réuniront également: l'Organe subsidiaire de mise en oeuvre (SBI), l'Organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique (SBSTA), et le Groupe de travail spécial sur la plate-forme de Durban pour une action renforcée (ADP=Ad Hoc Working Group on the Durban Platform for Enhanced Action) (
Voir la COP17/CMP7 Durban South Africa, 2011 sur Waternunc.com -Ouvre une nouvelle page).
La conférence examinera notamment les points liés au financement, à l'atténuation, à l'adaptation et à la technologie. La CdP entendra également un rapport de l’ADP sur les progrès réalisés au cours de la troisième année de son mandat consistant
à élaborer « un protocole, un autre instrument juridique ou un résultat convenu ayant force de loi au titre de la Convention
applicable à toutes les Parties » d’ici 2015, en vue d’une entrée en vigueur au plus tard en 2020.
BREF HISTORIQUE DU PROTOCOLE DE KYOTO ET CCNUCC
La réponse politique internationale aux changements
climatiques a commencé par l'adoption de la CCNUCC (Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques ou United Nations Framework Convention on Climate Change (UNFCCC)) en 1992,
qui établit un cadre d'action visant à stabiliser les concentrations
atmosphériques de gaz à effet (GES) aux fins d’éviter «
les interférences anthropiques dangereuses avec le système
climatique ». La Convention, qui est entrée en vigueur le 21
mars 1994, compte aujourd’hui 196 Parties.
En décembre 1997, les délégués à la troisième session de
la CdP 3 à Kyoto, au Japon, se sont accordés sur un Protocole
relevant de la CCNUCC, qui engage les pays industrialisés et
les pays en transition vers l’économie de marché à atteindre des
objectifs de réduction des émissions. Ces pays, connus comme
étant les Parties visées à l’ Annexe I de la CCNUCC, se sont
engagés à réduire leurs émissions globales de six GES d’une
moyenne de 5 % par rapport aux niveaux de 1990, et ce entre
2008 et 2012 (la première période d’engagement), avec des
objectifs particuliers variant d’un pays à l’autre. Le Protocole
de Kyoto est entré en vigueur le 16 février 2005 et compte
aujourd’hui 192 Parties.
NÉGOCIATIONS À LONG TERME ENTRE 2005-2009:
Réunie à Montréal, au Canada, en 2005, la première session de
la CMP (CMP 1) a décidé d’établir le Groupe de travail spécial
sur les nouveaux engagements des Parties visées à l’Annexe I
au titre du Protocole de Kyoto (AWG-KP) en vertu de l’Article
3.9 du Protocole qui donne mandat d’envisager de nouveaux
engagements pour les Parties visées à l’Annexe I au moins sept
ans avant la fin de la première période d’engagement.
En décembre 2007, les négociations de la CdP 13 et de la
CMP 3, tenues à Bali, en Indonésie, ont abouti à l’adoption de
la Feuille de route de Bali sur les questions à long terme. La
CdP 13 a adopté le Plan d’action de Bali, et a établi le Groupe
de travail spécial sur l’action concertée à long terme au titre
de la Convention (AWG-LCA) avec pour mandat de se centrer
sur l’atténuation, l’adaptation, le financement, la technologie
et une vision commune de l’action concertée à long terme. Les
négociations sur les nouveaux engagements des Parties visées à
l’Annexe I se sont poursuivies dans le cadre de l’AWG-KP. Le
terme des négociations dans les deux voies de négociation a été
fixé à 2009, à Copenhague.
COPENHAGUE: La Conférence des Nations Unies sur les
changements climatiques de Copenhague, au Danemark, s’est
tenue en décembre 2009. Cet évènement de haut niveau a été
marqué par des controverses sur la transparence et le processus.
Tard dans la soirée du 18 décembre, les pourparlers ont abouti à
un accord politique: l’« Accord de Copenhague » qui a été par
la suite présenté à la plénière de la CdP pour adoption. Après
13 heures de débat, les délégués ont finalement convenu de
« prendre note » de l’Accord de Copenhague et de prolonger
les mandats des groupes de négociations jusqu’à la CdP 16 et
la CMP 6 en 2010. En 2010, plus de 140 pays avaient indiqué
leur soutien à l’Accord. Plus de 80 pays ont également fourni
des informations sur leurs objectifs ou mesures d’atténuation au
niveau national.
CANCÚN: La Conférence des Nations Unies sur les
changements climatiques de Cancún, au Mexique, s’est tenue
en décembre 2010, où les Parties ont finalisé les Accords de
Cancún et ont prolongé les mandats des deux AWG d’une année
supplémentaire. Dans la voie de négociation de la Convention,
la Décision 1/CP.16 a reconnu que des réductions importantes
des émissions mondiales sont nécessaires pour limiter la hausse
de la température moyenne de la planète à 2 °C au-dessus des
niveaux préindustriels. Les Parties ont convenu d’envisager le
renforcement de l’objectif global à long terme lors d’un examen
à mener d’ici 2015, y compris par rapport à une cible proposée
de 1,5 °C. La Décision 1/CP.16 a également abordé d’autres
aspects de l’atténuation, tels que: la mesure, la notification et
la vérification (MRV); et la réduction des émissions dues au
déboisement et à la dégradation des forêts dans les pays en développement, et le rôle de la conservation, de l’aménagement
durable des forêts et du renforcement des stocks forestiers dans
les pays en développement (REDD+).
Les accords de Cancún ont également établi plusieurs
nouvelles institutions et nouveaux processus, dont le Cadre de
l’adaptation de Cancún, le Comité de l’adaptation, ainsi que le
Mécanisme technologique, qui comprend le Comité exécutif
de la technologie et le Centre et Réseau des technologies
climatiques. Le Fonds vert pour le climat (FVC) a été créé et
désigné comme nouvelle entité opérationnelle du mécanisme
financier de la Convention.
Dans le cadre de la voie de négociation du Protocole, la CMP
a exhorté les Parties visées à l’Annexe 1 à relever le niveau
d’ambition de leurs objectifs de réduction des émissions, et
a adopté la Décision 2/CMP.6 sur l’utilisation des terres, le
changement d’affectation des terres et la foresterie
DURBAN: La Conférence des Nations Unies sur les
changements climatiques de Durban, en Afrique du Sud, s’est
tenue du 28 novembre au 11 décembre 2011. Les résultats
de Durban couvrent un large éventail de sujets, notamment
l’établissement d’une deuxième période d’engagement au titre
du Protocole de Kyoto, une décision en faveur d’une action
concertée à long terme au titre de la Convention et un accord sur
la mise en oeuvre du FVC. Les Parties ont également décidé de
lancer l’ADP avec pour mandat « l’élaboration d’un protocole,
un autre instrument juridique ou un résultat convenu ayant force
de loi au titre de la Convention, et applicable à toutes les Parties
». L’ADP devra conclure ses travaux d’ici 2015, le nouvel
instrument devant entrer en vigueur au plus tard en 2020. En
outre, l’ADP a été chargée d’étudier des mesures pour remédier
au déficit du niveau d’ambition d’ici 2020 par rapport à l’objectif
de 2 °C.
DOHA: La Conférence des Nations Unies sur les
changements climatiques de Doha, au Qatar, s’est tenue du 26
novembre au 8 décembre 2012. La conférence a abouti à un
ensemble de décisions, intitulé « la Passerelle climat de Doha
». Il s’agit notamment des amendements apportés au Protocole
de Kyoto pour établir sa deuxième période d’engagement et
un accord pour mettre fin aux travaux de l’AWG-KP à Doha.
Les Parties ont également décidé de mettre fin à l’AWG-LCA.
Un certain nombre de questions nécessitant un examen plus
approfondi ont été transférées au SBI et au SBSTA, telles
que: l’examen de l’objectif global 2013-2015; les mesures
d’atténuation des pays développés et en développement; les
mécanismes de flexibilité du Protocole de Kyoto; les plans
d’adaptation nationaux; la MRV; les mécanismes associés et non
associés au marché; et la REDD+.
VARSOVIE: La Conférence de Varsovie sur les changements
climatiques a eu lieu du 11 au 23 novembre 2013, à Varsovie,
en Pologne. Les négociations ont porté sur la mise en oeuvre
des accords conclus lors des réunions précédentes, notamment
la poursuite des travaux de l'ADP. La réunion a adopté une
décision de l’ADP qui invite les Parties à amorcer ou à
intensifier les préparatifs nationaux des contributions prévues
déterminées au niveau national (CPDN), et décide d'accélérer
la mise en oeuvre intégrale du PAB et des ambitions à prévoir
avant 2020. Les Parties ont également adopté une décision
établissant le Mécanisme international de Varsovie pour les
pertes et dommages, et le Cadre de Varsovie pour la REDD+,
une série de sept décisions sur le financement, les arrangements
institutionnels et les questions méthodologiques concernant la
REDD +.
FAITS MARQUANTS DE LA PÉRIODE INTERSESSIONS
ADP 2-4: La quatrième réunion de l'ADP 2 (ADP 2-4) a eu
lieu du 10 au 14 mars à Bonn, en Allemagne. Dans le cadre du
secteur d’activité 1 (Accord de 2015), la réunion s’est tenue sous
la forme de consultations ouvertes sur le point 3 de l’ordre du
jour, qui portait sur: l'adaptation; les CPDN; le financement, la
technologie et le renforcement des capacités (moyens de mise en oeuvre); l’ambition et l'équité; l’atténuation; la transparence de l'action et du soutien; et les questions diverses liées aux
éléments. Un atelier en session a abordé les préparatifs internes
des CPDN. Dans le cadre du secteur d’activité 2 (niveau
d’ambition à prévoir avant 2020), des réunions d'experts
techniques (RET) se sont tenues sur les énergies renouvelables et
l'efficacité énergétique.
RÉUNIONS INTERSESSIONS DE BONN: La Conférence
de Bonn sur les changements climatiques a eu lieu à Bonn, en
Allemagne, du 4 au 15 juin 2014, et comprenait les 40e sessions
du SBI et du SBSTA, et la cinquième réunion de l’ADP 2 (ADP
2-5). Lors de la réunion, les Parties ont réalisé des progrès sur
les négociations concernant l'ADP et ont préparé des projets de
décisions à soumettre à la CdP et à la CMP à Lima. Les ministres
ont participé à deux évènements de haut niveau, une Table ronde
ministérielle de haut niveau sur le Protocole de Kyoto, qui avait
pour objectifs d’évaluer la mise en oeuvre du Protocole et de
fournir aux ministres l'occasion d'augmenter les engagements
chiffrés en matière de limitation et de réduction des émissions
(QELRC) de leur pays, et un Dialogue ministériel de haut niveau
sur la Plate-forme de Durban pour une action renforcée qui visait
à relever le niveau d'ambition à prévoir avant 2020 et à donner
une impulsion aux négociations de l'accord de 2015.
ADP 2-6: La sixième réunion de l’ADP 2 (ADP 2-6) a eu
lieu à Bonn, en Allemagne, du 20 au 25 octobre 2014. Dans
le cadre du secteur d’activité 1, les délégués ont continué à
élaborer les éléments d'un projet de texte de négociation, qui
servira de fondement à l'accord final de 2015, et ont examiné un
« document informel » contenant les opinions et les propositions
des Parties sur les éléments d'un projet de texte de négociation.
L'ADP a également travaillé sur un projet de décision qui
inclut les types d'information à fournir par les pays lorsqu'ils
communiquent leurs CPDN et la façon dont ces contributions
seront éventuellement considérées. Dans le cadre du secteur
d’activité 2, la RET s’est centrée sur: les mesures possibles
sur les GES autres que le CO2; le piégeage, l'utilisation et le
stockage du carbone; et le suivi des RET sur l’exploitation des
possibilités d'atténuation par l'efficacité énergétique, les énergies
renouvelables, l'amélioration de l'environnement urbain et de
l'utilisation des terres au cours de la période pré-2020. Les
pays ont également abordé un projet de décision sur le niveau
d’ambition à prévoir avant 2020.
GIEC-40: La 40e session du Groupe d'experts
intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC-40) s'est
tenue du 27 octobre au 1er novembre 2014 à Copenhague, au
Danemark, pour examiner et parachever le Rapport de synthèse
et le Résumé à l'intention des décideurs qui complètent le
Cinquième rapport d'évaluation du GIEC (RE5). Plus de 800
auteurs et éditeurs issus de 85 pays ont participé à l’élaboration
du RE5 au cours des six dernières années, et ont conclu que: le
changement climatique est sans équivoque et sans précédent; des
réductions d’émissions importantes et durables sont nécessaires
pour éviter les conséquences les plus graves; et plus on retarde
l’action, plus elle sera coûteuse et plus on devra s’en remettre à
l'avenir à des technologies qui n’ont pas été testées.
RdP 26 AU PROTOCOLE DE MONTRÉAL: La dixième
réunion de la Conférence des Parties à la Convention de Vienne
pour la protection de la couche d'ozone (CdP10) et la vingtsixième
Réunion des Parties au Protocole de Montréal sur les
substances qui appauvrissent la couche d'ozone (RdP26) se
sont tenues du 17 au 21 novembre 2014, à Paris, en France. La
RdP26 et la CdP10 ont traité avec succès un certain nombre de
questions, y compris la reconstitution du Fonds multilatéral.
Toutefois, les Parties ne sont pas parvenues à un accord sur la
question de savoir si le Protocole doit être modifié ou non pour
aborder les hydrofluorocarbones, qui ont été introduits par le
Protocole comme alternatives aux substances qui appauvrissant
la couche d'ozone, mais qui se sont plus tard révélées avoir un
potentiel de réchauffement global élevé.
Quelques photos, extraites du site iisd.ca

COP 20/CMP 10 President Manuel Pulgar-Vidal, Peru
Photo © iisd/Waternunc.com
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ADP contact group addressing finance
Photo © iisd/Waternunc.com
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Subsidiary Body for Scientific and Technological Advice (SBSTA) contact group on the 2013-2015 Review
Photo © iisd/Waternunc.com
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Youth demonstration organized by Earth in Brackets and Friends of the Earth focused on clean energy
Photo © iisd/Waternunc.com | |

Almost 100 members of civil society demonstrate before the negotiations begin, chanting "solidarity, not just sympathy" and appealing to parties for swifter and stronger action to address climate change
Photo © iisd/Waternunc.com
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Indigenous people and affected communities speak out against the fossil fuel industry through a demonstration, calling for such companies to be banned from the UN climate talks
Photo © iisd/Waternunc.com
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The Lima Climate Action High-level Meeting begins in the company of (L-R): Minister of Foreign Affairs Gonzalo Gutierrez, Peru; former US Vice-President Al Gore; former President of Mexico Felipe Calderón; UN Secretary-General Ban Ki-moon; President of Peru Ollanta Humala; COP 20/CMP 10 President Manuel Pulgar-Vidal, Peru; Minister of Foreign Affairs and International Development Laurent Fabius, France; and Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) Chair Rajendra Pachauri
Photo © iisd/Waternunc.com
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Décriptage de la COP20 de Lima
L'analyse de l'avocat Arnaud Gossement
Monsieur Gossement s'est livré à une analyse précise et pointilleuse du "Lima call for climate action", en partant de la vision du verre à moitié plein ou moité vide. Une manière de dire que les négociations n'ont pas avancées mais que des points spécifiques font consensus.
Coté verre à moitié plein :
1. réalité du changement climatique et sur la contribution de l'Homme à ce dernier,
2. volonté du monde de maintenir (si possible) le changement climatique en dessous de la barre dangereuse des 2°C,
3. confirmer le principe d'une responsabilité commune mais différenciée des Etats (même si son contenu exact apparaît confus),
4. faire preuve de réalisme sur l'écart actuel entre le niveau réel des émissions de GES et ce qu'il faudrait faire,
5. confirmer le principe d'un Green fund,
6. d'engager les Parties à communiquer, avant la fin du premier semestre 2015, leurs contributions à la réduction de leurs émissions de GES,
7. de confirmer le processus onusien comme seul processus possible pour parvenir à un accord mondial,
8. de confirmer l'objectif d'un accord mondial, de poursuivre les négociations.
Et de conclure sous cet angle :
"La décision de la COP20 traduit la pérennité d'un consensus international sur la réalité du risque que court l'humanité et sur la nécessité de poursuivre les négociations. En ces temps de crise économique, ce n'est pas tout à fait rien. Ce n'est pas non plus suffisant."
Coté verre à moitié vide :
Aucune des questions qui étaient posée à cette conférence des parties n'a trouvé de réponse précise.
1. Le premier enjeu était celui de la création d'une relation de confiance entre les Etats parties à la CCNUC,
2. Le deuxième enjeu était celle de la mobilisation citoyenne et des moyens de la créer,
3. Le troisième enjeu était celui du financement de l'action contre le changement climatique,
4. Le quatrième enjeu était celui du format des "engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre",
5. Le cinquième enjeu était celui de la nature et de la valeur juridique de l'accord à venir à Paris.
Et de conclure :
"L'appel de Lima est donc aussi un appel aux juristes pour faire preuve de créativité."
Retrouvez en cliquant sur ce lien l'intégralité de l'analyse avec les commentaires d'Arnaud Gossement. Ouvre une nouvelle fenêtre.
Retrouvez en cliquant sur ce lien le texte de l'appel de Lima pour le climat (Advance unedited version-
english only), 4 pages de "conclusion" (Decision -/CP.20) et 39 pages d'annexe (Elements for a draft negotiating text), Ouvre une nouvelle page, document .pdf
L'analyse de Valéry Laramée de Tannenberg (coprésident de l'
AJEC21)
Pour ce spécialiste des questions environnementales les conclusions sont plutôt positives, comme devraient le montrer la COP21 en fin d'année 2015 à Paris.
Ce sont surtout les documents disponibles pour la suite de Lima qu'il met en avant pour valider cette espérance d'une fin honorable en décembre 2015.
Tout est contenu dans cette quarantaine de feuilles remplies de proposition, comme des cases à cocher, pour la future synthèse d'ambitions dont certaines sont chiffrées, le Fonds Vert, Red+ et autres participations des pays développés pour aider ceux qui en ont besoin...
Retrouvez en cliquant sur ce lien cette analyse ainsi que celles d'autres journalistes et chercheurs. Ouvre une nouvelle fenêtre.
L'analyse de l'IDDRI SciencesPo
Interventions de Thomas Spencer (Iddri),
Alix Mazounie (RAC), Benoit Leguet (CDC)
Thomas Spencer : une vision diplomatique
En bref, il est normal que ce soit difficile et
l’accord de Lima est un bon accord qui met
les négociations de Paris sur la bonne voie.
« Dans ce processus, nous avons besoin de
convergence conceptuelle entre les pays sur
le type d’accord que l’on veut obtenir qui
doit être dynamique et durable. Un texte de
l’accord final (ébauche) sera soumis aux
négociateurs en mai 2015, c’est une règle
des Nations Unies qui consiste à soumettre
mois avant le début de la prochaine
négociation un projet d’accord juridique. » Il
note que les négociations entre pays
développés et pays en développement
concernent des groupes qui ne reflètent plus
la réalité économique d’aujourd’hui. « On
s’oriente vers une responsabilité commune
mais différenciée. » « Il y a un appel à
contributions financières volontaires des pays
qui sont en capacité de le faire, même pour
les pays en développement.
Ce dernier point reste un sujet de contentieux
pour Paris. Comme beaucoup d’autres , il
souhaite que les contributions se fassent au
plus tôt en 2015, avec le maximum de
transparence.
« les négociations de Paris seront difficiles
pour arriver à un accord juridique universel.
Les grands pays devront avoir la volonté
partagée d’arriver cet accord. »
Pour Benoit Leguet , l’ accord est globalement
plutôt positif mais il pose encore quelques
questions comme « que met-on dans
les contributions, atténuation et adaptation
? « Pourra-t-on les comparer ? Pour le
fonds vert 10 Mds $ on été obtenu à Lima
mais c’est un stock et non un flux quand on
demande 100 Mds $ au niveau de la COP et
que l’AIE explique qu’il en faut 1 000. Comment
obtenir l’un ou l’autre ? » Et conclut
sur une image parlante : « les négociations
sont comme un repas au restaurant, à Kyoto
on était à deux tables avec un même menu, à
Lima on est à la même table mais avec des
formules différentes et la question est : qui va
payer l’addition ? »
Alix Mazounie tacle le texte au plus près du
réel. Elle observe d’abord qu’il y a un espace
important entre 2015 et 2020 durant
lequel rien n’a été évoqué « Pour les
contributions aucun formulaire commun, pas
de format ni de date de référence commune .
Il va falloir revenir à la table des négociations
en 2020 et 2025. Les états ne sont pas
d’accord entre eux, il faudra un accord
flexible et de long terme si on veut déboucher
sur un monde décarbonné en 2050. » Les
ONG restent sur leur faim d’un monde sans
énergie fossile , le GIEC recommandant de
n’utiliser qu’un tiers des énergies fossiles
encore en « stock » sur la planète. Quoiqu’il
arrive les pays en développement vont avoir
des pertes : typhons, sécheresses . Qui va
prendre en compte les pertes et dommages;
ce sujet fait partie du préambule mais est
absent du texte. C’est très politique. Les
financements publics risquent de disparaitre,
pour le fond vert on demande la participation
des pays en développement, environ 137
pays sont concernés. Les pays développés
disent « on a déjà abondé, maintenant c’est
terminé », quid de la suite pour les pays en
difficulté ? » « Avant dans la négociation, il y
avait des gentils et des méchants. Maintenant
il n’y a plus que des méchants. Il n’y a pas eu
un document pilier de l’accord mais au
moins dix visions du monde… » Elle regrette
qu’il y ait encore 700 Mds $ d’investissement
dans les énergies fossiles. Tout se passe
en dehors des COP dans le G7 et le G20. La
négociation va patiner, les états ne sont pas
prêts. Le sentiment d’urgence n’a pas
percolé, la dynamique positive n’a pas
percuté. Lima a été une signature au rabais.
(voir le travail de décryptage remarquable
fait par les
ONG durant Lima
(recueilli par Richard VARRAULT) Texte publié sur
Options Futurs No26, janvier 2015