Richard Varrault : Quelle est l'histoire de l'Algérienne des eaux ?
A. Ghalem : L'Algérienne des Eaux est un établissement public à caractère industriel et commercial créé en avril 2001. Il a son siège à l'intérieur du ministère des ressources en eau.
Auparavant l'eau potable et l'assainissement étaient gérés par une multitude d'organismes. 9 d'entre eux couvraient 22 wilayas (département), 26 établissements pour les autres wilayas et 900 communes n'étaient pas prises en charge par ces établisssements.
Au vu de la dispersion de ces efforts il y a eu la création de 2 établissements nationaux : l'Algérienne des eaux (ADE) et l'Office national de l'assainissement (ONA).
RV : Quelles sont les régions où s'exercent l'activité de l'ADE ?
AG : L'ADE dispose de 5 agences régionales qui épousent les contours hydrographiques (tout le pays est couvert, ndlr). Chaque agence est divisée en plusieurs zones et chaque zone comporte 2, 3 ou 4 unités.
Par exemple, l'agence régionale d'Alger est composée de 4 zones : Alger, Setif, Tizi Ouzou et Medea.
3 unités sont implantées dans la zone d'Alger :
- 1 unité de production qui comprend les stations de pompage, l'adduction d'eau à partir des barrages, des forages et des champs captants à la périphérie d'Alger et les stations de traitement
- 1 unité de distribution avec un réseau long de 2 000 km
- 1 unité de réalisation et de maintenance qui intervient pour les travaux de branchements et les grosses réparations.
RV : Comment est alimentée en eau potable la ville d'Alger ?
AG : La quantité d'eau qui alimente la ville est de l'ordre de 450 à 500 000 m
3/jr pour des besoins estimés à 600 000 m
3/jr et une population de 3 millions d'habitants
La moitié de cette eau vient des champs captants, l'autre moitié vient du barrage de Keddara, d'un volume de 145 millions de m
3.
Il existe aussi un système de sécurité appelé SAA (Système d'alimentation en eau d'Alger) qui correspond à l'interconnection de 3 barrages à la périphérie d'Alger : Bouroumi, Boukerdane et Ghrib. L'eau de ces barrages arrive dans une conduite unique à la porte d'Alger où se trouve une usine de traitement de 150 000 m
3/jr.
RV : L'alimentation en eau potable est-elle régulière ?
AG : On assure l'alimentation en continu pour 80% des communes. Pour les autres communes l'alimentation est assurée un jour sur deux ou un jour sur trois.Cette situation est dû à des problèmes de réservoirs qui ne sont pas assez nombreux et à un manque de pression dans les réseaux. En été il y a un programme de restriction et l'alimentation n'est plus que d'un jour sur deux pour pratiquement l'ensemble des communes.
RV : Avez-vous des solutions pour palier à cette situation ?
AG : Une petite partie de l'eau vient d'une nouvelle unité de dessalement d'eau de mer de 2 500 m3/jr (La Fontaine), fournie par l'entreprise allemande
Linde.
Les projets portent sur 18 petites unités de dessalement pour l'alimentation en eau le long des côtes et de plus grosses usines de dessalement sont prévues, de 50 à 150 000 m3/jr, pour soulager les barrages dont l'eau sera destinée à l'agriculture et aux villes de l'intérieur
(note 1).
Bien sur, les études d'impact de ces usines sont prévues dans les projets.
RV : Quel est l'état des réseaux de distribution d'eau à Alger et dans les grandes villes ?
AG : Les réseaux sont vétustes. Il y a des projets de réhabilitation avec la SEM (Société des eaux de Marseille, ndlr) pour Alger et la Saur pour Oran.
Le taux de fuite est d'environ 40%. Il s'explique par l'eau qui s'échappe des conduits, par des piquages (raccordements, ndlr) illicites et par des problèmes de comptage et de recouvrement de factures. Pour ce dernier point il s'agit d'abonnés au forfait qui paient moins que ce qu'ils consomment.
RV : Quel est le prix de l'eau en Algérie ?
AG : Aujourd'hui le prix de l'eau varie selon les usages. L'eau est facturée par tranches de consommation dont le prix varie de 4,6 Dzd (
Dinars algériens) à 12,5 Dzd/m
3 (5,15 à 14 centimes d'€, ndlr).
Une réflexion est en cours et le prix de l'eau va augmenter. Il y aura une tranche minimum à prix bas, environ 4,5 Dzd, et au-delà les prix vont augmenter de façon substentielle et être uniformisés. Cette modification du prix de l'eau sera entérinée par un décret exécutif sur proposition du ministère des ressources en eau et du ministère du commerce. Les agriculteurs bénéficieront d'un prix bas.
RV : Avez-vous des actions de sensibilisation à la question de l'eau ?
AG : En effet, beaucoup de personnes laissent couler l'eau sans contrôle, pour l'arrosage et d'autres usages, sans prendre conscience de sa rareté. L'Algérie est effectivement un pays semi-aride.
Nous organisons des portes ouvertes pendant une semaine à l'occasion de la journée mondiale de l'eau pour une sensibilisation aux économies d'eau.
RV : Je vous remercie.
Retour Haut de page
Information en provenance du site http://www.linde.com
Client : Algérienne des Eaux
Location: La Fontaine / Algeria
Process: Sea water treatment by reverse osmosis
Treatment stages:
Open sea water intake
Filtration
Chemical injection
Membrane system including high pressure feed pumps
Energy recovery
Treated water storage tank
Capacity: 2 500 m³/d
Effluent quality: Drinking water
Start-up: 2002
note 1
Lire également l'article paru dans la revue française Hydroplus, n°130, janvier-février 2003, page 16 : "La mer à boire en Algérie".
"Dessalement - Enfin, les algériens boivent de l'eau dessalée ! Certes, encore en petites quantités : à peine 5000 m3/j sont produits depuis le mois d'octobre 2002 dans la ville de Skikda, située à 400 km à l'est d'Alger."
Cours du Dinar algérien à fin juin 2003 :
1 € = 89,5 DZD
1 DZD = 0,0112 €
Retour Haut de page