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eau & ressources
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Sommaire :
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Jean A. Vergnes, au centre, expert international, lors d'un déplacement en Algérie. |
I.- PENURIE D'EAU : SITUATION ACTUELLE, PROBLÈMES ET PROPOSITIONS
1.-UNE SEMAINE CENTRÉE SUR LA CRISE DE L'EAU POUR LA PRESSE EN ALGÉRIE
La crise de l'eau algérienne et son impact social ont été l'objet de nombreux articles dans les quotidiens d'Algérie ces derniers mois, des articles parfois repris par la presse française. Le mois de février, tout particulièrement la deuxième semaine (cf. Annexe I), a été une période particulièrement prolixe sur l'eau.
En effet, les multiples réunions et déclarations de Ministres, les mesures d'urgence proposées, la situation critique de certaines willayas (Alger, Bourmedes, Tizi Ouzou, ...), le colloque international de Chlef, ... ont donné aux médias des occasions de rappeler quelques causes d'une situation dramatique : la forte évaporation, une mauvaise répartition, la croissance démographique élevée, l'urbanisation anarchique, une potentialité hydrique de l'Algérie inférieure au seuil critique (500 m 3/hab/an), les gaspillages, les décharges sauvages, les rejets liquides mal gérés, les pollutions agricoles, l'absence de programmes adaptés d'éducation/responsabilisation de la population, les contraintes économiques, ...
Une situation dramatique caractérisée par une catastrophique sous-alimentation en eau (un jour sur cinq dans certains quartiers d'Alger), des nappes asséchées, des barrages envasées et vides, une mauvaise qualité de l'eau, une hygiène insuffisante (gale, insalubrité), des réseaux de distribution insuffisants (vétusté, point d'eau pour plusieurs familles, fuites), des tensions sociales. Cette situation suscite une politique urgente de gestion durable des ressources en eau et de l'environnement.
La presse écrite et la TV ont manifesté de l'intérêt pour les débats du colloque de Chlef, notamment ceux sur le gaspillage, la responsabilité de chacun, la sensibilisation des publics à une culture de l'eau. L'article "Pour une véritable culture de l'Eau" d'El Watan (18/02) aurait même mérité d'être repris par la presse des pays euro-méditerranéens. En effet, la crise de l'Eau en Algérie est rentrée dans une phase d'urgence, d'inquiétude grandissante des populations, de décisions gouvernementales incontournables. La proximité du drame de l'Algérie doit interpeller tous les décideurs des pays euro-méditerranéens, les inviter à accélérer la mise en œuvre de leur politique de l'eau, les amener à faire preuve de solidarité euro-méditerranéenne : il n'est jamais trop tard.
2.- LES MESSAGES DU COLLOQUE INTERNATIONAL DE CHLEF
Au colloque de Chlef, en dehors des communications et des débats associés, il a été rappelé les grands messages historiques caractérisant les causes essentielles de la problématique de l'eau à l'échelle planétaire :
i) Coût des gaspillages et choix des solutions
Les mesures gouvernementales doivent privilégier une politique de lutte contre les gaspillages aux recherches systématiques de nouvelles ressources d'eau (forages, unités de dessalement, transport en eau). Ceci n'interdit pas de mettre en œuvre momentanément de nouvelles sources d'eau dans cette situation de crise aiguë. Par contre, il reste très souhaitable d'imposer parallèlement des mesures d'économie et une politique "anti-gaspi". L'Europe n'a pas su faire l'économie d'une crise de l'eau. Pour ne parler que du gaspillage, de 40 à 60% (et même 80%) de l'eau prélevée sont perdus (réseaux vétustes, prélèvements clandestins, relevés non effectués,...). La Commission Économique pour l'Europe de l'ONU évalue ces pertes à 10 milliards US$ par an.
Note de l'auteur : On peut supposer que les pertes d'eau en Algérie doivent dépasser dans certains endroits les valeurs annoncées du pourcentage d'eau gaspillée (40%), comme c'est le cas de certains pays de l'Europe dont les pertes peuvent atteindre 80%.
ii) Éducation des populations
Kofi Annan a demandé solennellement au Sommet de Malmö (5/2000) "d'entreprendre un effort majeur d'éducation du public, car on n'arrive même pas à maintenir un débat sur la question".
"Les choix stratégiques qui doivent s'opérer ne peuvent être faits sans une implication directe de tous les secteurs et acteurs du développement, de la société civile et des décideurs" (Forum d'Adrar, 9/2001).
Note de l'auteur : Le problème du retard de l'éducation des populations en matière d'eau est aussi celui de la plupart des pays de la zone Euro-méditerranéenne. La pauvreté culturelle d'une récente réunion internationale sur l'éducation relative à l'environnement illustre, à bien des égards, l'importance de ce retard. Le problème se complique d'autant plus que le concept "éducation" n'est pas toujours bien compris et que des évaluations sérieuses des actions d'éducation réalisées sont rarement faites.
iii) Crise = Non-décision
Crise égale non-décision. Non-décision sur l'alimentation en eau d'une population égale tensions sociales.
"L'avenir de la planète est entièrement entre nos mains et si des catastrophes surviennent un jour, ce sera en raison de nos mauvaises décisions politiques ou de notre absence de décisions politiques".
Olof Palme, Conférence des Nations Unies sur l'Environnement, Stockholm,1972.
"Concernant la crise de l'eau, "moins de discours et plus d'actions".
Federico Mayor, ancien Directeur général de l'Unesco (1998).
Note de l'auteur : Le barrage de Taksbet n'aurait toujours pas les adductions nécessaires (~100 kilomètres) pour assurer la distribution de sa réserve d'eau sur Alger (Cf Annexes II et VII : L'Actualité 10/2/2002 - Laxisme).
iv) Des colloques. Oui, mais ...
"Si nous ne pouvons pas traduire les recommandations qui sont formulées dans les colloques en projets concrets et résultats tangibles, alors nous devons sérieusement nous questionner sur leur utilité ! "
Koïshiro Matsuura, Directeur général de l'Unesco (2001)
Note de l'auteur : C'est l'une des raisons pour lesquelles "le Sommet de La Haye (2001) a été critiqué par de nombreux experts dans le monde" (propos d'un responsable de "Water Vision" au Forum de Cannes de 2001).
II.- LA MISSION VERGNES-MARCOVITCH
1.- GÉNÉRALITÉS
La participation au colloque de Chlef (anciennement Orléans-Ville et El Aznam) constituait l'objectif principal de la mission. Le déroulement du colloque était prévu sur 3 journées, du 5 au 7 février inclus.
Cette mission (financée par les autorités algériennes), faisait suite à celle effectuée par Jean VERGNES, en septembre 2001, à Alger et à l'Oasis d'Adrar (financée par l'Observatoire des zones arides et sahéliennes).
Elle a été organisée par le Recteur Ahmed OUAGUED de l'Université Hassiba Benbouali de Chlef, avec les concours du professeur Ahmed KETTAB, du Député Mekki MESSAHEL et du consultant Jean VERGNES qui avait proposé dès le début d'associer le député Daniel MARCOVITCH (rapporteur de la Loi de l'Eau à l'Assemblée Nationale Française). Cette mission a été aussi fortement soutenue par l'Ambassade de France : la chaleur de l'accueil et l'intérêt pour l'objet de la mission en témoignent. L'Ambassade a veillé, avec une grande attention, à la sécurité des deux missionnaires.
2.- OBJECTIFS
Intervenir et faire des communications orientées vers l'action au Colloque international sur l'eau.
Rencontrer des responsables institutionnels (les Walis, les Parlementaires, les Maires, les responsables de l'association d'anciens élèves de l'École Nationale Polytechnique, les Conseillers de Ministre, le Conseiller spécial du Gouverneur de la Banque centrale d'Algérie, des universitaires, le Directeur général d'un centre de recherche, ...) au cours de réunions officielles et d'entretiens informels pour :
- Participer à la réflexion nationale sur les problèmes posés par la grave pénurie de l'eau en Algérie (causes, effets, mesures prises, coopérations, concertations, politiques universitaires, ...)
- Noter les attentes algériennes sur la coopération française
- Identifier des actions urgentes
- Faire des propositions d'actions urgentes et d'éventuels projets de coopération sur :
- Des programmes d'enseignements et de recherche pluridisciplinaires sur l'eau
- Les problèmes liés à la qualité des données sur l'eau, leur réactualisation et leur diffusion
- Une meilleure connaissance de l'expertise nationale et leur mise en commun régionale
- L'accès à toutes les informations nécessaire à la définition et mise en œuvre d'une politique
3.- DISCUSSIONS & RÉSULTATS
i) Thèmes de discussions
De nombreuses personnalités ont participé à des discussions (réunions officielles ou entretiens informels) concernant la problématique de l'eau dans le monde et plus particulièrement en zone méditerranéenne, les politiques nationales, les spécificités de la pénurie en Algérie, ... Avec les responsables universitaires de Chlef (l'Université Hassiba Benbouali,...) et d'Alger (l'Université des Sciences et Techniques Houari Boumédienne, l'École Nationale Polytechnique, le Centre d'Enseignement et de Recherche sur l'Information Scientifique et Technique), il a été abordé en particulier :
- La formation incontournable d'une expertise pluridisciplinaire (de l'expertise manquante ou insuffisante en droit, en économie, en sociologie, … de l'eau) mais aussi des techniciens nécessaires.
- La création d'équipes pluridisciplinaires de recherche sur les problèmes de l'eau et la mise en œuvre de projets interdisciplinaires de recherche centrés sur la gestion durable des ressources en eau.
- La réactualisation des connaissances pour l'expertise hydraulique existante
- La formation de quelques experts "double compétences" dans le domaine de l'eau
- La formation complémentaire des professeurs de l'enseignement primaire, secondaire, technique et professionnel pour la prise en compte de la composante "eau", au travers de chaque discipline enseignée dans le cadre des enseignements habituels.
- La formation complémentaire de professionnels en contact avec les individus (animateurs, enseignants, étudiants, infirmiers, ingénieurs, journalistes, techniciens, médecins, ...) afin de permettre leur participation à l'éducation des publics (éducation = information, sensibilisation, ...).
- L'élaboration d'une banque de données "Expertise en Eau" (Le directeur du CERIST apportera son concours).
- Les études comparées et les évaluations des coûts de traitement par km3 d'eau, des coûts de stockage par km3 d'eau par barrage (construction, entretien régulier, réduction de l'envasement, fixation des abords par plantations adaptées), des coûts de transport par km3 d'eau pour des débits donnés (construction, entretien, contrôle des pertes des réseaux, contrôle du comptage, ...).
- Les études comparées des modes d'information, de justification, de tarification, de facturation, de contrôles, pouvant promouvoir une politique de gestion durable de l'eau au niveau des individus.
Remarques : Dans des domaines ne relevant pas directement de l'eau, il a été aussi discuté de la mise en place de programmes universitaires d'enseignement nécessaires sur le thème de "Communication et Technologies nouvelles de l'Information" (communication orale et écrite) et des problèmes des "triplants" et de la pré-orientation des nouveaux étudiants.
ii) Propositions
Des urgences pour l'Algérie
Mettre en œuvre une stratégie de diffusion des Recommandations du Colloque de Chlef.
Veiller à la prise en compte de ces recommandations, mais aussi celles des Nations Unies, en particulier la mise en œuvre d'une politique nationale d'éducation et de communication en matière d'eau des différents publics formant la population (agriculteurs, décideurs, enfants, enseignants, famille, infirmiers, techniciens, ingénieurs, journalistes, ...), les journalistes et les agriculteurs étant prioritaires. Un préalable incontournable.
Soutenir toute volonté politique de :
- Privilégier l'économie et la lutte contre les gaspillages à la création de nouvelles sources(1)
- Réactualiser les données existantes caractérisant les ressources en eau.
- Affiner la connaissance des coûts de création/fonctionnement des projets actuels ou envisagés.
- Faire des études comparatives pour favoriser les meilleurs choix techniques et financiers.
- Identifier les conditions de réussite pour les stratégies et politiques nationales.
- Faire appel à la Commission Européenne pour obtenir son soutien dans des projets, notamment de type universitaire. En effet, l'Union Européenne a adopté une proposition d'extension de coopération universitaire en direction des 9 pays de la rive Sud de la Méditerranée, dont l'Algérie (Extension du programme Tempus). La Commission a souligné que le partenariat euro-méditerranéen se verra ainsi renforcé par ce premier programme dans le domaine de l'enseignement supérieur. (Idem pour les Agences des Nations Unies).
Des propositions d'actions pour l'Algérie
Définir et promouvoir des programmes visant à :
Développer des programmes d'activités d'éducation et de communication en matière d'eau, programme adapté aux différents publics d'une population (agriculteurs, enfants, enseignants, familles, ingénieurs, infirmiers, journalistes, ...)
Créer une expertise pluridisciplinaire dans laquelle les sciences sociales et les sciences humaines auraient une place tenant compte de toute leur importance dans toute la problématique de l'eau.
Mettre en place, de façon progressive dans les Universités de l'Algérie, des équipes pluridisciplinaires centrant leurs activités sur les enseignements et la recherche concernant les ressources en eau.
Mettre en place un réseau d'expertise national sur l'Eau à partir du recensement de l'expertise existant dans l'ensemble des institutions publiques ou privées de l'Algérie.
Favoriser la création d'un réseau d'expertise régionale "Eau-Maghreb". Les colloques internationaux sur l'Eau d'Adrar (9/2001) et de Chlef (2/2002), comme celui prévu en Tunisie (10/2002) devraient pouvoir y contribuer.
Proposer un projet "Eau" à la Commission Européenne dans le cadre du MEDA
Des propositions de coopération franco-algérienne
Création d'un groupe franco-algérien de parlementaires pour conduire une réflexion "eau" commune et promouvoir le Droit de l'Eau (Proposition du Député Mekki MESSAHEL). Ce groupe pourrait notamment participer à un colloque orienté vers des propositions concrètes sur les thèmes disjoints : "Droit de l'Eau", "Quelle politique de tarification ?"
Organisation d'un deuxième colloque orienté vers des propositions concrètes sur 2 thèmes disjoints :
- "Traitement des eaux saumâtres et gestion des rejets correspondants"
- "Lutte contre l'envasement des barrages et recherche de solutions adaptées"
Nommer un expert français, pour une année universitaire, à l'École Nationale Polytechnique d'Alger, auprès du Laboratoire de Recherches des Sciences de l'EAU (LRS-EAU), pour participer à :
- Certains enseignements universitaires concernant essentiellement la problématique générale de l'eau mais aussi le thème relevant de la "Communication et des Technologies de l'Information"
- La création d'une expertise pluridisciplinaire (l'expertise manquante ou insuffisante en droit, en économie, en sociologie, … de l'eau) en utilisant les compétences existantes
- L'élaboration de projet de formation complémentaire des professeurs de l'enseignement primaire, secondaire, technique et professionnel pour la prise en compte de la composante "eau", au travers de chaque discipline enseignée dans le cadre des enseignements habituels.
- La formation complémentaire de professionnels en contact avec les individus (animateurs, enseignants, étudiants, infirmiers, ingénieurs, journalistes, techniciens, médecins, ...) afin de permettre leur participation à l'éducation des publics (éducation = information, sensibilisation, éducation de base, ...).
L'élaboration d'une banque de données "Expertise en Eau" (Le Directeur du CERIST a donné son accord pour soutenir de projet). participer à un certain nombre de programmes retenus sur l'Eau
Favoriser le jumelage des Agences de l'Eau de la France avec des Agences de Bassin Hydrographique de l'Algérie afin que ce pays bénéficie de l'expérience de la France. Au Colloque de Chlef, il a été proposé le jumelage de l'agence de Seine Normandie avec le bassin hydrographique de Chlef
Soutenir une demande de l'École Nationale Polytechnique d'Alger pour apporter à un ingénieur Hydraulicien (cf Annexe IX) de bon niveau (polytechnicienne, titulaire d'un magistère avec mention très honorable) souhaitant une bourse en France pour suivre une formation en Droit lui permettant d'avoir une double compétence. Quatre objectifs justifient cette demande :
- Intervenir dans des enseignements de Droit à l'Eau pour les futurs Ingénieurs Hydrauliciens
- Participer à l'élaboration de groupes pluridisciplinaires sur l'Eau dans les Universités
- Développer des projets de recherche pluridisciplinaire au sein du Laboratoire de Recherche des Sciences de l'EAU
Remarque : Deux demandes semblables sur les deux thèmes "économie de l'eau" et "sociologie de l'eau" ont été aussi envisagées pour l'avenir dans le cadre général de la coopération internationale.
Programmer une mission d'expert dans le domaine de l'éducation et de la communication en matière d'eau
Des propositions pour les actions culturelles spécifiques à l'Ambassade de France
2003 étant l'année internationale de l'eau mais aussi l'année de l'Algérie, l'Ambassade pourrait :
- Proposer la Semaine de l'Eau dans les "centres de culture française" de l'Algérie. Il s'agirait de réaliser une série de manifestations centrées sur l'Eau et la Vie (concours de peintures pour les enfants, conférences adaptées au grand public, poésies, une exposition sur "Les fontaines de l'Orient", un concours de photos sur le thème de "L'Eau et le Sahara", une présentation des métiers de l'eau et de l'environnement, ...).
- Publier, à cette occasion, une édition spéciale rassemblant des articles pluridisciplinaires (hydrologie, droit, économie, sociologie, histoire, ...) concernant l'Eau dans le monde Méditerranéen. Cette édition pourrait être illustrée par des photos sélectionnées dans l'exposition envisagées précédemment. L'Éditeur pourrait être les Services culturels de l'Ambassade de France, le Ministère des Affaires Étrangères, une Société française, ...
- Participer à l'organisation des deux colloques internationaux en Algérie identifiés précédemment.
- Proposer un séminaire "Formation des Journalistes du Maghreb et Éducation à une culture de l'Eau"
- L'Assemblée Nationale Française organisant une journée sur l'eau le 22 mars 2002, inviter à cette manifestation le Député Mekki MESSAHEL et le Professeur Ahmed KETTAB à l'École Nationale Polytechnique (Directeur du Laboratoire de Recherches des Sciences de l'Eau de l'ENP et coordonnateur d'un Groupe Méditerranéen sur la Stratégie, Gestion et Technologie "EAU").
- Une proposition sera faite pour l'admission à l'Académie de l'Eau en France, du Député Mekki MESSAHEL et du Professeur Admed KETTAB, deux personnalités hautement investies en Algérie dans la résolution des problèmes que pose l'eau dans cette région du monde fortement touchée par la pénurie de cette ressource.
ANNEXE I
TROIS SEMAINES D'ARTICLES DE PRESSE EN ALGÉRIE SUR LA CRISE DE L'EAU
La presse française avait, à diverses reprises, attiré l'attention des Français sur la crise de l'eau en Algérie. Par exemple, le monde du 3/9/2001 titrait : La pénurie d'eau en Algérie a contraint les autorités à mettre en place des restrictions. 48 barrages sont presque aux deux tiers vides. Un taux moyen de remplissage en eau qui est passé de 46% à 38%… 8 barrages remplis sont à 22%. Le barrage de Keddara vide (il devait résoudre les problèmes d'eau à Alger)... mouvement de protestations, ...
El Watan 24 janvier 2002
Le dessalement, une option incontournable. L'eau par camions-citernes.
Des barrages vides. De l'eau un jour sur trois… Décision de réaliser trois unités de dessalement d'eau de mer. Lancement d'un programme d'une quarantaine de forages.
La Tribune 1 février 2002
L'eau au menu de la rencontre Benflis-Walis
Des locataires réclament l'eau et le gaz pour leur cité (204 logements sociaux), ce qui entraîne prolifération de maladies contagieuses comme la gale pour cause d'absence d'hygiène.
Le Matin d'Alger 4 février 2002
Une montagne de détritus
A Raïs Hamidou, la plage "Les Horizons bleus" est devenue un dépotoir d'ordures alors qu'il s'agit d'un site réservé aux familles. Une politique de gestion des déchets solides à développer.
El Watan 5 février 2002
L'Éducation environnementale
Conférences et présentation d'un film sur les zones humides sources d'eau, de nourriture, de développement économique de diversités biologiques, avantages sociaux et naturels.
La voix de l'Oranie 6 février 2002
L'Heure est à l'écologie
Installation de clubs verts dans des établissements scolaires.
L'Actualité 6 février 2002
"L'Algérie n'aura plus de problèmes d'eau dans 2 à 3 ans"
Déclaration du Chef de Gouvernement (Ali Benflis) lors de sa rencontre avec les 48 walis de l'Algérie… Plus de problèmes si le programme d'urgence est mis en œuvre à savoir : mise en place d'une cellule ministérielle présidée par le Ministre de l'eau (Aïssa Abdelaoui), 69 nouveaux barrages (actuellement 133), 6 grands transferts, un programme de forage, des unités de dessalement, des stations d'épuration/recyclage des eaux usées, …
La voix de l'Oranie 7 février 2002
Proche-Orient : La guerre de l'Eau
La voix de l'Oranie 7 février 2002
Une fontaine publique pour trois douars
... qui montre l'insuffisance du réseau actuel de distribution de l'eau
La Liberté 7 février 2002
EUROMED. Le programme de coopération universitaire touchera l'Algérie
L'Union Européenne a adopté une proposition d'extension de coopération universitaire en direction des 9 pays de la rive Sud de la Méditerranée, dont l'Algérie (Extension du programme Tempus). La Commission a souligné que le partenariat euro-méditerranée se verra ainsi renforcé par ce premier programme dans le domaine de l'enseignement supérieur.
Écho d'Alger 7 février 2002
Le Ministre des ressources en eau reçoit une délégation de la Banque Mondiale
Souhait du ministre de voir la Banque Mondiale participer à "l'élaboration de la stratégie de développement de l'eau en Algérie" et la réalisation d'une table ronde sur le développement du secteur, table ronde à laquelle participeraient les bailleurs de fond. Le ministre a rappelé les priorités du gouvernement algérien qui se traduit par le lancement de programme pluriannuel de réalisation de barrages et de transferts, d'infrastructures, d'assainissement et d'hydraulique agricole ainsi que des stations de dessalement de l'eau de mer. Le programme prévoit par ailleurs des mesures d'accompagnement en matière d'amélioration de la gestion des installations, des réseaux d'eau potable, d'assainissement et d'irrigation compte tenu des insuffisantes et carences constatées dans ce domaine, par la réhabilitation de ces réseaux qui connaissent un taux de pertes de l'ordre de 80%.
Écho d'Oran 7 février 2002
Journée d'étude consacrée à l'environnement
Journée tenue au siège de la Chambre de commerce et de l'industrie d'Oran avec la participation d'experts nationaux, en présence de l'administration, des collectivités locales, de la société. Informer et sensibiliser les opérateurs économiques. Identifier des actions futures pour la prise en charge de la question environnementale. Initier des projets pilotes. Il est prévu de donner des informations sur les procédures mises en place, la coordination entre les différentes administrations et la réglementation en matière d'environnement
El Khobbar 7 Février
Un expert récuse l'idée d'importer l'eau
Un article construit à partir des interventions du Professeur Ahmed Kettab, du Député Daniel Marcovitch et de l'Expert international Jean Vergnes
El Watan 9 février 2002
Les experts préoccupés par le gaspillage
Tous les experts du colloque international de Chlef ont beaucoup insisté sur toutes les formes de gaspillages, leurs conséquences, leurs remèdes.
L'Actualité 10 février 2002
Gestion de l'Eau. Il y a trop de laxisme
"Benflis n'est pas allé avec le dos de la cuillère à l'encontre des responsables et des gestionnaires de l'eau quand il abordait le volet gestion".
Le Quotidien d'Alger 10 février 2002
Crise d'eau dans les villes. L'Ouest est sorti de la zone rouge
Rencontre Gouvernement-Walis sur la gestion du plan d'urgence. Ce qui fait barrage à une politique de l'eau. Une réunion présidée par le chef du gouvernement, Ali Benflis. "Une nouveauté dans le discours du gouvernement" … qui dénonce l'absence de politique réelle, lourdeurs et inefficacité des institutions chargées de la gestion/distribution d'eau, … faire preuve d'initiatives et d'imagination pour satisfaire la population et atténuer les effets de la crise sur la machine économique et l'environnement …avant que des mesures lourdes prévues ne soient opérationnelles. L'administration … Mauvaise information : 40% des eaux potables s'évanouissent (en réalité, c'est un minimum à l'échelle mondiale et il est vraisemblable que les 80% sont atteints dans certains cas).
El Watan 10 février 2002
Les ressources hydriques en baisse. Un plan national d'urgence. L'eau plus chère...
Une décision suivie d'actions effectives ?
El Watan 10 février 2002
Beni Mered. La station de compostage envahie par les déchets
La station est envahie par des déchets non compostables qui constituent une importante source de pollution pour l'environnement.
El Watan 18 Février
Pour une "véritable culture de l'Eau"
Un condensé des interventions des deux experts français au Colloque International de Chlef mais aussi l'article de tous les constats.
ANNEXE II
RECOMMANDATIONS
formulées au terme du Colloque International de Chlef (Algérie) du 5 et 6 février 2002
"COLLOQUE INTERNATIONAL SUR L'EAU"
Conscients de l'anxiété des populations face à la dégradation croissante des ressources en eau en quantité mais surtout en qualité dans tous les pays, l'Algérie étant très concernée,
conscients du décalage inquiétant entre les engagements des décideurs et les actions réalisées depuis de très nombreuses années,
les participants du Colloque International de Chlef soumettent aux décideurs institutionnels et acteurs économiques de la communauté internationale et, plus particulièrement, celles de la région euro-méditerranéenne très affectée par la pénurie d'eau douce, les recommandations suivantes, issues de leur réflexion collective.
I.- Actions immédiates pour l'Algérie
Convention
1.- Pour développer :
¨ Des échanges d'enseignants, de chercheurs et d'étudiants
¨ La mise en commun de données dans le domaine de l'eau et, plus généralement, de l'environnement
¨ Il a été décidé de signer deux conventions cadre :
¨ La première entre l'Université Hassiba Ben Bouali et l'Université de Sfax
¨ La seconde entre l'Université Hassiba Ben Bouali et l'Institut National Agronomique de Tunis
Ressources humaines
Il est demandé de :
2.- Favoriser des échanges d'experts et, plus généralement, une coopération des deux pays sur les problèmes posés par les ressources en eau. Cette recommandation serait initialisée par la mise en œuvre rapide d'un jumelage de l'Agence de Seine-Normandie avec l'Agence de Bassin hydrogéographique Cheliff-Zahrez (proposés par les deux conférenciers français : le Professeur Jean A. vergnes, le député Daniel Marcovich).
3.- Prendre contact avec les institutions de la Commission Européenne, les Agences des Nations Unies, l'OCDE, … pour l'élaboration de projets concernant la gestion durable des ressources en eau.
4.- Créer une commission interministérielle de l'eau veillant à la coordination des actions et des décisions de tous les ministères concernant l'utilisation durable et la préservation des ressources en eau. Au niveau des wilayas et des collectivités locales, il sera créé des commissions ayant des responsabilités semblables. Toutes ces commissions étant dotées d'un pouvoir d'action suffisant.
5.- Créer des commissions indépendantes des pouvoirs institutionnels, contrôlant et faisant respecter les normes et/ou règles nationales de protection et d'utilisation intégrée durable des ressources en eau.
6.- Désigner les structures responsables de l'homologation du matériel et de l'expertise des études d'irrigation réalisées.
7.- Créer un réseau national pluridisciplinaire d'experts de l'eau.
Données
Il est demandé de :
8.- Concernant les données caractéristiques des ressources hydriques :
Réactualiser ou compléter les données existantes, politique indispensable pour formalisation de rapports, …
Constituer une banque de données consultables par les organismes accrédités
Faire annuellement un bilan officiel, l'éditer et le diffuser auprès de tous les ministères
9.- Adopter des mesures urgentes pour diminuer les sources de gaspillage et généraliser le comptage systématique au niveau des prélèvements à la source, de chaque usager et de chaque consommateur.
10.- Réfléchir sur l'établissement de normes nationales de potabilité de l'eau prenant en compte, lorsqu'elles existent, les normes régionales, voire internationales, caractérisant la qualité de l'eau.
11.- Définir et mettre en œuvre des normes de pénalisation en matière de rejets industriels (pollution chimique, élévation de températures, variation de pH, …) et contrôler systématiquement leur applicabilité.
12.- Instaurer des dispositifs d'analyse et de contrôle de contamination de l'eau ou de sa consommation par secteur d'activités industrielles et agricoles.
13.- Établir un cadastre hydraulique collectant des informations statiques et dynamiques
14.- Mesurer systématiquement le charriage. Réaliser des digues de décantation.
15.- Prendre des mesures concertées sur le plan technique comme sur le plan environnemental pour la gestion des déchets produits par les unités de dessalement des eaux saumâtres.
Études
Il est demandé de :
16.- Effectuer des études spécifiques pour chaque bassin versant pour mieux maîtriser le processus d'érosion, de transport solide et de sédimentation pour mieux protéger les retenues de barrages, pour réduire l'envasement, pour minimiser les pertes de terres arables, pour éviter le déséquilibre écologique
17.- Effectuer une étude conduisant à une meilleure évaluation du prix de l'eau, prenant en compte :
¨ La variation exponentielle du prix avec la consommation, ceci permettant d'accorder à chacun le minimum vital gratuit et favorisant des économies substantielles.
¨ La composition chimique de l'eau
¨ Les normes choisies
II.- Recommandations spécifiques à l'Algérie
Il est proposé :
18.- De promouvoir une politique nationale et une stratégie qui :
¨ Donne au Conseil National de l'Eau des prérogatives d'actions et de décisions,
¨ Installe des comités de bassin nantis de pouvoirs décisionnels, de moyens humains, matériels et financiers
¨ Assure la participation de tous les citoyens dans la prise de décision et la mise en œuvre de toute initiative en relation avec la gestion de l'eau à l'échelle communale,
¨ Rapproche les hydrologues des météorologues et des climatologues,
¨ Prévoit des actions de coopération concernant la recharge des nappes phréatiques pour éviter leur salinisation,
¨ Revoit les études géologiques et les processus liés à l'hydrométrie,
¨ Développe des retenues collinaires et des barrages prenant en compte des études comparatives,
¨ Adapte les châteaux d'eau existants et actualise les technologies associées,
¨ Lie l'attribution des crédits pour tout développement d'irrigation à une étude de faisabilité préalable et à des contraintes de contrôles et d'évaluations,
¨ Établit un schéma directeur d'assainissement (collecte, épuration, réutilisation, réseau, …)
19.- De faire des études d'impact de l'environnement sur chaque projet hydraulique (par exemple, étude des conséquences de la perte annuelle de milliers d'hectares de forêts sur les écoulements des oueds) et de former le personnel spécialisé adéquat.
20.- De faire des études concernant les barrages visant la végétalisation du bassin versant par des espèces adéquates, l'aménagement des abords et leur entretien pour limiter l'envasement
III.- Recommandations générales
Il est proposé une réflexion interministérielle devant conduire à la définition et la mise en œuvre :
21.- D'une loi de l'eau assortie des conditions d'application incontournables pour sa réussite, une loi pouvant prendre en compte les travaux réalisés sur ce thème, dans la région euro-méditerranéenne.
22.- D'un Programme national d'Éducation et de Communication en matière d'Eau pour l'ensemble des publics caractérisant la population, à tous les niveaux. Ces mesures, déclarées prioritaires par le Secrétaire général des Nations Unies, permettent le débat national, la concertation et la participation de tous à la politique nationale de l'eau. Les publics possibles : Enfants ; Adultes différentiés par leurs activités (professionnels de l'information, de la santé, de l'éducation, …) ; Cellule familiale ; Retraités ; Étudiants ; Experts ; Décideurs ; …
23.- De spots publicitaires omniprésents, persuasifs et adaptés à toute la population les invitant à mieux à économiser l'eau, à préserver les sources d'eau et stimuler leur vigilance : un complément à l'action de sensibilisation de l'opinion incluse dans le Programme d'éducation des publics (§ 22)
24.- De rechercher et mettre en œuvre des stratégies assurant la protection des ressources superficielles et des nappes contre toutes formes de pollution mais aussi pour réduire le niveau des pollutions de toutes origines.
25.- De contrôler régulièrement toutes les caractéristiques (techniques, économiques, sanitaires,…) du réseau national de distribution de l'eau de la source à l'utilisateur. Un rapport annuel devant être remis aux différents organismes institutionnels concernés de tous les ministères. Ceci suppose la création et la mise en place de services adaptés pour la prise en charge de cette mission et l'exploitation des résultats obtenus pour la maintenance du réseau, le calcul des investissements et l'établissement d'une tarification adéquate.
26.- De former toute l'expertise nationale nécessaire (universitaires, chercheurs, spécialistes divers) qui devra notamment participer à la définition générale d'une politique de développement nationale durable, la gestion durable des ressources en eau ne constituant qu'un sous-ensemble.
27.- De privilégier les rencontres scientifiques sur des thèmes ciblés et orientés vers des actions concrètes, suivies et évaluées.
28.- D'une réflexion universitaire devant conduire à des programmes de recherche et d'enseignements universitaires pluridisciplinaires sur la problématique générale de l'Eau. Le domaine d'éducation concerné prendra en compte à la fois :
¨ La sensibilisation à une "culture de l'eau" pour les étudiants de toutes les disciplines ,
¨ La formation de l'expertise pluridisciplinaire nécessaire,
¨ Des formations visant la double compétence (Hydrologie et Droit, Hydrologie et économie, …),
¨ Le recyclage de l'expertise existante.
29.- D'une culture de l'eau pour les enfants et adolescents, dispensée par les enseignants de toutes les disciplines, sans introduire une nouvelle matière dans le cursus général (conformément aux recommandations des Nations Unies). Ceci suppose un programme de formation adaptée initiale et continue de tous les enseignants.
Les participants du Colloque international chargent monsieur A. Ouagued, Recteur de l'Université Hassiba Ben Bouali (Chlef) de procéder à la diffusion la plus large et la plus officielle, notamment sur les plans institutionnels, national et international, mais aussi de veiller la mise en œuvre des actions immédiates et aussi de suivre le devenir des recommandations proposées par les participants.
Prof. A. Kettab, Dr. A. Ouagued, Recteur de l'Université Hassiba Ben Bouali
Prof. J. A. Vergnes
Fait à Chlef, le 6 février 2002
1 - "La Commission Méditerranéenne du PLAN BLEU préconise d'explorer d'avantage la voie des économies d'eau plutôt que le développement de l'offre de sources nouvelles. L'économie de la 50% des quantités d'eau perdues ou gaspillées devraient permettre de garantir les 4/5 des besoins d'eau supplémentaires d'ici 2010. Une conclusion intéressante : Les pénuries actuelles ne pourront être combattues efficacement que par une coopération entre les États de la région.
Jean Vergnes est Docteur Es-Sciences, Consultant pour l'Unesco et le Ministère des Affaires Étrangères, Vice-Président de l'Institut Méditerranéen de la Communication, Membre de "École et Nature", Membre de l'Académie de l'Eau et Administrateur de "Eau Sans Frontières". Pour le contacter, E-mail : Jean.Vergnes@Wanadoo.fr
Si vous souhaitez prendre connaissance des communications de Jean Vergnes en 2002, merci de cliquer sur ce lien
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