L'expérience montre que pour la plupart des grands problèmes que pose la société civile (contrôle des naissances, éducation de la société, coopération internationale, enseignement à distance, gestion durable des ressources naturelles...) tout le monde a des idées, des propositions. Lorsque ces propositions, aux contenus discutables, deviennent des solutions adoptées sans l'intervention d'une expertise reconnue, cela conduit souvent à des gaspillages financiers, des pertes de temps, des insuffisances voire des échecs. D'autant plus que les erreurs du passé ont malheureusement une grande tendance à se renouveler : la mémoire humaine a des capacités d'oubli extraordinaires.
Pourtant nous savons que la recherche des solutions à ces problèmes de société doit être issue d'une démarche pluridisciplinaire s'appuyant sur des personnes ayant une culture générale suffisante sur le sujet, une expérience de terrain, une connaissance des propositions des experts, le souci de tenir compte des projets antérieurs nationaux et internationaux.
S'agissant de la problématique de l'eau, l'ignorance constitue l'une des principales causes de la crise de l'eau (avec le laxisme, le faire-valoir, l'incivisme, l'absence de financements...), une crise caractérisée par les effets destructeurs (sanitaires, alimentaires, environnementaux, socio-économiques) de la dégradation croissante, en qualité comme en quantité, des ressources en eau douce ou salée dont dépend la vie sous toutes ses formes terrestres.
Des stratégies nationales d'éducation des populations sont officiellement reconnues par les gouvernements comme incontournables. Mais les projets et les initiatives se sont multipliés dans le désordre dans de nombreux pays : un mouvement brownien que confirme un récent rapport (2003) de l'inspection générale de l'éducation nationale sur la situation de l'éducation environnementale et au développement durable a dressé un sombre bilan : la situation est plutôt globalement en stagnation, sinon en recul, par rapport à celle du milieu des années 1990
["La situation de l'éducation pour un développement durable". La Revue Durable. N°8].
Le colloque international de Cogolin
"Ethique de l'eau et l'éducation des populations", qui a essentiellement abordé le problème de l'ignorance et ses solutions, a obtenu le soutien de nombreuses institutions françaises, étrangères et intergouvernementales. Ce colloque s'était imposé de privilégier le débat aux exposés d'intervenants mais également de formuler des propositions d'actions concrètes. Il a aussi mis en exergue le refus du discours académique, l'obligation de résultats
[Une règle qu'il faudrait imposer à tout colloque, congrès, forum...] , la diffusion des débats, la promotion nationale d'une démarche interdisciplinaire, le développement des échanges, l'élaboration d'un suivi.
Les débats du colloque ont plus particulièrement mis l'accent sur des conditions de réussite pour une gestion durable de l'eau, sur la signification et le contenu du concept éducation, enfin sur des éléments stratégiques d'une politique d'éducation à une éthique de l'eau.
Il y a un quart de siècle, après la conférence de Mar del Plata, on proclamait que l'accès à une eau, de qualité et en qualité suffisante, était un Droit pour l'Homme. En 2000, l'Assemblée générale des Nations Unies proposait de réduire la pauvreté planétaire de moitié d'ici 2015. A Johannesburg (2002) et à Kyoto (2003) on a notamment rajouté l'objectif :
réduire de moitié la population n'ayant pas accès à l'eau... L'avenir de toutes ces déclarations d'intention sur la gestion durable des ressources naturelles, que nous proposent régulièrement ces grandioses réunions internationales, dépend surtout des capacités des décideurs à prendre des décisions, de leur détermination à les faire appliquer, de la prise de conscience suffisante de la société civile pour en accepter les contraintes.
C'est dire toute l'importance d'une politique nationale d'éducation des différents types de publics, une politique pour laquelle l'information, la sensibilisation, l'éducation de base et la formation ont le même niveau d'importance, une politique dont le devenir est lié à la qualité des moyens intellectuels, à l'existence d'un consensus, à l'importance accordée à la solidarité et au niveau des financements attribués pour la définir, la mettre en oeuvre et la pérenniser.
Vous pouvez demander l'envoi de la totalité du RAPPORT_FINAL sur cdRom à M. Jean Vergnes.
Mise en ligne : mars 2004
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