Les réponses de la nature au défi de l'assainissement
Fishponding using wastewater pre-treated in a constructed wetland system
Photo Unep
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Les détenus d'une prison sur la côte Est de l'Afrique lancent un projet d'assainissement qui puise dans la nature pour traiter les déchets humains.
L'initiative, qui implique le développement d'une zone humide pour purifier les eaux usées, devrait coûter juste une fraction du prix des traitements de haute technologie, tout en engendrant des profits sur le triple plan environnemental, économique et sociale.
En dehors de la gestion des eaux usées, le projet va permettre d'évaluer l'utilisation de l'eau filtrée par les zones humides, pour l'irrigation et la pisciculture, apportant ainsi aux détenus une nouvelle source de protéines ou d'autres moyens de subsistance par la vente sur les marchés locaux.
Une partie de ces «eaux usées noires» à fortes concentrations de déchets humains sera également utilisée pour la production de biogaz.
Le biogaz peut être exploité comme combustible pour la cuisson, le chauffage et l'éclairage, ce qui permettrait au service pénitentiaire de réduire les factures d'électricité et de faire des économies d'argent tout en diminuant les émissions dans l'atmosphère par la population carcérale forte de 4 000 personnes, y compris le personnel et les prisonniers.
La nouvelle sur ce projet, financé par le gouvernement de Norvège et le Fonds pour l'Environnement mondial avec le soutien d'un large éventail de partenaires dont l'Autorité kenyane pour le Développement de la Côte, l'Agence nationale pour la gestion de l'environnement appuyées par l'Université de Dar es Salaam en Tanzanie et l'Université de Wageningen, l'Université libre d'Amsterdam et l'ONG "Aqua-4-All » aux Pays-Bas, arrive alors que le monde célèbre la Journée mondiale de l'eau 2008, déclarée Année internationale de l'assainissement par les Nations Unies.
La journée et l'année ont pour but de sensibiliser et susciter l'action pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement d'ici 2015. Il s'agit notamment de réduire de moitié la proportion de personnes n'ayant pas accès à l'assainissement, actuellement estimée à 40 pour cent de la population mondiale, soit environ 2,6 milliards de personnes.
On estime que la pollution par les eaux usées, dont une grande partie se retrouve dans les eaux côtières, est responsable de la perte annuelle de quatre millions d'heures-personnes pour cause de maladie, soit une perte économique de 16 milliards de dollars par an.
Dans plusieurs pays développés, les solutions, au cours des cinquante dernières années, ont consisté en travaux de traitement des eaux de plus en plus sophistiqués, coûtant plusieurs millions de dollars.
Cependant comme le démontre le nouveau projet à la prison de Shimo la Tewa située dans la ville côtière kenyane de Mombasa, il existe d'autres moyens moins coûteux de faire face au même problème avec d'importantes retombées.
La collecte des eaux usées et le système de purification des zones humides, ainsi que la main-d'œuvre et les coûts de construction, y compris l'amélioration des installations sanitaires dans la prison s'élèvent à environ 110 000 dollars, soit 25 dollars par personne- une aubaine en quelque sorte.
Ceux-ci ne prennent pas en compte les bénéfices qui pourraient découler de la diminution des coûts économiques pour l'environnement au sens large - réduction des matières solides qui peuvent asphyxier les récifs coralliens et les nutriments qui peuvent augmenter le risque de «zones mortes» désoxygénées, en même temps que la diminution des pollutions bactériennes susceptibles de contaminer les crustacés et anéantir les vacances de particuliers dans un lieu où les revenus du tourisme sont importants pour l'économie locale.
En attendant, le projet est susceptible d'avoir des effets bénéfiques pour la faune, notamment les oiseaux et les organismes marins.
Ainsi, tout modeste qu'il soit, il peut jouer un rôle dans la réalisation de l'objectif mondial de réduction du taux de perte de la biodiversité d'ici à 2010.
Cette expérience fait partie d'un ensemble de projets mis en œuvre dans le cadre du programme WIO-LaB, appelé à répondre aux problèmes liés aux impacts des activités terrestres dans l'océan Indien occidental, initiative qui fait partie de la convention de Nairobi, l'un des accords sur les mers régionales administrés par le PNUE.
Nous espérons que les enseignements qui en seront tirés pourront être appliqués à d'autres régions du monde, afin que les multiples défis de l'assainissement et de la pollution puissent être considéré en partie à travers une approche basée sur la nature.
Le projet travaille également, entre autres, avec les communautés côtières Ndlame à Port Alfred en Afrique du Sud, qui utilise quand à lui des bassins naturels d'algues pour traiter les eaux usées de toute nature.
Les algues, organismes d'eau douce ou marine, aident à la détoxification des polluants et sont ensuite récoltées pour servir comme engrais commerciaux et aliments riches en protéines pour les animaux.
Le coût total de ce projet est d'environ 188 000 dollars, avec des avantages économiques issus de l'utilisation des eaux usées traitées et de la production d'engrais, ce qui amortit le prix de 50 000 dollars par année.
Des projets novateurs similaires basés sur la nature sont en cours de lancement sur l'île de Pemba en Tanzanie, et à Dar es-Salaam.
Les défis du développement durable au 21ème siècle, notamment ceux qui concernent l'eau et l'assainissement, réclament des solutions plus intelligentes et créatives que, peut-être celles qui on été appliquées par le passé.
Travailler de concert avec la nature plutôt que contre elle fait partie de ce processus décisionnel réfléchi qui pourrait s'avérer un moyen plus rapide, plus rentable et plus attractif sur le plan économique, d'atteindre les objectifs locaux et internationaux en matière de santé et de pauvreté.
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