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Les intempéries aux portes du désert dans le sud-est marocain Cas de l'oasis de Ferkla (novembre 2006)





www.aofep.org : rejoindre le site de l'association Oasis Ferkla pour l'Environnement et le Patrimoine


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Point pays : Royaume du Maroc

Mise en ligne le 17 avril 2008

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Technique d'irrigation de la région du Ferkla
dans le passé et aujourd'hui

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Par Ali OUACHOUA, Professeur des Sciences de la Vie et de la Terre



Khettarat de la région du Ferkla
Khettarat : ensemble de puits qui communiquent entre eux par une canalisation souterraine drainant l'eau à la surface du sol.
Photo Aofep
La région du Ferkla appartient au domaine de la Réserve de Biosphère des Oasis de Sud Marocain (RBOSM). Les premiers occupants de Ferkla utilisaient alors l'eau des rivières, des crues et des sources pour leur alimentation et pour l'agriculture. Ils ont également exploité les eaux souterraines (puits) par des moyens traditionnels bien connus dans toute la région qui sont les Khettarats. C'est une Galerie drainant qui ramène par graviter l'eau de la nappe jusqu'à la surface du sol à des fins d'irrigations et d'eau potable

Souterrain d'une khettarat
Canal souterrain d'une khettarat abandonnée.
Photo Aofep
Chaque Khettarat est administré par un Cheikh désigné par la djamaa (groupement ethnique). Il assure la distribution de l'eau, veille sur l'entretien de l'ouvrage (curage des souaguis) et règle les litiges entre les usagers.


Avant la création de la montre, les eaux étaient distribuées selon des cotas bien définis en utilisant une technique géniale appelée "TANASTE". C'est un jeu de deux récipients en bronze (un seau et une tasse percée d'un orifice très fin).
La tasse est déposée sur la surface d'eau que contient le seau. L'eau s'infiltre alors dans la première qui s'écoule après remplissage et tombe au fond du seau, on compte alors une "tanaste" c'est à dire une unité de mesure. Elle dure 12 minutes et varie selon le volume de la tasse utilisée par le Ksar.

Système de mesure de l'eau à l'aide d'une tanaste
"Tanaste" : la tasse est déposée sur la surface d'eau que contient le seau, ici terre cuite.
Photo Aofep
La "Tanaste" est surveillée par un conseil formé par le responsable de "tirmte" et les concernés par cette "tirmte"
La responsabilité est assurée à tour de rôle par l'ensemble des utilisateurs. Pour ne pas se tromper du nombre de "tanassines" (pluriel de tanaste), le responsable fait un nœud dans la feuille des palmes du palmier dattier (sur la photo on voit 3 nœuds) et ainsi de suite jusqu'à épuisement de l'ensemble de "tanssines" qu'il possède.
Le tour passe au suivant et le responsable du tanaste remet le compteur à zéro, c'est-à-dire une nouvelle feuille de palmier dattier et des nouveaux nœuds (la population était analphabète et ne connaissait pas la notation par les chiffres).


L'homme oasien utilisait aussi une autre technique d'irrigation individuelle ou collective appelée "OUGHROUR" qui consiste à élevé l'eau de la nappe par le recours à l'utilisation de l'énergie animale ou / et humaine.
L'eau puisée est accumulée dans un bassin de réception à partir duquel elle est directement amenée par des rigoles vers les parcelles à irriguer. Cette technique est utilisée pendant les périodes de sécheresse où le niveau des nappes et des sources des Khettarats a diminué.

Oughrour, ancienne technique de récupération de l'eau de nappe
Oughrour et ses accessoires lors d'une levée d'eau.
Photo Aofep
Actuellement, une grande superficie de cette oasis se trouve sérieusement atteinte, principalement à cause de la surexploitation de la nappe phréatique par un renforcement des motopompes qui ont remplacés l'Oughrour.
Ce dernier a disparu progressivement de la région vers la fin des années soixante.
Il est a signalé que plusieurs khettarat ont tari, seules quelques une ont résistés aux aléas climatiques et à l'action humaine qui se manifeste par l'installation des motopompes individuelles et la création des nouvelles entreprises hors des périmètres irrigués traditionnels, a affaibli le système de gestion collectif traditionnel de l'eau à Ferkla.

La zone est caractérisée par la sévérité du climat et la rareté de l'eau. Cette carence couplée à l'irrigation par submersion ne permet pas de valoriser l'eau d'irrigation. Les méthodes utilisées engendrent, entre autres des pertes d'eau par infiltration et évaporation.
Face à ce problème, la population, aidée par les services de l'état et de la société civile, a pensé à moderniser les techniques et les modes de mobilisation de l'eau d'irrigation superficielle et sousterraine.

L'eau superficielle : Tous les oueds sont pratiquement asséchés mais peuvent transporter des quantités considérables d'eau pendant des crues 57Mm3. Ces eaux d'épandage peuvent être utilisés pour l'irrigation des palmeraies et contribuent à l'alimentation de la nappe quaternaire.
Pour gérer cette eau, un projet de recherche pour le transfert des responsabilités de la gestion de l'irrigation " à Ferkla qui a pour partenaire l'ORMVA/TF et l'AOFEP est un don du FIDA qui vise pour principal objectif, la contribution à la création, à la formation et à la sensibilisation des AUEAs (Association des Usagers de l'Eau en Agriculture) pour une gestion rationnelle de l'eau d'irrigation.

L'eau des crues est rentabilisée par l'irrigation des palmeraies et des champs
Eau des crus des oueds exploitée dans l'irrigation des champs.
Photo Aofep
La gestion de l'eau souterraine impose des solutions d'économie d'eau par l'introduction de nouvelles techniques d'irrigation : c'est l'irrigation localisée.
Elle permet la distribution d'eau avec des quantités faibles, mais avec une fréquence élevée, c'est ainsi que les pertes d'eau seront faibles.
Les études expérimentales faites à Ferkla dans le même cadre du projet de recherche que pour le transfert des responsabilités de la gestion de l'irrigation ont montrés que cette technique a abouti à des résultats satisfaisants tant sur le plan des économies d'eau que sur le plan du rendement des cultures comme le montre le graphique suivant.

Rendements des cultures en fonction du mode d'irrigation
Tableau des rendements en fonction des cultures et des deux types d'irrigation : gravitaire et localisée
Tableau établi par Aofep

En guise de conclusion

Les systèmes d'irrigation à Ferkla évoluent en fonction des contraintes climatiques, anthropiques et socioéconomiques.
L'utilisation efficiente de l'eau d'irrigation en agriculture s'impose. Un des outils qui permet cette efficience est l'irrigation localisée. En effet, ce système permet une économie d'eau de l'ordre de 50 % par apport à l'irrigation gravitaire. Ce système garantit une production maraîchère élevées et de bonne qualité pour satisfaire le besoin nutritionnel de la population oasienne.
Malheureusement, la maîtrise de ce système d'irrigation par la majorité des agriculteurs est encore faible et nécessite leur aide, leur sensibilisation et leur formation. C'est ainsi que l'AOFEP a organisé des journées d'études en faveur des agriculteurs en vue d'assurer la pérennité de cette ressource qui se fait de plus en plus rare, à sensibiliser la population à une meilleure utilisation de cette denrée, à développer une vision prospective sur les besoins potentiels en la matière et à lutter contre toutes les formes de dégradation de l'écosystème de l'oasis Ferkla considérée, jusqu'à ces derniers temps, comme étant un petit paradis dans tout le Tafilalet.


Champ de pomme de terre irrigué selon le mode localisé
Exemple de culture de la pomme de terre avec les techniques d'irrigation localisée.
Photo Aofep







M. Ali OUACHOUA, Professeur des Sciences de la Vie et de la Terre est trésorier de l'ONG Ferkla pour l'Environnement et le Patrimoine [ AOFEP PORTAIL DE FERKLA ].


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