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Les progrès en matière de développement
Au cours des 30 dernières années, le Maroc s’est lancé dans un programme de développement humain et de libéralisation politique. Depuis les années 70, le revenu national brut par personne a presque triplé, passant de $550 à $1520. L’espérance de vie est passée de 55 ans en 1970 à 70 ans en 2004. Au cours de la même période, la moyenne des naissances par femme a enregistré un déclin spectaculaire, de 6,3 à 2,8 enfants, tandis que le nombre d’enfants mourant avant l’âge de un an est tombé de 115 à 37 (pour 1000 enfants nés vivants). L’éducation, quant à elle, a fait un bond remarquable, le taux de scolarisation dans le primaire passant de 47% à 92% en 2003.
Suite à la crise économique de 1983, le Gouvernement a considérablement réduit ses barrières douanières et rééchelonné sa dette extérieure. Ces mesures ont porté leurs fruits : entre 1985 et 1991, l’économie a connu une hausse moyenne de l’ordre de 4,5 %, les produits manufacturés franchissant la barre impressionnante de 9% pour la même période. L’investissement direct étranger a également augmenté exponentiellement, passant d’un simple million de dollars EU à 317 millions EU en 1991.
Dans les années 90, la croissance annuelle moyenne est repassée en deçà de 3%, résultat en partie imputable aux sécheresses récurrentes frappant durement le secteur agricole tributaire de la pluviométrie, mais également à une production industrielle et à des exportations stagnantes causées par un retard dans l’application des réformes. Une politique macroéconomique avisée a toutefois permis d’obtenir des déficits fiscaux et extérieurs gérables, de réduire l’inflation et de maintenir la stabilité économique.
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Les défis actuels
L’un des plus grands défis du Maroc est le taux élevé de la pauvreté. Bien que la pauvreté ait régressé - de 19% à 15 % entre 1999 et 2004 pour une population de 30 millions - elle reste importante. Par ailleurs, elle est fragile, sensible à la volatilité de la croissance économique liée au secteur agricole. On note en effet que la régression de la pauvreté est le résultat de bonnes performances dans le secteur agricole sur la période 2001-2004, alors que la hausse de la pauvreté dans les années 1990 (de 13% en 1991 à 19% en 1999) était le résultat d’une faible production économique due à la sécheresse. La pauvreté est donc tributaire de la sécheresse, avec les faibles taux de croissance qui s’ensuivent.
La pauvreté reste un phénomène typiquement rural, avec plus de 25 % de la population rurale vivant en dessous du seuil de pauvreté contre 12% dans les zones urbaines. La pauvreté se fait aussi plus cruellement sentir dans les zones rurales et a considérablement augmenté depuis 1991.
Malgré les importantes ressources investies dans le domaine de l’éducation (6% du PIB), la qualité de l’enseignement reste médiocre et il n’est pas accessible à tous. Certes, l’analphabétisme recule lentement, mais le pourcentage élevé, 40% d’analphabètes, reste alarmant et parmi les plus élevés du MENA et des pays à faibles revenus. De même, malgré l’augmentation du taux des inscriptions, 2, 5 millions d’enfants ne sont toujours pas scolarisés, en particulier les filles en zones rurales. La qualité pose aussi un problème, comme en attestent les mauvais chiffres de fréquentation: 25% des élèves quittent l’école avant la 7e et 10% seulement arrivent en 1ère. Les étudiants, quant à eux, mettent en moyenne 8 ans pour compléter un cursus de 4 ans et trouvent par trop souvent que leurs qualifications ne sont pas adaptées à la demande du marché.
Le système de santé, lui aussi, est à la traîne de la plupart des pays de la région. Bien que l’espérance de vie soit passée à 70 ans et que les vaccinations soient plus répandues, de nombreux indicateurs, notamment en matière de mortalité infantile et maternelle, restent inquiétants. Par ailleurs, en zone rurale, l’accès aux soins est limité et la qualité des services médiocre. Les carences dans le secteur santé sont encore aggravées par un des plus faibles taux de couverture médicale de la région, celle-ci ne touchant en effet que 15% de la population. La récente décision d’étendre la couverture médicale, y compris aux pauvres et à la population à faibles revenus, devrait améliorer de façon sensible les indicateurs de couverture dans ce domaine.
Malgré les efforts faits pour améliorer le statut et la condition des femmes, les indicateurs de genre sont loin de refléter la parité. Les disparités sont particulièrement fortes en zones rurales où 75% des femmes sont analphabètes et où seulement 78,6% des filles sont scolarisées dans le primaire. Dans les zones urbaines, les résultats sont meilleurs, avec un taux de 23% de femmes analphabètes et 94,4% de scolarisation. Des progrès ont été accomplis dans la composition de la main-d’œuvre qui compte 35% de femmes (chiffre supérieur aux 28% du MENA).
L’approvisionnement en eau par habitant sera diminué de moitié d’ici 2020 si sa consommation se poursuit à la cadence actuelle et si la croissance de la population se maintient au rythme actuel de 1,2%. Cette tendance alarmiste reflète une absence de stratégie nationale efficace. Le secteur agricole est en partie responsable de cette situation précaire, avec ses restrictions commerciales, ses exonérations d’impôts, ses systèmes de subventions et de soutien des prix. Ces mesures ont abouti à une distribution inefficace des maigres ressources en eau—l’irrigation utilise actuellement 92% de toutes les réserves en eau du pays, le reste allant à la consommation des ménages et à l’industrie. La fréquence des sécheresses vient s’ajouter aux pénuries d’eau. Une nouvelle approche nationale de la gestion des eaux s’impose et qui prenne en compte la redistribution des eaux, une politique de prix corrects et un redressement des coûts qui garantissent la durabilité.
Depuis 2001, le Maroc connaît une plus forte croissance économique (4,8% en moyenne), en partie imputable à des conditions climatiques favorables et à une légère reprise du secteur industriel. Ceci s’est traduit par la création d’emplois, en particulier dans les zones urbaines où le chômage est tombé de 22% en 1999 à 18,4% en 2004. Toutefois, pour réduire le taux de chômage dans les années à venir, l’économie devra maintenir un taux de croissance annuelle de l’ordre de 6%.
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L’aide de la Banque mondiale
Le Maroc est en tête des pays du MENA en termes d'ouverture de sa Société Civile, de la promotion de la démocratie, de l’autorité de la loi, de la décentralisation et de la participation de la communauté. Tous ces facteurs peuvent avoir un impact durable sur la réduction de la pauvreté et jouer un rôle crucial dans la collaboration du Groupe de la Banque mondiale avec le Maroc. La nouvelle Stratégie de coopération CAS (Country Assistance Strategy) de la Banque mondiale pour la période 2005-2009 — dans un contexte de prêt, d’aide et de dialogue de développement avec ses autres partenaires —repose sur les cinq objectifs suivants :
- Améliorer la compétitivité et le climat d’investissement
Le soutien de la Banque sera surtout axé sur le maintien de la stabilité macroéconomique, sur l’augmentation de l’efficacité de l’administration publique, sur l’amélioration du climat d’investissement, sur l’augmentation de l’efficacité dans le secteur financier et dans l’accès aux affaires, ainsi que sur l’augmentation de la compétitivité des petites et moyennes exploitations agricoles. Les principaux instruments de ces changements sont le Prêt de réforme de l’administration publique (PARL), le Prêt de politique de développement du secteur financier (DPL) et les Travaux économiques et sectoriels programmatiques (PESW). La Banque continuera également à fournir des services d’assistance technique et de conseil pour accompagner et soutenir le programme de réformes. Le secteur financier du Maroc est en cours de restructuration comme l’attestent les nombreux rachats et fusions et la nouvelle législation bancaire. La Banque s’est engagée, par le biais d’un DPL dans le secteur financier, à soutenir la restructuration et le renforcement du secteur, notamment en terme de systèmes de paiement, de contrôle bancaire, de refus de blanchiment d’argent, de comptabilité et d’audit, ainsi qu’à la restructuration des institutions financières publiques. Par le biais d’un DPL dans le secteur agricole, la Banque va soutenir un environnement favorable à une croissance agricole diversifiée et compétitive.
- Augmenter l’accès aux services de base pour les pauvres et les marginalisés
Cet objectif comporte deux volets : (I) réduire de 60% le nombre des ménages vivant dans des conditions insalubres : la Banque va apporter son soutien à la conception et à la mise en œuvre du programme « Villes sans bidonvilles » ; (II) améliorer l’accès aux services de base, aux programmes sociaux et aux opportunités économiques dans les poches de pauvreté et de vulnérabilité : la Banque va continuer à fournir son assistance technique pour permettre l’actualisation de la « carte de la pauvreté ». Cette deuxième carte plus détaillée servira à cibler les poches de pauvreté en zones rurales, urbaines et périurbaines. La Banque va aussi aider à améliorer la coordination et le partage des données, renforcer la capacité des programmes de pauvreté à développer des outils pour identifier les régions et les groupes vulnérables. Ces renseignements sont particulièrement importants quand il s’agit de grandes réformes d’économie spécifique. Ceci permettra de consolider le partenariat, au plan local, entre les divers gouvernements, les différents ministères décentralisés et la société civile. Une panoplie de projets de développement rural intégré sera conçue pour développer un réseau d’infrastructures locales durables et encourager les perspectives économiques dans les zones défavorisées. La Banque poursuivra ses efforts en matière de santé afin de faciliter l’accès des pauvres à l’assurance médicale et aux soins par le biais d’arrangements financièrement viables.
- Améliorer le système scolaire
Le premier objectif vise à augmenter l’accès et la qualité de l’enseignement de base par le biais d’une réforme du système scolaire (PARSEM) soutenue par la Banque. En partenariat avec le Gouvernement sur le projet de décentralisation du secteur de l’éducation, la Banque élabore des systèmes de contrat avec les académies régionales. Elle entretient également un dialogue positif sur la nécessité d’aligner le budget de l’éducation sur les objectifs du secteur par le biais de la contractualisation et d’un financement basé sur la performance. Le PARSEM et le PARL sont les instruments clés de la Banque pour la réussite de cette entreprise. Le deuxième objectif vise à augmenter le nombre de bacheliers, de diplômés de l’université et d’écoles professionnelles et à la création d’emplois. La qualité de l’enseignement est une des composantes essentielles du PARSEM. Le défi consiste à obtenir des améliorations durables au niveau des lycées et des universités et à tisser les liens indispensables entre l’enseignement formel et le monde du travail.
- Améliorer la gestion des eaux et l’accès à l’eau et aux services sanitaires
Afin d’améliorer les structures institutionnelle, financière et juridique du secteur de l’eau, le soutien de la Banque dans les quatre années à venir portera sur les travaux en cours en matière de meilleure gouvernance du secteur des eaux. Il s’agit notamment des études portant sur les réformes institutionnelles pour les grands projets d’irrigation et sur les aspects institutionnels et financiers de la purification et de l’approvisionnement en eau potable, ainsi que sur la gestion intégrée des ressources en eau. L’accès à l’eau et l’étendue du traitement des eaux dans les bassins ciblés devra être également pris en compte. A cet égard, dans le cadre du soutien de la Banque à la politique du CAS, il est prévu un deuxième projet d’assainissement et de gestion des eaux, un projet rural d’eau potable et d’assainissement, ainsi que l’assistance technique ciblée de l’Institut de la Banque mondiale (WBI) pour le renforcement des capacités.
- En soubassement des quatre objectifs stratégiques : une meilleure gouvernance
Le programme de la Banque va intégrer la gouvernance dans tous les secteurs, mettant ainsi l’accent sur la transparence, la responsabilité et le concept « d’inclusivité ». De par son engagement dans le secteur public et dans les réformes des secteurs financier et judiciaire, la Banque a fait de la transparence un pilier de gouvernance et va poursuivre sa tâche par la mise en œuvre du CAS. La responsabilité financière restera au centre des préoccupations du travail sur la réforme de l’administration publique ainsi que de l’institutionnalisation accompagnant les efforts sectoriels, à savoir les projets de développement rural intégré et le dialogue sur l’autorité de la loi. Le concept « d’inclusivité » concerne le CAS puisqu’il touche tant à la prestation de services publics qu’aux activités productives pour les pauvres et les marginalisés. Il faut entendre par là le soutien à la pleine participation des femmes et des jeunes, la promotion d’un système judiciaire impartial et la création d’un climat d’investissement marqué par une plus grande participation des petites et des moyennes entreprises.
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