L'épandage direct des boues urbaines sur les sols agricoles constitue la première destination en France (+ 60% des tonnages produits), et s'est déroulé sans encombre jusqu'au milieu des années 1990. La quotité des parcelles agricoles destinée aux boues urbaines est faible (2% de la SAU) et
l'épandage est de loin minoritaire au regard des autres intrants.
L'augmentation du parc de stations d'épuration et le renforcement de l'assainissement conduisent à produire de plus en plus de boues. Les quantités vont doubler à l'échéance de 2010 (de 800 000 T de matières sèches aujourd'hui à 1,5 millions en 2010).
D'autre part, la production agricole intensive des 50 dernières années a appauvri certains sols, dès lors demandeurs de matières organiques : de nombreux exploitants agricoles voient dans les résidus urbains le double avantage d'enrichir leur terre tout en représentant une économie de fertilisation.
Cependant, les données pédologiques et agronomiques propres à chaque département, font de la carte de l'épandage des zones hétérogènes. C'est sur cette base que de nombreuses missions de
valorisation des boues ont pris en charge cette activité pour l'encadrer et l'améliorer en tenant compte des spécificités locales.
Toutefois, depuis le milieu des années 1990, l'épandage connaît des difficultés croissantes, tenant à la convergence de plusieurs facteurs : nuisances diverses, mobilisations de riverains ou d'associations, prises de position hostiles de représentants du monde agricole, restrictions d'industriels agroalimentaires, émergence d'une multiplication de facteurs d'incertitudes qui ont rendu, pour certains,
cette activité du passé discutable.
Est-il envisageable pour autant de réduire considérablement et à court terme les quantités de boues recyclées sur les terres agricoles, compte tenu de la disponibilité de filières alternatives et de leurs coûts économique ou écologique élevés ? Il est plus légitime, au vu de l'intérêt agronomique que représentent les boues, d'améliorer la qualité, ainsi que celle de la filière, en introduisant de nouveaux
éléments de traçabilité, d'analyses et de transparence et en réduisant les nuisances, comme le demandent les autorités autant que les sociétés gestionnaires. Cette démarche est similaire à celle des
producteurs dans le cadre de l'agriculture raisonnée et du développement durable.
Améliorer la qualité de la filière suppose des investissements que les collectivités veulent pouvoir pérenniser. Lyonnaise des Eaux a cherché à intégrer ces nouvelles demandes et ces nouvelles contraintes en s'appuyant sur ses réseaux et ses laboratoires de recherche, pour développer une palette de solutions visant à améliorer les filières et transformer les déchets en sous-produits pour l'ensemble des acteurs concernés.
Cette démarche de multivalorisation repose sur l'analyse des données locales et consiste à intégrer les contraintes, à évaluer la faisabilité politique, technique et économique, de différentes solutions avec les acteurs concernés (collectivités dont le soutien et la décision sont déterminantes, Agences), et même dans certains cas à prendre en maîtrise d'ouvrage privée, le risque d'établir des sites de traitement
utilisables par différentes collectivités qui peuvent ainsi bénéficier d'effets liés à l'économie d'échelle.
La multivalorisation implique à la fois :
- le traitement des boues qui en améliore la qualité par leur hygiénisation, par des filières de séchage biologique (ou compostage) ou par des filières de séchage thermique et
- l'ouverture de nouveaux débouchés, au-delà de la valorisation agricole, la revégétalisation de sites, la valorisation thermique (co-incinération avec les déchets solides, en cimenterie et à terme en
production d'électricité), la valorisation énergétique (à terme chauffage urbain, gazéification, etc).
Dans le cadre d'une telle approche, la valorisation agricole est préservée lorsqu'elle est compatible avec la demande et les possibilités locales.
En outre, elle répond aux soucis de qualité et de durabilité exprimés tant par le monde agricole que parles collectivités locales ; elle peut être complétée par d'autres filières pérennes lorsque nécessaires.
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