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Nombre d'unités de distribution pour lesquelles au moins un résultat non conforme a été enregistré en cours d'année (bactériologique et physico-chimique). Comme les bilans précédents, celui-ci confirme que les résultats d'analyses non conformes portent principalement sur les indicateurs bactériens (coliformes fécaux, coliformes totaux, streptocoques fécaux). Pour la bactériologie, la comparaison entre 1992 et 1995 met en évidence une amélioration sensible. L'année 1995 a marqué un tournant du point de vue de la qualité bactériologique des unités de plus de 5.000 habitants : respectivement 160 unités de distribution (UDI) étaient comptabilisées comme non conformes en 1992 contre 133 en 1995 (selon les critères retenus pour l'enquête de 1991-92-93). Les non-conformités microbiologiques sont réparties sur l'ensemble du territoire national. Sur la période considérée dans le rapport 93-94-95, des améliorations sont observées entre le début et la fin de la période pour un certain nombre de paramètres : - la turbidité : 233 UD desservant 9.743.113 habitants délivraient un eau présentant des dépassements de la valeur de 4 NTU en 1993 contre 198 UD desservant 8.383.226 habitants en 1995, pour d'autres paramètres tels que les nitrates, l'aluminium ou le fluor, il n'y a pas de réelle évolution entre le début et la fin de la période. Pour les nitrates, une grande majorité des problèmes est concentrée sur un grand quart nord-ouest de la France. L'atrazine concerne de nombreuses régions agricoles mais le secteur des bocages d'élevage de Basse-Normandie, Pays de Loire et Bretagne est particulièrement touché. Pour la simazine, la majeure partie des dépassements se situe en Bretagne. Les régions de montagne (Massif Central, Pyrénées, Alpes, Jura et Vosges) sont bien sûr particulièrement privilégiées pour tout ce qui concerne les polluants d'origine industrielle. En revanche, elles présentent des dépassements microbiologiques. La ressource y étant abondante et de bonne qualité naturellement, il existe de nombreuses installations de petites tailles qui ne bénéficient pas d'une sécurité de traitement comparables à celles des grandes installations.
Le contrôle sanitaire des eaux d'alimentation distribuées à la population est exercé par les directions départementales des affaires sanitaires et sociales -DDASS-, services déconcentrés du ministère chargé de la santé, placées sous l'autorité des préfets. Environ 200 personnes des services santé-environnement des DDASS (ingénieurs, techniciens et adjoints sanitaires) participent à ces actions au quotidien. La mission de contrôle technique comprend :
- l'instruction des demandes d'autorisation des nouveaux captages et de création des périmètres de protection autour des captages ; Au total, ce sont plus de 32 000 captages alimentés par des eaux souterraines ou superficielles constituant 29 000 unités de distribution qui sont soumis à ces contrôles et vérifications. Ainsi, il est réalisé par les DDASS chaque année environ 300 000 prélèvements d'échantillons d'eau en des lieux de prélèvements qu'elles ont définies ; ces échantillons sont ensuite dirigés, pour analyse, vers des laboratoires agréés par le ministère chargé de la santé. Les résultats des analyses sont évalués et comparés aux exigences de qualité ("normes de qualité") fixées par la réglementation française (décret n° 89.3 du 3 janvier 1989), prise pour l'application de la directive 80/778/CEE du 15 juillet 1980, puis diffusés auprès des responsables de la distribution. Toute anomalie détectée au cours d'une visite de contrôle, tout dépassement d'une valeur réglementaire, toute dégradation anormale de la qualité de l'eau doivent faire l'objet d'une intervention de la direction départementale des affaires sanitaires et sociales auprès de l'exploitant de l'installation. La nature de cette intervention varie selon la gravité de la situation : elle peut être réduite à une simple analyse de confirmation ou peut conduire à la mise en place de méthodes correctives (rinçage des canalisations, désinfection de celles-ci,...) voire consiter en une interdiction provisoire de consommation. Lorsque la situation perdure, le responsable de la distribution doit, sur injonction du préfet, engager un programme d'amélioration de la qualité des eaux distribuées assorti d'un échéancier et faire procéder, le cas échéant, à une information circonstanciée de la population sur la nature des risques encourus.
A partir de 1998, une synthèse annuelle sur la qualité des eaux distribuées l'année précédente, préparée par la DDASS est jointe à la facture d'eau. Cette action d'information concerne toutes les communes ou syndicats de communes de plus de 30 000 habitants, soit 24 millions d'habitants et 41% de la population française. Pour cette première diffusion, l'information donnée à chaque abonné porte principalement sur la qualité bactériologique, les teneurs en nitrates, pesticides, fluor et la dureté de l'eau. Une appréciation qualitative est d'abord portée pour chaque paramètre, puis une synthèse est donnée sur la qualité globale de l'eau délivrée par l'unité de distribution. Cette mesure sera étendue en 1999 aux réseaux de distribution dont la taille est comprise entre 10.000 et 30.000 habitants, puis en l'an 2000 aux unités desservant plus de 5 000 habitants, enfin à toutes les communes à partir de l'an 2001. Cette mesure d'information qui vient en complément des actions de communication existantes à savoir :
-la transmission régulière aux responsables de la distribution des eaux des bulletins d'analyses réglementaires périodiques, assortis de commentaires sanitaires, va être élargie dans les délais cités. Elle répond à un souci de transparence sur l'action de contrôle menée par les pouvoirs publics vis à vis des gestionnaires. Les résultats des analyses sont des documents administratifs accessibles à toute personne qui en fait la demande. En application de l'article 13 de la loi sur l'eau du 3 janvier 1992, ils sont disponibles en mairie ou, pour certaines grandes villes, peuvent être consultés par des serveurs téléphoniques spécifiques.
Les contaminations bactériennes des eaux d'alimentation proviennent, pour l'essentiel, d'un contact entre la ressource en eau et des eaux usées (domestiques, urbaines, agricoles ou industrielles). La dégradation microbiologique peut aussi avoir lieu en cours de distribution, dans les réservoirs et canalisations mal entretenus, ou suite à des "casses" du réseau ou des "retours d'eau" en provenance de puits privés interconnectés avec le réseau de distribution publique. RISQUE SANITAIRE Autrefois, la mauvaise qualité bactériologique de l'eau était une cause fréquente d'apparition de maladies infectieuses (typhoïde, choléra). L'amélioration de la sécurité de l'approvisionnement en eau, de l'assainissement des eaux usées et de la vaccination ont contribué à la disparition de ces maladies en Europe de l'Ouest. Il convient toutefois de rester vigilant. En effet, les eaux de qualité bactériologique insuffisante peuvent être à l'origine de gastro-entérites, notamment en cas de pollution accidentelle. BILAN Les exigences de qualité bactériologique proposées par l'OMS, intégrées dans la réglementation européenne, indiquent que les eaux distribuées ne doivent contenir ni organisme pathogène ni indicateur de contamination fécale (streptocoques, coliformes thermotolérants). Le bilan montre que 638 unités de distribution de plus de 5 000 habitants ont enregistré au moins un résultat non conforme en 1995 pour ces indicateurs (population concernée : 17 millions d'habitants). En bactériologie, le "zéro défaut" constitue un objectif extrêmement difficile à respecter pour tous les résultats d'analyses. Une image plus significative de la qualité bactériologique de l'eau distribuée pendant une année peut être présentée en prenant en compte le pourcentage de conformité des résultats (ou la durée de non conformité) et le nombre maximal de germes détectés. A partir de ces critères, approuvés par le Conseil supérieur d'hygiène publique de France en 1994, une estimation du nombre d'unités de distribution ayant desservi de façon intermittente une eau de qualité bactériologique insuffisante est présentée dans le bilan : en 1995, 137 unités de distribution desservant environ 1,6 million d'habitants ont distribué une telle eau. En revanche, on observe entre 1995 et 1996 une diminution significative des unités de distribution ayant desservi une eau de qualité insuffisante. SOLUTIONS D'AMELIORATION Pour améliorer la qualité bactériologique, il convient :
- de mettre en place une protection efficace des captages (réalisation des périmètres de protection des ressources); Source: DDASS-DGS-SISE-Eaux
Les nitrates constituent le stade final de l'oxydation de l'azote présent dans la nature sous différentes formes. Ils sont utilisés notamment pour fertiliser les cultures (engrais minéraux et organismes, déjections animales). Les excès non absorbés par les plantes sont lessivés par les pluies et rejoignent les eaux souterraines et les eaux superficielles. Les nitrates et les nitrites peuvent également être apportés par les aliments autres que l'eau : certains légumes sont très "concentrateurs" (betteraves, radis, courgettes, épinards, ...), d'autres, très consommés, sont moins concentrateurs mais peuvent constituer un apport important (carottes, pommes de terre, ...). En fait, l'eau du robinet n'entre que pour environ 20 % des apports journaliers, sauf chez l'enfant ou elle peut représenter jusqu'à la moitié de la dose ingérée. RISQUE SANITAIRE Le risque reconnu aujourd'hui lié aux nitrates est celui de la méthémoglobinémie ou cyanose du nourrisson. Les nitrites, résultant d'une réduction des nitrates dans l'appareil digestif, peuvent provoquer une réduction de l'hémoglobine du sang. Toutefois, en France et en Europe de l'Ouest, aucun cas de méthémoglobinémie lié à l'eau n'a été détecté. Sur la base des travaux de l'OMS, la Communauté européenne a fixé à 50 mg/l la valeur limite en nitrates dans l'eau de consommation. En cas de dépassement, les précautions suivantes sont à prendre :
- au-delà de 50 mg/l, eau déconseillée aux nourrissons et femmes enceintes, BILAN En 1995, cent seize unités de distribution ont délivré une eau présentant occasionnellement ou régulièrement des teneurs en nitrates supérieur à 50 mg/l, pour une population desservie de 1,4 million d'habitants. Ce nombre est resté stable entre 1993 et 1995. SOLUTIONS D'AMELIORATION Lorsque les taux de nitrates d'une ressource dépassent le seuil de 50 mg/l, plusieurs remèdes peuvent être envisagés afin de fournir au consommateur un produit conforme aux exigences de la réglementation :
- la dilution avec des eaux moins chargées Il est à noter que les mesures de prévention doivent être privilégiées afin d'éviter la contamination des nappes par les nitrates. En collaboration avec les professionnels de l'agriculture, des solutions doivent rapidement être trouvées, qui passent notamment par une maîtrise des rejets ponctuels et diffus, par l'évolution de certaines pratiques culturales (succession des cultures, gestion des résidus, cultures intermédiaires,...) ou l'adoption de modes de fertilisation mieux adaptés ( doses adéquates, fractionnement des apports, fumure organique, ...). Source: DDASS-DGS-SISE-Eaux
Les pesticides (ou produits phytosanitaires) regroupent des substances naturelles ou synthétiques que l'on peut classer selon leur fonction : insecticides, fongicides, acaricides, herbicides, ... . Ils sont utilisés principalement en agriculture mais aussi par les services techniques des villes, la SNCF, ... et les particuliers (jardinage). Leur transfert vers les eaux dépend des saisons et des modalités d'utilisation, de leur solubilité dans l'eau, de leur dégradabilité, des conditions climatiques et des caractéristiques des sols. On recense environ 8 000 produits commerciaux faisant appel à près de 850 matières actives. Les triazines (atrazines, simazines), les plus recherchées dans l'eau, sont très utilisées en milieu agricole et en désherbage des voies ou espaces par les collectivités. RISQUE SANITAIRE La toxicité d'un pesticide dépend de sa nature chimique ; pour certaines substances, des effets à long terme ont été suspectés ou mis en évidence. Ainsi, l'atrazine et la simazine ne présentent pas de toxicité aiguë mais restent suspectées d'être cancérigène (preuves insuffisantes chez l'homme et limitées chez l'animal), l'OMS recommande, pour ces substances, une valeur guide dans l'eau de boisson de 2 µg/l. La directive européenne du 15 juillet 1980 a fixé cependant, pour chaque pesticide, une valeur unique de 0,1 µg/l et, pour la somme des substances mesurées, un total de 0,5 µg/l. Ces valeurs sont reprises dans la nouvelle directive européenne en cours d'adoption. BILAN Sur cette base réglementaire, en 1995, pour 199 unités de distribution (près de 5 millions d'habitants concernés) a été enregistré pour l'atrazine au moins un dépassement de la valeur réglementaire (0,1 µg/l). Pour la simazine, le nombre d'unités de distribution signalées par au moins un résultat non conforme est de 29 (soit 350 000 habitants). Cependant, aucun cas de dépassement de la valeur guide de l'OMS n'a été signalé pour ces deux substances. Une diminution du nombre d'unités de distribution "non conformes", probablement imputable à des conditions climatiques favorables, est constatée entre 1993 et 1995. Enfin, il est encourageant de constater que malgré l'augmentation et la diversification des analyses sur les pesticides, il n'apparaît pas au cours de ces trois années de substances nouvelles à l'origine de non conformité présentant un caractère aussi massif et général que ce qui s'est produit avec l'atrazine au début des années 80 (125 000 mesures de molécules de pesticides ont été réalisées sur cette période en plus des 23 000 réalisées sur l'atrazine, la simazine et le lindane). Toutefois, les données récentes montrent qu'il convient de rester vigilant pour des substances telles que diuron, isoproturon, terbutylazine, metholachlore, alachlore et chlortoluron. En actualisant les informations pour ce paramètre, il convient de remarquer qu'en 1997, la base nationale informatisée contient 198.500 mesures de pesticides. En extrapolant ces données à 100 départements, on peut donc estimer à environ 300.000/an le nombre de mesures de pesticides réalisées par les DDASS dans le cadre du contrôle sanitaire. Par ailleurs, les déterminations analytiques portent actuellement sur 217 molécules différentes. Parmi celles-ci toutes les molécules proposées dans les listes nationales sauf le Diquat, le Fluoxypir et le Tridémorphe. Si pour certaines molécules le nombres de recherche est anecdotique, 52 molécules comptent plus de 1000 mesures et 103 comptent entre 100 et 1000 analyses en 1997. Sur les 217 molécules reherchées en 1997 :
- 146 d'entre elles ont toujours été inférieures au seuil de détection analytique, Les résultats montrent que le contrôle est bien ciblé et à peu près général sur les molécules qui doivent faire l'objet d'un suivi particulier :atrazine, simazine, atrazine déséthyl. Les molécules émergentes (alachlore, diuron, isoproturon, therbutylazine, chlortoluron, métolachlore) sont contrôlées dans à peu près la moitié des départements et les résultats montrent qu'on ne les trouve pas systématiquement là où on les recherche. Autrement dit, ce n'est pas le programme d'analyse qui crée le problème des pesticides. Exemple pour le diuron : il est recherché dans 31 départements et trouvé seulement dans 13 d'entre eux. La détection des sous-produits de dégradation de l'atrazine risquent de s'amplifier : exemple de l'atrazine déisopropyl qui s'ajoute maintenant massivement à celui de la déséthyl-atrazine. Les contrôles visent particulièrement les périodes à haut risque, ainsi 27 % des analyses sont réalisées en mai et juin (fréquence 1,8 fois plus forte que pendant le reste de l'année). SOLUTIONS D'AMELIORATION La mise en oeuvre de programmes de prévention, précédés d'un diagnostic détaillé des apports et des modalités d'utilisation, dans les zones d'alimentation des captages et dans les bassins versants des prises d'eaux superficielles, constitue le moyen le plus pertinent pour améliorer de façon durable la qualité des eaux prélevées. En cas d'échec des mesures de prévention, la recherche de méthodes de correction de la qualité des eaux distribuées (interconnexion de réseau de distribution entre-eux pour assurer des mélanges, traitement par oxydation et absorption sur du charbon actif ou par des techniques d'ultrafiltration sur membranes) apparaît nécessaire. Source: DDASS-DGS-SISE-Eaux
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