Selon les experts, la consommation d'eau, au niveau mondial, devrait rester relativement stable au cours de la prochaine décennie. Un phénomène qui s'explique en raison des règles qui ont été définies par un certain nombre de pays d'une part, et de la prise de conscience des enjeux par les responsables de
secteurs qui
demeurent des
gros consommateurs d'eau, comme l'industrie par
exemple.
En matière de déchets, on estime que la quantité produite devrait
rester en constante augmentation au cours des prochaines années, suivant en cela le rythme de croissance de l'économie plus particulièrement en Europe et aux ÉtatsUnis.
Pour ce qui concerne les eaux usées, une directive européenne prévoit que d'ici 2010, on parvienne à ce que 95% du volume global soit collecté par des réseaux d'assainissement.
En revanche, dans les pays d'Europe du sud et de l'Est on constate, que 40% des eaux usées et des eaux pluviales ne sont toujours pas récupérées par des réseaux de collecte et d'assainissement.
Si 80 à 95% de la plupart des pays développés estiment disposer d'une eau de bonne qualité, dans certains pays comme la Belgique, la Bulgarie, la république Tchèque, le Danemark la Lituanie et la Hollande, plus de 25% des rivières contrôlées ont des eaux de mauvaise qualité.
Ces eaux proviennent de décharges, le plus souvent situées dans des zones
fortement urbanisées ou des zones rurales qui pratiquent l'élevage et l'agriculture intensive.
Dans le domaine de l'eau comme dans le domaine des déchets, les polluants sont
clairement identifiés.
Nitrates, phosphates, pesticides, métaux lourds, dioxines...
Le traitement de l'eau et le traitement des déchets sont clairement inscrits parmi
les priorités dans la plupart des pays développés mais aussi dans de nombreux pays émergents.
Sur le vieux continent, plusieurs plans et de nombreuses directives européennes tentent d'ailleurs de mettre de l'ordre dans tout ce qui touche directement la santé publique et à la qualité de l'environnement.
Si les actions visant à assurer le traitement de l'eau ne rencontrent pas
d'opposition, des difficultés apparaissent dans le traitement des déchets à travers une expression qui résume parfaitement la nature du problème
-Not In My Back Yard- `pas dans mon jardin"- encore appelé syndrome "NIMBY"
L'eau est un produit que l'on consomme, le déchet est quelque chose qu'on jette.
C'est sans aucun doute ce qui explique qu'une usine de traitement des déchets soit
perçue comme une usine qui pollue, alors qu'une usine qui traite les eaux usées ou pluviales bénéficie d'une réelle cote de sympathie.
Ce phénomène a des conséquences importantes sur le terrain.
La construction d'une usine de traitement des déchets se trouve, par voie de conséquences, beaucoup plus difficile à faire admettre par les élus et les administrés.
Pourtant, outre la création de nouvelles décharges, qui n'assurent aucun traitement des déchets, on a depuis plus de 20 ans, dans un certain nombre de pays engagé une politique visant à mieux utiliser ou plus exactement valoriser les déchets.
On encourage dans de nombreux pays la sélection, le tri des déchets très en amont en vue d'un recyclage lorsque c'est possible, afin de satisfaire à d'autres besoins énergétiques, comme le chauffage, à travers l'incinération des déchets, par exemple.
En fait, les réactions négatives du public observées aujourd'hui s'expliquent en grande partie en raison d'un manque d'information sur les tenants et les
aboutissants d'une stratégie qui prône l'association étroite
entre santé économique et qualité de l'environnement.
Les progrès techniques qui garantissent une réelle qualité de l'eau posent aussi un autre problème. Un problème de coût qui soulève des questions récurrentes.
Quel est le juste prix de l'eau ?
La limite imposée par le prix du marché a t'elle des conséquences sur le niveau de qualité atteint par les procédés de traitement?
Quoi qu'il en soit, le combat qui vise à mieux traiter les déchets et à distribuer une eau au dessus de tout soupçon s'appuie sur des recherches, des expériences... qui débouchent sur des réalisations dont le fonctionnement prouve tout l'intérêt des progrès accomplis ces 10 voire ces 20 dernières années.
Les recherches déjà réalisées par des spécialistes du monde entier ont permis la mise au point et l'utilisation à grande échelle de nouvelles technologies - membranes pour le traitement de l'eau/ incinération et gazéification pour le traitement des déchets- qui associées aux progrès de l'informatique, ouvrent de nouvelles perspectives en termes de performances.
"Paris 2000" offre l'occasion unique de faire partager les travaux de recherches
d'experts et les observations de praticiens, spécialistes de ces questions, venus
des 5 continents.
De cette manifestation organisée par l'AGHTM, l'IWA et l'ISWA doivent ressortir
des solutions qui participent efficacement à l'amélioration des techniques de
traitement de l'eau et de traitement des déchets dans tous les pays qui sont
confrontés à ces problèmes.
A la légitime exigence des consommateurs doit répondre un souci permanent de
performance des techniques qui contribuent directement et indirectement à
améliorer le traitement des déchets et le traitement de l'eau.
Ce sont là quelques uns des défis majeurs, qui concerne chaque individu vivant sur notre planète, que doivent relever les spécialistes de l'environnement que sont les professionnels du traitement de l'eau et du traitement des déchets à l'aube du IIIème millénaire.
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GESTION DES BOUES
La France produit 10.000 tonnes de boues solides, et environ un million de tonnes de boues liquides par an.
On comprend donc que lors du congrès "Paris 2000" la gestion des boues, qui concerne tous les pays industrialisés, soit un des thèmes abordé aussi bien par l'IWA que par l'ISWA dans un atelier commun qui se tiendra le 5 juillet.
Parmi les intervenants, nombreux sont les spécialistes étrangers qui
s'exprimeront.
Le traitement des boues d'épuration en vue de leur élimination avec les
déchets municipaux abordé par l'Italie, sera suivi d'une présentation par la Suisse d'options de traitement pour l'élimination des boues.
C'est ensuite au cours de la même matinée qu'un spécialiste autrichien
évoquera les différentes voies de traitement des boues à Vienne, et leur
impact sur l'environnement.
Les représentants italiens dresseront le
bilan d'un
essai d'incinération des boues réalisé dans un four à lit fluidisé, et un danois présentera la station d'épuration AVEDORE qui assure au Danemark l'incinération des boues.
Outre le bilan que dressera un représentant français sur le
traitement thermique des boues, il sera possible dans l'après-midi de connaître les résultats industriels d'une usine pilote qui utilise un nouveau procédé d'oxydation humide des boues et des déchets.
Les représentants de la Corée du Sud nous intéresseront à l'influence des fumées de silice sur la lixiviation et la microstructure des boues solidifiées qui contiennent des polluants organiques et des métaux lourds.
La journée se terminera par un exposé des représentants de Hong Kong qui présenteront les résultats de recherches menées sur la résistance au cisaillement laminaire des boues séchées et de leur application pour leur mise en décharge.
Les boues sont un révélateur du "syndrome déchets" qui a provoqué une certaine défiance de la part des consommateurs qui ont été échaudés par le problème de la "vache folle".
Pourtant une analyse réalisée par le cabinet Andersen sur le cycle de vie
des boues a mis en évidence que l'épandage des boues était techniquement et économiquement le procédé le plus fiable.
Si les boues liquides ou semi-solides n'ont jamais provoqué le moindre incident,
et si on est aujourd'hui en mesure d'assurer leur sélection à travers une collecte sélective des effluents, et leur traçabilité, plusieurs questions restent d'actualité.
Comment réduire le volume des boues, et comment assurer la transformation des boues pour en faire des sous-produits de l'assainissement qui offrent toutes les garanties?
Aujourd'hui tout le monde admet que les boues doivent être traitées le plus en
amont possible. Mais le problème reste très différent selon qu'il s'agit de boues urbaines ou de boues industrielles.
Car la situation est très différente selon qu'on parle de boues industrielles ou de boues urbaines, la présence de métaux dans ces dernières résultant d'incidents de parcours, avec un taux faible de l'ordre de 0,1% à 0,2%.
L'ensemble du monde industriel qui produit entre 180.000 tonnes et 200.000 tonnes de boues par an a fait de gros progrès pour réduire les quantités et mieux
gérer "à la source" ses déchets.
Et en l'occurrence peu importe qu'on parle de déchets ou de "déchets de fermes",
car les métaux lourds, entre autres, sont bien présents.
De plus, il convient d' observer que seulement 2% du volume global des boues sortant de stations d'épuration sont utilisés en agriculture.
Selon les chercheurs, dans l'industrie, ce sont les secteurs de l'automobile, du
traitement de surfaces, ainsi que la métallurgie et la sidérurgie, qui génèrent des effluents dans lesquels on remarque une présence de métaux lourds plus ou moins importantes.
Dans certains cas, les concentrations en métaux permettent, en fonction de leur
valeur ajoutée, d'envisager des filières de recyclage.
Quoi qu'il en soit, les techniques de traitement des boues contenant des métaux
sont parfaitement au point.
De plus, en matière de réglementation, la loi de 92 puis celle votée en 96 font obligation de stabiliser l'ensemble de déchets, et tout particulièrement les boues depuis 1998.
Sur le plan technique, la stabilisation est une opération qui consiste a ajouter un
liant hydraulique pour immobiliser les métaux.
Les priorités sont claires puisqu'elles portent sur la réduction des tonnages
éliminés et la valorisation matière.
Aussi, certains industriels ont-ils mis en place dans leurs propres usines des technologies qui leur permettent de récupérer des effluents de cuivre qu'ils réutilisent dans leur production, par exemple.
La gestion des boues est aussi directement liée au réseau d'assainissement dont le fonctionnement est de la responsabilité des collectivités locales.
La bonne gestion du réseau d'assainissement repose donc sur la mise en place d'une "police des réseaux" qui assure un contrôle permanent des déchets
industriels ou agricoles afin de garantir la qualité des boues et le bon
fonctionnement des stations d'épuration.
Éviter la présence excessive d'acidité ou, de métaux lourds constituent des priorités qui nécessitent des recherches particulières pour identifier la nature même des rejets.
Le problème lié à la gestion des boues vient aussi du fait qu'en France, par exemple, le réseau d'assainissement est majoritairement unitaire, alors que pour
résoudre les problèmes il faudrait encourager une collecte avec des réseaux distincts qui séparent les eaux usées des eaux pluviales, et sélectionnent les rejets en fonction de leur composition avant d'arriver à la station d'épuration.
Mais cette solution idéale a un coût, et elle entraînerait des travaux gigantesques qui ne peuvent être entrepris que dans des villes nouvelles.
Le point qui apparaît comme important au sujet des boues et de leur utilisation
semble résider essentiellement dans les technologies qui permettent une valorisation des déchets ultimes issus de l'incinération.
Faut-il incinérer comme à Reims devant les difficultés rencontrées pour faire admettre les boues par le monde agricole, et tirer des sous-produits mieux acceptés, comme la fabrication de briques pour la construction? ou faut-il mettre en place une police des réseaux qui permette de garantir la "potabilité" de boues destinées au secteur agricole?
Les exposés des spécialistes de ces questions venus du monde entier qui
s'exprimeront à l'occasion de sessions consacrées aux solutions envisageables
seront sans aucun doute écoutés avec la plus grande attention.
Et peut-être apporteront ils des éléments de réponses susceptibles d'ouvrir de nouveaux horizons, voire de nouveaux débouchés pour les sousproduits des boues.
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