SENSIBILISER LE PUBLIC AUX PROBLEMES DE L'EAU ET DE LA SANTE
CONFERENCE-DEBAT
"EAU, SANTE ET EDUCATION"
Vendredi 8 juin 2001
Sommaire
Contacts presse :
Sophie Baudin (01 44 43 11 21)
Carmen Toxé (01 44 43 12 07)
Estelle Gavard (01 41 20 18 17)
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COMMUNIQUE - "Nous buvons 90% de nos maladies" (Pasteur)
Des millions d'êtres humains meurent chaque année, dans le monde, à cause de maladies liées à l'eau. 1,5 milliard d'habitants n'ont pas accès à l'eau potable et 2 milliards sont privés d'installations sanitaires. Les maladies associées à l'eau tuent un enfant dans le monde toutes les 8 secondes.
Malgré les moyens déjà mis en œuvre chaque jour pour que davantage d'individus aient accès à une eau saine, ces efforts risquent d'être peu efficaces si les citoyens ne savent pas adopter les bons comportements vis-à-vis de l'hygiène hydrique.
Le Symposium international de Rennes, des 23 et 24 février 2000, a confirmé le rôle majeur des citoyens, tant par leur bonne utilisation des ouvrages que par le respect de règles d'hygiène strictes. La Charte adoptée en clôture du Symposium a insisté sur la nécessité d'une formation adéquate des publics à l'eau et à la santé, aussi bien dans les pays les moins développés que dans les pays les plus avancés.
C'est pourquoi l'Académie de l'Eau et la Croix-Rouge Française organisent le 8 juin 2001, à Paris, une conférence débat parrainée par le Dr. Bernard Kouchner, Ministre délégué à la Santé, dont le but est de sensibiliser le public aux problèmes de santé liés à l'eau.
Une charte grand public "Eau, Santé et Environnement"
Pour que chacun améliore son comportement vis-à-vis de l'hygiène hydrique
D'après l'Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.), chaque année à travers le monde, près de 50 millions d'hommes, de femmes et d'enfants sont atteints de maladies véhiculées par l'eau, dont un million a des séquelles invalidantes, et plus d'un milliard de journées de travail sont perdues. Plus grave encore, 4 millions d'êtres humains, notamment les enfants, meurent de maladies liées à l'eau et à l'environnement.
Pour faire face à cette tragédie, la communauté internationale, les meilleurs experts et spécialistes de chaque pays, les services de santé, de l'eau et de l'environnement, les Sociétés Nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge se mobilisent sur toute la planète. Grâce à leur action et aux moyens financiers mis en place, de plus en plus d'individus ont accès à une eau saine, chez eux ou à proximité, et bénéficient d'une meilleure évacuation des eaux usées et de leurs excrétas.
Parallèlement, l'environnement proche des habitats est mieux protégé et rendu plus salubre grâce à la suppression des zones de reproduction des moustiques et l'éradication des parasites présents dans l'eau.
Cet effort considérable risque d'être peu efficace et l'argent public gaspillé s'il n'est pas relayé par les citoyens eux-mêmes. En effet, afin de sauver ces vies et fournir à tous une meilleure santé, les usagers eux-même doivent faire des efforts notamment pour améliorer leur comportement vis-à-vis de l'hygiène hydrique.
C'est ce que les représentants de 30 pays, réunis à Rennes lors du Symposium international de février 2000 organisé par l'Académie de l'eau et l'Ecole Nationale de Santé Publique de Rennes, ont adopté dans une Charte Eau, Santé et Environnement, avec l'appui de l'Union Européenne.
La Commission de Bruxelles a souhaité que cette Charte, dans sa version grand public, serve à lancer, dans tous les pays de l'Union et dans les pays associés, une campagne de sensibilisation auprès de tous sur ce thème.
- Respecter des mesures simples afin d'améliorer l'environnement proche des habitats
- Protéger la nourriture et la boisson de tous les contacts avec les animaux et notamment les insectes, et éviter leur entrée dans les maisons.
- Respecter les consignes d'hygiène concernant les lieux d'aisance et les latrines pour éviter que les maladies éventuelles se répandent dans l'environnement par le biais de différents vecteurs comme les mouches.
- Protéger les puits utilisés pour la boisson contre les infiltrations d'eaux souillées par les hommes et les animaux.
- Prendre des précautions lors du travail en milieux aqueux et éviter les baignades dans les zones non autorisées, comme les rivières ou les étangs.
- Se renseigner auprès des autorités sanitaires pour connaître les zones à risque et les précautions à prendre.
- Réduire les risques directs venant de la boisson et du "lavage" de la nourriture
- Respecter les consignes d'hygiène corporelle, se laver les mains fréquemment, notamment après être allé aux toilettes et avant de préparer les repas.
- Suivre une formation à l'hygiène si elle leur est proposée et réclamer aux services publics des brochures conseils établies pour l'expliciter.
- N'utiliser l'eau pour la boisson ou le "lavage" des légumes provenant de puits personnels ou de points d'eau qu'à la condition qu'un contrôle de qualité ait été effectué par un laboratoire compétent. Dans l'attente de ce contrôle, il est recommandé de filtrer l'eau par des moyens simples proposés par les services santé et de la désinfecter.
- Aider à rendre plus efficaces les actions menées par les responsables de la santé, de l'eau et de l'environnement.
- Chacun doit modifier son comportement notamment en utilisant correctement les ouvrages hydrauliques réalisés à leur usage, par exemple :
- Demander, avec ses voisins, à être informé sur les ouvrages et accepter éventuellement d'être associé à leur réalisation.
- Eviter de rejeter dans les égouts des déchets domestiques.
- Eviter le gaspillage de l'eau à la maison en ne laissant pas couler l'eau inutilement et en supprimant les fuites du robinet.
- Maintenir propre l'environnement des points d'eau ou des bornes fontaines.
- Respecter les consignes d'utilisation des latrines privées et publiques et veiller au bon état des dispositifs empêchant les insectes d'y pénétrer.
- En cas de troubles intestinaux pour soi-même ou pour les enfants, demander conseil à un médecin.
PAYS DEVELOPPES : Les risques existent encore
Concrètement, au quotidien, chacun peut participer à une bonne utilisation de l'eau et éviter sa dégradation :
Pour soutirer de l'eau potable, n'ouvrir que le robinet d'eau froide (pousser les mitigeurs sur le froid, attendre que l'eau soit fraîche).
La consommation de l'eau de boisson obéit aux mêmes règles d'hygiène que pour les autres aliments : après soutirage, l'eau doit être consommée dans les deux jours. Au réfrigérateur, elle doit être conservée dans un récipient bien propre et bien fermé.
Veiller à ne pas utiliser trop de détergents pour la lessive ou la vaisselle et brancher correctement les machines à laver la vaisselle ou le linge.
Ne pas rejeter au réseau d'eaux usées des produits polluants tels que les huiles de vidange, les herbicides… (des systèmes de collecte spécifiques existent la plupart du temps).
Ne pas réaliser de branchements sauvages au réseau d'assainissement collectif.
S'il existe une fosse septique, veiller à son bon fonctionnement par un entretien régulier.
Protéger les puits destinés à l'alimentation.
Pour éviter une pollution accidentelle des réseaux publics, toute communication entre l'eau d'un puits privé et l'eau potable du réseau est prohibée.
Ne pas remplir les petites piscines d'enfants avec de l'eau d'un puits non analysée. Ne pas y laisser séjourner l'eau.
PUITS PRIVES EN ILLE ET VILAINE : UNE EAU NON POTABLE DANS 90 % DES CAS
Lors d'une étude récente faite par le laboratoire de l'Ecole Nationale de Santé Publique de Rennes, une enquête sur l'utilisation de puits privés en Ille-et-Vilaine a montré que beaucoup étaient utilisés pour la boisson bien que les intéressés soient branchés sur un réseau public.
Les utilisateurs expliquaient qu'ils utilisaient ces eaux pour deux raisons : éviter d'avoir à payer une facture d'eau et bénéficier d'une eau de qualité parfaitement saine alors que la presse faisait état de beaucoup de problèmes sur les eaux publiques.
Ils indiquaient aux enquêteurs qu'ils étaient en parfaite santé tout comme leurs bêtes domestiques mais reconnaissaient que souvent, les invités reçus le dimanche se plaignaient d'ennuis intestinaux.
Or, les analyses faites montraient que dans plus de 90 pour cent des cas, l'eau des puits analysés n'était pas potable. Aucun n'avait respecté les protections à effectuer pour éviter les infiltrations d'eaux souillées par les déjections des animaux. De plus, beaucoup des eaux de ces puits communiquaient avec le réseau public sans une protection par clapet.
Complément d'information Waternunc.com :
Canada : lire le communiqué du Ministère de l'Environnement du Québec QUÉBEC INVESTIT 1 M$ DANS UN PROGRAMME D’ÉCHANTILLONNAGE DE L’EAU POUR LES PROPRIÉTAIRES DE PUITS INDIVIDUELS ET DE PETITS RÉSEAUX
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PAYS EN DEVELOPPEMENT : Des actions concrètes pour réduire les maladies hydriques
La pollution de l'eau est due à l'absence de protection des puits, aux pratiques de puisage, de transport et de conservation de l'eau incorrectes. Quelques mesures sont indispensables :
Eloigner des puits les rejets liquides, voire solides.
Construire une margelle et réaliser une couverture.
Maintenir propre l'environnement des points d'eau ou des bornes fontaines.
Transporter l'eau du puits vers la maison dans des récipients couverts et si possible au frais.
Respecter des règles d'hygiène personnelle ; se laver les mains régulièrement, notamment après les travaux ménagers, est une nécessité.
Eviter les excrétas des animaux à proximité de l'habitation.
L'analyse des risques responsables de la transmission à l'homme de maladies liées à l'eau permet aujourd'hui de les hiérarchiser.
"Water Aid", organisation anglaise, estime que parmi les risques encourus par la population, trois doivent être prioritairement combattus. Il s'agit de l'élimination sans danger des excrétas humains, la propreté de la chaîne concernant l'eau destinée à la boisson (depuis le point d'eau, le transport jusqu'au stockage) et le lavage effectif des mains aux moments critiques.
OUZBEKISTAN : LA POPULATION ASSOCIEE A LA CONSTRUCTION DES LATRINES
En ce qui concerne les excrétas humains, la construction de latrines est un moyen d'autant plus efficace si elle est complétée par la formation des populations à leur bon usage.
L'exemple des réalisations d'Infraconsult en Ouzbékistan est intéressant :
Le programme de réalisation de ces latrines s'est appuyé sur la participation de la communauté. Celle-ci souhaite effectivement améliorer ses pratiques d'hygiène et est prête à s'investir dès lors qu'elle est réellement impliquée et que le programme proposé répond à des besoins réels.
Ainsi, l'ensemble de la population, et notamment les femmes, a été étroitement associé au programme à partir d'une étude préalable des problèmes rencontrés par la population vivant, pour la majorité, en milieu rural. Se fondant sur des connaissances locales, l'accent a été mis sur la prévention des diarrhées et des maladies de peau en été et des maladies respiratoires en automne et en hiver.
La première étape de ce programme a été de construire quatre types de latrines de démonstration dans des lieux semi-publics ou faciles d'accès. Des discussions de groupes ont alors été organisées et des jeux éducatifs à destination des enfants proposés. Il s'agissait de faire adhérer la population au projet et de diffuser le plus largement possible les bonnes pratiques.
Les résultats de ces actions sont très probants puisque le nombre de maladies intestinales et de diarrhées a diminué de moitié en un an (1996-1997).
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NIGER: DES CONTES POUR ENFANTS SUR LE THEME "EAU ET ASSAINISSEMENT"
Ce programme "Eau et assainissement" dans les écoles primaires de la Commune III de Niamey au Niger a été mis en place par la Croix-Rouge Française, en partenariat avec la Croix-Rouge Nigérienne. Il a débuté en octobre 2000 et devrait durer jusqu'au mois d'octobre 2002 . Son financement est assuré par la Croix-Rouge Française, la Coopération Française et l'UNICEF.
Les bénéficiaires directs de ce programme sont les 10 000 enfants fréquentant les 20 écoles primaires concernées, le personnel scolaire de ces établissements, les Associations des parents d'élèves et les vendeuses de denrées alimentaires.
Objectif principal : améliorer les installations sanitaires des établissements primaires, les comportements individuels en matière d'hygiène et assurer la pérennité du programme.
Des latrines, des points d'eau, des clôtures sont ainsi construits ou réhabilités, des fosses à ordures dans les écoles mises en place et les salles de classe sont désinfectées. Des outils pédagogiques appropriés sont également créés, des animateurs formés.
Une des originalités du programme nigérien tient dans la création de contes sur l'eau et l'assainissement. Puisés dans le registre traditionnel des contes africains et racontés par un conteur professionnel, "La mare maudite" et "Waka Waka" ont remporté un grand succès auprès des jeunes Nigériens. Le conte fait en effet appel à l'imagination, au rire, à la chanson et constitue ainsi un mode de communication particulièrement adapté aux enfants.
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