Or, depuis un certain nombre d’années, des résistances à ces pesticides dues à une modification de l'AChE apparaissent chez les moustiques.
Récemment, le gène d’acétylcholinestérase impliqué dans ces résistances a été identifié et nommé ace-1. Les chercheurs ont analysé sur ce gène la nature des mutations responsables de la résistance chez Culex pipiens originaire de 10 pays d'Amérique, d'Europe et d'Afrique, et chez Anopheles gambiae de Côte d'Ivoire.
Les résultats ont indiqué qu’une même mutation était présente dans le gène ace-1 des différentes espèces de moustique. Cette mutation ponctuelle (correspondant au remplacement d’une base par une autre dans la chaîne ADN), conduit à la production d’une protéine dans laquelle un acide aminé est remplacé par un autre (substitution de l’acide aminé glycine par une sérine : mutation G119S).
Des tests in vitro, réalisés sur des cellules en culture, ont confirmé que cette mutation était bien responsable de la résistance aux pesticides employés (insensibilité au carbamate propoxur).
L'analyse approfondie du gène ace-1 a permis de voir que la mutation G119S s'était produite au moins à deux reprises différentes dans l'espèce Culex pipiens. De plus, cette mutation ayant été retrouvée parmi la majorité des populations de moustiques couvrant le globe, il semble probable que les chercheurs tiennent là une clé essentielle de l’origine des résistances des moustiques aux pesticides (voire d’autres résistances de la part d’insectes différents comme les pucerons).
Ces travaux sont fondamentaux pour la mise au point de nouvelles stratégies de lutte contre ces insectes, comme par exemple la fabrication de nouveaux insecticides capables d’inhiber spécifiquement l’acétylcholinestérase mutée.
A ce propos, l’équipe de Mylène Weill a déposé un brevet concernant l’AchE mutée en cause dans la résistance des moustiques, dans l’optique de trouver de nouvelles molécules capables d’inhiber l’action de cette enzyme. Il est prévu de cribler systématiquement cette protéine vis à vis de « chimiothèques » (banques de molécules chimiques) jusqu’à obtenir le ou les candidats capables de stopper son activité.
Il s’agit là d’un enjeu sanitaire et économique majeur, comparable à la recherche pharmaceutique en infectiologie, qui lutte sans cesse pour trouver de nouvelles classes d’antibiotiques capables de contourner les multiples résistances aux microbes apparaissant à la suite de l’utilisation intensive des anciennes familles d’antibiotiques.
Contact chercheur :
Mylène Weill
Tél : 04 67 14 32 62
Mél : weill@isem.univ-montp2.fr
Contact presse :
Muriel Ilous
Tél : 01 44 96 43 09
Mél : muriel.ilous@cnrs-dir.fr
Contact département des Sciences de la vie :
Françoise Tristani
Tél : 01 44 96 40 26
Mél : francoise.tristani@cnrs-dir.fr