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  Les Dossiers de Waternunc.com : Les Boues


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Synthèse du Colloque du 02.02.2001 à Orléans
"30ème congrès France Nature Environnement :
prévention et gestion soutenable des déchets…"



En résumé, on retiendra, sur la base de connaissances scientifiques et socio-économiques actuelles, la position très favorable à l'épandage agricole des boues urbaines de FNE lorsqu'elle est réalisée en conformité avec la réglementation. Le témoignage de l'élu a mis en évidence l'importance de la concertation, clef du succès. Néanmoins et grâce à l'heureuse intervention dans le public d'un acteur du monde agricole, il a pu être précisé que la crise vécue dans la gestion agricole des boues est de la même nature que celle de la vache folle et qu'il n'est pas question de faire porter le chapeau au monde agricole déjà bien affecté. Il convient cependant, pour comprendre les enjeux, de restituer les propos de Bernard ROUSSEAU, Président de France Nature Environnement, qui précise que : "les conséquences environnementales de la politique agricole sont catastrophiques, et voilà que nous découvrons qu'en plus nous sommes les héritiers d'une agriculture subventionnée à 72 milliards et aux pieds d'argile".


Le Club ATOUT BOUES était pour vous le 2 février 2001 à Orléans au congrès de la fédération nationale " France Nature Environnement " (FNE) et organisé sur le thème des déchets. Cette manifestation a permis d'entendre diverses personnalités s'exprimer et de connaître, au travers des échanges avec la salle, les opinions du milieu associatif environnementaliste sur la gestion des boues et des matières organiques.

Le sujet de la matière organique qui nous concerne a été abordé par un premier forum consacré aux " biodéchets " (déchets verts et fermentescibles). On aura en particulier remarqué pour leur maîtrise du sujet, Laurent FLEURY (SITA France), Pitch BLOCH (FNE), Nicolas NOYON (ADEME) et Jean GETIN (CIELE). Unanimes à considérer comme très positif le retour à la terre des matières organiques domestiques, les intervenants ont illustré leurs propos par des expériences " d'école " diverses comme celles de St Jean de Braye et de Paray le Monial. La compréhension des mécanismes contrôlant la gestion des déchets autres que les boues mais proches des boues est importante. C'est pourquoi, mais nous reviendrons sur le sujet, le temps a manqué pour mieux comprendre les spécificités propres aux opérations de " collecte classique " (avec incinération et valorisation énergétique), " collecte séparée de la fraction fermentescible des ordures ménagères (FFOM) avec compostage spécifique ", et, pour l'habitat individuel, " collecte séparée des déchets verts (ou déchets végétaux) ", " compostage individuel ou semi-collectif "… Le dossier du participant, riche en données techniques, permet de rappeler que la FFOM représente (sans le papier) environ 30% du poids de la poubelle. Ce même dossier précise aussi que : " Le compostage (ou méthanisation) est dnc indispensable si l'on veut vraiment atteindre l'objectif ambitieux de 50% affiché par la circulaire VOYNET du 28 avril 1998 ".

Le vif du sujet a fait l'objet du second forum intitulé " les boues des stations d'épuration ". Pour commencer, Alain VACHON, l'homme des boues à l'Agence de l'eau Loire Bretagne (basée à Orléans), a dressé un tableau très dense des éléments classiques qui permettent d'appréhender les enjeux propres à la gestion de ces déchets particuliers. Il n'est pas inutile de rappeler la démarche " Agence de l'eau ". En effet, mettant en avant l'audit technico-économique du Cabinet Arthur Andersen (étude interagence pilotée par Rhin Meuse), A. VACHON a resitué l'épandage agricole des boues et des eaux usées dans un contexte historique puis a évoqué les travaux du Comité National Boues (CNB), créé en février 1998 avec le Ministère de l'Environnement (MATE) et le Ministère de l'Agriculture. Afin d'illustrer l'innocuité des métaux lourds, il rappelle les travaux réalisés à l'INRA de Bordeaux avec des épandages à très fortes doses sans effet notable au niveau de l'accumulation par les plantes. Au niveau de l'analyse de la question du devenir de l'épandage, il met en évidence les points suivants :

  • aspects négatifs avec les notions de risque, controverse, principe de précaution poussé au-delà de ses limites,
  • transcription médiatique très médiocre de la réalité, les connaissances scientifiques sont nombreuses mais pas prises en compte !
  • le thème de la boue n'a pas été mis en perspective avec les autres intrants agricoles et les sols français recevraient ainsi, au niveau des flux d'azote (N) et phosphore (P) :
    • 1% des boues d'épuration urbaines,
    • 1% des boues d'industries agroalimentaires,
    • 48% des lisiers, fumiers et fientes,
    • 50% des engrais minéraux

Pour étayer ces propos par une approche de recherche à caractère scientifique, Serge BOURGEOIS, enseignant-chercheur à l'INA-PG, a présenté un bilan des connaissances relatives aux risques sanitaires de l'épandage des boues agricoles. Car ce mode de gestion, qui concerne aujourd'hui environ 60% des tonnages nationaux, connaît actuellement de sérieuses difficultés qui semblent ignorer la "puissance du rationnel". Les réticences et les craintes relatives à la qualité des produits et aux impacts sur l'environnement se traduisent par des risques de contamination des récoltes, du sol, de l'air et de l'eau, sans oublier les animaux et l'homme. C'est pourquoi il est devenu indispensable d'établir les modalités concrètes de fonctionnement des garanties de la qualité des boues et du bon encadrement de ses usages. Sur le plan pratique, l'utilisation des boues impose la maîtrise de connaissances agronomiques, sanitaires, techniques et, de plus en plus, " politiques " au sens où il est constaté des divergences profondes entre technique et imaginaire (individuel et collectif), l'imaginaire étant le moteur incontrôlé des décisions fondamentales de la démocratie.

Au carrefour des mondes des déchets, de l'eau, des collectivités locales, des acteurs agricoles, de la santé, de l'écologie etc (sociologie, ethnologie…), les boues d'épuration urbaines sont fascinantes comme objet symbole du TABOU bien particulier de notre société contemporaine.

Poursuivant sa démonstration, S. BOURGEOIS a rappelé que la garantie de l'innocuité, de la qualité du plan d'épandage et du suivi agronomique permettent de fournir des données fiables pour assurer les responsabilités identifiées. La valeur agronomique s'apprécie par la fertilisation et la biodisponibilité des éléments (équivalence engrais), la valeur amendante de la matière organique et celle basique, des boues chaulées est plus délicate à définir. Mais, dans tous les cas, l'apport de boues d'épuration est économiquement intéressant pour les cultures en raison de l'effet " engrais ", encore peu clair pour l'auditoire non spécialisé "agro". Les problèmes majeurs de l'épandage agricole sont les éléments métalliques en trace (EMT) et les polluants organiques, qui peuvent s'accumuler dans les sols ou dans les plantes ou être phytotoxiques ; les pathogènes pouvant être maîtrisés par des procédés hygiénisants (des doctrines doivent encore être précisées !). Plusieurs récentes études réalisées par l'INRA viennent enfin démontrer que les teneurs naturelles des sols agricoles de France et que les conditions d'exportation de ces EMT par les plantes présentent de grandes variabilités en EMT. Dans l'état actuel de la réglementation bien suivie, il n'y a donc aucune sérieuse raison de s'inquiéter de contamination en métaux lourds par les cultures.

Pour compléter ces présentations par une expérience pratique de grosse collectivité, Jean-Claude DEMAURE (élu de l'agglomération nantaise, 550 000 hab), a présenté les choix réalisés dans sa communauté urbaine. Ses 2 stations d'épuration (350 000 et 125 000 EH, coût total 800 MF, régie intéressée) produisent 50 000 t/an de boues épandues sur 63 communes pour une surface totale proche de 3 000 ha (125 exploitations, 900 parcelles). La valorisation agricole est assurée par la Société de gestion en nom collectif Loire 21 composée de CGE, SEDE, ANGIBAU, CANA. L'opération a été initiée fin 1996 et mise en œuvre début 97. Elle a fait l'objet d'un travail particulièrement concerté dans un comité de pilotage composé de 4 collèges : élus, administration (DDASS, DDAF, DRIRE, VNF, Agence de l'eau LB, Chambre d'Agriculture), associations et experts. Loire 21 assure les tâches de déshydratation, chaulage (les sols sont plutôt siliceux)… jusqu'au rendu racine. La boue ainsi valorisée a été labellisée " FERTICAL " en 1997 et dispose d'une garantie ISO 9002. L'arrêté préfectoral a été pris en mai 1999 et les épandages sont réalisés sur mars à mai et juillet à octobre. A priori, il semble que cette opération soit un vrai succès comme en attestera la prochaine lettre d'information destinée aux riverains des communes concernées (prévue après les élections de mars 2001). Un projet d'installation de traçage par GPS embarqué est également en cours avec le CEMAGREF et le SYPREA.

Enfin, apportant un témoignage spontané de l'auditoire, cette remarque de grande qualité faite par M. MASSON, Président de la FDSEA du Loiret : " Sur ces 3 exposés consacrés aux boues d'épuration, il est évident qu'elles sont bonnes pour l'agriculture. Mais le problème tient à l'application du principe de précaution à tort et à travers, c'est là qu'est le piège comme avec l'ESB. Il y a en outre des nouveaux composés dont on ignore de nombreux effets. Enfin, si l'épandage de boues dans le strict respect de la réglementation est la garantie du respect du principe de précaution, pourquoi l'épandage est-il alors interdit sur les périmètres protégés de prise d'eau potable ? Enfin, la question du fonds d'indemnisation non réglé dans le cadre des travaux du CNB n'est pas non plus un signe de l'absence du climat de confiance nécessaire entre les partenaires concernés. Comme tout acteur responsable, les agriculteurs ne veulent pas être pris en otages. "

Pour information, ont été remis des notes réalisées par l'ADEME sur le compostage individuel, la valorisation des biodéchets des ménages et sur les filières de traitement des déchets médicaux diffus. Le bilan 1998-2000 du plan communal de prévention des déchets ménagers de la commune de HAVELANGE (Belgique) a également été remis comme le discours de Bernard ROUSSEAU et la " plate-forme " des valeurs prônées par le réseau déchets de FNE.



Contact Club ATOUT BOUES :

Emmanuel Adler - Club Atout Boues
ACONSULT
Centre d'Affaires des Monts d'Or
69 290 St Genis les Ollières
France
tél : (33) 04 78 57 3939
fax : (33) 04 78 44 8074
mail : aconsult@wanadoo.fr

Présentation du Club Atout Boues : ""au service des professionnels concernés par la gestion des boues d'épuration""

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