Les Français ont une bonne opinion globale de l'eau du robinet

Le Centre d'information sur l'Eau publie la quatrième édition de son Baromètre annuel réalisé par la SOFRES qui porte sur les opinions recueillies en décembre 1998. Cet outil, toujours sur la base du même questionnaire, a pour but de suivre l'opinion des consommateurs sur l'eau du robinet afin de mieux comprendre leurs attentes.
L'analyse sur 4 études successives permet de constater que l'opinion des Français sur l'eau du robinet est très constante et globalement positive.Trois Français sur quatre sont ainsi satisfaits de la qualité de leur eau.
L'objectif de ce baromètre est de bien analyser, au-delà d'une réponse globale, l'attitude des Français en en cemant les nuances et parfois les paradoxes, tant au point de vue collectif qu'individuel.

Pour la perception collective, la conscience des enjeux de l'eau s'améliore lentement mais reste très contradictoire. D'une part l'attention aux problèmes de pollution de la ressource et à la protection de la nature est forte mais, d'autre part, la compréhension du fonctionnement concret de l'assainissement des eaux usées est très floue : une majorité de Français ne sait toujours pas que le traitement de l'eau potable et la dépollution des eaux usées se font dans deux usines bien distinctes.

Bien qu'ils prennent conscience qu'ils ont une responsabilité importante dans la pollution de l'eau et que, de plus en plus, ils admettent devoir payer dans leur facture la dépollution de leurs rejets, les Français considèrent que les principaux pollueurs de la ressource en eau sont d'abord les industriels et ensuite les agriculteurs. Même si l'eau est perçue comme un bien précieux, une majorité en constante progression considère qu'avoir de l'eau potable à domicile est un droit dans nos sociétés développées.
La crainte de rareté et de pénurie d'eau dans un avenir plus ou moins proche ne concerne qu'une faible minorité de Français, même si ceux qui se disent attentifs à leur consommation sont en augmentation de 6 points (73% contre 67% l'an dernier)

D'un point de vue individuel, la confiance dans la sûreté l'eau du robinet reste à un niveau élevé. Les Français savent à une très grande majorité (81%) que l'eau est contrôlée, même s'ils sont moins nombreux à considérer ces contrôles suffisants (54% contre 32% qui les trouvent insuffisants). Mais la confiance dans la sûreté de l'eau, qui avait beaucoup progressé passant de 66% en 96 à 72% en 98, revient à 67%.
L'opinion sur le respect des normes de qualité en vigueur est elle aussi en progression, tout comme le fait que l'eau du robinet soit bonne pour la santé. Encore 20% des Français pensent cependant le contraire, mais ils sont en diminution de 4% par rapport à l'an passé.

Ces tendances ne modifient pas le nombre de Français qui boivent de l'eau du robinet (66% déclarent en boire au moins une fois par semaine), chiffre stable depuis 96, alors que la perception de consommation de l'eau en bouteille est en sensible baisse cette année (63% disent en boire au moins une fois par semaine), après une forte progression l'an passé. On retrouve cette année 51 % de buveurs "mixtes", déclarant boire à la fois de l'eau en bouteille et de l'eau du robinet.

Pour tous les usages domestiques de l'eau, les notes que les Français donnent (sur 10) sont en progression et toutes autour de 8/10. Pour l'eau de boisson, la note est plus faible et reste stable depuis 96, un peu au-dessus de la moyenne (5,8/10).
Les reproches faits à l'eau sont toujours le chlore et le calcaire, qui sont des paramètres dit "de confort", n'altérant pas la sûreté de l'eau.

En fait, une opinion globalement positive mais attentive à la qualité, qui se retrouve dans la typologie des consommateurs :

• les "Très contents" progressent de 3 points et représentent 34% de la population
• les "Satisfaits" dits "dubitatifs", parce qu'ils voudraient encore plus de contrôle et sont un peu moins convaincus de la sûreté de l'eau, baissent de 2 points et regroupent cette année 25% des Français ;

Soit un total de satisfaits de 59%, qui reste stable par rapport à 98.
Parmi les "insatisfaits" (41% au total), on distingue d'une part les "Grands insatisfaits", qui reculent de deux points, se situant à 15% et les "Peu satisfaits confiants et exigeants" qui augmentent de 2 points (26%). Ils sont ainsi appelés parce que malgré leur moindre degré de satisfaction, ils ont un peu plus confiance que la moyenne des interviewés dans la sûreté de l'eau et les contrôles, mais reprochent surtout à l'eau la présence de chlore et de calcaire.
On remarque en fait, qu'en dehors des deux groupes "extrêmes", le degré de satisfaction de l'eau semble plus influencé par les éléments dits "de confort" (chlore, calcaire, goût) que par des considérations purement sanitaires.

Le montant annuel de la facture est de mieux en mieux identifié, mais le prix du m³ reste extrêmement mal connu.
L'eau est toujours perçue comme plutôt chère par 58% des Français, chiffre cependant en recul de 3 points par rapport à l'an passé. Et toujours 28% des Français la trouvent plutôt bon marché, chiffre stable depuis quatre études. Les trois-quarts des Français s'attendent à de nouvelles hausses dans l'avenir, dues avant tout, selon eux, à la dégradation des ressources en eau et aux investissements consécutifs.
Quelle que soit l'opinion sur la cherté de l'eau, une grande majorité, en progression, de Français trouvent normal de payer les coûts de potabilisation, de distribution, et de dépollution des eaux usées. En revanche, le paiement des abonnements, des redevances pour la protection de l'environnement et la solidarité avec les zones rurales ne semblent légitimes qu'à une bonne moitié.

Parmi les autres résultats notables, soulignons la progression de la satisfaction relative au service de l'eau (85%), avec une avance maintenue des sociétés en délégation sur les régies, et la demande toujours très forte d'informations, en particulier sur la qualité de l'eau.

 

SYNTHESE DE LA TYPOLOGIE DES CONSOMMATEURS

Comme chaque année, la SOFRES a réalisé une typologie des consommateurs en fonction de leurs perceptions et de leur degré de satisfaction de l'eau du robinet. Le principe de cette typologie est de regrouper entre eux les individus ayant un comportement proche, de telle sorte que, d'un groupe à l'autre, les individus aient un comportement différent ou éloigné.

L'équilibre entre le pôle des "satisfaits" et celui des "insatisfaits" demeure stable par rapport à 98 : 59% contre 41 %. Par contre, des évolutions se font sentir au sein de ces deux pôles

59% :
le groupe des "Très contents"progresse de 3 points, passant de 31 % à 34% (niveau de 96)
le groupe des "Satisfaits dubitatifs" baisse de 3 points (25% contre 28% en 98)

41% :
le groupe des "Peu satisfaits, confiants et exigeants" augmente de 2 points (26% contre 24%)
le groupe des "Grands insatisfaits" recule de 2 points (15% contre 17%).

Principaux traits des "Très Contents" (34%) :

• Très satisfaits du service des eaux de leur commune (95%).
• Leurs indices de satisfaction de la qualité sont sensiblement supérieurs à la moyenne, en global (7,8 contre 6,7 en moyenne) aussi bien que par usage (7,9 contre 5,8 pour l'eau de boisson). A noter cependant : leur note globale (7,8) est en retrait par rapport à 98 (8,1).
• Sont également très confiants dans les contrôles, le respect des normes et plus prêts que l'ensemble à payer davantage pour conserver ce niveau de qualité.
• S'estiment sensiblement plus informés sur l'eau que le reste de la population.
• Trouvent l'eau meilleur marché que l'ensemble.
• Gros consommateurs d'eau du robinet : 48% des consommateurs quotidiens appartiennent à ce groupe et, sur 10 litres d'eau, ils boivent 6,3 litres d'eau du robinet.
  
• Profil: comparable à la structure nationale en termes de d'âge et de CSP. Personnes habitant dans la Sud-Est, sans enfant au foyer.

Principaux traits des "Satisfaits Dubitatifs" (25%) :

• Satisfaits car ils perçoivent globalement l'eau de façon positive (note de 7,1 contre 6,7 en moyenne ; 6,0 contre 5,8 sur l'eau de boisson), de même que son service (89% de satisfaits).
• Dubitatifs car légèrement en retrait sur le caractère suffisant des contrôles et à peine dans la moyenne quant au respect des normes et à la sûreté de l'eau.
• Dans la moyenne en ce qui concerne le niveau d'information et la consommation d'eau du robinet.
  
• Profil : des personnes dont le chef de ménage est plutôt de profession intermédiaire et des habitants des régions Sud-Ouest et l'Ouest.

Principaux traits des "Peu satisfaits, confiants et exigeants" (26%) :

• Perception peu positive de l'eau du robinet, leurs niveaux de satisfaction étant plus faibles que la moyenne,.en global (6,2 contre 6,7) et surtout pour l'eau de boisson (4,3 contre 5,8).
• Trouvent l'eau particulièrement calcaire et chlorée et leur jugement peu positif provient surtout de ces éléments de confort d'usage.
• Par contre, ils sont un peu plus confiants que la moyenne en matière de contrôles, de sûreté, et de respect des normes.
• Jugent l'eau plus chère que la moyenne.
• Un niveau de satisfaction du service de l'eau comparable à l'ensemble.
• Consomment plus d'eau en bouteille que d'eau du robinet (5,2 litres sur 10)
• Profil : des femmes, des personnes de plus de 35 ans, des catégories sociales élevées, des habitants de la région parisienne et du nord-est, plutôt propriétaires de maisons individuelles.

Principaux traits des "Grands Insatisfaits" (15%) :

• Expriment de nombreux reproches à l'égard de l'eau du robinet, tant au niveau du confort (calcaire, mauvais goût, chlore) qu'au niveau de la sûreté (peu contrôlée, ne respectant pas les.normes). D'où un taux de satisfaction très bas (4,2 contre 6,7 en moyenne "global", 3,2 contre 5,8 pour l'eau de boisson).
• Sensiblement moins consommateurs d'eau du robinet que le reste de la population (4,6 litres sur 10 litres d'eau), mais 46% en boivent quand même au moins une fois par semaine, dont 25% plusieurs fois par jour.
• Trouvent l'eau particulièrement chère et sont beaucoup moins satisfaits que les autres groupes du service de l'eau (58% contre 85% sur l'ensemble).
• S'estiment nettement moins bien informés sur l'eau que la moyenne.
• Profil : des personnesjeunes, âgées de moins de 35 ans, plus souvent actifs que l'ensemble, socialement modestes, plutôt locataires, des habitants de la région parisienne et des grandes villes.