Par
Richard Varrault
Le changement dans la continuité, tel pourrait être le sens de cette nouvelle conférence.
Nous pourrions d’abord nous poser la question de la lenteur, voir de la langueur de ces rassemblements à plusieurs milliers de personnes qui participent à l’augmentation des gaz à effets de serre à chaque fois qu’ils vont de rencontres en rencontres, que ce soient Bonn, Lima, Marrakech ou Paris. Il n’existe pas encore de vélo aérien individuel ou en tandem et tous ces délégués divers se déplacent avec des aéronefs aux carburants qui ne sont pas encore verts. Première contradiction dans la démarche, vous arrivez à destination avec une empreinte écologique hautement carbonée… A quand des permis de voyages à point pour les longues distances qui vous obligeraient, au-delà d’un certain quota, à des échanges virtuelles avec vos interlocuteurs ?
Sans doute pas très réaliste, parce que vous avez besoin d’énergie pour mettre en place de tels protocoles, énergie primaire à base de charbon, par exemple, pour produire l’électricité nécessaire à cette nouvelle architecture. Qui de la pollution au charbon ou des gaz à effets de serre de nos avions seraient le moins polluant ? La réponse, très virtuelle, est loin d’être évidente mais elle nous oblige à nous questionner sur nos systèmes de communication et l’impossible circuit dans lequel sont imbriquées nos différentes sources d’énergie, pour les usages les plus divers...
L’humanité est donc ainsi à un croisement de ses avenirs tant sur le plan humain (et leurs droits) qui sur le plan de sa survivance. Vous ne pouvez plus faire trois pas hors de votre habitat, voire même dans votre habitat, sans produire des dégâts dont vous n’avez pas conscience : la recharge de votre smartphone ou l’achat de votre dernier produit hi-tech sont autant de points de convergence de ce que nos sociétés ont créé de boucles d’interaction négatives s’ajoutant les unes aux autres sans résultat positif.
Nous pourrions continuer de la sorte tout autour de la planète sans jamais découvrir la moindre faille, la moindre porte de sortie, la moindre possibilité de s’extraire de cette spirale en croissance continuelle, comme le montre le mauvais exemple de ces multinationales extractives(
1) qui s’obstinent à vouloir extraire du sous-sol de la Terre encore quelques milliards de tonnes de matériaux qui ne feront qu’augmenter la température la planète.
Où est donc la logique des engagements de l’Accord de Paris, certes non contraignants, mais qui auraient pu être définis comme proportionnels aux capacités extractives de chaque nation signataire de cet accord. Mais ce fut déjà assez complexe de rédiger le document quand il faut ménager les intérêts des uns et des autres, souvent antagonistes, alors que seul un retournement complet de la situation pourrait sauver l’humanité et permettre d’atteindre les 2°C maximum d’élévation de la température.
Quelques espoirs restent encore dans les conférences à venir, notamment Marrakech qui verra peut-être presque 100% des pays parafer l’Accord de Paris.
Les humains se meuvent ainsi, de supposition en espoir, comme pour gagner du temps et quelques milliards de dollars tant que le mur ne se dresse pas devant eux, bloquant toute possibilité d’avancer.
Cette COP22 sera peut-être celle de l’action pour arrêter de jouer et prendre conscience physiquement du sens des 3°C minimum qui bouleverseront en totalité nos modes de vie jusqu’à nous empêcher de voyager...
Notons enfin que les déconnections entre les négociations internationales sur le CETA (Europe-Canada) ou le TTIP (Europe-Etats-Unis) ou celles entre l'Asie et les USA et les résultats polluants des dites négociations sont troublantes et inquiétantes. En effet aucun de ces traités ne prend en compte les impacts des dérèglements climatiques et les conférences comme la COP22 n’intègrent pas ces traités dans leurs propres démarches.
Un décalage bien inquiètant...