Compte rendu, essentiellement audio, du petit déjeuner presse du mercredi 12 mars 2015, organisé et animé par Richard Varrault, dans le cadre des petits déjeuners-presse de l'association des Journalistes-écrivains pour la nature et l'écologie (JNE).
Ce sont des interventions et des débats passionnants que vous avez la possibilité d’écouter.
Les personnes présentes s’expriment librement et traite chaque point de vue avec professionnalisme et efficacité. L’auditeur (de ces presque 2 heures) aura sans doute l’impression de ressortir noyé sous les informations, mais en les traitant avec mesure il appréciera la justesse des propos et l’immense champ d’investigation que constitue encore aujourd’hui les nanotechnologies et les nanomatériaux.
Avec :
Caroline Petigny : Responsable Développement Durable et Relations Scientifiques - BASF France.
Depuis 2013, son rôle est de construire et coordonner la stratégie RSE du groupe en France. Ses responsabilités comportent aussi les relations scientifiques et les relations institutionnelles sur les sujets nanotechnologies et matières premières renouvelables.
Diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Mulhouse, elle a rejoint l’université Joseph Fourier de Grenoble pour faire une thèse sur la synthèse de produits naturels. Après un stage post doctoral à l’université de Nottingham, elle a travaillé pendant quelques années en recherche et développement dans l’industrie pharmaceutique. Elle a rejoint le groupe BASF en 2007 pour prendre en charge les relations scientifiques pour la France.
Jean Marc Petat : Directeur Développement Durable et Communication de BASF France
Nicolas Feltin : Responsable de mission en nanométrologie et Responsable de la plateforme CARMEN (CARactérisation MEtrologique des Nanomatériaux) au Laboratoire National de métrologie et d’Essais (LNE).
Il a réalisé une thèse sur la synthèse et la caractérisation de nanoparticules de semi-conducteurs magnétiques, et étudié les propriétés magnétiques de ces nanoparticules. Il a ensuite effectué un post doctorat au laboratoire Aimé Cotton (CNRS, université Paris-Sud) intitulé Elaboration de nano-jonctions pour les applications en spintronique. En 2000, Nicolas Feltin rejoint les équipes de métrologie fondamentale au laboratoire central des industries électriques et intègre ensuite le LNE.
Jean-Jacques Perrier : journaliste scientifique, co-organisateur du forum NanoRESP, intéressé par l’innovation responsable et le rôle socio-politique du débat public, du dialogue et de l’information sur les enjeux scientifiques et techniques.
Ce compte rendu présente 3 longs extraits audio.
Nous avons conservé ce format pour ne pas couper systématiquement des raisonnements qui s'enchainent ou des points de vue qui se développent progressivement. En cliquant sur le dispositif d'écoute, l'internaute a toujours la possibilité d'avancer dans la "bande sons".
Une partie écrite pose les sujets et l'internaute peut écouter les réponses des intervenants en utilisant l'interface présente dans la page.
Les fichiers son représentent plusieurs Mégas octets, pour le second fichier, de presque une heure, vous aurez peut-être à patienter quelques secondes le temps qu'il se charge. Les fichiers audio sont des fichiers mp3. La reproduction et/ou la diffusion de tout ou partie de ces documents audio ne sont pas autorisées sans l'accord écrit de l'auteur.
Les interventions
Après avoir présenté les intervenants, Richard Varrault fait une revue de presse de quelques éléments rendus publics sur les nanos récemment.
Il observe que la déclaration obligatoire 2014 (registre R-nano) donne plus de déclarants pour un tonnage en baisse par rapport à 2013, quelle serait l'explication ?
Un certain nombre de critiques sur la déclaration est présenté par l'association Veille Nanos comme par exemple : un fardeau "financier et bureaucratique" pour les déclarants ; des ambitions revues à la baisse par rapport à l'engagement du Grenelle de l'environnement ; l'information du public, passée à la trappe ? ; aucune disposition ne concerne la protection des salariés ; aucune limite à la commercialisation des nanomatériaux ; un effet "passoire" ? ; de nombreux nanomatériaux échappent à la déclaration ; des substances nano nouvelles ou anciennes ? ; des sanctions trop faibles ? ; quels moyens de contrôle ? ; bientôt d'autres mécanismes plus ou moins similaires dans plusieurs pays européens...
En Europe et plus particulièrement en Espagne le Ministère de la défense a publié en 2014 "Monografias 142 | Nanociencia, nanotecnologia y defensa et éditée par "Escuela de Altos Estudios de la Defensa", dans cet ouvrage il est question des nanotechnologies qui vont sensiblement modifier l'environnement des batailles de l'avenir, un soldat super-équipé par une protection pare-balles et contre les menaces nucléaires, biologiques et chimiques grâce à des centaines de couches de nanoargiles avec de nouveaux systèmes d'armes dans lesquels la présence de nanotechnologies sera élevé avec un taux de mortalité plus important pour la cible en minimisant les dommages sur les civils.
Le document explique des travaux sur le développement d'armes personnelles capables de neutraliser des groupes de personnes, pour les forces de sécutité notamment il y aura des armes non létales avec l'application des nanotechnologie aux systèmes de micro-ondes et de micro-lasers. Il est aussi question de réduction du poids des véhicules de l'ordre de 60%, de micro-robots "hélicoptères de combat"... de fabrication de munitions complexes : plus d'espace pour la charge explosive, munitions superpénétrantes, invisibilité des aéronefs par des matériaux absorbants les ondes radar, essaims de satellites miniaturisés capables de détruire totalement ou partiellement des vaisseaux plus grands. Mais l'un des rédacteurs appelle à une surveillance des progrès réalisés dans ces domaines par des comités internationaux constitués par les militaires, les diplomates et les scientifiques.
Les "techniques de l'ingénieur" ont publié en octobre 2014 "Les 1001 usages du graphène" et en mars 2015 l'Anses veut renforcer la traçabilité des nanoparticules d'argent et précise que si la toxicité environnementale est avérée, le danger pour l'homme resterait à démontrer.
L'observatoire des micros et nanotechnogies offre un état de l'art sur les avancées, tendances et perspectives du domaine.
Cette première partie est essentiellement consacrée à la présentation de BASF par Caroline Petigny et Jean Marc Petat. Développement de la recherche, importance sociétale de certains aspects du sujet et commentaires pertinents sur de nombreux autres points permettent de rentrer de plain pieds dans notre thématique...[16:50]
Dans cette longue seconde partie, Nicolas Feltin présente la pertinente question de la caractérisation des nanoparticules et les normes européennes par opposition à la façon dont les Etats-Unis justifie une approche différente. Les journalistes interviennent pour poser quelques questions à nos intervenants et notamment pourquoi la question de santé-environnement a-t-elle pris le pas sur de nombreuses autres ? Quid de la commercialisation de produits pour lesquels on ne sait pas évaluer la toxicité ?
Les deux personnes représentant BASF explique les procédures en interne. Nicolas Feltin conclue... il y a quelques résultats intéressants qui commence à sortir et nos participants s'interrogent sur la communication et le marketing. [59:30]
Cette dernière partie commence par l'intervention de Jean-Jacques Perrier qui nous fait observer que nous augmentons notre niveau d'incertitude, en effet, plus on en apprend sur les nanotechnologies moins nous avons de certitudes... Il aborde aussi la question du cycle de vie de ces nouveaux produits.
Caroline Petigny aborde la déclaration obligatoire, R-nano, en France et Jean Marc Petat revient sur les évaluations des produits phytosanitaires et la protection des travailleurs.
Quid d'une similitude pour certains effets avec les pertubateurs endocriniens et une question porte sur le poids économique des nanos. [40:53]
