Les vendredi 10 et samedi 11 octobre 2014, à Paris, le Conseil économique, social et environnemental a accueilli le premier Sommet Mondial des Régions pour le climat. Cet événement s'est tenu sous la présidence de l’ancien Gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger et a été organisé en partenariat avec le R20 Regions of Climate Action.
Ces deux journées ont été l'occasion de montrer comment les régions, les états infra-nationaux et les collectivités se sont emparées de la politique et de la réalisation des décisions qu'elles ont prises en faveur d'une réaction d'engagement dans la lutte concrète envers les changements climatiques en cours.
A l'opposé des états nations et de leurs regroupements divers, du G20 à l'Union européenne, qui rechignent à s'engager volontairement dans cette voie, les milliers de région du monde ont su se fédérer depuis 2010 et mettre en place, avec les entreprises, les populations et les investisseurs de réels plan d'action. C'est le bottom-up, un changement de paradigme pour la France centralisatrice et peu habituée à ces types de démarches.
Ces initiatives ont été saluées par les différents orateurs, de Michel Rocard à Laurent fabius, confirmant ainsi l'absence d'engagement des états et le passage du témoin à des structures locales qui, en France en tous cas, demanderont certainement moins d'état et plus de local pour pouvoir agir en toute autonomie. La réforme des régions françaises prendrait-elle exemple sur nos voisins californiens ou l'Etat de Rio ?
Ce bref compte rendu reprend des étapes essentielles présentées par quelques interlocuteurs. Vous pouvez retrouver le programme des deux journées ainsi que l'ensemble des interventions sur les sites proposés dans cet article et notamment les vidéos en intégrale sur le site du CESE (plus de 11h de vidéos).
Qu'est-ce que le R20 ?
Le R20 Regions of Climate Action est une organisation à but non lucratif fondée en 2011 par le Gouverneur Arnold Schwarzenegger et d'autres leaders d'envergure mondiale, en coopération avec l'Organisation des Nations Unies. Le R20 est une coalition de partenaires dirigé par les gouvernements régionaux qui travaillent à promouvoir et à mettre en oeuvre des projets qui visent à produire des avantages économiques et environnementaux locaux sous forme de consommation d'énergie et d'émissions de gaz à effet de serre réduites, d'économies locales fortes, d'amélioration de la santé publique et de nouveaux emplois verts. Ces actions locales peuvent aider le monde à atteindre les objectifs environnementaux et économiques mondiaux communs. L'organisation a son siège à Versoix en Suisse.
Michèle Sabban, présidente du R20, explique que ""le R20 est une organisation non gouvernementale qui est née après l’échec de la conférence de Copenhague sur le climat en 2009. Cela a été un des plus grands échecs des négociations sur le climat.
A partir de là, régions, états fédérés, gouvernements locaux ont décidé de se réunir pour dire qu’il n’était pas normal que l’on ne puisse pas nous entendre, voire même travailler avec nous.
Nous avions la chance d’avoir de grands gouvernements régionaux à nos côtés, dont la Californie puisque Arnold Schwarzenegger, alors gouverneur de cet État, était là au même titre que nous, pour pouvoir réclamer le droit de parler et d’être écouté.
Après Copenhague, nous nous sommes retrouvés à Sacramento, la capitale de la Californie, pour créer le R20, en 2010.
Ce n’est pas seulement 20 régions, aujourd’hui nous sommes plus de 400 régions. A l’instar du G20, nous avons voulu monter une équivalence au niveau des gouvernements infra-nationaux, pour être force de proposition, pour proposer des projets, des solutions, voire même des réalisations.
Nous sommes organisés par continents et nous nous appuyons sur des référents – un par continent – qui, toute l’année, travaillent avec nos régions, membres ou pas membres, à la recherche de projets en matière d’énergies renouvelables, en matière de solaire, en matière d’éclairages publics à énergie basse et renouvelable.
Ce travail par continents est d’autant plus pertinent que, d’un continent à l’autre, les problématiques varient largement, tout comme la manière de les appréhender et de les traiter. Ce sont sur des différences que nous souhaitons nous appuyer.
En Algérie, par exemple, nous avons des accords avec les wilaya et travaillons sur la question des déchets. Nous ne nous contentons pas d’apporter des réponses à leurs problématiques. Nous nous organisons pour former des gens sur place – notamment des jeunes – et leur trouver des emplois dans tout ce qui touche aux compétences vertes.
A propos du Sommet mondial des régions elle indique : ""Il y aura une dizaine d’organisations représentées et, lorsque vous faites la somme de leurs membres et de nos membres, vous vous percevez que nous représentons 2500 à 3000 collectivités territoriales, où vivent plus de 700 000 000 d’hommes et de femmes dans le monde.""
A propos des financements innovants : ""Cela dépendra des projets que nous privilégierons.
Pour ce qui concerne le solaire... Nous sommes présents au Mali avec des entreprises comme Aqua Energy, qui est une entreprise française et qui développe, avec le gouvernement malien et les régions du Mali, tout ce qui touche à la production et la fourniture d’électricité via le solaire.
Des propositions nous sont également faites pour lever des fonds et reproduire l’expérience que nous avons conduite à Rio et qui visait à changer totalement l’éclairage public avec un recours au nouveau procédé des LED.
A Rio de Janeiro, nous avons complètement changé l’éclairage public. Le programme a duré 4 ans. A l’issue de cette installation, il est prévu 50% d’économies sur les factures de l’éclairage urbain du gouvernorat de Rio et c’est avec ces économies que pourra être financé, a posteriori, l’installation de ces nouveaux équipements.
Ainsi, les régions comme celles de Rio qui passent un contrat avec le R20, s’inscrivent dans un triptyque de compétences et de solidarité, un partenariat public et privé, entre l’ONG R20, les régions et les experts privés.
Jusque-là, faute de moyens, certains pays n’agissaient pas en matière d’énergies renouvelables – et donc de lutte contre les changements climatiques -, nous leur donnons les moyens de faire. C’est possible grâce à nos partenaires qui vont lever des fonds.
A l'introduction du sommet, après avoir salué les participants, Christophe Nutall, Directeur exécutif du R20, précise qu'il s'agit d'ouvrir ""cette route vers Paris COP 2015, qui, comme vous le savez, est très très importante, qui va démontrer la complémentarité entre l'approche normative des états à travers les Nations Unies et l'approche du bas vers le haut (bottom up) dont nous allons démontrer à la communauté internationale et en premier lieu au gouvernement français tous les biens fondés de cette alliance entre les territoires, villes, régions, les entreprises qui ont les technologies et le monde de la finance qui peuvent et qui doivent investir dans ces projets verts.""
Dans cette première intervention, Serge Lepeltier livre son appréciation sur le bottom-up et émet quelques réserves. Question posée par le modérateur Daniel C. Esty. [5:31]
Dans cette seconde intervention sur l'avenir des négociations lors de la COP21, Serge Lepeltier revient à une issue positive en reconnaissant que des efforts devront être réalisés. Question posée par le modérateur Daniel C. Esty. [2:36]
Présentées par Christophe Nuttall, directeur exécutif du R20, Michèle Sabban et Monique Barbut s'engagent dans une conversation sur les enjeux, les défis et le rôle des régions dans la désertification progressive et annuelle de très grandes surfaces de terre agricoles.
Ce sujet est peu connu et peu, ou pas, pris en compte dans les méthodes de gestion des terres arables...