2 janvier 2013
Richard Varrault
Si vous n’avez rien à objecter à la croissance, le recueil des chroniques de Serge Latouche aura au moins le mérite de vous éclairer sur le passé, encore très récent dans nos mémoires, des excès de nos sociétés capitalistes.
Ces 29 courts textes, dont certains sont inédits, écrits entre juin 2006 et mars 2012 pour la revue Politis, peuvent être parcourus au gré de l’accroche qui vous motivera pour aller directement à l’analyse de « Vivre avec 600 € par mois », celle de « La catastrophe de Fukushima sera-t-elle pédagogique ? » ou « L’affaire Schmidheiny ou la sinistre farce du développement durable ».
S’agit-il pour autant pour le lecteur peu accoutumé à cette notion de décroissance de valider toutes ces excroissances, car le progrès a toujours produit des imprévus et c’est sans doute l’intérêt qu’il représente, dans tous ses défis, quel que soit son domaine d’expression. Que nenni, c’est plutôt à une prise de conscience des dérives du capitalisme débridé, de l’argent-rente qui produit de l’argent, de la Chine en croissance qui finira par devenir le premier pollueur de la planète (même si la chronique d’octobre 2007 pose quelques espérances d’après le rapport Stern « La Chine a adopté un programme ambitieux visant à réduire de 20% entre 2006 et 2010 l’énergie utilisée pour chaque unité de PIB et à promouvoir les énergies renouvelables. » que nous entraine ces récits finement analysés.
Encore récemment, une belle chronique politico-financière pourrait être écrite sur le scandale des surcoûts de l’EPR de Flamanville même si, comme le dit un responsable d’EDF en guise de justificatif : « tous les prototypes ont leurs lots de retards et d’ajustements ».
Ce qui me conduit à pointer combien l’exercice est difficile, tant il est ancré dans le présent avec certainement certaines visions à court ou moyen terme, certes en connaissance de causes mais jamais en connaissance de conséquences, ce qui devrait pourtant être un mode de prospective pour tous les décideurs.
J’ajouterai qu’il eut été astucieux, et aussi engageant, de la part de l’auteur et instructif pour le lecteur de réaliser une légère actualisation de chaque chronique. Ecrire en quelques lignes si le pronostic ou la conclusion, à la date de parution, est encore d’actualité, si le contraire s’est produit ou si une autre voie s’est faite jour. Ainsi dans le cas de la Chine, l’usage de plus en plus important du charbon est à l’opposé de la conclusion de la chronique. Quant aux produits destinés aux énergies renouvelables la Chine en exporte beaucoup plus qu’elle n’en installe sur son propre territoire, au détriment d’autres gisements, et participe, comme les derniers rapports l’ont confirmé à une augmentation des rejets de GES à l’échelle planétaire.
Dans sa chronique de juin 2006 « La décroissance : un enjeu électoral en 2007 ? » Serge Latouche propose une définition de la décroissance et de la croissance. « Au départ, la décroissance est simplement une bannière derrière laquelle se regroupent ceux qui ont procédé à une critique radicale du développement et veulent dessiner les contours d’un projet alternatif pour une politique de l’après-développement : la construction au nord comme au sud, de sociétés conviviales autonomes et économes. »
Et « La croissance aujourd’hui n’est une affaire rentable qu’à la condition d’en faire porter le poids et le prix sur la nature, sur les générations futures, sur la santé des consommateurs et sur les conditions de travail des salariés. C’est pourquoi une rupture est nécessaire. »
Chroniques d'un objecteur de croissance
Editeur : Sang de la Terre/Médial, www.sangdelaterre.fr
Auteur : Serge Latouche
Date de parution : 2ème trimestre 2012
Prix public : 14,50 €
Contact presse : Céline Latasa, Tél.: 01 40 01 09 49 – celine.latasa@ellebore.fr