Compte rendu, essentiellement audio, du petit déjeuner presse du mercredi 2 octobre 2013, organisé et animé par Richard Varrault, dans le cadre des petits déjeuners presse de l'association des Journalistes-écrivains pour la nature et l'écologie (JNE)
Avec :
Gérard Payen, Conseiller pour l'eau et l'assainissement du Secrétaire Général des Nations Unies (UNSGAB) et Président d'Aquafed, Fédération Internationale des Opérateurs Privés de Services d'Eau
Alexandre Taithe, chargé de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (Think tank indépendant) et spécialiste des politiques de l’eau, des régimes de propriété de la ressource, sa qualification et sa tarification, en France et dans d'autres pays
Ce compte rendu présente 13 extraits audio.
Une partie écrite pose les sujets et l'internaute peut écouter les réponses des intervenants en utilisant l'interface présente dans la page. Les fichiers audio sont des fichiers mp3. La reproduction et/ou la diffusion de tout ou partie de ces documents audio ne sont pas autorisées sans l'accord écrit de l'auteur.
Les interventions
Cette première partie est consacrée à la présentation de MM. Payen et Taithe par Richard Varrault qui pose les deux premières questions à chaque intervenants [5:58]
Richard Varrault fait également part de la disparition possible de certains pays par manque d'eau, comme le Yémen et présente cette méthode de calcul qui permet d'estimer les besoins en eau à partir de la valeur en kilocalorie d'un régime alimentaire. La base du calcul est un litre d'eau pour une kilocalorie. Ainsi un régime alimentaire à 1 700 Kcal/jour impliquera l'utilisation de 1 700 litres d'eau, soit 1,7 t/jr. (Source : Diplomatie GD juin-juillet 2013, page 49 pour l'équivalence eau/Kilocalorie, page 56 pour le Yémen)
Chacun peut faire le calcul pour les 7,5 milliards d'humains de notre planète...
Gérard Payen répond à la question sur sa trajectoire professionnelle qui l'a conduit de Lyonnaise des eaux/Suez au poste de Conseiller pour l'eau et l'assainissement du Secrétaire général des Nations Unies. M. Payen développe le sujet des enjeux de l'eau et affirme notamment que les problèmes d'eau sont politiques et en particulier liés aux politiques publiques.
Il explique comment le Conseil s'est constitué pour aider à la compréhension et la résolution des questions à l'échelle planétaire. [8:44]
""Il y a des milliards de personnes dans le monde qui n'ont pas un accès correct à l'eau potable... Il y a des efforts... mais on met une partie du problème sous la table..."" [7:50] Gérard Payen donne des chiffres et des explications sur cette situation et sur la notion de source d'eau améliorée qui n'est qu'un lieu où les animaux ne vont pas boire et protégé de leurs déjections... L'accès à une eau potable est un droit de l'homme depuis 2010 (L'ASSEMBLÉE « RECONNAÎT » LE DROIT À L’EAU POTABLE COMME UN DROIT FONDAMENTAL ET NOMME CARMAN LAPOINTE DU CANADA SECRÉTAIRE GÉNÉRALE ADJOINTE AU CONTRÔLE INTERNE Assemblée générale AG/10967 - 28/7/2010)
""Au moins la moitié de l'humanité n'a pas son droit de l'homme satisfait.""
Des éclaircissements qui risquent de bousculer les visions habituelles du problème.
Alexandre Taithe répond à la question ""Qu'est-ce qu'un think tank indépendant" et donne des explications sur la perception des questions d'eau selon plusieurs points de vue. Il s'intéresse aussi aux eaux transfrontalières et aux souterraines dont il nous livre quelques réalités. [10:58]
90% de l'eau douce est souterraine mais ce ne sont pas des rivières qui couleraient sous terre. M. Taithe parle d'écosystèmes des eaux souterraines. Il revient notamment sur la coupure d'électricité en Inde en juillet 2012 d'une durée de 18h, qui a touché plus de 670 millions de personnes et qui était due à un excès de pompage des eaux souterraines destinées à l'irrigation agricole.
Dans cette intervention très courte Alexandre Taithe revient le concept PCCP, du Conflit Potentiel au Potentiel de Coopération, lancé sous le mandat de Kofi Annan, secrétaire général des Nations Unies de 1997 à 2006 [1:25]
Gérard Payen s'exprime sur le passage des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) aux Objectifs de développement durable (ODD) qui seront mis en place vers la fin de l'année 2015 [19:50]
Quelques journalistes prennent la parole pour relancer notre intervenant, notamment sur le fait que l'eau (potable) est une nécessité pour que les humains vivent, posant ainsi la question "mais quels objectifs plus importants pourraient-il y avoir ?"
Gérard Payen nous laisse entrevoir toute les complexités de ces négociations qui débutent au sein même des états pour se terminer entre les gouvernements des 193 états de la planète.
Alexandre Taithe répond à la question : existe-il des exemples de coopération des eaux transfrontalières réussies ? [6:53]
Gérard Payen explique que les eaux usées sont un non sujet aux Nations Unies [4:02]
En effet, aucun indicateur n'est disponible mais l'estimation des eaux usées, humaines et industrielles, rejetées dans la nature sans aucun traitement est de l'ordre de 80%. En conséquence de quoi les continents se polluent et il deviendra difficile de produire de l'eau potable ou d'utiliser l'eau des cours d'eau sans traitement préalable pour un usage agricole.
Gérard Payen rappelle l'intérêt des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) [1:41]
Gérard Payen évoque les idées reçues, les problèmes d'eau dans les villes dont la population explose et le paradoxe lié au développement des bidonvilles qui induit l'arrivée des services publics après l'occupation des sites et donc moins de personnes raccordées aux services d'eau qu'au XXè siècle. Situation (si business are usual persiste) qui ira en se dégradant si rien n'est anticipé... [7:51]
Gérard Payen répond à la question de la mauvaise perception des entreprises privées par les citoyens, notamment français [9:34]
Beaucoup d'associations ont tenté de montrer les activités prédatrices du secteur privé en oubliant cependant que le service public ne correspondait pas toujours aux attentes. Gérard Payen revient aussi sur les problèmes de corruption et se réfère aux activités d'Aquafed qui n'intervient qu'à l'étranger. La France constitue de fait un point spécifique et historique dans les relations entre entreprises privées du secteur de l'eau et agglomérations.
Alexandre Taithe montre des démarches positives et importantes du secteur privé pour fournir de l'eau dans les conditions particulières de certains pays [4:23]
Gérard Payen présente l'impact positif du secteur privé sur les pays en développement (PPP) [3:07]
Il explique qu’une augmentation de 50% en une décennie de la population ayant accès à l'eau potable a été mesurée dans les villes de pays en développement où le service de l’eau est géré par des opérateurs privés. Il revient également sur le "syndrome du lampadaire" qui met en avant le nombre d'études sur les opérateurs privés, pourtant cinq fois moins nombreux que les opérateurs du service public, disproportion qui rend compte de la mauvaise presse du privé...
De l'eau pour tous ! Abandonner les idées reçues, affronter les réalités
Le livre de Gérard Payen paru en 2013 chez Armand Colin (page de l'éditeur pour le livre de Gérard Payen)
4ème de couverture :
""Croissance démographique, intensification des activités industrielles, extension de l’irrigation agricole... nos besoins en eau ne cessent de s’accroître, avec la crainte grandissante d’en manquer un jour. Dans le même temps, aujourd’hui, près de 4 milliards de personnes n’ont toujours pas un accès satisfaisant à l’eau potable, alors que nombre d’entre elles habitent dans des régions qui regorgent d’eau.
Si la ressource est là, renouvelable, réutilisable, comment se fait-il qu’elle reste encore inaccessible à la moitié de l’humanité ? Quels sont les enjeux humains, sanitaires, économiques et politiques de la gestion de l’eau ? Pouvons-nous prévoir les changements liés à l’eau au cours des prochaines décennies et leurs effets sur nos existences et nos sociétés ?
Ces questions sont complexes, et les idées reçues sur le sujet nombreuses. Méconnaissance des enjeux, ambiguïté du langage et mauvaises interprétations constituent des freins à la prise de décision et à la conduite des actions nécessaires. Loin des propos alarmistes, confus ou approximatifs, cet ouvrage vient affronter ces a priori et éclairer le débat en exposant les solutions possibles pour faire face aux grands défis d’aujourd’hui.
Gérard PAYEN est expert international, conseiller du Secrétaire général de l’ONU pour les questions liées à l’eau. Cet ouvrage est le fruit d’une longue expérience et d’un engagement de près de trente ans.""
Accès à l'eau : dénombrement de la population mondiale suivant 4 échelles de valeur différentes (estimations en milliards de personnes / 2008)