saur[1]
M. Fabrice Nauleau, Directeur R&D de Saur nous livre ses points de vue.
Interview réalisée le 5 novembre 2010
Point de vue de Saur par rapport aux nanos
Dans le traitement de l'eau, saur s'est orientée vers l'utilisation de l'adsorption plutôt que l'oxydation même si les nanoparticules pourraient amener des gains de réactivité dans les procédés de traitement d'eau, en particulier pour l'oxydation en catalysant la réaction. Bien qu'en termes de procédé, l'oxydation, notamment l'oxydation catalytique puisse être extrêmement utile pour améliorer la réactivité des process dans l'eau. Ce choix résulte d'une perception des inquiétudes de la société, de suspicions qui seraient induites par la nature même des nanoparticules. En effet, dès qu'un problème apparaît dans l'environnement, la première chose à laquelle chacun pense est l'eau potable : l'eau du robinet doit être exempte de toute problématique.
Les nanoparticules restent un sujet sensible notamment parce qu'aujourd'hui se posent les questions de leur devenir dans l'eau et de la méthode pour les enlever. La stratégie de saur est de dire "n'en rajoutons pas, on sait qu'à un moment ou un autre la question va se poser".
Il y a cependant des études qui ont été lancées, comme NANOSEP (étude financée par l'ANR), pour déterminer comment on peut éliminer les nanoparticules des effluents aqueux qui sont des milieux complexes, mais ce n'est pas si simple, il faut d'abord être capable de mesurer les nanoparticules.
Pour F. Nauleau, il y a un déficit de connaissance. Ainsi les nanoparticules sont beaucoup utilisées dans l'industrie, dans de nombreux domaines, mais après usage personne ne sait vraiment ce qu'elles deviennent : "Il faut être honnête à ce niveau là, on ne sait pas trop ce qui se passe".
Nanos S.A. ?
Parmi les nanoparticules il y a également les nanotubes de carbone. Mais s'ils sont utilisés couramment maintenant, ils ne le sont pas encore dans le traitement des eaux, en potabilisation ou en épuration des eaux usées à dominante urbaine. Ce sont les oxydes de titane qui sont utilisés pour des oxydations avancées ou poussées, mais il ne s'agit pas d'usages à grande échelle. Ce sont des pme ou des tpe qui se lancent à l'heure actuelle dans l'oxydation, comme par exemple l'ozone catalysé par du TiO2 pour aller chercher des particules un peu réfractaires, molécules réfractaires et dangereuses dans des eaux issues de processus industriels très polluants.
Ce sont des molécules qui ne sont pas biodégradables, elles vont avoir une durée de vie assez longue dans l'environnement, se bio-accumuler, ou s'accumuler.
Le TiO2 peut alors être utilisé de deux manières : soit en poudre, soit en revêtement. En poudre il est en suspension dans l'eau à traiter et il sera actif sous l'action d'un rayonnement, de type UV par exemple. En revêtement il sera utilisé pour la photolyse avec une action de la lumière ou des UV pour réaliser cette oxydation avancée.
Dans ce processus la molécule va être décomposée, cassée, avec un oxydant qui peut aussi être chimique. Le but de l'oxydation est toujours le même : la molécule initiale est cassée mais que fabrique-t-on alors, que deviennent les résidus et contiennent-ils encore nouveau des molécules indésirables ?
Comment se comporterait le nano-argent dans une step à boues activées ?
Le NAg pourrait en effet entraîner des blocages de biologie mais dans une boue activée il y a un tel milieu complexe avec une matrice organique qui est très développée que la nanoparticule en tant que telle va très vite être isolée du reste, pas forcément par la biologie mais par le dépôt de matières organiques ou autres. Très rapidement le NAg ne devrait plus être une nanoparticule mais une particule incluse dans un flock avec une action limitée.
Avez-vous des demandes par rapport aux nanoparticules ?
Pour le moment il y a "peu" d'interrogations sur les nanoparticules qui nous remontent de la part de nos clients qui sont les collectivités ou de nos partenaires qui peuvent être les organismes de santé publique. Les problèmes sont plutôt les molécules, les produits médicamenteux, les hormones, tous les produits qu'on utilise au quotidien qui vont du détergent au désinfectant, du nonylphénol aux phtalates. "Mais ça veut pas dire qu'il ne faut pas y réfléchir, il y a un vrai enjeu, sur la station d'épuration nous avons peu d'inquiétude, elle va annihiler ces particules, par contre après, elles se retrouvent dans des boues. Comment les choses se passent dans le sol, 80% des boues partent en agriculture, sont-elles complètement neutralisées ou les dissémine-t-on dans le milieu naturel ? (80 % est la quantité de boues utilisée en agriculture et non le rendement d'élimination des nanoparticules sur la station d'épuration), les 20% restant vont partir avec les effluents traités et se retrouver dans le milieu naturel. Il y a là tout un champ de recherches à entreprendre."
Quelles sont les utilisations des nanotechnologies dans le traitement l'eau ?
saur a été contactée par des sociétés qui fabriquent des sortes de grillages revêtus d'argent qui permettent une désinfection de l'eau. L'eau passe à travers ces grilles qui la désinfectent.
Mais on ne pourrait pas se passer de chlore. Il sert en effet à tuer les bactéries et à assurer le pouvoir rémanent de l'eau pour éviter que l'eau ne se recontamine. Tuer les bactéries c'est toujours jouable, à l'ozone, aux UV et éventuellement avec un grillage recouvert de Nag. Mais ensuite des recontaminations sont toujours possibles. Cela est du au fait que l'eau est envoyée dans des réseaux qui ont un certain âge, qui ont du biofilm et dont il faut assurer une rémanence de l'effet bactériostatique jusqu'aux robinets des consommateurs les plus éloignés. Le chlore est ainsi complètement indispensable si on veut assurer une protection jusqu'au bout du réseau, par contre cela peut permettre d'en mettre un peu moins.
SAUR dispose de procédés dans le traitement de l'eau potable et des eaux usées qui permettent de travailler sans les nanoparticules. On reste dans cette voie. Il y a un important travail à faire qui n'est pas le notre, c'est celui d'écotoxicologues, de spécialistes capables de mesurer les risques pour l'environnement et la santé.
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1- Saur est l'un des trois opérateurs français de gestion déléguée des services de l'eau pour les collectivités locales et les industriels. Il intervient sur toutes les étapes du cycle de l'eau en France et à l'international. Plus d'informations sur le site www.saur.com
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