La science peut parfois répondre à presque toutes nos questions. Pour les nanotechnologies il apparaît que les questions sont plus nombreuses que les réponses. Ainsi dans le domaine de l'eau les responsables scientifiques des grandes sociétés françaises restent dans un large flou quant aux dangers des nanoparticules dans l'eau et ils reconnaissent qu'aujourd'hui ils ne disposent d'aucun outil pour mesurer, identifier, quantifier et évaluer la dangerosité des nanoparticules dans le milieu aquatique.
Interrogés sur ces sujets, les principaux responsables recherche et développement des entreprises françaises du domaine de l'eau, de taille suffisante pour s'engager dans des programmes importants, indiquent que quelques applications industrielles sont envisagées d'ici 5 à 10 ans.
Fin 2010 la question des nanoparticules n'est, d'une part, encore qu'une question pour laquelle divers projets ont été lancés afin de déterminer leurs modes de transfert dans les sols (AquaNano) ou leurs identifications et leurs éliminations dans les eaux usées (NANOSEP).
D'autre part, les enjeux se situent toujours dans le domaine des résidus médicamenteux -dans les eaux usées et l'eau potable-, tandis que les nanoparticules se dessinent comme une thématique à problème d'ici quelques années.
Ainsi, pour Jean Duchemin, ingénieur sanitaire, chargé de mission "eau et santé" au sein de l'
Agence de l'eau Seine Normandie[1] et membre du CES-eaux de l' AFSSA, qui a participé au groupe de travail de cette institution qui a élaboré en 2008 le rapport "
Eau et nanoparticules manufacturées[2]", "on investit trop sur le développement des nanomatériaux et pas assez sur l'évaluation de risque dans ce domaine, or une démarche de précaution devrait prévaloir avec ces particules qui traversent toutes les membranes biologiques, à l'instar des très fines fibres d'amiante dont on a mis trop de temps à se protéger : ce ne sera hélas pas la première fois que l'homme joue à l'apprenti sorcier...".
Il précise par ailleurs que les agences de l'eau ne sont pas en première ligne de l'évaluation de risque en santé environnement au niveau national : elles financent pour cela l'
ONEMA[3] pour coordonner, en matière d'eau et écotoxicologie, la recherche-développement et la prospective au niveau national, en liaison avec l'
ANSES[4] (ex. AFSSA) pour les thèmes où impact sur le milieu aquatique et sur l'homme peuvent se recouper (le tout sous la tutelle de la Direction de l' Eau du MEDD et de la DGS au Ministère de la Santé).
M. Duchemin suggère aussi de réduire l' "empreinte chimique" de l'homme sur la Terre (par rapport aux 100 000 substances synthétiques créées et utilisées de nos jours : les 30 composants habituels d'une lessive ménagère sont-ils tous indispensables pour laver une chemise ?).
En France, les trois principales sociétés qui traitent l'ensemble du circuit de l'eau, du captage à l'épuration, ont livré leurs réflexions. Bien qu'elles apparaissent à un même niveau de considération chacune aborde le sujet avec ses propres visions. Toutefois l'un des traits communs concerne l'appréciation des difficultés de la mesure et de l'identification des nanoparticules manufacturées, point clé pour des études de leurs effets éventuels sur l'homme et les écosystèmes.
Ci-après saur, Suez Environnement et Veolia, puis le BRGM pour le projet d'étude de transfert des nanoparticules dans les sols répondent à nos questions.
Nous verrons également que les nanoparticules existent naturellement, notamment dans l'eau destinée à la consommation humaine (extrait de la publication de la société suisse Eawag).
Le lecteur trouvera en annexe le descriptif du projet NANOSEP (fiche ANR), des éléments de la loi GRENELLE II "Prévention des risques pour la santé et l'environnement résultant de l'exposition aux substances à l'état nanoparticulaire", quelques observations de l'AFSSA, un rappel dimensionnel de la molécule d'eau complété d'un tableau qui fournira au lecteur une échelle comparative et une publicité chinoise pour un filtre nano.
...
Bien entendu cette enquête n'est pas une conclusion, c'est en quelque sorte un point d'étape spécialisé sur un sujet pour lequel de nouvelles applications sont développées quotidiennement.
Les nanotechnologies et les nanoparticules représentent cependant un danger potentiel tant au plan biologique et physique qu'au plan sociétal. En intervenant sur l'infiniment petit, les chercheurs et les industriels ouvrent aussi, entre autres, les portes de la nanomédecine et de la nanocommunication. Ce dernier thème intéresse les libertés individuelles : processus de surveillance, de contrôle, de suivi, etc. des personnes et des objets.
Nos sociétés sont peut-être au bord d'un basculement où l'hyper hygiénisme et l'hyper sécurité réduiront à terme nos possibilités de déplacements ?
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1- Pour accéder au site de l'Agence de l'eau Seine Normandie : www.eau-seine-normandie.fr
2- Rapport téléchargeable à cette adresse : www.afssa.fr/Documents/EAUX-Ra-Nanoparticules.pdf
3- Office national de l'eau et des milieux aquatiques, www.onema.fr/
4- ANSES, Agence nationale de sécurité sanitaire, alimentation, environnement, travail : www.anses.fr
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