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Lire et écouter le discours de Severn Suzuki qui représentait l'ECO, l'Organisation des enfants pour la défense de l'environnement, lors du sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992.



]

Édito de rentrée
Paris, septembre 2009

 


Aux antipodes, ils marchent sur la tête.




Richard Varrault, Directeur de la publication

Mise en ligne le 5 septembre 2009


"Consommer durable".
Beaucoup de buzz autour de ces deux mots en France depuis plusieurs mois.
Oxymore s'il en est.

Regardons de plus près.

Après la seconde guerre mondiale, dans les années 1950, des hommes ingénieux (et peut-être des femmes ingénieuses ?) ont conçu des méthodes de vente qui induisaient le renouvellement rapide de l'acte d'achat. Dans le même temps, grâce à l'amélioration des techniques de réalisation de toutes sortes d'objets, des ingénieurs ont mis au point des capacités de production dites de masse. Délaissant le côté artisanal de la fabrication des chaussures, par exemple, d'immenses usines se mirent à produire des milliers de paires de chaussures. Les conditions d'accomplissement des ces objets étaient telles que la quantité prit le pas sur la qualité. Nous sommes alors entrés dans le monde merveilleux de la consommation. Du lait pour bébé à l'automobile la valeur des choses s'en est trouvée amoindrie.
Ford estimait pourtant au début du XXe siècle qu'il lui fallait payer correctement ses ouvriers pour qu'ils puissent acheter les voitures qu'ils assemblaient. Cette notion ne fut guère partagée au cours de ce siècle là et les premières années 2000 n'ont cessé de montrer combien les formes modernes de l'esclavage ont pris de l'ampleur : le travail s'est réduit à une variable d'ajustement et avec lui des millions d'hommes et de femmes sur la planète.


Agence de l'eau Adour-Garonne - Pochette destinée aux particuliers, contenant des fiches sur les moyens de moins consommer d'eau
Pochette de l'Agence de l'eau Adour-Garonne, établissement public de l'État.
Édition avril 2009.

Revenons à notre "Consommer durable". Je prends pour exemple une pochette de l'Agence de l'eau Adour-Garonne, d'avril 2009, dont vous voyez la page de couverture dans l'encadré ci-contre.


Consommer, tout n'est plus que consommation. Le gogo d'acheteur est le même que celui qui participe à la grande braderie planétaire en "travaillant" à l'élaboration d'un objet concurrent. Détaché des échelles de valeur qui donnent du sens à son existence, il ne recherche plus la qualité, l'unicité d'une nouvelle possession, mais le coût le plus faible même si le service rendu est défaillant.
Consommer n'a cependant aucun fondement au-delà des nécessités du corps : le nourrir, l'abriter des rigueurs du climat, l'entretenir, le garder sain. La France est un des nombreux pays de consommateurs-(trices), chaire à engranger des euros au profit de quelques uns, jusqu'au point de rupture, comme l'ont montré les évènements de cette année 2009 liés à des licenciements massifs et à des fermetures d'entreprises.


Mais en période de crise économique, de récession, voire de dépression, le système mis en place se cherche des capacités nouvelles pour continuer à fonctionner. Le verbe consommer peut se conjuguer à toutes les sauces financières pourvu que son impact soit suffisamment fort pour conduire un bon tiers de l'humanité dans les temples de la consommation (pour les deux tiers restant voir notamment le "Pire des mondes possibles" sur Waternunc.com -ce lien ouvre une nouvelle page).


L'Agence de l'eau Adour-Garonne, avec cette pochette, s'associe à cette grande messe planétaire. Même et malgré la contradiction qui existe entre les mots consommer et durable.
Car de quoi s'agit-il en fait ? De faire des économies d'eau. C'est donc à la notion d'économie qu'est associé le mot durable, auquel, pour ma part, je préfère le mot "soutenable", plus précis, plus ambitieux dans ce qu'il sous-tend.
14 fiches pour montrer que notre consommation domestique d'eau peut être réduite, avec comme point d'orgue cette phrase merveilleuse : "L'eau la moins chère est celle que nous ne consommons pas.". Ouf ! Si je ne consomme pas, je ne paie pas, me voila rassuré. C'est du même acabit que cette publicité d'une grande société de jeux : " Tous les gagnants du loto ont tenté leur chance ".
Sont-ce avec des arguments de ce type que les consciences écologistes vont s'éveiller, que les questions liées à la qualité de nos eaux vont trouver des solutions ? Et que dire des sociétés industrielles de l'oligopole français. Comment vont-elles assurer leur pérennité si leurs clients se mettent à utiliser des ressources accessoires, voire à n'être plus raccordés au réseau de distribution ?


La démarche elle-même est oxymorone : réduire sa consommation, peut-être aussi son empreinte écologique, mais au détriment de son propre emploi. Il y a quelques années, un acteur technologique du secteur de l'eau me confiait que lors des colloques et autres manifestations rassemblant des professionnels du domaine, dans les lieux de congrès, les chasses d'eau étaient tirées plusieurs fois pour augmenter la consommation d'eau.



Ce mode de communication vient se coller à la crise en cours en donnant l'illusion que chacun peut agir à son petit niveau, mais quid des industries qui consomment des millions de litres d'eau par an (et de l'agriculture), quelles mesures d'économie pour elles ? Mais peut-être ne faut-il pas trop s'en inquiéter, la crise va se charger d'arrêter leur fonctionnement...

Voilà dans quel clair-obscur sont placés les citoyens-consommateurs face à cet élément indispensable à la vie : l'eau !


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