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LA “ STERN REVIEW ” : l’économie du changement climatique Note de synthèse [Pdf 134 Ko, 5 pages]


LA “ STERN REVIEW ” : l’économie du changement climatique Précis [Pdf 258 Ko, 34 pages]


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Discours de Sir Nicholas Stern, économiste, le vendredi 2 février 2007



Sir Nicholas Stern, économiste
Discours de Sir Nicholas Stern, économiste

Photo ©Waternunc.com
Monsieur le président,

C’est un grand honneur pour moi que d’être des vôtres aujourd’hui. Je vous remercie de me fournir ainsi l’occasion de prendre la parole dans le cadre d’une conférence aussi importante.

Le changement climatique, si nous ne le maîtrisons pas, transformera radicalement la géographie physique et, de ce fait, la géographie humaine de notre planète. Il risque sérieusement de perturber nos économies et nos sociétés, et de provoquer migrations et des conflits importants. Comment pouvons-nous réduire ces risques ?

Le retard pris fait que nous sommes mal partis. Nous ne pouvons pas modifier le stock des gaz déjà présents dans l’atmosphère, mais nous pouvons contrôler leurs flux à l’avenir. A problème mondial, il faut une réponse mondiale. Et la justice veut que les pays riches montrent l’exemple. Ils sont les principaux responsables du problème et ce sont les pays les moins favorisés qui en feront les frais.

Contrôler ces flux ne fera pas disparaître tous les risques de changement climatique, mais pourra considérablement les réduire. Nous avons montré dans notre rapport que le prix de notre intervention immédiate sera bien moindre que celui des dommages ainsi évités. C’est pourquoi il est vital de prendre des mesures énergiques et urgentes partout dans le monde. Plus nous tarderons à agir, plus grands seront les risques et les coûts.

Combien devrons-nous dépenser pour réduire ces risques de manière significative ? Nous avons évalué ce coût pour l’économie mondiale à environ 1 % de notre PIB, soit une augmentation ponctuelle de l’indice des prix, de la même grandeur que des coûts auxquels nous sommes habitués à faire face, par exemple en ce qui concerne les fluctuations des taux de change. Cela ne ralentirait nullement notre activité. C’est l’inaction qui mettrait en danger notre développement. L’économie du changement climatique est formelle : il est impératif d’agir tout de suite et vigoureusement.

Quels sont les principaux éléments d’une stratégie visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre ?

Tout d’abord, nous devons nous attacher à corriger la plus grande défaillance du marché que le monde ait jamais connue et à appliquer le principe du « pollueur/payeur ». Nous devons tous assumer nos actes et payer dès aujourd’hui les dommages que nous causons à la planète. Fixer le prix du carbone, que ce soit au moyen d’impôts ou d’un système de permis, ou encore en ayant recours à des réglementations, constitue une des réponses essentielles. Compte tenu du caractère mondial de la défaillance du marché et de l’efficacité des instruments économiques dont nous disposons, il est important de fixer un prix mondial du carbone.

C’est pourquoi je salue le rôle primordial qu’est appelé à jouer le système d’échange de quotas d’émission de gaz à effet de serre de l’UE (c’est à dire l’ETS) dans la constitution d’un marché mondial des droits d’émission. Pour réussir à l’avenir, ce système européen doit se fixer des objectifs ambitieux, comme indiquait le Président Barroso, en ce qui concerne les plafonds d’émission de l’UE. Par ailleurs, il doit s’ouvrir aux échanges avec les pays en voie de développement et les autres marchés émetteurs de dioxyde de carbone. Il faut aussi convaincre les entreprises de la mise en place définitive d’une tarification du carbone pour les amener à investir dans les technologies propres. C’est pourquoi la mise en place de la troisième phase de l’ETS de l’Union européenne (2012/2020) avec des objectifs ambitieux revêt une telle importance.

Il nous faut ensuite investir dans les politiques énergétiques susceptibles de promouvoir les technologies propres. Nos dépenses de recherche dans le domaine de l’énergie ont diminué de moitié au niveau mondial au cours des trente dernières années. Nous devons donc les multiplier par deux et promouvoir le déploiement des technologies de pointe comme les énergies renouvelables, ainsi que la séquestration et le stockage du carbone. Ce qui nous ouvrirait de nouvelles opportunités de développement. Ainsi le marché des technologies propres devrait représenter 500 milliards de dollars à l’horizon 2050.

Il y a toutefois quantité de façons de réduire les émissions de gaz à effet de serre dès à présent, sans même recourir aux technologies nouvelles. L’efficacité énergétique et la lutte contre la déforestation sont aussi des moyens de réduire les émissions de dioxyde de carbone, des moyens qui nous permettent de faire des progrès rapides à l’échelle mondiale.

J’ai entendu trois sortes d’arguments en faveur de l’hypothèse selon laquelle il n’est pas nécessaire de lutter contre le réchauffement climatique. Aucun ne m’a convaincu.

Le premier consiste à dire que les scientifiques se sont trompés. Après le rapport du GIEC rendu public aujourd’hui, cette prise de position est intenable.

Le deuxième est que même si l’on accepte les conclusions des scientifiques, le genre humain peut s’adapter facilement à la hausse des températures. A cela, je réponds que cette prise de position est irresponsable car elle ne tient pas compte des risques réels que comporte une très forte augmentation des températures, par exemple dans le cas d’un monde où les températures seraient de 5 à 6° supérieures à celles que nous connaissons actuellement.

Le troisième argument enfin, invoque le caractère lointain des conséquences à attendre du réchauffement climatique. C’est : « Après moi, le déluge ». J’estime que cette attitude qui refuse de prendre en compte les conditions de vie de ceux qui viendront après nous est indéfendable du point de vue éthique.

Ne rien faire, c’est prendre un risque que nous ne pouvons pas nous permettre de courir au monde ! Nous sommes conscients de l’ampleur de la tâche à accomplir et nous savons quelles politiques économiques nous devons mettre en œuvre pour ce faire. Tant les Européens que la communauté internationale dans son ensemble nous demandent d’agir. C’est maintenant que nous devons le faire, de manière urgente, résolue et concertée, au niveau international.

Monsieur le président, je vous remercie.

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