A en croire les dires de Nadlal Master, leader du mouvement anti-Coca-Cola à Varanasi, capitale religieuse de l'Inde, l'usine d'embouteillage de la multinationale états-unienne n'est pas à un scandale près.
Premier scandale: depuis son arrivée dans le village de Mehdiganj, la multinationale pompe entre 200 000 et 250 000 litres d'eau souterraine par jour. "De telle sorte que dans un rayon de 3 kilomètres autour de l'usine, le niveau de la nappe phréatique a diminué d'une quinzaine de mètres, en quatre ans!" explique Nadlal Master.
Deuxième grief: "l'usine pollue l'eau et le sol, se plaint-il, en rejettant ses déchets toxiques dans la nature - quand elle ne les vend pas aux fermiers des environs sous l'étiquette "fertilisant"". Et lorsque l'on parle de "déchet toxique", cela inclut du DDT, car Coca-Cola utilise ce pesticide ultra violent interdit dans la plupart des pays pour, tenez-vous bien, nettoyer ses bouteilles! Puisqu'il est question de pesticides, le troisième chef d'accusation contre le géant états-uniens y est précisément lié : ses produits en contiendrait un taux étonnamment élevé ; 0.0015 mg/l, "Ce qui fait beaucoup, ajoute Nadlal Master, quand on sait que le standard européen est de 0.0001 mg/l."
Quatrième reproche : en aménageant, Coca-Cola s'est approprié, sans autorisation, quelques 4.5 kilomètres carrés de terres appartenant aux villageois. Même les autorités locales ont reconnu le délit et se sont démenées pour traîner le roi de la boisson gazeuse en cour. Malheureusement - et c'est ce qui nous mène à notre ultime scandale pour aujourd'hui -, Coca-Cola a réussi à persuader les instances dirigeantes qu'il n'était pas un si mauvais bougre, à coup de donnations (médicaments, draps, vêtements, argent content, téléphones portables...). Cette capacité de persuasion, la multinatinale l'a réaffirmée en convainquant la police locale de se joindre à sa milice privée pour violemment réprimer les manifestants d'inspiration gandhienne du village chaque fois qu'ils ont publiquement réclamé leurs droits.
Alors, le PDG de Coca-Cola à Varanasi souffre-t-il d'insomnie ?
Malgré les manifestations, les jeuns et les marches, son usine n'a pas cessé une seconde de ronronner depuis son arrivée, empochant au passage, selon les calculs de Nadlal Master, quelques 900 000 roupies quotidiennes. Non, le PDG de Coca-Cola à Varanasi dort les poings fermés du sommeil du juste.
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