Source : Fédération canadienne des municipalités (septembre 2004)
«Empreintes écologiques des municipalités et des régions canadiennes», un rapport préparé pour la Fédération canadienne des municipalités par la firme Anielski Management Inc., indique que le Canada a la troisième «empreinte écologique» en importance au monde et que, si chaque habitant de la planète consommait au même rythme que les Canadiens, il faudrait quatre autres planètes comme la Terre pour les appuyer.
L’empreinte écologique mesure l’impact que chaque personne ou groupe a sur l’environnement. L’empreinte écologique est la surface biologiquement productive requise pour produire toutes les ressources qu’une personne ou un groupe consomme et pour absorber tous leurs déchets. Une empreinte qui dépasse la capacité de porter de la Terre indique un taux de consommation non durable.
Le rapport indique qu’il faut 7,25 hectares de sol et de mer dans le monde entier pour soutenir chaque Canadien. Or, la Terre ne compte que 1,9 hectare de terres et de mer productifs pour répondre aux besoins de chaque personne. D’après cette mesure, les Canadiens consomment presque quatre fois la capacité de la Terre. À titre comparatif, les États-Unis ont la deuxième empreinte écologique en importance au monde, soit 9,7 hectares par personne. La France, dont la population est deux fois celle du Canada, a la quatorzième empreinte en importance, soit 5,26.
Les empreintes écologiques varient selon le revenu moyen des ménages et la quantité et le type d’énergie consommée. En général, plus le revenu des ménages est élevé, plus l’empreinte sera importante. Une forte consommation d’énergie et l’utilisation de carburants à haute intensité carbonique sont également associées à de plus grandes empreintes.
La demande d’énergie représente 55 pour cent de l’empreinte canadienne, la plus grande portion étant consommée par l’industrie (38 pour cent), suivie par le transport (35 pour cent), le secteur résidentiel (15 pour cent) et le secteur commercial/entreprises (12 pour cent). Les autres composantes sont les terres arables (19 pour cent), les forêts (16 pour cent), l’environnement construit (5 pour cent), les pâturages (3 pour cent) et l’espace marin (2 pour cent).
Parmi les 20 municipalités et régions urbaines canadiennes étudiées, la Municipalité régionale de York et les villes de Calgary et d’Edmonton ont les plus importantes empreintes écologiques municipales, tandis que Montréal, Québec et le Grand Sudbury ont les plus petites empreintes. Cette différence est attribuable principalement aux niveaux de dépenses de consommation et au type d’énergie consommée. En général, les municipalités dont le revenu des ménages est plus élevé ont des empreintes plus importantes.
Le rapport indique qu’il est possible de réduire les empreintes des ménages et des municipalités grâce aux choix de modes de vie, comme réduire l’usage de l’automobile et privilégier la marche, la bicyclette, le covoiturage ou le transport en commun; manger des aliments cultivés localement; améliorer le rendement énergétique des résidences et des entreprises pour conserver l’énergie ou adopter des énergies renouvelables; ou conduire des véhicules moins énergivores.
Les gouvernements municipaux peuvent utiliser l’analyse de l’empreinte écologique pour établir leurs priorités, ainsi que pour planifier et budgéter des éléments comme le transport, le logement, le développement, l’alimentation, l’énergie, les infrastructures, la fiscalité et les règlements environnementaux. L’analyse comparative des empreintes des municipalités, des ménages et des entreprises aidera à déterminer les meilleures pratiques ou modèles d’efficacité dans les secteurs de l’énergie, des transports, de l’élimination des déchets, des politiques relatives à l’eau et aux aliments locaux qui produisent des empreintes plus petites.
Le rapport a été commandé par la FCM en vue d’obtenir les premières estimations canadiennes de l’empreinte écologique pour chaque municipalité ou région canadienne majeure qui contribue au Système de rapports de la qualité de vie de la FCM.
Analyse de l’empreinte écologique
L’analyse de l’empreinte écologique est un outil servant à évaluer la durabilité de l’ensemble des ménages, des entreprises et d’autres organismes. Elle permet de convertir la consommation d’aliments, d’énergie et d’autres matières (en utilisant les dépenses de consommation personnelle pour évaluer la consommation matérielle physique) en superficie équivalente de sol biologiquement productif qui serait requise pour produire les aliments, l’énergie et d’autres matières pour répondre aux demandes de consommation humaine. Un ménage, une entreprise ou une collectivité qui vit dans les limites de la biocapacité naturelle du sol, de la mer et de l’eau qu’elle utilise aurait une empreinte écologique saine.
L’empreinte écologique municipale
L’empreinte écologique d’une municipalité (ou de toute population donnée) est la superficie biologiquement productive requise pour fournir l’espace, les matières et l’énergie que la collectivité consomme et pour absorber ses déchets. Les municipalités peuvent utiliser l’empreinte écologique pour mesurer et faire état des progrès vers le développement durable, pour établir les priorités gouvernementales, ainsi que pour planifier et budgéter les transports, le logement, le développement, les aliments, l’énergie, les infrastructures, la fiscalité et les règlements environnementaux.
L’analyse comparative des empreintes municipales des ménages et des entreprises devrait être axée sur des exemples de meilleures pratiques ou des modèles d’efficacité dans les secteurs de l’énergie, du transport, de l’élimination des déchets, des politiques relatives à l’eau et aux aliments locaux qui donnent lieu à des empreintes plus petites. Les municipalités peuvent aussi utiliser l’empreinte écologique pour aider les membres de leur collectivité à réduire leurs empreintes écologiques individuelles.
Voici quelques usages possibles de l’empreinte :
- mesurer les progrès dans le cheminement vers une vision municipale/urbaine de la durabilité;
- suivre le rendement des transports durables, des infrastructures vertes et d’autres investissements d’immobilisations pour le développement durable;
- dans la planification et la budgétisation commerciales stratégiques pour examiner l’impact des dépenses municipales dans l’atteinte d’un «budget écologique équilibré»;
- encourager les plans d’action communautaires ou de quartier favorisant des modes de vie durables;
- encourager les citoyens et les entreprises à calculer leur propre empreinte en surveillant leur consommation d’énergie et en pensant à acheter des aliments locaux et appuyer des entreprises locales;
- offrir des encouragements pour les bâtiments «verts»; et
- encourager les ménages et les entreprises à investir dans les infrastructures axées sur les énergies renouvelables par le biais des codes de bâtiment, en émettant des obligations pour les énergies renouvelables et en offrant d’autres incitatifs fiscaux écologiques.
Le calcul des empreintes écologiques municipales
L’analyse de l’empreinte environnementale mesure la durabilité en calculant la quantité totale de sol productif disponible et la portion de ce sol productif qui est requise pour appuyer la consommation municipale.
Les estimations de l’empreinte municipale utilisées dans «Empreintes écologiques des municipalités et des régions canadiennes» commencent avec les estimations de l’empreinte nationale du Canada, qui sont fondées sur les statistiques de consommation nationale détaillées (lesquelles ne sont pas disponibles à l’échelle municipale ou provinciale). L’empreinte écologique canadienne a recours à plus de 250 catégories de production, d’importation et d’exportation des produits (comme le pétrole, le charbon, le maïs, le bois d’œuvre, la farine de poisson, le coton, etc.). Le calcul des empreintes municipales commence avec les données et les estimations de l’empreinte moyenne nationale canadienne par habitant, et il utilise ensuite un certain nombre de variables pour en arriver à des empreintes municipales locales.
Ces variables sont :
- les dépenses de consommation personnelle des ménages;
- le revenu par habitant;
- la taille moyenne des ménages;
- la population et la densité démographique;
- la consommation d’énergie; et
- la distance des déplacements quotidiens.
Ces variables reflètent les variations locales dans les modes de vie et les niveaux de consommation et elles indiquent les variations locales dans les empreintes écologiques. Les données susmentionnées ne sont pas disponibles pour toutes les municipalités ou régions membres de la FCM. Par exemple, seulement certaines municipalités qui présentent des données de régions métropolitaines de recensement (RMR) ont des données sur les dépenses des ménages de Statistique Canada.
Les principaux facteurs utilisés pour estimer les empreintes municipales proviennent des données de dépenses de consommation des ménages fournies par les RMR à Statistique Canada (Recensement de 2001). Celles-ci sont ensuite converties en demandes et en mouvements équivalents de matières physiques et d’énergie. Les estimations d’empreintes écologiques et nationales sont réparties pour chaque municipalité en fonction des différences dans les dépenses de consommation par habitant (lorsque des données de dépenses des ménages des RMR sont recueillies par Statistique Canada). Pour les municipalités qui ne font pas partie d’une RMR et pour lesquelles Statistique Canada ne dispose pas de données de dépenses des ménages, d’autres variables sont utilisées, dont le revenu par habitant, comme meilleure approximation pour déterminer la consommation.
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