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Rapport mondial sur la mise en valeur des ressources en eau - Résumé (document pdf)

Editions UNESCO - Achetez en ligne le rapport integral

Tableau : Disponibilité en eau par personne et par an (document pdf)

Tableau : Indicateur de la qualité de l'eau dans une sélection de pays (document pdf)

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L'inertie politique exacerbe la crise de l'eau,
d'après le Rapport Mondial sur l'Eau

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Editorial Contact : Amy Otchet : Bureau de l’information du public, Section éditoriale.
Tél. : +33 (0)1 45 68 17 04. Fax : +33 (0)1 45 68 57 59 - Email
Audiovisual Contact : Un BRoll est disponible, tél. 33 1 45 68 00 68

05-03-2003

Première évaluation des ressources mondiales en eau par l’ensemble du système des Nations Unies

Paris – Face à l’« inertie au niveau des dirigeants », la crise mondiale de l’eau prendra dans les années à venir une ampleur sans précédent avec « une augmentation du déficit par tête dans de nombreux endroits du monde en développement ». C’est ce qui ressort d’un rapport des Nations Unies qui a été rendu public aujourd’hui. Les ressources en eau vont diminuer de manière constante en raison de la croissance démographique, de la pollution et du changement climatique prévu. l'eau pour les hommes, l'eau pour la vie
Le Rapport mondial sur la mise en valeur des ressources en eau (WWDR) constitue l’analyse la plus complète et la plus à jour sur l’état des ressources en eau. Présenté à la veille du troisième Forum mondial de l’eau (Kyoto, Japon, du 16 au 23 mars), il représente la plus importante contribution au Forum et à l’Année internationale de l’eau douce (http://www.wateryear2003.org), coordonnée par l’UNESCO et le Département des Affaires économiques et sociales des Nations Unies.

Afin de rassembler les informations qui figurent dans le rapport, toutes les agences et toutes les commissions des Nations Unies concernées par l’eau ont collaboré pour la première fois en vue d’analyser les progrès concernant des objectifs liés à l’eau dans des domaines tels que la santé, l’alimentation, les écosystèmes, les villes, l’industrie, l’énergie, la gestion des risques, l’évaluation économique, le partage et la gouvernance des ressources. Les 23 partenaires des Nations Unies sont réunis dans le cadre du Programme mondial pour l’évaluation des ressources en eau (WWAP), dont le secrétariat est basé à l’UNESCO.

« Parmi toutes les crises d’origine sociale ou naturelle auxquelles les humains sont confrontés, la crise de l’eau est au cœur de notre survie et de la survie de notre planète Terre », a déclaré le Directeur général de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura.

« Aucune région ne sera épargnée par l’impact de cette crise qui touche tous les aspects de la vie, de la santé des enfants à la capacité des pays à nourrir leurs citoyens », a souligné Koïchiro Matsuura. « Les ressources en eau sont en chute libre alors que la demande augmente de façon dramatique. Au cours des 20 prochaines années, on s’attend à une diminution d’un tiers, en moyenne, de l’eau disponible par personne dans le monde ».

Bien que les preuves de crise ne manquent pas, la volonté politique nécessaire pour inverser les tendances a cruellement fait défaut. Au cours des 25 dernières années, des conférences internationales ont été consacrées à une grande variété de sujets concernant l’eau, parmi lesquels figuraient les différentes manières d’assurer, dans les années à venir, les besoins élémentaires en eau et en assainissement. Plusieurs objectifs ont été définis pour améliorer la gestion des ressources en eau mais, selon le rapport, « aucun n’a vraiment été atteint ».

« Au cœur de la crise se trouvent les problèmes d’attitude et de comportement », souligne le rapport, « l’inertie au niveau des dirigeants ainsi que l’absence d’une prise de conscience du problème par la population mondiale font que nous ne menons pas, en temps utile, les actions correctives nécessaires ».

De nombreux pays et territoires sont déjà en situation de crise. Le rapport classe plus de 180 pays et territoires selon les ressources renouvelables en eau disponibles par individu, c’est-à-dire l’eau circulant en surface, sous la surface ou plus profondément (voir tableau).

Les plus pauvres en eau sont le Koweït (avec un coefficient de disponibilité en eau par personne et par an de 10 m3), la Bande de Gaza (52 m3), les Emirats arabes unis (58 m3), les Bahamas (66 m3), le Qatar (94 m3), les Maldives (103 m3), la Jamahiriya arabe libyenne (113 m3), l’Arabie saoudite (118 m3), Malte (129 m3) et Singapour (149 m3).

Au sommet du hit-parade (compte non tenu du Groenland et de l’Alaska), on trouve : la Guyane française (812 121 m3 par an et par individu), l’Islande (609 319 m3), la Guyana (316 689 m3), le Suriname (292 566 m3), le Congo (275 679 m3), la Papouasie-Nouvelle-Guinée (166 563 m3), le Gabon (133 333 m3), les Iles Salomon (100 000 m3), le Canada (94 353 m3), la Nouvelle Zélande (86 554 m3).

Vers 2050, 7 milliards de personnes dans 60 pays (hypothèse pessimiste) ou 2 milliards dans 48 pays (hypothèse optimiste) seront confrontées à une pénurie d’eau, cette fourchette variant selon des critères tels que la croissance de la population et les décisions politiques. Selon le rapport, le changement climatique expliquera environ 20 % de l’augmentation de la pénurie d’eau dans le monde. Les zones humides vont probablement recevoir davantage de pluies, alors qu’on s’attend à ce que les précipitations diminuent et deviennent plus irrégulières dans de nombreuses régions sujettes aux sécheresses, voire dans certaines régions tropicales et subtropicales. La qualité de l’eau va empirer en raison de l’augmentation de la pollution et de la température de l’eau.

La crise de l’eau « est destinée à empirer malgré le débat qui continue sur l’existence même d’une telle crise », insiste le rapport. Environ 2 millions de tonnes de déchets sont déversés, chaque jour, dans les fleuves, lacs et rivières. Un litre d’eau usée pollue environ huit litres d’eau douce. Selon des calculs cités dans le rapport, il y a environ 12 000 km3 d’eau polluée dans le monde, ce qui représente plus que toute l’eau des dix plus grands bassins fluviaux du monde et ce, à n’importe quelle période de l’année. Si la pollution continue à un rythme identique à celui de la croissance démographique, la planète va perdre 18 000 km3 d’eau douce d’ici à 2050 - soit près de neuf fois la totalité de ce que les pays utilisent chaque année pour l’irrigation, qui est de loin l’activité la plus consommatrice en eau, puisqu’elle représente 70 % des prélèvements d’eau.

Le rapport classe 122 pays selon des critères allant de la qualité de leur eau à leur capacité et volonté d’améliorer la situation (voir tableau). La Belgique est la plus mal classée en raison des faibles quantités et qualités de l’eau de son sous-sol, d’une importante pollution industrielle et d’un mauvais traitement des eaux usées. Elle est suivie du Maroc, de l’Inde, de la Jordanie, du Soudan, du Niger, du Burkina Faso, du Burundi, de la République centrafricaine et du Rwanda.

Les dix meilleurs résultats sont, dans l’ordre, la Finlande, le Canada, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni, le Japon, la Norvège, la Fédération de Russie, la République de Corée, la Suède et la France.

« Les pauvres continuent d’être les plus touchés : 50 % de la population des pays en développement est exposée à des sources d’eau polluées », souligne le rapport. Les rivières d’Asie sont les plus polluées du monde, avec trois fois plus de bactéries provenant des déchets générés par l’homme que la moyenne mondiale. De plus, ces rivières contiennent 20 fois plus de plomb que celles des pays industrialisées.

« Le futur de nombreuses parties du monde paraît bien sombre », note le rapport, en référence à l’augmentation prévue de la population, qui continuera d’être une cause essentielle de la crise de l’eau. L’eau disponible par individu a baissé d’un tiers entre 1970 et 1990, selon le rapport. Même si les taux de natalité ralentissent aujourd’hui, la population mondiale devrait tout de même atteindre les 9,3 milliards d’individus en 2050 (contre 6,1 milliards en 2001).

« La consommation d’eau a presque doublé au cours des 50 dernières années. Un enfant né dans le monde développé consomme 30 à 50 fois plus d’eau qu’un enfant né dans le monde en développement. Et la qualité de l’eau continue de se détériorer […] Chaque jour, 6 000 personnes, pour la plupart des enfants de moins de cinq ans, meurent de maladies diarrhéiques », rappelle le rapport. « Ces chiffres illustrent l’énormité des problèmes auxquels le monde est confronté en matière de ressources en eau, ainsi que les disparités impressionnantes dans leurs utilisations ».

A partir de ces données, le rapport analyse de façon exhaustive toutes les dimensions majeures de l’utilisation et de la gestion de l’eau – de la croissance des villes à la menace de guerres pour l’eau. Tous les chapitres suivent le même fil rouge : la crise de l’eau - qu’elle se traduise par le nombre d’enfants mourant de maladie ou par la pollution des rivières - est une crise de gouvernance ou un manque de volonté politique de gérer les ressources en eau de façon raisonnable.

« Au plan mondial, le vrai défi consiste à faire naître la volonté politique de mettre en œuvre les engagements concernant l’eau », peut-on lire dans le rapport. « Les professionnels de l’eau ont besoin de mieux comprendre le vaste contexte social, économique et politique, et les hommes politiques doivent être mieux informés sur les questions concernant l’eau. Sinon, l’eau continuera d’être l’objet de la rhétorique politique et de promesses grandioses alors qu’il s’agit d’un domaine où des actions s’imposent d’urgence ».

Avec plus de 25 cartes mondiales, de nombreux tableaux et graphiques, et sept études de cas portant sur des grands bassins fluviaux, le rapport analyse comment les différentes sociétés font face à la pénurie d’eau, avec des politiques qui marchent et d’autres qui ne marchent pas. Il pose les bases - à travers le programme WWAP - pour que l’ONU effectue le suivi et informe régulièrement sur l’état des ressources en développant un ensemble de méthodologies, données et indicateurs standardisés.

Le rapport sera présenté officiellement à la communauté internationale lors de la Journée mondiale de l’eau (www.waterday2003.org), le 22 mars, pendant le Forum mondial de l’eau à Kyoto. Une série de tables rondes sera organisée pour débattre de ses conclusions.

Points saillants

Santé et économie
« Pour le XXIe siècle, la qualité et la gestion de l’eau constitueront des problèmes majeurs », selon le rapport. Plus de 2,2 millions de personnes meurent chaque année de maladies dues à l’eau contaminée et à un mauvais système sanitaire. Les maladies liées à l’eau font aussi beaucoup de victimes : près d’un million de personnes meurent chaque année de malaria et plus de 200 millions souffrent de schistosomiase, connue aussi sous le nom de bilharziose. « Pourtant ces pertes terribles, avec les dommages et les souffrances qu’elles représentent, peuvent être prévenues ».

La communauté internationale s’est engagée dans les objectifs de développement pour le millénaire des Nations Unies (2000) et lors du Sommet mondial sur le développement durable (Johannesburg, 2002) à diminuer de moitié la proportion de personnes sans accès à une eau potable de qualité et à un système d’assainissement minimal en 2015. Pour atteindre ces objectifs, il faudra fournir un meilleur accès à l’eau à un milliard et demi de personnes supplémentaires (en 2015). Cela veut dire qu’il faudra fournir ces services à plus de 100 millions de personnes supplémentaires chaque année (soit 274 000 par jour) de 2000 à 2015.

« Le défi sanitaire est encore plus impressionnant », rappelle le rapport : 1,9 milliard de personnes supplémentaires auront besoin de meilleures prestations, ce qui représente 125 millions de personnes de plus chaque année (soit 342 000 par jour) de 2000 à 2015. Le rapport explique qu’outre les difficultés logistiques et financières, les facteurs culturels viennent encore compliquer la tâche lorsqu’il s’agit de fournir un système sanitaire correct.

Selon le rapport, si le niveau actuel d’investissement est maintenu, toutes les régions du monde devraient atteindre ou approcher les deux objectifs, à l’exception de l’Afrique subsaharienne. Mais « dans l’absolu, les besoins en investissement de l’Asie dépassent de loin ceux de l’Afrique, de l’Amérique latine et des Caraïbes confondues ». Les premières interventions coûteraient environ 12,6 milliards de dollars.

Des questions demeurent, notamment en ce qui concerne la source de cet investissement. « Le financement des objectifs de développement pour le millénaire sera probablement l’un des plus importants défis auquel la communauté internationale aura à faire face au cours des quinze prochaines années », rappelle le rapport.

Le rapport met également l’accent sur les débats concernant le prix de l’eau et la privatisation. « Bien qu’il semble essentiel d’impliquer le secteur privé dans la gestion des ressources en eau », selon la synthèse du rapport, « celui-ci doit être considéré comme un catalyseur financier – et non pas comme une condition préalable – lors de l’élaboration du projet […] Le contrôle des actifs doit rester entre les mains du gouvernement et des usagers ».

Le rapport insiste également sur le fait que toute privatisation ou système de fixation du prix de l’eau doit inclure des mécanismes de protection des plus pauvres. « Il est choquant de constater que les plus pauvres qui ont le moins accès à l’eau doivent payer davantage pour celle-ci ». A Delhi (Inde), par exemple, des marchands font payer aux pauvres le m3 4,89 dollars, alors que les familles qui sont raccordées au réseau de distribution ne paient que 0,01 dollar par m3, selon une étude publiée dans le rapport. A Vientiane (République démocratique populaire lao), des marchands font payer le m3 14,68 dollars contre des tarifs municipaux qui sont de 0,11 dollar.


Agriculture
Près de 25 000 personnes meurent chaque jour de faim, selon le rapport. Environ 815 millions de personnes souffrent de malnutrition : 777 millions dans les pays en développement, 27 millions dans les pays en transition et 11 millions dans les pays industrialisés.

« Le nombre absolu de personnes sous-alimentées diminue à un rythme très faible », souligne le rapport, malgré le fait que « la production alimentaire satisfait la demande du marché à des prix historiquement faibles ».

La communauté internationale s’est engagée dans les objectifs de développement pour le millénaire des Nations Unies à diminuer de moitié la proportion de personnes souffrant de faim en 2015. Pourtant, selon les nouvelles données présentées dans le rapport, ce résultat pourrait ne pas être atteint avant 2030. Les estimations antérieures ne faisaient pas de distinction entre les cultures qui bénéficiaient de la pluie et celles qui étaient irriguées. En tenant compte de cette distinction, le rapport présente des projections plus précises des besoins en eau pour nourrir le monde aujourd’hui et dans le futur.

Selon ces nouveaux calculs, 45 millions de nouveaux hectares seront irrigués d’ici 2030 dans 93 pays en développement, où le gros de la croissance démographique aura lieu. Près de 60% des terres potentiellement irrigables seront utilisées. Cela nécessitera, selon le rapport, une augmentation de 14 % des volumes d’eau destinés à l’irrigation.

Des quelque 170 pays et territoires étudiés, 20 utilisent déjà pour l’irrigation plus de 40 % de leurs ressources renouvelables en eau(1) , « niveau auquel il peut devenir difficile de choisir entre l’agriculture et d’autres usages », explique le rapport. Seize autres pays(2) utilisent plus de 20 % de leurs ressources pour l’irrigation, « ce qui peut indiquer une prochaine pénurie d’eau. En 2030, l’Asie du Sud aura en moyenne atteint le niveau des 40 %, et le Proche Orient ainsi que l’Afrique du Nord pas moins de 58 % ».

Par contre, l’Afrique subsaharienne, l’Amérique latine et l’Asie de l’Est devraient rester en deçà du seuil critique. Ces régions vont connaître le gros de l’expansion agricole au cours des 30 prochaines années.

Le défi réside dans l’amélioration de l’utilisation de la terre et de l’eau. L’irrigation est extrêmement inefficace - près de 60 % de l’eau utilisée sont gâchés. Cela ne va s’améliorer que d’environ 4 %. Aussi est-il urgent d’améliorer le financement de meilleures technologies et de promouvoir des méthodes de gestion plus efficaces.

De façon plus positive, le rapport note que les rendements moyens des céréales ont doublé entre 1962 et 1996, passant de 1,4 à 2,8 tonnes à l’hectare, par récolte. Pour faire pousser la même quantité de céréales, il faut aujourd’hui un peu moins de la moitié de la surface de terre arable nécessaire auparavant. « En 2030, il est prévu que 80 % de la production supplémentaire récoltée proviendront de rendements plus élevés, d’un accroissement de la rotation des cultures et d’une réduction des périodes de jachère », explique le rapport.

« Vers 2050, le monde pourrait avoir accès à l’alimentation pour tous », dit le rapport. « Le fait que 815 millions de personnes sont aujourd’hui touchées par une malnutrition chronique n’est pas dû à un manque de capacité à produire la nourriture nécessaire, mais aux contextes sociaux, économiques et politiques mondiaux et nationaux qui permettent à des niveaux de pauvreté inacceptables de se perpétuer, quand ils n’en sont pas la cause ».

Selon le WWDR :
  • Les eaux usées retraitées peuvent soulager la crise de l’eau. Des fermiers utilisent déjà cette ressource pour 10 % des terres irriguées dans les pays en développement. Avec un traitement adapté, elle peut améliorer la fertilité des sols.

  • La sécurité alimentaire s’améliore mondialement. La consommation alimentaire par individu dans les pays en développement est passée de 2 054 kcal par jour en 1965 à 2 681 en 1998.

  • Les pâtures et les terres cultivées couvrent 37 % de la surface terrestre de la planète.

  • Près de 10 % des terres irriguées du monde ont été endommagés - terrains détrempés et salinisation - en raison de mauvais drainages et d’irrigations mal conduites.

    Ecologie
    « En 2025, on prévoit que la pénurie d’eau augmentera de 50 % dans les pays en développement et de 18 % dans les pays développés », remarque le rapport. « Les effets sur les écosystèmes du monde peuvent empirer la situation actuelle de façon dramatique ».

    Le rapport décrit un cercle vicieux entretenu par une demande d’eau de plus en plus importante. En épuisant et en polluant les fleuves, lacs et zones humides, nous détruisons des écosystèmes qui jouent un rôle essentiel dans le filtrage et la formation des ressources en eau douce.

    Aux Etats-Unis, selon un bilan de 1998, 40 % des cours et plans d’eau n’étaient pas propices à des activités de loisirs en raison d’une pollution aux métaux ou d’origine agricole. Par ailleurs, selon le rapport, seuls 5 fleuves sur 55 en Europe sont considérés comme propres et, en Asie, tous les fleuves qui traversent des villes sont très pollués. Sur les 227 plus grands fleuves du monde, 60 % sont fortement compartimentés par des barrages, dérivations et canaux qui amènent une dégradation des écosystèmes.

    A propos de la faune des eaux continentales, le rapport souligne que 24 % des mammifères et 12 % des oiseaux sont menacés. Entre 34 et 80 espèces de poissons ont disparu depuis la fin du XIXe siècle, six depuis 1970. Seuls 10 % environ des espèces de poissons du monde, la plupart habitant les eaux continentales, ont pu être étudiés en détail, et pourtant un tiers sont menacés.

  • Conflits et coopération à l’échelle internationale
    La demande en eau augmentant, on parle beaucoup de possibles guerres de l’eau. Le rapport présente des données empiriques qui ne vont pas dans ce sens. La pénurie de l’eau va certes intensifier les conflits entre les Etats, mais il y a peu d’éléments qui permettent de penser que ces situations déboucheront sur de véritables guerres.

    Le rapport souligne les conclusions d’une étude sur toutes les interactions (entre deux pays ou plus) liées à l’eau au cours des 50 dernières années. Sur un total de 1 831 interactions, 1 228, soit une très large majorité, ont concerné la coopération. Parmi ces interactions, on trouve près de 200 traités sur un partage de l’eau ou la construction de nouveaux barrages.

    On compte 507 événements conflictuels. Seulement 37 ont impliqué le recours à la violence, dont 21 actions militaires (18 d’entre elles concernent Israël et ses voisins).

    « Quelques-uns des ennemis les plus acharnés de la planète ont négocié des accords sur l’eau ou sont en train de le faire pour les fleuves internationaux », rappelle le rapport. « Le Comité du Mékong, par exemple, a continué à échanger des informations pendant toute la guerre du Vietnam. La Commission du Fleuve Indus a survécu à deux guerres entre l’Inde et le Pakistan. Et les dix pays riverains du Nil sont actuellement en train de négocier le développement du bassin du fleuve ».

    Il existe 261 bassins hydrographiques internationaux et 145 nations ont des territoires sur des bassins partagés. Un tiers environ de ces bassins implique plus de deux pays, et 19 en impliquent 5 ou plus. Selon le rapport, pour une bonne partie de l’Afrique et du Moyen-Orient, ces ressources partagées représentent plus de la moitié de l’eau. La même situation prévaut dans la pointe Sud de l’Amérique latine.

    Alors qu’il a été porté beaucoup d’attention aux fleuves internationaux, les réserves souterraines (aquifères) ont été largement ignorées, malgré les énormes volumes d’eau, généralement de très bonne qualité, concernés – on les estime à 23 400 000 km3 contre 42 800 km3 pour les fleuves. De nombreux décideurs ne sont même pas conscients qu’ils partagent des aquifères avec d’autres pays. Le rapport présente les conclusions préliminaires d’une initiative de l’ONU visant à établir la première carte mondiale et le premier inventaire de ces ressources.

    Il présente également la première carte des ressources souterraines d’eau au plan mondial. Les aquifères stockent 98 % des réserves d’eau accessibles. Entre 600 et 700 km3 sont extraits chaque année, fournissant, selon le rapport, environ 50 % de l’eau potable mondiale, 40 % de la demande industrielle et 20 % de celle de l’agriculture irriguée. Ces proportions varient largement d’un pays à l’autre et sont présentées dans un tableau détaillé.

    Villes
    « Lorsque la gestion des déchets est mauvaise ou inexistante, les villes deviennent les environnements de la planète les plus dangereux pour la vie de ses habitants », dit le rapport. Selon une étude portant sur 116 villes, les zones urbaines en Afrique sont les plus mal équipées, avec seulement 18 % de foyers raccordés aux égouts. Le taux de raccordement en Asie est d’un peu plus de 40 %.

    « Les populations pauvres de ces villes sont les premières victimes des maladies liées au système sanitaire, aux inondations et même au taux grandissant des maladies liées à l’eau comme la malaria, qui fait désormais partie des principales causes de maladie et de mortalité dans de nombreuses zones urbaines », explique le rapport. En Asie du Sud, par exemple, le moustique urbain Anophèle stephensi a adapté ses habitudes de ponte en fonction des réservoirs d’eau que l’on trouve un peu partout sur les toits.

    « Dans une perspective de santé publique », dit le rapport, « il est préférable de fournir à toute la population d’une ville une eau de qualité à travers des robinets situés dans un rayon de 50 mètres des foyers que de fournir l’eau courante aux seuls 20 % de foyers les plus riches ».

    Le rapport insiste également sur plusieurs raisons qui militent en faveur du fait de donner la priorité aux villes plutôt qu’aux zones rurales, quand un tel choix s’avère nécessaire. Premièrement, les coûts unitaires des infrastructures nécessaires sont inférieures parce que les zones urbaines permettent de réaliser d’importantes économies d’échelle et de proximité. Deuxièmement, de nombreuses villes ont une base économique plus prospère que les zones rurales, offrant plus de possibilités d’augmenter les revenus issus de la distribution de l’eau. Troisièmement, « les zones urbaines ne font pas que concentrer les individus et les entreprises, elles concentrent également leurs déchets ».

    Utilisation industrielle
    Aujourd’hui l’industrie représente 22 % de l’utilisation totale de l’eau dans le monde : 59% dans les pays à revenus élevés, 8 % dans les pays à faibles revenus. Le rapport prévoit que cette moyenne atteindra 24 % en 2025, quand l’industrie utilisera environ 1 170 km3 par an.

    Chaque année, 300 à 500 millions de tonnes de métaux lourds, solvants, boues d’épandage toxiques et autres déchets issus de l’industrie s’accumulent dans les réserves d’eau. Plus de 80 % des déchets dangereux du monde sont produits aux Etats-Unis et dans les autres pays industriels.

    Risque de catastrophes naturelles
    Le rapport souligne la nécessité de faire de la réduction du risque une partie intégrante de la gestion des ressources d’eau. Alors que le nombre de désastres géophysiques tels que tremblements de terre et glissements de terrains est resté globalement le même, le nombre et l’importance des événements liés à l’eau (sécheresses et inondations) ont plus que doublé depuis 1996. Pendant la dernière décennie, 665 000 personnes ont été tuées dans des catastrophes naturelles. Plus de 90 % ont perdu leur vie dans des inondations et des sécheresses. 35 % de ces catastrophes naturelles ont eu lieu en Asie, 29 % en Afrique, 20 % aux Amériques, 13 % en Europe et le reste en Océanie.

    Energie
    L’énergie hydroélectrique est l’une des principales (et des plus utilisées) sources renouvelables d’énergie. Elle a fourni 19 % de la production totale d’électricité en 2001. Les pays industrialisés exploitent à environ 70 % ce potentiel électrique, contre 15 % dans les pays en développement, selon le rapport. Le Canada est le plus gros producteur suivi par les Etats-Unis et le Brésil. Des ressources hydroélectriques non utilisées sont encore abondantes en Amérique latine, en Inde et en Chine.

    « En développant la moitié de ce potentiel, nous pourrions réduire les émissions de gaz à effet de serre de 13 % », explique le rapport. Néanmoins, il montre aussi les nombreux impacts négatifs de la construction de barrages, parmi lesquels figurent le déplacement des populations locales et les dégâts sur l’environnement, tels que la perte de la biodiversité et de zones humides.

    Portail mondial de l’eau
    Le WWAP, avec d’autres partenaires, développe le Portail mondial de l’eau www.unesco.org/water/wwap/index_fr.shtml pour fournir un accès simplifié à un vaste éventail d’informations sur l’eau à tous les décideurs, aux gestionnaires d’eau, aux techniciens et au public en général. Avant de devenir mondial, un portail prototype sur l’eau a été développé pour les Amériques pour tester les façons de partager les informations entre organisations concernées par l’eau aux niveaux local, national et régional.
    www.waterportal-americas.org


    (1) Arabie Saoudite (643 %), Bahreïn (147 %), Egypte (93 %), Emirats arabes unis (1021 %), Iran (49 %), Irak (52%), Israël (78 %), Jordanie (86 %), Koweït (1000 %), Kirghizistan (46 %), Jamahiriya arabe libyenne (854 %), Oman (125 %), Ouzbékistan (108 %), Qatar (398 %), Soudan (56 %), Syrie (72 %), Tadjikistan (69 %), Tunisie (50 %), Turkménistan (97 %), Yémen (151 %). Les pourcentages les plus importants montrent l’importance des ressources non renouvelables comme l’eau fossile et la désalinisation.
    (2) Afghanistan (35 %), Afrique du Sud (20 %), Algérie (27 %), Azerbaïdjan (38 %), Barbade (23 %), Chypre (22%), Espagne (22 %), Inde (31 %), Kazakhstan (26 %), Liban (24 %), Malte (28 %), Maroc (39 %), Pakistan (39 %), Somalie (24 %), Sri Lanka (23 %), Swaziland (28 %)


  • Sharad Shankardass, Programme des Nations Unies pour les établissements humains, Nairobi, tél. +254 2 623 153, habitat.press@unhabitat.org
  • Karuna Nundy, Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), New York, tél. +1 212 245 2778, knundy@unicef.org
  • Rolando Gomez, Nations Unies, Département des Affaires économiques et sociales, New York, tél. +1 212 963 2744, mediainfo@un.org
  • Ana Gerez, Programme des Nations Unies pour le développement, New York, tél. +1 212 906 6127, ana.gerez@undp.org
  • Eric Falt, Programme des Nations Unies pour l’environnement, Nairobi, tél. +254 2 62 32 92, eric.falt@unep.org
  • Jennifer Clark, Haut Commissariat aux Réfugiés, Genève, tél. +41 22 739 8799, clarkj@unhcr.ch
  • Max Bond, Université des Nations Unies (UNU), Shibuya-ku, tél. +81 3 3499 2811, mbox@hq.unu.edu
  • Christina Engfeldt, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Rome, tél. +39 06 57005 30 86, Christina.Engfeldt@fao.org
  • Mark Gwozdecky, Agence internationale de l’énergie atomique, Vienne, tél. +43 1 2600 212 70, M.Gwozdecky@iaea.org
  • Caroline Anstey, Banque mondiale, Washington, tél: +1 202 473 1800, canstey@worldbank.org
    Matilda Kentridge, Organisation mondiale de la santé (OMS), Genève, tél: +41 22 791 2765, kentridgem@who.int
  • Carine Richard-Van Maele, Organisation météorologique internationale, Genève, tél. +41 22 730 83 14, vanmaele@gateway.wmo.ch
  • Agustin Stellatelli, Organisation des Nations Unies pour le développement industriel, Vienne, tél. +43 1 26026 3477, astellatelli@unido.org
  • Peter K.A. Da Costa, Commission économique pour l’Afrique, Addis Abeba, tél. +251 1 51 58 26, ecainfo@uneca.org
  • David Lazarus, Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique, Bangkok, tél. +66 2 288 1866, unisbkk.unescap@un.org
  • Marie Heuzé, Commission économique pour Europe, Genève, tél. +41 22 917 2300, press_geneva@unog.ch
  • Laura López, Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes, Santiago, tél. +56 2 210 2000, dpisantiago@eclac.cl
  • Nejib Friji, Commission économique pour l’Asie occidentale, Beyrouth, tél. +961 1 981 301, friji@escwa.org.lb
  • Cristina Stricker, Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique, Montréal, tél. +1 514 287 7031, cristina.stricker@biodiv.org
  • Gloria Kwon Cheemin, Secrétariat de la Convention sur la lutte contre la désertification, Bonn, tél. +49 228 815 2847, ckwon@unccd.int
  • Secrétariat de la Stratégie internationale de prévention des catastrophes, Genève, tél. +41 22 917 9711, isdr@un.org
  • Secrétariat de la Convention-Cadre sur les Changements climatiques, Bonn, tél. +49 228 815 1005, press@unfccc.int



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