Paris, 10 octobre - Pour mieux
comprendre la vie sur notre planète, nous pouvons la regarder
de l'espace grâce à une constellation toujours plus
nombreuse de satellites qui surveillent des facteurs tels que
les niveaux de pollution, l'expansion urbaine et les risques de
catastrophes naturelles. L'UNESCO va montrer comment les technologies
spatiales peuvent être utilisées pour le développement
durable pendant le Congrès mondial de l'espace (10 au 19
octobre, Houston, Texas, Etats-Unis) en organisant un important
atelier de travail sur ce sujet et en présidant plusieurs
séances qui y seront consacrées.
Plus de 35 scientifiques et experts
d'agences spatiales nationales, des agences des Nations Unies
et du secteur privé vont se réunir, du 10 au 12
octobre, pendant cet atelier organisé par l'UNESCO, les
Nations Unies et l'International Astronautical Federation (IAF).
Alors que la plupart des séances de travail du Congrès
traiteront des questions techniques ou financières, l'atelier
s'intéressera à des applications concrètes
des technologies spatiales contribuant au développement
durable : de la surveillance des eaux fluviales à la prévision
des glissements de terrain. Une nouvelle initiative de l'UNESCO
et de l'Agence spatiale européenne (ESA) vise, par exemple,
à surveiller par satellite les sites du patrimoine mondial.
Des travaux destinés à suivre les modifications
de la couverture végétale des habitats de gorilles
en Afrique centrale, notamment dans le Parc national des Virunga
en République démocratique du Congo, sont déjà
en cours.
" C'est seulement parce que
nous sommes sortis dans l'espace et que nous avons regardé
la Terre d'en haut, que l'humanité, pour la première
fois, a pu voir sa propre planète comme un système
holistique complexe, avec sa beauté unique mais aussi tous
les problèmes créés par les humains eux-mêmes.
L'UNESCO en tant qu'agence clé des Nations Unies et l'un
des principaux forums mondiaux de coopération intellectuelle
est très consciente de ces problèmes ", explique
Marcio Barbosa, Directeur général adjoint de l'UNESCO,
lui-même ingénieur spatial et actuellement Président
de l'IAF, l'un des organisateurs du Congrès mondial de
l'espace.
L'atelier de Houston traitera spécifiquement
des façons d'améliorer la télédétection
- via satellite - de l'environnement. Des pays aux moyens financiers
très divers (Etats-Unis, Japon et France, Inde, Chine,
Brésil et Argentine) ont investi dans une constellation
de satellites équipés de capteurs optiques, infrarouges
et radars destinés à surveiller des données
terrestres : topographie, typologie des sols, géologie
des sous-sols, végétations, eaux de surface, ressources
littorales, océans, températures atmosphériques
et couvertures nuageuses, polluants etc. Ces satellites sont souvent
la seule façon d'obtenir des données fiables pour
comprendre et prévoir les changements - d'origine humaine
ou naturelle - de l'atmosphère, de la terre ferme et des
océans. Pourtant, le défi ne réside pas seulement
dans le développement et le lancement de satellites mais
dans la construction d'un réseau intégré
qui puisse générer et analyser ces données
sur de longues périodes et les comparer avec des observations
effectuées au sol.
" Aucun pays ne peut construire
ou même concevoir seul un système d'observation vraiment
mondial ", déclare Marcio Barbosa. " Ce n'est
pas seulement une question de contraintes financières ou
d'expertise technique. Une mise en perspective est essentielle
tant au plan international qu'interdisciplinaire ". C'est
la logique sur laquelle repose le Système d'observation
mondial intégré (IGOS), créé en 1998
pour servir d'organisation parapluie à des centaines d'organisations
de recherche, avec un organisme central de décision comprenant
14 partenaires, parmi lesquels l'UNESCO et l'Organisation météorologique
mondiale ainsi que le Comité pour les satellites d'observation
terrestre, qui représente 23 agences spatiales.
L'IGOS a commencé à
mettre en place des comités scientifiques pour développer
des stratégies en vue d'améliorer la surveillance
de questions aussi importantes que les courants marins et le changement
climatique, l'état des ressources mondiales en eau, le
cycle planétaire du gaz carbonique, la chimie atmosphérique
et les risques géologiques comme les éruptions volcaniques
et les glissements de terrain. Les rapports des comités
commencent par identifier le type et la durée des données
satellites qui pourraient pallier les lacunes actuelles de nos
connaissances afin de développer des stratégies
qui intègrent des données terrestres et spatiales.
L'océanographie était
le sujet du premier rapport de l'IGOS publié en janvier
2001. Bien qu'il soit trop tôt pour évaluer l'impact
du rapport, il a un résultat concret : l'accord américano-européen
de lancer ensemble Jason 2 en 2005. Ce satellite suivra les traces
de Jason 1 et de Topex/Poseidon, des satellites franco-américains
qui ont révolutionné la compréhension de
l'océanographie.
Faisant le tour de la Terre en
112 minutes, Topex/Poseidon a été le premier satellite
(lancé en 1992) capable de mesure la hauteur et la température
des vagues ainsi que la vitesse du vent. Seules des données
de cette nature peuvent permettre aux scientifiques d'observer
les grands courants océaniques qui régulent le climat
en assurant la circulation de la chaleur autour de la planète.
Pour la première fois, les scientifiques ont été
en mesure d'assister au déroulement d'événements
capitaux, tel El Nino, un phénomène engendré
par un régime des vents inhabituel qui draine les eaux
chaudes vers la zone équatoriale du Pacifique équatorial
et bouleverse les conditions météorologiques habituelles
dans le monde.
Au Congrès mondial de l'espace,
l'IGOS présentera la composition d'un nouveau comité
qui cherchera à développer une stratégie
d'amélioration de la surveillance des risques géologiques,
tels que les tremblements de terre et les éruptions volcaniques.
Au cours de la décennie 1991 - 2000, les catastrophes naturelles
ont tué 665 598 personnes (World Disaster Report 2001),
une estimation probablement faible. Et chaque année plus
de 211 000 personnes sont touchées par les catastrophes
naturelles - les deux-tiers par des inondations. Les inondations
provoquent les dégâts les plus importants, mais les
tremblements de terre viennent en second avec près de 270
milliards de dollars US de dégâts sur la décennie
1991 - 2000 (World Disaster Report 2001).
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