Paris, 10 avril -
En Afrique subsaharienne, quatre enfants en âge d'aller
à l'école primaire sur dix n'y vont pas, selon un
nouveau rapport de l'Institut de statistique de l'UNESCO. Et seule
une petite proportion de ceux qui y vont obtiennent un niveau
de compétences de base, précise ce rapport.
Statistiques de l'éducation
2001 - Rapport régional sur la région subsaharienne
de l'Afrique est une vaste étude sur l'éducation
en Afrique. Elle fait le point sur la situation de l'éducation
dans 49 pays de la région, pour l'année 1998/1999,
à tous les niveaux d'enseignement, de la maternelle au
troisième cycle.
Les données de ce rapport
proviennent des réponses des autorités nationales
au questionnaire annuel sur l'éducation émanant
de l'Institut, mais aussi d'autres sources internationales comme
les Divisions des statistiques et de la population des Nations
unies ou la Banque mondiale.
Il en ressort que l'éducation
pré-primaire est extrêmement limitée dans
la région et ne concerne qu'un enfant sur dix, soit quatre
millions d'enfants. La situation varie beaucoup d'un pays à
l'autre, 62 % des enfants scolarisés habitant l'Afrique
de l'Est ou l'Afrique australe. Les écoles maternelles
sont en grande partie privées, s'occupant de plus de 8
enfants scolarisés sur 10.
L'éducation primaire est
de toute évidence la priorité pour la plupart des
pays d'Afrique subsaharienne, mais l'accès reste un problème
essentiel. Selon le rapport, seuls 60 % des enfants de la région
en âge d'aller en primaire y étaient effectivement
inscrits pendant la période de l'enquête. Ce chiffre
recouvre pourtant d'énormes différences d'un pays
à l'autre. Au Niger, par exemple, seuls 26 % des enfants
de cette classe d'âge allaient à l'école,
contre 93 % à l'île Maurice.
Se basant sur ces chiffres, le
rapport estime à 38 millions le nombre d'enfants d'Afrique
subsaharienne en âge d'aller en primaire mais ne fréquentant
pas l'école en 1998. Environ 60 % d'entre eux vivaient
dans les pays d'Afrique centrale ou de l'Ouest.
Les données indiquent aussi
un taux de redoublement " relativement élevé
" dans la région : en moyenne, 17 % des élèves
redoublent une classe.
L'enseignement secondaire, souligne
le rapport, " demeure peu répandu en Afrique subsaharienne
" et on ne dispose pas de données complètes
pour tous les pays de la région. Scolarisation tardive
et forts taux de redoublement signifient en outre que, dans de
nombreux pays, une majorité d'enfants en âge d'aller
dans le secondaire sont toujours à l'école primaire.
Dans les 21 pays pour lesquels on dispose de chiffres, seuls 19
% en moyenne des jeunes gens de cette classe d'âge sont
inscrits dans le secondaire. Dans cinq pays (Burkina Faso, Tchad,
Guinée, Mozambique et Niger), ils sont moins de 10 %.
À l'échelon régional,
les garçons sont en outre beaucoup plus nombreux que les
filles à être inscrits dans le secondaire. Dans certains
pays comme le Bénin, le Tchad, la Guinée-Bissau
et le Togo, les garçons sont plus de deux fois plus nombreux
que les filles dans les classes du secondaire. Il existe cependant
des exceptions à cette règle, comme le Botswana,
le Lesotho et la Namibie, où les filles sont majoritaires
dans l'enseignement secondaire.
Tous les pays de la région,
à l'exception de São Tomé et Principe et
des Seychelles, ont au moins une université. L'enseignement
supérieur reste cependant " marginal ", avec
seulement un million et demi d'inscrits environ (Nigeria exclu,
faute de données dans ce domaine). Le rapport signale que
de nombreux étudiants - notamment effectuant des études
de recherche de haut niveau - doivent partir étudier à
l'étranger faute de programmes adaptés dans leur
pays. Dans la région, l'éducation et les sciences
humaines et sociales sont les disciplines qui accueillent le plus
d'étudiants.
Tous pays confondus, la moyenne
est de 40 élèves par enseignant dans la région,
mais, une fois encore, la situation varie considérablement
d'un pays à l'autre. Au Mozambique, en Ouganda, au Tchad,
au Mali et au Congo, elle est de plus de 60 élèves.
" Il faut souligner, ajoute le rapport, que des moyennes
nationales de 60 élèves ou plus par enseignant signifient
en fait qu'il peut y avoir dans les pays des enseignants ayant
en charge cent élèves ou plus ".
Les enseignants de la région
sont généralement peu qualifiés, avec des
différences considérables d'un pays à l'autre.
Dans les 16 pays ayant fourni des chiffres sur l'éducation
pré-primaire, seuls 30 % des maîtres en moyenne ont
reçu une quelconque formation. La situation est un peu
meilleure dans le primaire, mais de nouveau extrêmement
variable. En Guinée équatoriale, 100 % des enseignants
du primaire ont reçu un minimum de formation, contre 28
% en Guinée-Bissau. Dans la moitié des 26 pays pour
lesquels on dispose de chiffres, 20 % des instituteurs n'ont reçu
aucune formation. En maternelle, les femmes représentent
90 % des enseignants, mais seulement 37 % dans le primaire, 31
% dans le secondaire, et 28 % dans le troisième cycle.
Les dépenses totales d'éducation
varient de 1 % du PIB en Sierra Léone à plus de
10 % au Zimbabwe (10,1 %) et au Lesotho (13,2 %). L'argent sert
essentiellement aux dépenses de fonctionnement - y compris
les salaires des enseignants et l'achat de matériel -,
et l'enseignement primaire reçoit la part du lion.
Les défis éducatifs
posés aux pays d'Afrique subsaharienne sont considérables.
La pauvreté, le virus du Sida, la guerre et les conflits
civils ainsi qu'une forte croissance démographique constituent
des obstacles importants pour tous les gouvernements et populations
de la région. Une personne sur trois est en âge d'aller
en primaire ou dans le secondaire, contre seulement une sur cinq
en Amérique latine et en Asie, et une sur six dans les
pays de l'OCDE. " Un accroissement continu et sensible du
taux de croissance du PIB semblerait être une condition
importante pour améliorer l'accès à l'éducation
", conclut le rapport.
Il identifie en outre un "
éventail de priorités fondamentales " pour
lesquelles une action résolue pourrait changer la situation
: les gouvernements doivent reconnaître le rôle crucial
de l'éducation en matière de développement,
améliorer les capacités des établissements
et du personnel enseignant, élargir l'accès et accroître
l'équité tout en améliorant la qualité
et l'utilité de l'éducation dispensée.
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Des versions imprimée
et PDF de ce rapport régional sont disponibles, en anglais
et en français, à l'Institut de statistique de l'UNESCO.
Email : uis.resource-centre@UNESCO.org
http://www.unesco.org/statistics
Contact : Sue Williams,
Bureau de l'information du public, Section éditoriale
Tél. : 33 1 45 68 17 06
Email : s.williams@unesco.org