Paris, 30 juin 2000 - Le Conseil exécutif de la Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l’UNESCO, réuni jusqu’à hier au siège de l’Organisation pour sa
session annuelle, a renforcé son engagement en matière de surveillance et de
protection des océans.
Parmi les décisions approuvées
par cette 33e session du Conseil
exécutif - qui compte 36 membres et est présidé par Su Jilan (Chine) -,
figure celle de coopérer à la mise en place de la Stratégie d’observation
globale intégrée (IGOS), englobant l’observation de l’environnement de l’atmosphère,
des océans et des terres émergées. Au sein d’IGOS, on trouve, outre des
agences spatiales (CNES, NASA, EUMETSAT), la National Oceanic and Atmosperic
Administration (NOAA, Etats-Unis), plusieurs agences des Nations Unies, des
instituts scientifiques internationaux et des bailleurs de fonds. Le Conseil a
confié au Système mondial d’observation de l’océan (GOOS) de la COI le
rôle de coordinateur du système intégré.
A propos de l’inquiétude
suscitée par l’état des bouées d’observation dans de nombreuses régions
du monde, le Conseil a obtenu l’engagement des Etats membres de la COI d’accélérer
la mise en place du programme Argo en vue de parvenir à un dispositif de 3000
bouées dérivantes permettant de mesurer la température et la salinité des
océans sur une profondeur de 2000 m. Argo permettra une surveillance permanente
des océans et offrira des données transmises et accessibles dans les heures
suivant leur collecte. Les Etats membres se sont engagés à achever l’installation
des 3000 flotteurs nécessaires au programme au cours des deux ans à venir.
Dans le prolongement de la
Décennie internationale de la prévention des catastrophes naturelles, qui a
pris fin le 31 décembre dernier, le Conseil exécutif a décidé de poursuivre
son Programme d’alerte aux tsunamis dans le Pacifique et de faire profiter -
à titre gratuit - de cette expérience la région des Caraïbes. Il a
également approuvé l’ouverture de négociations visant à recueillir des
fonds pour un grand système d’alerte permettant de prévoir les ondes de
tempête dans la partie septentrionale de l’océan Indien. Le programme
portera une attention particulière au Golf du Bengale où des tempêtes à
répétition provoquent régulièrement des dizaines de milliers de morts. Pour
sa part, l’Inde a annoncé qu’elle commencerait de son côté à mettre en
œuvre ce programme.
Les rejets de dioxyde de carbone
dans les grands fonds marins ont constitué un des grands thèmes de la réunion
de cette année. Le besoin urgent d’une étude des effets sur l’environnement
marin des rejets de dioxyde de carbone dans les grands fonds marins a été
souligné. Le Secrétaire exécutif de la COI, Patricio Bernal, a expliqué que
“ compte tenu de la croissance exponentielle des émissions de dioxyde de
carbone, les milieux industriels vont pousser de plus en plus à l’utilisation
des techniques, aujourd’hui à l’étude, permettant de rejeter le dioxyde de
carbone dans les grands fonds marins ”. Il a souligné que l’on en savaitencore très peu quant aux conséquences possibles sur l’environnement marin. Le Conseil exécutif a
exprimé sa conviction que les connaissances scientifiques dans ce domaine
devaient être développées avant que n’interviennent des décisions quant à
l’utilisation de ces technologies.
Ce thème a également été le
sujet de la Conférence prononcée par Peter Brewer, du Monterey Bay Aquarium (Etats-Unis),
en mémoire de Roger Revelle, pionnier américain de l’océanographie et un
des fondateurs de la COI. Le Conseil a demandé au Secrétaire exécutif de la
COI de voir si de telles pratiques étaient compatibles avec la Convention de
Londres (1972) qui régit les rejets volontaires en mer.
La 33e session du Conseil
exécutif, qui marquait le 40e anniversaire de la COI, s’est ouverte le 20
juin. Lors de son intervention, le Directeur général de l’UNESCO, Koïchiro
Matsuura, s’est déclaré en faveur du renforcement du rôle de la COI “
comme point focal de la science océanographique ”. Koïchiro Matsuura a mis l’accent
sur son rôle de coordination au sein du système des Nations Unies et souligné
sa contribution à l’éducation scientifique. Il a déclaré : “ Beaucoup
des problèmes que l’humanité aura à résoudre au XXIe siècle tiennent à
la nécessité d’harmoniser la croissance économique nécessaire à l’éradication
de la pauvreté avec la conservation des systèmes vitaux de base de notre
planète. Cet équilibre difficile est au cœur du développement durable. Il
suppose de la part des citoyens une meilleure préparation scientifique et
environnementale et une volonté d’agir de façon responsable pour protéger l’environnement
mondial. La COI a beaucoup à apporter en matière d’éducation scientifique
et de prise de conscience autour de ce thème ”.
La COI a été créée en 1960
pour fournir aux Etats membres des Nations Unies un mécanisme de coopération,
au niveau mondial, en matière d’étude de l’océan et pour servir de
mécanisme commun de coordination entre les organismes et programmes des Nations
Unies qui traitent des affaires marines. La Commission a pour but de promouvoir
la coopération internationale et de coordonner les programmes de recherche, les
services et le renforcement des capacités afin d’accroître les connaissances
relatives à la nature et aux ressources des océans et des zones côtières et
d’appliquer ces connaissances à l’amélioration de la gestion, à la
protection du milieu marin et au processus de prise de décisions par ses Etats
membres.