Recife, 3 février - Réunis à Recife (Brésil), les ministres et hauts responsables de l'Education des neufs pays à forte population (E-9) - le Bangladesh, le Brésil, la Chine, l'Egypte, l'Inde, l'Indonésie, le Mexique, le Nigeria et le Pakistan - ont réaffirmé leur engagement à " soutenir, intensifier et accélérer leurs efforts et mesures politiques " en faveur de l'éducation pour tous.
La rencontre du groupe E-9 - qui a compté avec la participation de sept ministres de l'Education et de deux hauts fonctionnaires - était la quatrième d'une série de six conférences destinées à évaluer les progrès et lacunes du combat mondial en faveur de l'éducation pour tous. Chaque réunion va faire des recommandations au Forum mondial sur l'éducation qui se tiendra à Dakar (Sénégal) du 26 au 28 avril prochain.
Dans une Déclaration adoptée hier, au terme de la rencontre ministérielle de 3 jours, les délégués se sont félicités " des avancées significatives réalisées dans les neuf pays " depuis le Sommet de New Delhi (Inde) en 1993.
Tout en reconnaissant les progrès réalisés au cours des dix dernières années en matière d'éducation, la Déclaration souligne la nécessité d'esquisser un programme visionnaire pour le nouveau millénaire, un programme faisant de l'éducation de base un droit de l'homme. Une éducation de qualité est considérée comme le défi majeur mais aussi comme le plus grand facteur d'espoir.
La Déclaration va plus loin que l'initiative sur l'éducation pour tous (EPT) - lancée en 1990 à Jomtien (Thaïlande) - en cela qu'elle ne se cantonne pas à des objectifs quantitatifs. L'accent est maintenant mis sur une éducation pour tous de qualité, considérée désormais comme la clé de la promotion du développement économique et social dans l'équité.
Les participants issus des neuf pays à forte population - qui regroupent la moitié de la population mondiale et 70% des analphabètes - ont souligné que les besoins du XXIe siècle réclament l'utilisation des méthodes les plus nouvelles et de la technologie la plus avancée afin de réaliser une modernisation vraiment mondiale et de parvenir à l'excellence en éducation.
La Déclaration dresse le bilan des réalisations et défis de la décennie écoulée et en énumère les principaux objectifs : donner la priorité à l'éducation pour tous ; accroître le nombre d'élèves dans les enseignements primaire, secondaire et supérieur ; intégrer les enfants ayant des besoins spéciaux ; mettre en place des liens entre l'éducation et le monde du travail ; accroître la coopération technique entre les pays pour garantir l'égalité d'accès à l'éducation ; mettre en avant des valeurs telles que la justice, la démocratie, les droits de l'homme, la tolérance et le respect de la diversité ; prêter une attention particulière aux adolescents et à l'égalité entre les sexes.
A propos de la voie à suivre désormais, les pays du E-9 reconnaissent la gravité des problèmes qui continuent de freiner leur progression vers l'éducation pour tous et soulignent la nécessité de les affronter de façon innovante et créatrice.
Le ministre brésilien de l'Education, Paulo Renato Souza, a déclaré que dans le contexte interdépendant de la mondialisation, " la responsabilité de l'éducation ne s'exerce pas seulement au niveau national, elle doit être partagée par toute la communauté éducative ".
Colin Power, Directeur général adjoint de l'UNESCO chargé de l'Education, a souligné que, dix ans après Jomtien, les besoins en matière d'éducation de base doivent être redéfinis. La simple participation au processus éducatif ne suffit plus ; la manière de diffuser connaissance et techniques doit être revue " si nous voulons faire notre chemin au XXIe siècle ".
Le ministre égyptien de l'Education, Hussein Kamel Bahaa El Din, a confirmé ce point de vue en déclarant au nom des 20 autres ministres de l'Education des pays arabes que " la connaissance est le capital du nouveau siècle " et que les sociétés ne peuvent pas se contenter de techniques élémentaires dans un monde de plus en plus basé sur la connaissance.
Les ministres ont fait preuve de franchise sur les réalisations et lacunes de l'éducation pour tous dans leurs pays respectifs. Le ministre du Bangladesh, Abu Sharaf Hifzul Kader Sadique, a fait état de progrès significatifs en matière d'alphabétisation mais a avoué rencontrer des problèmes de qualité. " Dans notre course aux chiffres [après Jomtien], la qualité est restée en arrière ". Cette évaluation a été confirmée par la Chine qui a réalisé, elle aussi, des avancées remarquables. " La qualité générale des enseignants laisse beaucoup à désirer ", a déclaré Lu Fuyuan, vice-ministre de l'Education. Une grande partie de la population chinoise vivant dans des régions isolées et montagneuses est encore difficile à atteindre et, malgré un taux de scolarisation élevé, il y a un manque d'enseignants et de locaux.
La crise économique et politique indonésienne a affecté l'éducation. La baisse du pouvoir d'achat s'est traduite par une chute de la scolarisation et une augmentation du nombre d'élèves abandonnant l'école en cours de scolarité. Le ministre de l'Education, Yahya A. Muhaimin, a déclaré que son pays est maintenant lancé dans un programme social d'envergure pour limiter ce phénomène.
Le Forum consultatif international sur l'éducation pour tous a pour parrains le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l'UNESCO, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et la Banque mondiale, ainsi que plusieurs agences bilatérales.
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