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L'accès au cyberespace et la réglementation de l'internet au coeur d'une table ronde à l'UNESCO
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Paris, 10 novembre {N°99-253} - Des différences d'opinion sur l'accès libre au cyberespace et sur la nécessité d'une réglementation de l'Internet, mais aussi de vives préoccupations devant les disparités entre les pays face à la société de l'information, ont émergé au cours de la table ronde, Questions sociales, éthiques et juridiques du cyberespace au XXIe siècle, qui s'est tenue aujourd'hui à l'UNESCO dans le cadre de la 30e session de la Conférence générale.

Présidée par Torben Krogh, Président de la Commission nationale danoise pour l'UNESCO, la table ronde a permis de souligner les enjeux universels du cyberespace, sur toile de fond de mondialisation qui a fait passer la planète de l'ère industrielle à l'ère de l'information, et d'explorer le rôle que l'UNESCO pourrait y jouer.

Le Sénégalais Amadou Top, Directeur général de Alliance Technology and Informatics et Vice-Président de l'Association mondiale des sociétés multimédia, a rappelé que si " le cyberespace est un miroir du monde réel, son évolution peut en faire un monde virtuel déconnecté de la réalité ". La mondialisation et " la vague de fond des nouvelles technologies de l'information et de la communication menacent de marginaliser ceux qui les ignoreront ", a-t-il poursuivi soulignant les différences d'accès au cyberespace selon les régions : " Avec 9,7 % de la population planétaire, l'Afrique ne compte que 0,1 % des internautes mondiaux, tandis que les Etats-Unis avec 4,7 % de la population mondiale représentent 26,3 % des internautes ".

Etablissant un parallèle avec le développement du téléphone - " il y a plus de téléphones à Manhattan que dans toute l'Afrique " -, Amadou Top a expliqué que de nouvelles habitudes de mise en partage du téléphone et donc de l'accès à Internet avaient vu le jour en Afrique, laissant espérer que si " l'Afrique a raté la révolution industrielle, elle ne devra pas manquer la révolution informationnelle ". Finalement soulignant que la mondialisation était aussi " le révélateur des particularismes et des identités ", il a déclaré que la " vraie bataille est celle du contenu " car il convient de ne pas oublier que l'objectif du cyberespace est de " faciliter la communication entre les hommes ".

" Y a-t-il réellement une Révolution Internet ? " s'est interrogé Hervé Bourges, président du Conseil supérieur de l'audiovisuel, organe de contrôle français. Notant que " Internet pousse simplement à son terme la logique du village global : le monde entier est notre voisin ", Hervé Bourges a déclaré : " Les choix que nous faisons pour l'organisation d'Internet et sa régulation juridique ne sont pas gratuits : ils contribuent à orienter le développement humain dans le sens d'une entropie culturelle, ou au contraire d'une nouvelle germination de la diversité des cultures [...] ". Selon lui, il s'agit à la fois de donner toute sa mesure à " l'universalité " du cyberespace sans pour autant " tuer la diversité " des cultures.

Hervé Bourges a souligné que " Internet est simplement un défi lancé à la capacité d'adaptation des structures nationales et internationales de concertation et de régulation qui existent ". De crainte que le cyberespace ne passe sous la coupe unique de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) alors que son apport est " culturel, éducatif, démocratique ", Hervé Bourges a appelé à ce que l'UNESCO soit " au coeur de la réflexion internationale sur Internet " : " Aidez les peuples et les nations à s'opposer à l'uniformité des esprits, qui conduirait à la prédominance du marché sur la culture, de la technique sur la communication, du commerce sur la pensée ".

Ronald Koven, représentant en Europe du World Press Freedom Committee, s'est opposé à l'éventualité d'un contrôle ou d'une réglementation de l'Internet : " Pas plus la presse que l'Internet n'ont besoin de lois supplémentaires ". A propos de l'accès au cyberespace, Ronald Koven s'est montré très optimiste : " L'exemple de la radio montre que le monde finit toujours par rattraper son retard ". Il a également fustigé ceux qui " n'ont que le but de contrôler les nouveaux médias, [...] qui sont les mêmes que ceux qui veulent contrôler les médias traditionnels ", se réjouissant que " les nouvelles technologies vont permettre à l'article 19 de la Déclaration Universelle des droits de l'homme, - proclamant le droit de tout individu [...] de chercher, de recevoir et de répandre les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit -, de devenir une réalité ".

Gil Santos, Directeur délégué du Philippine Press Institute, s'est également prononcé contre le contrôle d'Internet au niveau international, notant que " les pays développés poussent au contrôle à travers le droit de la propriété intellectuelle, pour récupérer leurs investissements " et que cela conduisait à " une nouvelle colonisation des pays en développement ". Il a soutenu que le contrôle devait s'exercer au niveau individuel et passait par la responsabilisation de chacun, ajoutant cependant qu'il ne s'agissait pas d'oublier " le rôle indispensable de l'UNESCO " dans ce domaine.

Pour Gareth Grainger, Président délégué de l'Australian Broadcasting Authority, " L'Internet n'est pas une menace mais une opportunité très positive pour chaque habitant de la planète ". Soulignant que " le cyberespace n'est pas un lieu réel, car les ordinateurs sont situés dans des pays ", il a déclaré que " les parlements nationaux resteront les organes élus qui passent les lois " et que " les organisations internationales ne sont pas habilitées " à organiser un contrôle ou une réglementation. Néanmoins Gareth Grainger a expliqué qu'il y avait besoin d'un " médiateur " et il a défini quatre priorités pour l'UNESCO : la promotion d'un accès à l'Internet à un prix abordable ; la formation, notamment des jeunes ; la diffusion auprès de ses Etats membres des informations concernant le développement de l'Internet ; la promotion d'une qualité de contenu.

Les représentants des Etats membres se sont fait l'écho des préoccupations des intervenants lors de la discussion qui a suivi, la plupart des pays africains s'inquiétant notamment de conditions d'accès équitables au cyberespace.

Site internet : www.unesco.org

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