Aujourd'hui, les citadins sont
de plus en plus nombreux à consommer quotidiennement de l'eau minérale. Si la
consommation d'eau douce continue à augmenter sous la pression de l'industrie, de
l'agriculture et de la croissance démographique, l'accès à une boisson de bonne
qualité va devenir un problème dans de nombreuses régions du monde.
A la suite de plusieurs graves épidémies liées à la consommation
d'aliments ou d'eaux de boisson contaminés, on se préoccupe de plus en plus de la
salubrité et de la qualité des eaux de boisson. Si les eaux en bouteille sont facilement
disponibles tant dans les pays industrialisés que dans les pays en développement, elles
représentent parfois un coût important pour le consommateur. Les gens achètent de
l'eau en bouteille pour des considérations de goût, de commodité ou de mode, mais
des aspects tels que la salubrité et les effets bénéfiques potentiels de ces eaux sur
la santé jouent aussi un rôle important. Cela dit, ces attentes étant souvent
infondées, nous allons examiner ci-après les qualités que l'on attribue aux eaux
en bouteille.
Salubrité des eaux en bouteille
Bien que l'on utilise couramment l'expression
« eaux en bouteille », il serait plus exact de parler d'eaux
conditionnées. Le terme « eaux en bouteille » peut manquer de précision. En
effet, l'eau destinée à la consommation est aussi vendue dans des canettes, des
boîtes métalliques ou même des sacs en plastique. D'une manière générale,
cependant, elle est conditionnée dans des bouteilles en verre ou en plastique jetables.
On trouve des bouteilles de diverses tailles, qui vont des petites bouteilles
individuelles aux grosses bonbonnes de 80 litres.
Les besoins individuels en eau de boisson varient en fonction du
climat, de l'activité physique et de la culture mais, pour les gros consommateurs,
ils sont estimés à environ 2 litres par jour pour un adulte de 60 kg et à
1 litre par jour pour un enfant de 10 kg.
L'eau de boisson peut être contaminée par toutes sortes
d'agents chimiques, microbiens ou physiques qui, à de fortes concentrations, peuvent
nuire à la santé. Parmi les agents chimiques, on peut citer le plomb, l'arsenic et
le benzène. Les agents microbiens peuvent être des bactéries, des virus et des
parasites comme Vibrio cholerae, le virus de l'hépatite A et Crytosporidium
parvum. Au nombre des risques physiques figurent les éclats de verre et les fragments
de métal. Compte tenu du nombre important de risques associés à la consommation
d'eaux de boisson, l'élaboration de normes garantissant la qualité de ces eaux
nécessite des ressources et un savoir-faire que de nombreux pays ne peuvent pas se
permettre. Heureusement, des conseils sont disponibles au niveau international.
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) publie des Directives
de qualité pour l'eau de boisson dont de nombreux pays s'inspirent pour
élaborer leurs propres normes nationales. Ces Directives représentent une évaluation
scientifique des risques pour la santé associés aux composants biologiques et chimiques
de l'eau de boisson et de l'efficacité des mesures déployées pour y
remédier. L'OMS recommande aux autorités nationales de prendre en considération
les aspects sociaux, économiques et environnementaux en procédant à une évaluation
comparative des risques et des avantages lorsqu'ils adaptent ces Directives aux
normes nationales.
Du fait que les Directives OMS de qualité pour l'eau de boisson sont
destinées à servir de point de départ scientifique à l'élaboration de normes, y
compris pour les eaux en bouteille, il se peut que les normes réelles s'en écartent
quelque peu. Il convient en outre de noter que l'eau utilisée pour la fabrication
des glaces doit répondre aux mêmes normes que l'eau de boisson et que les
règlements sanitaires applicables au matériel servant à la fabrication et à la
conservation de la glace doivent être respectés. En ce qui concerne les bonbonnes
d'eau, des prescriptions sanitaires analogues sont applicables au matériel utilisé
pour la distribution de l'eau.
Si l'on applique les Directives de l'OMS aux eaux en
bouteille, certains paramètres peuvent être plus faciles à vérifier que dans le
système de distribution de l'eau courante et, de ce fait, des normes plus strictes
peuvent être jugées préférables afin de limiter l'ensemble des risques auxquels
est exposée la population. C'est notamment ce que l'on a fait valoir pour le
plomb. De même, lorsqu'il y a le choix entre les eaux en bouteille et l'eau du
robinet, il est possible d'imposer un niveau d'exigence supérieur aux
premières pour certaines substances nocives naturellement présentes dans l'eau
comme l'arsenic et le fluor.
Par contre, certaines substances peuvent s'avérer plus difficiles
à déceler dans les eaux en bouteille que dans l'eau du robinet. Ceci est dû au
fait que les eaux en bouteille sont stockées pendant de plus longues périodes et à des
températures plus élevées que l'eau du réseau. C'est pourquoi le contrôle
des matériaux servant à la fabrication des récipients et des systèmes de fermeture des
eaux en bouteille est particulièrement important. En outre, certains micro-organismes qui
sont habituellement présents dans l'eau de boisson en quantité insignifiante du
point de vue de la santé publique peuvent proliférer dans les eaux en bouteille.
Ce phénomène se produit plus rarement dans les eaux gazeuses et dans
les eaux conditionnées dans des bouteilles de verre que dans les eaux stagnantes et dans
celles qui sont conditionnées dans des récipients en plastique. Malheureusement, les
conséquences de cette prolifération de micro-organismes du point de vue de la santé
publique sont encore mal connues, en particulier pour les personnes vulnérables comme les
bébés et les enfants, les femmes enceintes, les personnes dont le système immunitaire
est affaibli et les personnes âgées. En ce qui concerne les bébés, les eaux en
bouteille n'étant pas stériles, il convient de les désinfecter, par exemple en les
faisant bouillir une minute avant de les utiliser dans les préparations pour nourrissons.
On a signalé des cas de fraude qui ont consisté à remplir des
bouteilles d'eau minérale vides au moyen d'eau du robinet et à vendre le produit comme
de l'eau minérale. Le consommateur n'est pas toujours en mesure de constater la
supercherie simplement en fonction du goût. En cas de doute, il faut donc attentivement
examiner la fermeture de la bouteille avant de l'acheter ou insister qu'on l'ouvre en sa
présence au restaurant.
Les effets bénéfiques potentiels des eaux de boisson en bouteille
sur la santé
En Europe et dans certains autres pays, de nombreux consommateurs
pensent que les eaux minérales naturelles ont des propriétés médicinales ou
sont bénéfiques à la santé. Il s'agit généralement d'eaux à forte teneur
en sels minéraux, dont la concentration dépasse parfois les valeurs communément admises
pour l'eau de boisson. Ces eaux sont généralement consommées depuis très
longtemps et sont bien souvent davantage appréciées pour leur valeur nutritive que pour
leurs propriétés désaltérantes. Si certaines eaux minérales permettent
d'apporter à l'organisme des micronutriments essentiels comme le calcium, à la
connaissance de l'OMS, les effets bénéfiques de la consommation de ces eaux
minérales n'ont jamais été sérieusement prouvés. C'est pourquoi l'OMS
s'abstient de faire des recommandations, dans ses Directives de qualité pour
l'eau de boisson, sur les concentrations maximales admissibles de composés
essentiels.
Dans d'autres pays, en revanche, des eaux en bouteille à très
faible teneur en sels minéraux, telles que des eaux distillées ou déminéralisées,
sont parfois offertes à la vente. Bien que de nombreuses personnes aient de tout temps
consommé de l'eau de pluie qui est aussi pauvre en sels minéraux, sans que cela ne
nuise apparemment à leur santé, l'OMS ne possède aucune preuve scientifique des
bienfaits ou des risques pour la santé d'une consommation régulière de ce type
d'eaux en bouteille.
Normes internationales applicables aux eaux de boisson en bouteilles
L'organisme intergouvernemental responsable de
l'élaboration de normes alimentaires reconnues à l'échelle internationale est
la Commission du Codex Alimentarius. L'OMS, qui est à l'origine de la création de
la Commission du Codex, a recommandé à cette dernière de s'inspirer des Directives
de qualité pour l'eau de boisson pour élaborer des normes applicables à toutes les
eaux en bouteilles.
La Commission du Codex a élaboré une Norme Codex pour les eaux
minérales naturelles et un code d'usages y relatif. Cette norme décrit le
produit ainsi que les caractéristiques relatives à son étiquetage, sa composition et sa
qualité, et fixe des limites maximales pour certains produits chimiques, de même que des
exigences en matière d'hygiène, d'emballage et d'étiquetage. Le Code
d'usages du Codex pour le captage, le traitement et la commercialisation des eaux
minérales naturelles fournit des orientations aux entreprises concernées sur
plusieurs aspects des bonnes pratiques de fabrication.
Bien que les normes et les recommandations de la Commission du Codex ne
soient pas obligatoires, l'Organisation mondiale du Commerce considère que les
prescriptions du Codex en matière de santé et de sécurité sont le fruit d'un
consensus international destiné à protéger les consommateurs, et tout pays qui
s'écarte de ces recommandations peut être appelé à fournir des explications
scientifiques.
La Commission élabore actuellement un projet de Norme Codex pour
les eaux en bouteilles conditionnées, autres que les eaux minérales naturelles.
Conformément à la Norme et au Code d'usage de Codex actuellement en vigueur, les eaux
minérales naturelles doivent se conformer strictement aux prescriptions selon
lesquelles elles doivent être directement embouteillées sans faire l'objet
d'un traitement sur le lieu de captage (source ou puits).
Le projet de Norme Codex pour les eaux en bouteilles conditionnées
a été élaboré afin d'englober les eaux ne provenant ni d'une source ni d'un puit, et
qui doivent être traitées pour garantir leur salubrité et leur qualité. Les
distinctions entre ces normes sont particulièrement importantes dans les régions où les
eaux minérales naturelles sont consommées depuis longtemps. Le Comité du Codex
pour les eaux minérales naturelles, qui relève de la Commission du Codex et a son Siège
en Suisse, est chargé d'élaborer des projets de normes et de codes d'usages, en
consultation avec d'autres comités pertinents du Codex, et notamment les Comités
sur les additifs alimentaires et les contaminants ainsi que le Comité sur l'hygiène
alimentaire. Les parties qui souhaiteraient prendre part aux travaux du Codex en la
matière sont invitées à s'adresser au joint du Codex dans leur pays.
Il convient de noter que ni la Commission du Codex ni l'OMS ne
garantissent la qualité d'une eau en bouteille ou d'une eau minérale
quelconque. A cet égard, l'OMS n'autorise pas l'utilisation de son nom ou
de son emblème à des fins commerciales. S'il existe dans de nombreux pays des
normes nationales applicables aux eaux en bouteille et parfois même des procédures
d'agrément pour les eaux en bouteille, aucun système de certification international
n'a encore été approuvé. Les personnes qui souhaitent obtenir des informations sur
la certification des eaux en bouteilles doivent s'adresser aux autorités nationales
du pays concerné.
Pour en savoir plus
Les Directives de qualité pour l'eau de boisson (deuxième
édition) ont été publiées par l'OMS en trois volumes : Volume 1 Recommandations ;
Volume 2 Critères d'hygiène et documentation à
l'appui ; et Volume 3 Surveillance et contrôle des
approvisionnements communautaires. Des additifs aux Volumes 1 et 2 ont été
publiés en 1997 et en 1998, qui contiennent des renseignements mis à jour ou de
nouvelles études sur certains produits chimiques. Un additif supplémentaire regroupant
des études sur certains microbes sera publié en l'an 2000.
On peut se procurer les Directives de qualité pour l'eau de
boisson, en s'adressant au Service de la Distribution et des Ventes de
l'Organisation mondiale de la Santé, 20 avenue Appia, CH-1211
Genève 27, Suisse ; fax : 41 22 791 4857 ; ou
courriel : publications@who.ch. De larges
extraits du texte des Directives peuvent également être consultés sur
l'Internet, en anglais seulement, à l'adresse : http://www.who.int/water_sanitation_health/.
On trouvera des renseignements
complémentaires sur le Programme de Sécurité alimentaire de l'OMS à
l'adresse http://www.who.int/fsf et sur le
Programme OMS Eau, assainissement et santé à l'adresse http://www.who.int/water_sanitation_health.
Pour obtenir un complément d'information sur la Commission du
Codex Alimentarius et son Comité sur les eaux minérales naturelles, ainsi que sur la Norme
Codex pour les eaux minérales naturelles et le Code d'usages y relatif,
le lecteur est invité à consulter le site web du Codex Alimentarius à l'adresse
suivante: http://www.fao.org/WAICENT/FAOINFO/ECONOMICS/ESN/codex/.
Pour plus d'informations, les
journalistes peuvent prendre contact avec le Bureau du porte-parole, OMS,
Genève. Tél. (41 22) 791 2599 ; télécopie: (41 22) 791 4858 ; adresse
électronique : inf@who.int
Tous les communiqués de presse,
aide-mémoire OMS et d'autres informations sur le sujet peuvent être obtenus
sur Internet à la page d'accueil de l'OMS : http://www.who.int