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Communiqué de presse OMS  26 juillet 2000

 
Les pays nantis ne donnent pas suite aux besoins sanitaires des populations en situation d'urgence

 

Une étude de l’Organisation mondiale de la santé, publiée ce jour, révèle qu’il n’a encore été donné aucune réponse à cinq des 21 appels de fonds lancés à des donateurs internationaux en faveur de programmes visant à sauver la vie de personnes touchées par des guerres, des déplacements de population ou des catastrophes naturelles. Quatre autres appels n’ont même pas permis d’obtenir 10 % de ce qu’il faudrait pour assurer de nouveau un semblant de soins de santé élémentaires.

Ce manque d’entrain est particulièrement lourd de conséquences pour le Burundi, la République du Congo, l’Ouganda, le Soudan et l’archipel indonésien des Moluques, en faveur desquels, malgré les besoins sanitaires considérables nés des conflits qui se prolongent ou se rallument, les donateurs n’ont toujours pas offert de soutien financier par le biais des programmes sanitaires d’urgence de l’OMS.

L’appel de fonds concernant l’Afghanistan a quant à lui rapporté moins de 1 % des 2,8 millions de dollars des Etats-Unis d’Amérique indispensables pour enrayer le déclin de l’état de santé de la population. Par ailleurs, l’OMS en avait lancé un autre, combiné, pour le Congo, le Tadjikistan et la région des grands lacs d’Afrique : il n’a permis de récolter que 10 % des fonds de ce dont l’Organisation, estime avoir besoin. Dans deux cas seulement — pour le Caucase et l’Angola — les recettes ont franchi la barre des 50 %.

Globalement, l’Organisation n’a reçu que 18 des 68 millions de dollars qu’elle avait demandé par le truchement du système d’appels de fonds commun des Nations Unies. Aussi bien, elle n’est pas la seule institution à souffrir de cette situation : d’après le Dr Xavier Leus, directeur de son département Secours d’urgence et action humanitaire, le manque de ressources pour financer des dépenses autres que l’achat de denrées alimentaires s’est traduit par une gêne constante dans le cadre de l’appel pour la Sécheresse dans la Corne de l’Afrique.

« On a du mal a comprendre pourquoi les appels de fonds donnent de si médiocres résultats. Nous voyons des personnes – femmes et enfants, surtout – qui, ayant trouvé la force de survivre à la guerre, à l’exode, à la sécheresse et à l’extrême pénurie alimentaire, se voient maintenant menacées dans leur existence par des maladies et des affections que des interventions sanitaires tout-à-fait élémentaires pourraient leur épargner. Pourtant, bien que le système des Nations Unies ait opté avec raison pour les appels de fonds regroupés, les bailleurs ne semblent pas disposés à réagir », a remarqué le Dr Leus.

Pour le Burundi, par exemple, où a été anéantie une bonne partie de l’infrastructure sanitaire et où plus de 15 femmes sur 1000 qui mettent au monde un enfant vivant meurent à l’accouchement, aucun donateur n’a jugé utile d’offrir les 200 000 USD qu’il faudrait, selon l’OMS, pour réinstaurer les pratiques de la maternité sans risque.

Au Soudan méridional, ravagé par la guerre, 75 % des décès et des cas de maladie sont imputables à des maladies infectieuses dont la plupart seraient évitables. Mais les commandes des médicaments et vaccins nécessaires pour endiguer les flambées épidémiques sont suspendues en raison du manque d’argent.

En mars, dans le nord de l’Afghanistan, 900 enfants sont morts de la rougeole, principalement parce que les services assurant les soins de santé primaires sont très insuffisants après toutes ces années de guerre. L’OMS a lancé deux appels de fonds : l’un, d’un montant de 260 000 USD, pour améliorer les soins de santé primaires en coopération avec des ONG et les collectivités locales ; l’autre, de 300 000 USD, pour former ou recycler du personnel de santé. Il n’y a toujours pas été donné la moindre suite.

Une partie des sommes demandées a été perçue rapidement. Des 18 millions de dollars versés, 23 % l’ont été par la Norvège, 15 % par le Royaume-Uni et l’Australie, 13 % par les Etats-Unis d’Amérique et 5 à 8 % (chacun) par le Japon, l’Italie, le Danemark, la Suède et l’Office humanitaire de la Communauté européenne.

L’OMS a fait usage de son budget ordinaire – financé par les cotisations des Etats membres et destiné a couvrir le fonctionnement de toute sa structure mondiale – pour combler cette déficience et lancer sans tarder des programmes d’aide d’urgence concernant notamment la détection précoce des épidémies et la lutte contre celles-ci, l’approvisionnement en médicaments essentiels, la formation dans le domaine de la maternité sans risques et la prise en charge des maladies de l’enfance communes. Relevons qu’en cas d’instabilité la mortalité maternelle et les maladies de l’enfance figurent parmi les causes de décès les plus fréquentes.

Le Dr Leus précise par ailleurs que, sauf à trouver sur-le-champ des ressources financières supplémentaires, une crise peut engloutir en un mois les fonds alloués initialement au budget ordinaire pour deux ans, avec à la clef des services de santé sérieusement démunis au moment même ou la vulnérabilité de la population est maximale.

Les pays nantis sont peut-être découragés par la pratique de l’intervention en situation d’urgence, ou bien encore ils jugent qu’il n’y a pas grand-chose à faire, même avec des moyens financiers.

Or tout laisse supposer le contraire : la différence peut tenir à l’octroi d’une aide. Une récente étude du Comité international de secours menée en République démocratique du Congo a montré que 13 % seulement des victimes (plus d’un million) de la guerre qui sévit dans ce même pays ont péri par les armes. Les autres décès ont été dus à la défaillance des services, à l’extrême vulnérabilité et aux maladies habituelles. Toujours d’après le Dr Leus, l’OMS sait par expérience que dans les pays en guerre des programmes sanitaires bien conçus ont des retombées favorables sur la vie et le bien-être de la population, même quand l’instabilité prévaut. Il est donc impératif que les donateurs se mobilisent sans réserve.


Pour plus d’informations, veuillez prendre contact avec Dr Xavier Leus, directeur, département Secours d’urgence et action humanitaire, OMS, Genève, Téléphone: +41 22 791 2752/4676; courriel: leusx@who.int ; Dr Yonas Tegegn, fonctionnaire chargé des relations extérieures, département Secours d’urgence et action humanitaire, OMS, Genève, Téléphone: +41 22 791 2722, courriel: tegegny@who.int, Gregory Hartl: porte-parole, OMS, Genève, Téléphone: +41 22 791 4458; courriel: hartlg@who.int

On peut se procurer un exemplaire de "Mid Term Review of WHO Emergency Activities in the Consolidated Appeal Process" auprès du Dr Tegegn. Tous les communiqués de presse, aide-mémoire OMS, ainsi que d’autres informations sur le sujet, peuvent être obtenus sur Internet à la page d’accueil de l’OMS: http://www.who.int/

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