Une étude de l’Organisation mondiale de la santé,
publiée ce jour, révèle qu’il n’a encore été donné aucune
réponse à cinq des 21 appels de fonds lancés à des donateurs
internationaux en faveur de programmes visant à sauver la vie de
personnes touchées par des guerres, des déplacements de population ou
des catastrophes naturelles. Quatre autres appels n’ont même pas permis
d’obtenir 10 % de ce qu’il faudrait pour assurer de nouveau un
semblant de soins de santé élémentaires.
Ce manque d’entrain est particulièrement lourd de
conséquences pour le Burundi, la République du Congo, l’Ouganda, le
Soudan et l’archipel indonésien des Moluques, en faveur desquels,
malgré les besoins sanitaires considérables nés des conflits qui se
prolongent ou se rallument, les donateurs n’ont toujours pas offert de
soutien financier par le biais des programmes sanitaires d’urgence de l’OMS.
L’appel de fonds concernant l’Afghanistan a quant
à lui rapporté moins de 1 % des 2,8 millions de dollars des
Etats-Unis d’Amérique indispensables pour enrayer le déclin de l’état
de santé de la population. Par ailleurs, l’OMS en avait lancé un autre,
combiné, pour le Congo, le Tadjikistan et la région des grands lacs d’Afrique :
il n’a permis de récolter que 10 % des fonds de ce dont l’Organisation,
estime avoir besoin. Dans deux cas seulement — pour le Caucase et l’Angola
— les recettes ont franchi la barre des 50 %.
Globalement, l’Organisation n’a reçu que 18 des 68
millions de dollars qu’elle avait demandé par le truchement du système
d’appels de fonds commun des Nations Unies. Aussi bien, elle n’est pas
la seule institution à souffrir de cette situation : d’après le
Dr Xavier Leus, directeur de son département Secours d’urgence et
action humanitaire, le manque de ressources pour financer des dépenses
autres que l’achat de denrées alimentaires s’est traduit par une
gêne constante dans le cadre de l’appel pour la Sécheresse dans la
Corne de l’Afrique.
« On a du mal a comprendre pourquoi les appels de
fonds donnent de si médiocres résultats. Nous voyons des personnes –
femmes et enfants, surtout – qui, ayant trouvé la force de survivre à
la guerre, à l’exode, à la sécheresse et à l’extrême pénurie
alimentaire, se voient maintenant menacées dans leur existence par des
maladies et des affections que des interventions sanitaires tout-à-fait
élémentaires pourraient leur épargner. Pourtant, bien que le système
des Nations Unies ait opté avec raison pour les appels de fonds
regroupés, les bailleurs ne semblent pas disposés à réagir », a
remarqué le Dr Leus.
Pour le Burundi, par exemple, où a été anéantie une
bonne partie de l’infrastructure sanitaire et où plus de 15 femmes sur
1000 qui mettent au monde un enfant vivant meurent à l’accouchement,
aucun donateur n’a jugé utile d’offrir les 200 000 USD qu’il
faudrait, selon l’OMS, pour réinstaurer les pratiques de la maternité
sans risque.
Au Soudan méridional, ravagé par la guerre, 75 %
des décès et des cas de maladie sont imputables à des maladies
infectieuses dont la plupart seraient évitables. Mais les commandes des
médicaments et vaccins nécessaires pour endiguer les flambées
épidémiques sont suspendues en raison du manque d’argent.
En mars, dans le nord de l’Afghanistan, 900 enfants
sont morts de la rougeole, principalement parce que les services assurant
les soins de santé primaires sont très insuffisants après toutes ces
années de guerre. L’OMS a lancé deux appels de fonds : l’un, d’un
montant de 260 000 USD, pour améliorer les soins de santé
primaires en coopération avec des ONG et les collectivités
locales ; l’autre, de 300 000 USD, pour former ou
recycler du personnel de santé. Il n’y a toujours pas été donné la
moindre suite.
Une partie des sommes demandées a été perçue
rapidement. Des 18 millions de dollars versés, 23 % l’ont été
par la Norvège, 15 % par le Royaume-Uni et l’Australie, 13 %
par les Etats-Unis d’Amérique et 5 à 8 % (chacun) par le Japon, l’Italie,
le Danemark, la Suède et l’Office humanitaire de la Communauté
européenne.
L’OMS a fait usage de son budget ordinaire –
financé par les cotisations des Etats membres et destiné a couvrir le
fonctionnement de toute sa structure mondiale – pour combler cette
déficience et lancer sans tarder des programmes d’aide d’urgence
concernant notamment la détection précoce des épidémies et la lutte
contre celles-ci, l’approvisionnement en médicaments essentiels, la
formation dans le domaine de la maternité sans risques et la prise en
charge des maladies de l’enfance communes. Relevons qu’en cas d’instabilité
la mortalité maternelle et les maladies de l’enfance figurent parmi les
causes de décès les plus fréquentes.
Le Dr Leus précise par ailleurs que, sauf à
trouver sur-le-champ des ressources financières supplémentaires, une
crise peut engloutir en un mois les fonds alloués initialement au budget
ordinaire pour deux ans, avec à la clef des services de santé
sérieusement démunis au moment même ou la vulnérabilité de la
population est maximale.
Les pays nantis sont peut-être découragés par la
pratique de l’intervention en situation d’urgence, ou bien encore ils
jugent qu’il n’y a pas grand-chose à faire, même avec des moyens
financiers.
Or tout laisse supposer le contraire : la
différence peut tenir à l’octroi d’une aide. Une récente étude du
Comité international de secours menée en République démocratique du
Congo a montré que 13 % seulement des victimes (plus d’un million)
de la guerre qui sévit dans ce même pays ont péri par les armes. Les
autres décès ont été dus à la défaillance des services, à l’extrême
vulnérabilité et aux maladies habituelles. Toujours d’après le
Dr Leus, l’OMS sait par expérience que dans les pays en guerre des
programmes sanitaires bien conçus ont des retombées favorables sur la
vie et le bien-être de la population, même quand l’instabilité
prévaut. Il est donc impératif que les donateurs se mobilisent sans
réserve.
Pour plus d’informations, veuillez prendre contact
avec Dr Xavier Leus, directeur, département Secours d’urgence et action
humanitaire, OMS, Genève, Téléphone: +41 22 791 2752/4676; courriel: leusx@who.int ;
Dr Yonas Tegegn, fonctionnaire chargé des relations extérieures,
département Secours d’urgence et action humanitaire, OMS, Genève,
Téléphone: +41 22 791 2722, courriel: tegegny@who.int,
Gregory Hartl: porte-parole, OMS, Genève, Téléphone: +41 22 791 4458;
courriel: hartlg@who.int
On peut se procurer un exemplaire de "Mid Term
Review of WHO Emergency Activities in the Consolidated Appeal
Process" auprès du Dr Tegegn. Tous les communiqués de presse, aide-mémoire
OMS, ainsi que d’autres informations sur le sujet, peuvent être obtenus
sur Internet à la page d’accueil de l’OMS: http://www.who.int/