Monsieur le Président du Comité d’Orientation,
Mesdames, Messieurs les Membres du Comité d’Orientation,
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureuse d’accueillir rue Descartes les acteurs du
Réseau « Eau et Technologies de l’Environnement (RITEAU) » pour leur permettre de dresser un premier bilan après trois ans de fonctionnement, comme vient de le dire Monsieur Jean-Marc Usseglio-Polatera, président
du réseau.
Ce bilan, auquel j’attache la plus grande importance, nous aidera à construire, ensemble, une vision stratégique pour les années à venir. Vous savez toute l’importance que j’attache au sujet de recherche qui est le vôtre. Et ce, d’autant plus que nous sommes tous convaincus de
l’importance planétaire des enjeux liés à l’eau, tels qu’ils ont été exposés au Forum mondial de l’eau de Kyoto en mars ou au sommet du G8 à Evian en juin dernier.
Qu’il me suffise de rappeler ici ces chiffres qui ne sont malheureusement que trop connus : plus d’un milliard d’individus n’ont pas accès à l’eau potable ; trois millions d’enfants meurent chaque année avant l’âge de cinq ans faute d’un accès à l’eau potable. Trois millions, c’est, pour vous donner une idée, l’équivalent de la population de la ville de Paris, qui
disparaît, faute d’eau, chaque année.
On le voit : enjeux sanitaires, alimentaires et humains, mais aussi économiques, environnementaux et politiques sont étroitement liés.
L’urgence de ces questions rend donc indispensable une forte
mobilisation internationale.
La communauté internationale s’est fixé pour objectif de réduire de moitié, d’ici 2015, la proportion des individus privés d’accès à l’eau potable et aux services d’assainissement. La France soutient activement cette priorité : le lancement du débat national sur l’eau (16 septembre 2003) par Mme Bachelot en est la preuve la plus récente.
Ce débat, qui devrait déboucher fin 2004 sur une réforme législative, implique un engagement de tout le gouvernement auquel je suis fière que la recherche contribue activement.
Car la question de la gestion des ressources en eau est un défi qui nécessite des transferts aussi bien de technologie, que d’ingénierie et de compétences de management.
Or, la France possède à cet égard des atouts importants, à commencer par la synergie entre les compétences de nos laboratoires de recherche et le savoir-faire de près de 400 entreprises au sein de votre réseau.
Ces partenariats permettent à notre innovation technologique de bénéficier à la fois de l’accompagnement de grandes sociétés de services de niveau international et de la contribution des petites et moyennes entreprises.
Sans perdre de vue les grands enjeux internationaux, je crois nécessaire que les besoins de proximité des usagers soient pris en compte le mieux possible.
L’assainissement de l’eau, la garantie et le contrôle de sa qualité, y compris par les familles, seront de plus en plus essentiels dans les années à venir.
De même, la prévention des inondations et des crues, ou, au contraire, la gestion économe de l’eau en cas de raréfaction sont autant de sujets sur lesquels nos concitoyens souhaitent être informés de manière claire. Ils attendent aussi de la recherche technologique qu’elle permette
d’améliorer nos capacités d’anticipation, de prévention et de maîtrise des aléas. Pour ma part, j’ai la conviction que nous répondrons d’autant mieux à cette attente que chacun remplira plus efficacement sa mission : les entreprises comme les pouvoirs publics, les chercheurs comme les collectivités locales.
Parmi les champs thématiques abordés par RITEAU, certains ont particulièrement retenu mon attention.
Les projets portant sur la métrologie, les capteurs, la détection et la mesure s’inscrivent ainsi en parfaite cohérence avec notre volonté de renforcer la surveillance de l’environnement ainsi que les dispositifs de gestion et d’alerte. Observation scientifique et surveillance opérationnelle sont, en effet, étroitement liés. Et c’est à vous qu’il revient de rendre
cette interaction aussi opérationnelle que possible.
Les accidents qui se sont produits à Montpellier et Poitiers récemment nous ont montré que les risques sanitaires induits par les systèmes de climatisation sont bien réels.
A cet égard, le projet Légionum visant à mettre au point une méthode rapide et sensible de détection des légionella viables dans l’eau paraît extrêmement prometteur.
Cet exemple illustre à lui seul l’importance stratégique de votre mission : offrir des réponses scientifiquement fondées et socialement légitimées sur des sujets proches des attentes de nos concitoyens.
Le réseau va entrer dans une nouvelle phase de son existence. Je profite de l’occasion qui m’est donnée pour féliciter l’ensemble des acteurs du réseau pour leur mobilisation et en particulier, François Clin, chargé de mission à la Direction de la Technologie, animateur du
réseau. Au-delà, je souhaite connaître le bilan que vous allez dresser de ces trois années. Il serait utile d’identifier avec précision les résultats obtenus par les projets et surtout leur état d’avancement et les conditions d’utilisation des innovations. Par ailleurs, je serais heureuse que vous indiquiez les orientations nouvelles que vous estimez prioritaires. Vous avez déjà réorienté les recherches sur la lutte contre les inondations. Il faudra élargir ces investigations à l’ensemble des risques de contamination liés à des aléas naturels ou, humains, volontaires ou involontaires et à la sécurité des installations.
L’automatisation des systèmes de surveillance, de contrôle et de traitement des sites sensibles fait aussi partie des thèmes prioritaires.
Sans doute aurez- vous d’autres propositions. Nous y serons attentifs. Nous devons en effet veiller à ce que les projets retenus concernent des questions de recherche et correspondent à un besoin d’innovations des entreprises contribuant à leur compétitivité.
Je crois enfin que votre action est appelée à s’inscrire dans un agenda international qui fait de l’eau une priorité. Indispensable à la vie, l’eau se trouve à la source du développement durable et de la préservation des grands équilibres de notre planète. L’apport de la recherche peut y contribuer de manière déterminante.
Lors de la conférence sur le livre vert pour la politique spatiale européenne, j’ai ainsi proposé un renforcement de notre coordination en matière de sciences de l'environnement, que l'on pourrait rebaptiser sciences pour l'action, tant leur vocation est de conduire à des services opérationnels.
Le besoin est, en effet, permanent, si nous voulons que les technologies
spatiales participent notamment à la connaissance et à la gestion des
ressources en eau potable.
Et c’est notre responsabilité d’y parvenir ensemble.
Je vous remercie de votre attention.
Le Comité Interministériel de la recherche scientifique et technologique a retenu le domaine de l’eau et de l’environnement comme priorité pour la recherche. Lors de sa conférence de presse du 4 mai 2000, Monsieur Schwartzenberg, ministre de la Recherche a confirmé cette priorité en annonçant sa volonté de lancer un réseau «Eau et environnement».
Le 21 Septembre 2000, le réseau RITEAU a été mis en place par les trois ministères :
- le Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie - Direction Générale de l'Industrie, des Technologies de l'Information et des Postes
- le Ministère de la Recherche - Direction de la Technologie
- le Ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement - Direction des Etudes Economiques et de l'Evaluation Environnementale.
Le réseau est l'une des trois initiatives consacrées à l'environnement (Eau et Technologies de l'Environnement ; Terre et Espace ; Pollutions marines accidentelles et conséquences écologiques sur le littoral) mises en place par les ministères dans le cadre des actions de recherche technologique.