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FRANCE : communiqué de presse émis par le Ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement
Date : 6 juin 2002

Logo Ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Cliquez sur le logo pour rejoindre le site. Pollutions d'origine agricoles: le PMPOA (programme de maîtrise des pollutions d'origine agricole)





Au sommaire:


Les pollutions d'origine agricoles

L'impact des activités agricoles sur la qualité des eaux est la conséquence des pertes de fertilisants (engrais chimiques, effluents d'élevages, effluents agro-alimentaires et boues) et des produits de traitement des cultures (produits phytosanitaires).

Ces pollutions peuvent empêcher certaines utilisations de l'eau, notamment son emploi pour l'alimentation humaine et animale (eaux souterraines et superficielles), et entraîner une dégradation des milieux aquatiques. Les fertilisants, nitrates et phosphates, concourent ainsi à l'eutrophisation (prolifération des algues) des eaux continentales et littorales, dont les conséquences économiques (impact sur le tourisme, la pisciculture, la conchyliculture,...) s'ajoutent au dommage environnemental et écologique.

Les pollutions ponctuelles sont localisées : fuites d'effluents, issus directement des bâtiments d'élevage ou fuites de produits de traitement des cultures liées à leur manipulation (pendant le remplissage ou la vidange des pulvérisateurs).

Les pollutions diffuses, liées à l'utilisation des fertilisants et des produits de traitement des cultures dans les champs, concernent des millions d'hectares.
Les régions d'agriculture intensive (liée à l'élevage ou aux grandes cultures) sont les plus touchées par la pollution.

Concernant les nitrates, issus de la décomposition de l'azote, on constate une progression de leur teneur dans les eaux bien que variant considérablement dans le temps et dans l'espace. Les estimations attribuent la responsabilité de 55 % des rejets d'azote au milieu naturel à l'activité agricole, de 35 % à l'activité domestique, de 10 % à l'activité industrielle.

Les quantités d'engrais azotés chimiques épandues s'élèvent à 90 Kg/ha/an auxquels s'ajoutent 50 Kg/ha/an pour les effluents d'élevages.

Les teneurs les plus fortes s'observent soit dans les zones de cultures céréalières et maraîchères, soit dans les zones d'élevage intensif où la production d'engrais de ferme épandus dépasse souvent les capacités d'épuration des sols et des cultures.
Concernant le phosphore, bien que les connaissances actuelles soient encore incomplètes (complexité des facteurs et des phénomènes en cause), il est probable que le phosphore soit le facteur de maîtrise de l'eutrophisation pour les eaux douces continentales.

Les estimations faites attribuent 25 % des rejets dans l'eau à l'activité agricole, 50 % à l'activité domestique et 25 % à l'activité industrielle.
Les quantités de phosphore épandues sont de l'ordre de 30 kg/ha/an dont 60 % d'origine chimique.
Ces apports de phosphore chimique ont diminué de près de 50 % en 20 ans.
Cependant, les apports de phosphore issu des engrais de ferme sont concentrés dans les zones d'élevage intensif où les teneurs en phosphore des sols sont déjà élevées.
Concernant les produits phytosanitaires, le rapport publié en 2000 par l'Institut français de l'Environnement (IFEN) confirme que leur présence est préoccupante.
Au total, une centaine de molécules sont détectées à des teneurs et des fréquences variables. L'essentiel de la pollution est toutefois le fait d'une dizaine de molécules, dont principalement les herbicides de la famille des triazines.
Cette pollution affecte en priorité les eaux de surface, les eaux côtières, puis les eaux souterraines mieux protégées.

Pour maîtriser les pollutions d'origine agricole, les pouvoirs publics s'appuient sur la combinaison de différents outils : réglementaires, économiques ou basés sur le volontariat.



Le Programme de Maîtrise des Pollutions d'Origine Agricole

En octobre 1993, les ministères chargés de l'agriculture et de l'environnement ont élaboré en concertation avec les organisations agricoles, un programme de maîtrise des pollutions d'origine agricole : le PMPOA.

Les objectifs

  • Protéger les milieux aquatiques
  • Conserver une agriculture dynamique.

Les principales pollutions des eaux d'origine agricole sont visées. Tous les systèmes de production sont concernés : élevages et cultures.

Les volets de ce programme sont :

  • les pollutions par les produits phytosanitaires,
  • les pollutions par les nitrates :les productions végétales et l'élevage


Les programmes d'action contre les nitrates

C'est la directive européenne 91/676/CEE du 12 décembre 1991 dite directive "nitrates" qui constitue le principal instrument réglementaire pour lutter contre les pollutions liées à l'azote provenant de sources agricoles. Elle concerne l'azote toutes origines confondues (engrais chimiques, effluents d'élevage, effluents agro-alimentaires, boues,..) et toutes les eaux quels que soient leur origine et leur usage.

L'application nationale de cette directive a débuté en 1994 et comprend plusieurs volets :

  • la délimitation de zones vulnérables dans les secteurs où les eaux présentent une teneur en nitrates approchant ou dépassant le seuil de 50 mg/l et/ou ont tendance à l'eutrophisation (prolifération des algues).
    La délimitation actuelle (mai 2000) en France métropolitaine concerne 74 départements. Elle s'appuie sur les observations de la campagne de surveillance de la qualité des eaux souterraines et superficielles (1997-98) qui a confirmé la poursuite de la dégradation de la qualité dans les secteurs pollués.
  • la définition de programmes d'action dans les zones vulnérables s'appliquant à tous les agriculteurs de cette zone.
    Si le 1er programme (1997-2000) visait à corriger les pratiques les plus polluantes, le second (2001-2003) doit permettre l'évolution de ces pratiques afin de protéger, voire de restaurer la qualité des eaux.
    Des objectifs quantifiés de gestion des fertilisants azotés et de couverture des sols sont fixés localement.
  • un code national des bonnes pratiques agricoles d'application volontaire en dehors des zones vulnérables.
  • une évaluation locale et nationale de la mise en oeuvre de la directive est prévue en 2004.


Les principales mesures du 2ème programme d'action sont :

  • le respect de l'équilibre entre les besoins des cultures, les apports en fertilisants azotés et les fournitures des sols ;
  • l'établissement d'un plan de fertilisation et l'enregistrement des apports effectués ;
  • la limitation des apports d'effluents d'élevage : de 210 Kg d'azote/ha épandable par an (au début du programme) pour atteindre 170 kg (au 20/12/2002) ;
  • le respect de périodes d'interdiction d'épandage des fertilisants azotés ;
  • des restrictions d'épandage à proximité des eaux de surface, sur sols en forte pente, détrempés, inondés, gelés ou enneigés ;
  • le respect de durées réglementaires de stockage des effluents d'élevage ;
  • l'obligation de couverture des sols, si nécessaire, et de maintien enherbé des berges de cours d'eau.

Ces mesures sont complétées par :

  • des actions renforcées dans les zones en excédent structurel d'azote lié aux élevages (ZES) : une zone est considérée en excédent structurel d'azote dès lors que la quantité totale d'effluents d'élevage produite annuellement conduirait si elle était épandue en totalité à un apport annuel d'azote supérieur à 170kg d'azote/ha de surface épandable
    Ces actions s'appliquent à l'échelle de l'exploitation et concernent :
      • la fixation de la surface maximale d'épandage autorisée ;
      • l'obligation de traiter ou de transférer les effluents ne pouvant pas être épandus dans la limite de ces maxima ;
      • l'interdiction d'augmenter les effectifs animaux par espèce tant que la résorption de l'excédent structurel n'est pas réalisée. Toutefois, une dérogation peut être accordée pour les jeunes agriculteurs et les exploitations de dimension économique insuffisante.
  • des actions complémentaires dans les zones situées dans les bassins versants en amont des prises d'eau superficielle destinées à la consommation humaine et en situation de dépassement pour le paramètre nitrates .
    Elles s'appliquent à l'échelle de l'exploitation et comprennent :
      • une obligation de couverture hivernale des sols durant la période de risques de lessivage des nitrates vers les eaux ;
      • une obligation de maintien en bordure de cours d'eau de l'enherbement des berges, des surfaces en herbe, des arbres, des haies, des zones boisées et de tout aménagement visant à limiter le ruissellement et le transfert vers les eaux superficielles notamment les talus,
      • des conditions au retournement des prairies,
      • une limitation des apports azotés, toutes origines confondues, identique ou non selon les exploitations,
      • le cas échéant, certaines mesures des actions renforcées prévues en ZES.


La réduction des pollutions par les pesticides

Pour remédier à la contamination préoccupante des eaux de surface ainsi que des eaux souterraines, le Gouvernement mène une politique globale d'intervention, comprenant, outre des aspects réglementaires et fiscaux, un programme national de réduction des pollutions par les produits phytosanitaires lancé en concertation avec l'ensemble des partenaires, tant professionnels qu'associatifs.

Le Ministère chargé de l'environnement porte son effort sur une meilleure connaissance de l'impact des pesticides sur les milieux aquatiques ainsi que sur le développement des solutions préventives et curatives les plus adaptées.


L'amélioration de la connaissance


Les principales conclusions des études réalisées à partir des informationss disponibles par l'Institut français de l'environnement (IFEN) sont les suivantes :

  • on constate une contamination généralisée des eaux de surface et littorales par certaines substances, les eaux souterraines étant moins touchées.
  • les pesticides interviennent dans près d'un quart des causes de non conformité des eaux servant à l'alimentation des populations.

Les services du ministère rassemblent toutes les informations disponibles pour mieux caractériser les impacts des résidus de pesticides sur les organismes aquatiques (écotoxicité).
Ce diagnostic, bien que très partiel, a déjà justifié la remise en cause des autorisations de mise sur le marché de produits contenant certaines substances, et a motivé la mise en place de solutions préventives et curatives.


Les solutions préventives et curatives

Les solutions préventives et curatives ont pour objectif d'améliorer les pratiques des utilisateurs de produits, qu'ils soient agricoles ou non.

En août 2000, a été lancé un "Programme de réduction des pollutions par les produits phytosanitaires" qui prévoit :

Sur le plan national :

  • la mise en place d'une filière de récupération des emballages vides et des produits phytosanitaires non utilisés.
  • un renforcement des contrôles de l'utilisation des produits phytosanitaires. (La loi d'orientation agricole de juillet 1999 a augmenté les pouvoirs de contrôle de l'Administration et prévoit de lourdes peines en cas d'infraction sur les ventes ou sur les utilisations de produits).
  • la conduite des études préalables au futur dispositif de contrôle obligatoire des pulvérisateurs agricoles.
  • le développement des techniques de protection des cultures, alternatives à la lutte chimique.


Au plan régional, le programme prévoit d'intensifier les travaux des groupes régionaux chargés de la lutte contre la pollution des eaux par les pesticides, sous l'autorité des préfets de région.

Les mesures soutenues par l'Etat sont centrées sur des actions préventives développées sur des bassins versants prioritaires.

Ces actions comprendront un diagnostic des causes de pollution par bassin, un plan d'actions comprenant de la formation et du conseil, des diagnostics des pollutions diffuses et ponctuelles au niveau des exploitations, la mise en place de zones tampons ainsi que des investissements collectifs limitant les transferts de pesticides vers les eaux.
Une synergie avec les contrats territoriaux d'exploitation sera recherchée.

En outre, il a été décidé d'appliquer, dès le 1er janvier 2000, le principe pollueur-payeur aux pollutions diffuses d'origine agricole par la création d'une "pollutaxe" sur les produits phytosanitaires dans le cadre de la Taxe générale sur les activités polluantes.
Cette taxe est appliquée aux quantités de substances classées dangereuses entrant dans la composition des produits commercialisés. Le niveau de la taxe varie selon la toxicité et l'écotoxicité des substances.

Les produits ne contenant pas de substances classées dangereuses ne sont pas taxés.

L'objectif de cette taxe est double :

  • inciter les industriels à développer des substances moins toxiques pour l'homme et l'environnement ;
  • inciter les agriculteurs à choisir les produits les moins nocifs.

L'instauration de cette taxe a donné lieu à une large information des utilisateurs sur les dangers liés aux substances entrant dans la composition des produits phytosanitaires.


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