FRANCE : communiqué de presse du Ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement
Paris, le mardi 11 janvier 2000Intervention de Mme la Ministre à lAssemblée Générale de lassociation Française des Etablissements publics territoriaux de Bassin
Monsieur le Président,
Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs,
Ma présence aujourdhui à votre
assemblée générale, un an seulement presque jour pour jour après votre constitution,
se veut dabord une reconnaissance de lintérêt que mon ministère accorde à
vos établissements, et ceci comme vous lavez souligné, dans ses deux
composantes : environnement et aménagement du territoire.
La nécessité dune gestion de leau globale dans chaque
bassin versant fait partie des principes posés par la loi sur leau du 3 janvier
1992, qui fondent la gestion de leau à la " française ". Le
projet de directive cadre sur leau en cours délaboration étend ce principe
de gestion globale au niveau communautaire. La France ne ménage dailleurs pas ses
efforts pour un aboutissement rapide de ce projet dans lequel jaurai probablement à
mimpliquer personnellement au cours de la présidence française de lUnion
européenne au deuxième semestre de cette année.
Les établissements publics que vous représentez ont un rôle
essentiel à jouer pour que cette gestion globale ait une réalité concrète sur le
terrain. Comme je lai souligné le 8 novembre dernier à lAssemblée Nationale
en réponse à une question de Jean LAUNAY, ceci suppose que vous trouviez votre juste
place, pour agir dans la plus parfaite complémentarité avec les autres acteurs de
leau.
Vous le savez, les " institutions de Bassin "
créées par la loi sur leau de 1964, cest-à-dire les comités de bassin et
les agences de leau, ont parfois vu la création de votre association avec quelque
inquiétude, car ils craignaient lapparition de concurrents. Je ne crois pas que ce
soit le cas.
Les comités de bassin constituent par excellence un lieu de débat où
sexaminent et se discutent les orientations de la politique de leau dans les
" grands bassins versants ". Tout le monde y est en effet
représenté : Etat, collectivités, milieu socio-professionnels, associations, etc.
Ils ont ainsi par exemple parfaitement rempli ce rôle lors de
lélaboration des SDAGE.
Les agences de leau sont quant à elles un excellent outil pour
organiser la solidarité économique et financière à léchelle des
" grands bassins versants ".
Les établissements publics territoriaux de bassin ont eux comme
vocation de concrétiser cette solidarité dans les bassins versants
" géographiques " (la Loire, la Garonne, laxe Rhône-Saône, la
Seine, lAdour, etc., pardon pour tous ceux que jomets), en y coordonnant
laction des collectivités locales et en assurant la maîtrise douvrage des
actions dintérêt commun à ces bassins.
Vous avez ainsi cité, monsieur le Président, des exemples de champ
daction privilégié de vos établissements que je reprendrai bien volontiers à mon
compte :
- Premier champ dintervention, la prévention des inondations,
hélas tragiquement dactualité : je tiens à cet égard à saluer la présence
aujourdhui dun représentant de linstitution interdépartementale des
basses plaines de lAude qui participe je crois pour la première fois à vos
travaux. Son rôle sera essentiel pour coordonner et entreprendre les aménagements dont
les événements des 12 et 13 novembre derniers ont souligné la nécessité. Je souhaite
quà cette fin, linstitution interdépartementale des basses plaines de
lAude puisse étendre sa compétence à lensemble du bassin de lAude,
car une politique efficace de prévention des crues ne saurait se cantonner à laval
des fleuves.
Cest également essentiellement dans ce but de prévention des
inondations que mes services ont soutenu et accompagné la création de lEPAMA (sur
la Meuse) à la suite des grosses crues de 1995.
- Second grand domaine daction, la contribution à une meilleure
gestion de la ressource en eau : lélaboration dun plan de gestion des
étiages pour lAdour, à linitiative du Président Miqueu et en étroite
collaboration avec mon ministère, en est une illustration ;
- la restauration des rivières, la préservation et la reconquête des
milieux naturels aquatiques, ensuite dans laquelle sinscrit par exemple
laction des institutions Rhône-Saône et Saône-Doubs, accompagnée par lEtat
et ses établissements publics dans le cadre du programme consécutif à labandon du
canal Rhin-Rhône.
Laction des établissements publics territoriaux de bassin doit
également sappuyer sur celle des nombreux maîtres douvrages locaux,
syndicats de rivières voire structures associatives, qui entreprennent maintes actions
plus ponctuelles que les vôtres.
Cest ainsi, dans le respect des compétences et des apports de
chacun, qui peut se construire concrètement, effectivement, la gestion globale de
leau que les textes prévoient et que jappelle de mes voeux.
Laction et lintérêt de vos établissements ne se limitent
pas toutefois à cet aspect. Nombre dentre vous simpliquent également dans
laménagement du territoire et le développement local, autour de laxe
structurant que constitue la vallée dune rivière ou dun fleuve :
linstitution Lot ou lEPIDOR (sur la Dordogne) en sont dexcellents
exemples.
Pour toutes ces raisons, le ministère de laménagement du
territoire et de lenvironnement est bien évidemment un partenaire privilégié des
établissements publics territoriaux de Bassin et de leur association. Ce partenariat
sest déjà traduit, et je vous en remercie de men avoir donné acte, par des
contacts nombreux entre mes services et vous et par lintroduction dune
représentation officielle des établissements publics territoriaux de bassin dans les
comités de bassin lors de la modification de leur composition à laquelle jai
procédé dernièrement, pour accroître la représentativité de ces comités.
Cette collaboration se poursuivra naturellement dans le cadre de la
préparation du projet de loi sur leau que jentends soumettre au Parlement à
la fin de cette année.
Le point principal de ce projet qui concerne vos établissements
publics, cest la réforme en profondeur des redevances des agences de leau à
laquelle je souhaite procéder, pour quelles appliquent mieux le principe
pollueur-payeur. Ainsi la réforme de la redevance de prélèvement, à laquelle vous
êtes associés vise à ce que à terme, cette redevance ne dépende plus du type
dusage de leau, parce quil ne me paraît pas légitime que le même
mètre cube deau soit, comme cest le cas actuellement, taxé jusqu'à 40 fois
plus sil sert pour la distribution deau potable que sil est utilisé
pour lirrigation.
Cest dans le même esprit que mes services étudient la
faisabilité dune redevance sur la modification du régime des eaux. Je sais que ce
projet vous inquiète ; vous serez naturellement associés à la réflexion à son
sujet. En tout état de cause, il me paraît pas illogique de considérer que la
dérivation dun cours deau ou la création dun barrage peuvent
constituer pour la rivière une perturbation , à linstar dun rejet polluant
ou dun captage.
La réforme vise aussi à accroître louverture et le
fonctionnement démocratique du secteur de leau dans son ensemble. Je passe sur la
nécessaire amélioration de la transparence du service public de leau et de
lassainissement, qui si elle nous touche tous en tant que citoyens, sort du cadre de
nos échanges daujourdhui. Cette plus grande ouverture a toutefois des aspects
qui vous concernent : elle sest déjà traduite par lélargissement des
comités de bassin qui vous a permis den être officiellement membres ;
cest également dans ce cadre que la modification de la composition du comité
national de leau (CNE) sera réalisée, ce qui permettra de vous y faire la place
que légitimement vous sollicitez.
La troisième priorité de la réforme, enfin, cest
lamélioration de laction publique dans le domaine de leau, par une
modification cohérente de lensemble des structures et des moyens disponibles. Elle
sest notamment caractérisée par la création, dès cette année, du fonds national
de solidarité sur leau (FNSE), section du nouveau fonds national sur leau
(FNE) qui regroupe également le FNDAE. Le fonds national de solidarité sur leau
(FNSE) permettra de mieux financer les grandes politiques nationales dans le domaine de
leau qui, excédant les limites des bassins-versants, sont parfois insuffisamment
prises en compte par les agences de leau ; la restauration des rivières, la
prévention des inondations, la protection des zones humides en font notamment partie.
Bien sûr, vos établissements sont éligibles à ces financements.
Cest dailleurs à mon sens un bout de la réponse à la
demande que vous mavez exposée : celle dun partenariat accru entre les
établissements publics territoriaux de bassin et lEtat, dans le cadre de contrats
spécifiques inscrits dans les contrats de plan.
Une telle démarche est engagée sur un de vos bassins, et pas le
moindre : il sagit du plan Loire grandeur nature ; jai en effet
veillé à ce que sa deuxième phase sinscrive dans les prochains contrats de plan
Etat-région, dont elle constitue une excellent volet interrégional, qui symbolise au
mieux les principes de développement durable dans lesquels la prochaine génération de
contrats de plan sinscrit.
De nombreux autres programmes que vous portez ont sans nul doute la
même vocation : programmes Rhône et Saône, programme Dordogne, programme Lot,
programme de prévention des inondations dans le bassin de lOise, etc.
Les calendriers délaboration des contrats de plan nont
toutefois pas toujours permis que ces programmes soient toujours clairement identifiés
dès maintenant en tant que tel dans les contrats des régions concernées. Rien
nempêche toutefois quils y soient soutenus ; en ce qui concerne mon
ministère, le fonds national de solidarité de leau pourra y contribuer. Vous
pouvez compter sur moi pour insister à chaque fois que nécessaire auprès des préfets
pour que la cohérence de vos programmes soit alors préservée.
Vous laurez compris, jattends beaucoup des établissements
que vous représentez, qui peuvent et doivent devenir des maillons essentiels de la
gestion globale de leau et de laménagement durable de ce territoire dans
notre pays. Létroit partenariat qui sétablit entre mes services et vous y
contribuera sans nul doute.
Je vous remercie de votre attention.