FRANCE
communiqué de presse du Ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement
Paris, le 23 novembre 1999
Discours de la Ministre sur la prévention des risques au Congrès des Maires de France
Mesdames et Messieurs
les élus,
Mesdames Messieurs,
Les inondations dramatiques qui ont dévasté quatre départements du
sud de notre pays la semaine dernière sont venues nous rappeler que les catastrophes
naturelles ne frappent pas que des pays lointains et déshérités, mais que les risques
sont bien présents chez nous aussi.
Aujourdhui, nous partageons la tristesse des familles
endeuillées, nous rendons hommage au courage des élus, des sauveteurs, des
administrations et de tous les citoyens qui se sont mobilisés pour venir en aide à ceux
qui étaient plongés dans la détresse. Nous évaluons les dégâts avant de les
réparer.
Le premier ministre est venu présenter la solidarité matérielle et
morale du Gouvernement aux populations concernées dans lAude, vendredi dernier.
Retenue à lAssemblée Nationale pour la discussion du budget de mon ministère,
jai demandé à mon directeur de la Prévention des Pollutions et des Risques,
Philippe Vesseron, de me représenter à cette occasion.
Viendra le temps de tirer collectivement les leçons de cette
catastrophe, passées les polémiques artificielles, et de déterminer les moyens à
mettre en uvre pour assurer une protection renforcée des personnes et des biens
face au retour de tels événements.
Je voudrais saisir loccasion de cet atelier organisé par mon
ministère pour souligner limportance de la prévention des risques naturels.
Le territoire français est concerné à des degrés divers par
plusieurs types de risques : inondations, mouvements de terrain, avalanches,
séismes, incendies de forêts, érosions littorales, cyclones et éruptions volcaniques.
Face à cela, une politique de prévention vise tout dabord à assurer la sécurité
des biens et des personnes. Au delà, il sagit de permettre un développement
durable compatible avec la manifestation de ces phénomènes. La prévention rejoint ici
le principe de précaution.
Les chiffres sont sans appel : lindemnisation des catastrophes
naturelles représente à elle seule un coût de 2,5 milliards de francs par an, en
moyenne, depuis 1989, dont 1,4 milliard pour les seules inondations. Seule une meilleure
prévention des risques permettra de réduire la facture laissée par ces événements
exceptionnels sur les populations et leurs activités. Nous devons faire le pari
quil vaut mieux prévenir que guérir ; il faut réduire la vulnérabilité des
villes et des villages face à ces catastrophes naturelles.
Préserver de lurbanisation les espaces les plus exposés aux
phénomènes naturels, chercher les voies dun développement intégrant les
conditions naturelles du site, valoriser les terrains exposés par des utilisations des
sols adaptées aux risques naturels sont autant dactions qui concourent à fonder
une véritable politique de prévention.
Le développement des territoires dépend de notre capacité à
composer avec la nature dans un souci déconomie de projets et de réduction des
risques mais aussi des coûts socio-économiques pour nos concitoyens. Il en va là de la
responsabilité de lEtat au titre de la solidarité nationale mais aussi des
collectivités locales qui doivent pouvoir trouver, au delà des contraintes posées par
les risques naturels, des potentialités de développement local.
Cest pour ces différentes raisons que cette politique est
prioritaire dans mon ministère et que jai mobilisé tous les services pour y
contribuer. Depuis 1997, les crédits relatifs à lélaboration des PPR et des
documents dinformation préventive des citoyens ont ainsi doublé. Ils atteindront
75,5 M.F en 2000.
En outre, jai obtenu le financement des PPR à parité par le
fonds de prévention des risques majeurs pour accélérer leur approbation. Ce qui portera
les moyens disponibles en 2000 à 151 MF. Lobjectif de 2000 PPR en 2000 a été
tenu.
A cet égard, je tiens à féliciter particulièrement M. Naudi, Maire
de Tarascon sur Ariège, dont la commune est la 2000ème à se doter dun
PPR. La commune de Tarascon a dailleurs bénéficié dune autre procédure de
prévention des risques : lexpropriation pour risque naturel majeur.
Lélaboration des PPR qui permet de réglementer
lurbanisme, la construction et la gestion des terrains dans les zones exposées,
sinscrit dans une politique plus large comprenant six actions :
- lamélioration de la connaissance des phénomènes ;
- la surveillance des phénomènes et la préparation de la crise ;
- linformation des populations ;
- la prise en compte du risque dans les décisions daménagement ;
- la réduction de la vulnérabilité des installations existantes ;
- le retour dexpérience pour améliorer le dispositif de
prévention.
Cette politique ambitieuse nécessite de mobiliser lensemble des
acteurs. Il faut en effet développer une culture du risque : le rapport riche et complet
que le député Yves Dauge vient de remettre au premier ministre va dans ce sens.
Jétudie les propositions de ce rapport qui pourront recevoir une concrétisation
rapide.
Il faut aussi développer des projets de prévention économiquement
justifiés en passant dune politique dinterdiction à une politique
dinnovation et dimagination pour la valorisation des espaces à risque.
Les responsabilités de chacun doivent être précisées et une
meilleure coopération doit exister entre les acteurs : cest bien sûr lEtat
qui est responsable des PPR, mais les collectivités locales, avec lesquelles sont
étudiées les conditions dun développement intégrant les risques naturels, sont
des partenaires essentiels. Plus généralement, tous les acteurs de la société civile
doivent se sentir concernés par cette politique de prévention.
En matière dinondations, je souhaite ainsi orienter
laction de mon ministère sur trois axes principaux :
- la maîtrise de lurbanisation dans les zones inondables dans le
cadre des PPR et la préservation des champs dexpansion des crues.
- lamélioration de la prévision des phénomènes par une alerte
des populations plus rapide, mieux ciblée et donc plus efficace. Mon ministère
subventionne ainsi linstallation de cinq radars hydrométérologiques sur le
pourtour méditerranéen. Un radar doit ainsi être mis en service à Opoul (Pyrénées
Orient.) lannée prochaine.
- la protection des sites déjà urbanisés si les dispositifs existants
ne sont pas suffisants. Le ministère a ainsi consacré 1,5 milliard de francs dans les
cinq dernières années à laménagement et à lentretien de cours deau.
Cet effort sera poursuivi.
Pour être efficace, cette politique doit reposer sur un partenariat et
une collaboration étroite avec les collectivités que vous représentez. Chacun doit en
effet se mobiliser pour protéger les biens et les personnes sans quil ne perçoive
cette politique de prévention comme une " mise sous cloche ".
Je vous remercie à cet égard davoir bien voulu assister à cet
atelier débat pour témoigner et faire part de projets locaux de prévention
complémentaires aux PPR. Je tiens à ce que les PPR ne soient pas ressentis seulement
comme des contraintes mais plus largement comme des moyens de préserver nos concitoyens
de dommages quils pourraient subir et de valoriser les espaces de nature qui jouent
un rôle essentiel dans le développement de nos territoires.
Je souhaite également que la société civile dans son ensemble, et en
particulier le monde associatif, puisse apporter sa contribution à une politique de
solidarité nationale qui exige la prise de conscience de chacun et leffort
conjugué de tous.
Chacun doit maintenant rester mobilisé, au premier chef les services
de lEtat, pour poursuivre cette politique et atteindre lobjectif ambitieux de
doter 5000 communes dun PPR en 2005. Laide de mes services vous est
naturellement acquise comme vous le confirmera, tout à lheure, son directeur,
Philippe Vesseron, qui est aussi délégué interministériel aux risques majeurs.
Collectivités locales, société civile, Etat, nous devons tous unir
nos efforts et agir ensemble pour prévenir les risques. Une telle association sera
dautant plus efficace quelle sera stable et durable et que ses trois
composantes seront solides et solidaires.
Je souhaite en ce sens un partenariat approfondi et confiant avec les
collectivités locales et je reste à votre disposition pour poursuivre des démarches
originales de concertation et mobilisation de tous pour la prévention des risques et
éviter que dautres catastrophes ne créent éternellement dautres souffrances
et dautres dommages.
Ce partenariat peut notamment se concrétiser dans le cadre des futurs
contrats de plan, et de nombreuses régions ont déjà fait état de leur volontarisme. La
définition des actions à entreprendre devra dailleurs donner lieu à un large
débat sur le niveau de risques contre lequel on souhaite se préserver ; nos
sociétés sont de moins en moins tolérantes au risque, il est bon que chacun puisse
débattre du niveau de risque et donc du degré de protection indispensable.
Vous me pardonnerez de ne pas pouvoir rester davantage pour assister à
vos travaux mais je dois me rendre aux questions dactualité de lassemblée
nationale.
Je vous remercie de votre attention.