Les Français sont-ils concernés par l'environnement ?
Ils sont sensibles et concernés, et pour longtemps
La plupart du temps, neuf Français sur dix se déclarent sensibles ou concernés lorsqu'on leur pose la question directe : " Etes-vous concerné, sensible ou attentif, aux problèmes d'environnement ? ". Mais les problèmes d'environnement ne relèvent pas uniquement d'un intérêt passager pour l'actualité. En 1995, 76% des Français (et 82% des Européens) considèrent la protection de l'environnement comme " un problème immédiat et urgent ". Même si le sentiment d'urgence s'est un peu émoussé depuis 1992, les différents pays européens ont tendance à converger sur cette opinion. En 1994, environ 60% des Français n'étaient plutôt pas d'accord pour assimiler l'écologie à un simple phénomène de mode. => page 16
Quelles sont leurs principales sources de préoccupation ?
L'air, l'eau, les changements climatiques et les biotechnologies
70 à 80% des Français se disent très préoccupés par les atteintes à l'air et à l'eau. Un tiers environ d'entre eux se déclare très préoccupé par les problèmes de qualité du cadre de vie (urbanisation croissante, dégradation des paysages). Le changement climatique se dégage comme source de préoccupation croissante : il concernait 27% des Français en 1992 contre 35% en 1998. Les deux tiers des Français s'opposent à la culture en France de plantes génétiquement modifiées. 41% d'entre eux pensent qu'elles apportent un léger progrès à l'agriculture française, 17% un progrès important, 37% aucun progrès et 5% ne savent pas. De manière générale, les Français restent méfiants sur l'intérêt des biotechnologies. En 1995, 62% des Européens interviewés (69% en 1992) se disent assez ou très inquiets des risques pour l'environnement liés au développement des biotechnologies dans leur propre pays. => page 26
Comment les Français jugent-ils les problèmes d'environnement dans le futur ?
Il y aura encore des tremblements de terre et des déchets radioactifs,
mais plus de " vaches folles "
Alors que 60% des Français estiment en 1996 que les tremblements de terre " présenteront encore un danger dans cinquante ans ", seuls 13% pensent de même à propos de la maladie de la " vache folle ". La même année, 75% des Français considèrent que les déchets radioactifs présenteront encore un danger pour les populations dans cinquante ans, alors qu'ils sont 42% à se sentir personnellement mis en danger par ces déchets au moment de l'enquête. L'année suivante, ils estiment à l'unanimité (99%) qu'il est fondamental de préserver l'eau dans l'intérêt des générations futures. => page 29
Les Français sont-ils bien informés sur l'environnement ?
Non, et ils s'en plaignent
Dans le domaine de l'eau, de moins en moins de Français sont en mesure d'estimer un prix moyen du mètre cube d'eau. Ils ont du mal à repérer les différentes composantes des postes figurant sur leur facture d'eau, et plus de la moitié d'entre eux pense à tort que les eaux usées sont directement retraitées pour faire de l'eau potable. Bien que ce résultat se soit amélioré, une majorité de Français (80%) pense en 1992 qu'au cours des cinquante dernières années la surface de la forêt en France avait plutôt diminué ou était restée stable, alors qu'en réalité elle avait augmenté. Alors qu'une majorité de Français estime en 1997 qu'on leur dit la vérité sur les accidents de la route, par exemple, il n'en est pas de même pour ce qui est du stockage des déchets radioactifs : 80% d'entre eux jugent insuffisante l'information fournie à ce sujet. => page 33
Les Français sont-ils prêts à payer le prix de la protection de l'environnement ?
Pas sous forme de taxes et encore moins sur le prix de l'essence
Les Français sont d'avantage prêts à payer une " valeur ajoutée environnementale " qu'à contribuer par une taxe, une imposition ou un péage à une politique plus globale dont on perdrait de vue l'exécution. En 1997, ils sont 88% à considérer que le nettoyage des eaux usées nécessite des investissements lourds et 71% à trouver normal de payer dans le prix de l'eau qu'ils consomment le coût de ce traitement. Les mesures s'appuyant sur des leviers financiers apparaissent toujours impopulaires. Une augmentation du coût du carburant est majoritairement rejetée. La " réduction de la pollution par des taxes plus élevées sur les véhicules privés et les carburants " est la seule proposition, parmi quinze mesures, qui ne soit pas l'objet d'un soutien majoritaire au sein de l'Union européenne. 80% des Français discréditent l'idée des péages pour accéder aux centres-villes. => page 52
Les Français sont-ils des consommateurs verts ?
De plus en plus, mais ils connaissent mal les produits
De 1995 à 1998, la proportion de français déclarant avoir eux-mêmes rarement acheté, au cours de douze mois précédents, des produits biodégradables pour le ménage est restée plutôt stable (un peu plus d'un quart) tandis que ceux disant en avoir acheté régulièrement sont plus nombreux et ceux qui ne l'ont jamais fait diminuent. Les produits recyclés bénéficient plutôt d'une bonne image auprès des Français en 1997 : 82% estiment qu'un produit recyclé répond aussi bien qu'un produit classique à l'usage qu'ils en attendent, et 77% pensent que les deux sont d'aussi bonne qualité. Un enthousiasme qui se généralise lorsqu'il est question du papier recyclé : entre 1994 et 1998, neuf Français sur dix (comme tous les Européens) se disent personnellement prêts à " utiliser de préférence du papier recyclé " pour lutter contre la dégradation de l'environnement. Enfin, en 1997, 54% de ceux qui n'ont jamais acheté d'ampoules basse consommation (la majorité des Français) ne savent pas de quoi il s'agit ou ne s'estiment pas assez informés sur leur utilité. => page 58
AgricultureLes pratiques actuelles sévèrement jugées
En 1998, les deux tiers des Français s'opposent à la culture d'OGM sur le territoire métropolitain. Ils désignent les agriculteurs comme les principaux responsables de la dégradation de l'eau en 1997. 20% d'entre eux pensent en 1998 (10% en 1997) que l'agriculture biologique va remplacer l'agriculture classique à l'avenir et 29% (contre 20% en 1997) imaginent qu'elle sera aussi répandue. => page 75
Air
Des craintes pour la santé
Entre 1992 et 1998, 70 à 74% des Français se disent très préoccupés par la pollution de l'air. Pour lutter contre la pollution de l'air dans les grandes villes, 54% choisissent en 1998 l'augmentation des transports publics, 37% l'interdiction des centres-villes aux voitures. Les propositions concernant les comportements sont plus prisées que les solutions technologiques telles que le véhicule électrique (36% de réponses) ou l'essence peu polluante (29%), mais deux Français sur trois n'ont jamais délibérément utilisé les transports en commun plutôt que la voiture pour contribuer à préserver l'environnement. => page 81
Aménagement du territoire
"Small is beautiful"
En 1998, qu'il s'agisse de transports, d'enseignement supérieur, de santé ou de commerce, entre 70 et 80% des Français souhaitent qu'on privilégie dans leur région les équipements locaux ou de proximité aux grands équipements. De 1993 à 1998, l'aéroport est jugé comme l'installation la plus gênante pour les riverains (plus de 35 % de réponses en 1993, plus de 50% en 1998). Depuis 1990, environ 95% des personnes interrogées refuseraient de vivre à proximité d'un site de stockage de déchets radioactifs et chimiques. => pages 91 et 103
Déchets
Les Français prêts à trier
Si les déchets ménagers ne sont pas considérés comme les plus dangereux, ils sont ressentis comme particulièrement gênants (plus qu'une centrale nucléaire dans certaines enquêtes). Entre 1995 et 1998, 70% des Français ont régulièrement trié le verre pour le recyclage au cours des douze derniers mois. Le papier est la deuxième grande catégorie de matière triée, en nette progression (de 36% en 1995 à 45% en 1998). Les pratiques sont inégales pour les autres types de déchets (déchets toxiques, plastique, piles, huile, encombrants, médicaments). => page 109
Eau
Les Français pas assez informés
Les Français sont globalement satisfaits de la qualité de l'eau du robinet mais la connaissent mal. De 1995 à 1998, le prix du m3 est mal estimé, les différents postes de la facture d'eau sont peu connus et la moitié des Français pense en 1998 que les eaux usées sont directement retraitées pour faire de l'eau potable. => page 121
Industrie
Les industriels, premiers incriminés
L'industrie est considérée comme la principale responsable des problèmes d'environnement quelle que soit la formulation de la question (46% des réponses en 1994, 44% en 1998). En 1997, près d'un Français sur deux s'estime personnellement mis en danger (lui-même ou ses proches) par le transport des matières dangereuses, les centrales nucléaires et les déchets chimiques, deux sur cinq par les installations chimiques et les déchets radioactifs. Les Français font peu confiance aux autorités dans ces domaines (entre un quart et un tiers de réponses positives en 1997 et 1998). => page 147
Paysages et usages de la nature
Une préoccupation relativement faible
L'insatisfaction la plus marquée vis à vis du paysage concerne en 1994 les emplacements et la quantité de panneaux publicitaires, puis les lignes électriques et téléphoniques aériennes et le paysage urbain des banlieues. La même année, 55% des Français pensent qu'en 10 ans les paysages se sont améliorés, 42% pensent le contraire. En 1997, seuls 5% des personnes interrogées estiment que l'exploitation touristique sauvage de certaines zones (littoral, montagne) est une atteinte grave à l'environnement, résultat stable depuis 1992. Neuf Français sur dix estiment que les autres espèces vivantes ont autant le droit d'exister que les êtres humains. Les Français ont une vision plutôt anthropomorphique des animaux (sympathie et popularité) et ils sont divisés au sujet de la chasse : en 1998, 49% désapprouvent la chasse telle qu'elle est pratiquée en France et 39% l'approuvent. => pages 155 et 161
La sensibilité écologique des Français à travers l'opinion publique
Ouvrage publié par l'Ifen
Réalisé par Michelle Dobré et Clotilde Caraire
Collection " dossiers " - Novembre 2000
188 pages - 200 francs
Diffusion : Ifen - 02 38 79 78 78
Contact presse : Christel Leca - 01 40 20 44 05