Paris, 12 octobre -- La communauté scientifique a le devoir d'apporter une réponse objective aux angoisses qui naissent et s'amplifient du fait de l'application des technologies avancées à l'agriculture et à l'élevage, a déclaré Jacques Diouf, Directeur Général de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et de l'agriculture, dans une conférence prononcée aujourd'hui à l'Académie des Sciences à Paris.
En traitant de la question de l'éthique scientifique et de la problématique alimentaire, Jacques Diouf a insisté sur les bénéfices que la science a apportés à l'agriculture et sur l'immense tâche de nourrir une population mondiale qui atteindra 9 milliards de personnes en 2030, tout en évaluant de façon réaliste les limites et des risques de la technologie.
"Si les progrès en agriculture, lato sensu, ont permis d'obtenir des résultats si positifs et concrets, pourquoi donc tant de peur, d'angoisse et de réactions d'hostilité à l'égard de certaines de ces technologies, surtout les biotechnologies ?" a demandé Jacques Diouf.
S'il est vrai qu'il convient de ne pas nier la réalité des risques, et qu'il est nécessaire de prendre les mesures conservatoires appropriées, cette angoisse s'explique par des facteurs psycho-philosophique ainsi que par des craintes fondées sur les risques d'ordre sanitaire et environnemental. Un troisième élément de cette explication est médiatique. "Les impacts négatifs et les risques sont amplifiés dans un contexte où l'opinion publique réagit et fait pression sur les dirigeants, en ayant recours au refus de consommation, aux protestations, aux manifestations et à la sanction électorale".
La société civile est maintenant sensibilisée et ses préoccupations sont relayées par des médias puissants, notamment la télévision, dont les images sont diffusées sur l'ensemble du globe par l'intermédiaire de satellites de plus en plus nombreux.
"Il se crée ainsi une psychose anti-technologie qui empêche souvent de discerner ce qui relève des fantasmes ou ce qui constitue des risques réels nécessitant l'application du principe de précaution », a signalé Jacques Diouf. "Face aux clameurs de l'excitation, l'homme de science doit, avec sérénité et sens de la mesure, essayer de donner des réponses marquées du sceau des attributs de sa fonction : des éléments quantifiables et vérifiables."
Si d'immenses progrès ont été accomplis, "plusieurs siècles de progrès technique ne permettent toujours pas de satisfaire le plus fondamental des droits de l'homme, celui à la nourriture." Plus de 800 millions de personnes souffrent encore de la faim et de malnutrition de par le monde.
En outre, un danger subsiste, peut être le plus dangereux, celui de la raréfaction de l'eau douce. "La quantité disponible par habitant diminue rapidement avec l'accroissement de la population. L'eau va certainement être la source la plus importante de conflits pour le prochain millénaire," a averti Jacques Diouf.
La conclusion, selon Jacques Diouf, c'est que l'homme de science se trouve devant la quête de deux objectifs difficilement compatibles : "Il doit au sein de la biocénose, augmenter la productivité alimentaire, tout en maintenant l'équilibre biologique. Il doit aussi, au sein de la biosphère, assurer un environnement sain et sans risque pour l'homme."
Et il a ajouté : "Dans la quête perpétuelle du savoir indispensable au progrès humain, la marge est étroite entre l'errance d'une exploration funeste et l'éclair de génie salutaire."
Pour toute information sur la FAO, consulter le site web de la FAO:
http://www.fao.org/DEBUT.HTM
ou contacter le Bureau de presse de l'Organisation au 39.06.57053473.