Conférence internationale sur l'agriculture de conservation (Madrid,
1-5 octobre)
Madrid/Rome, 1er octobre 2001. - Les méthodes de culture intensive
à l'aide de tracteurs et de charrues sont une des causes principales
de perte et de dégradation des terres dans de nombreux pays en
développement, souligne l'Organisation des Nations Unies pour
l'alimentation et l'agriculture (FAO) à l'occasion de l'ouverture
aujourd'hui du Congrès mondial sur l'agriculture de conservation,
à Madrid (Espagne).
En particulier dans les zones les plus chaudes, où la couche arable
est fine, les façons culturales traditionnelles contribuent à
la perte des sols. La dégradation des terres se produit également
dans les pays industrialisés en raison des labours mécanisés
à outrance à l'aide de gros engins, ajoute la FAO.
Si les agriculteurs appliquaient des méthodes écologiquement
rationnelles et le concept d'agriculture de conservation, des millions d'hectares
de terres pourraient être protégés et sauvés de
la dégradation et de l'érosion.
"Il faut modifier la façon dont les sols sont cultivés
aujourd'hui," selon Madame Louise Fresco, Sous-directrice générale
de la FAO, Département de l'agriculture. "Si l'on veut une agriculture
durable, attrayante du point de vue économique et acceptable sur le
plan social, il faut qu'elle exploite le potentiel productif des ressources
génétiques végétales et animales le mieux
adaptées à l'environnement local. Cela implique exploiter plus
rationnellement les ressources naturelles disponibles sans les appauvrir."
L'agriculture de conservation signifie réduire au minimum la
préparation des sols et conserver une couche de feuilles, de tiges
et de pédoncules de la culture précédente, qui protège
de la chaleur, du vent et de la pluie, maintient le sol au frais et réduit
les pertes d'humidité par évaporation. Cela entraîne
également une diminution des coûts de carburant, de main
d'uvre, et de machines agricoles, selon la FAO. La rotation des cultures
est indispensable pour réduire les infestations de ravageurs et les
maladies.
Dans le monde, l'agriculture de conservation est actuellement pratiquée
sur quelque 58 millions d'hectares, des tropiques jusqu'à proximité
du cercle arctique: la plupart aux Etats-Unis (environ 20 millions d'ha),
au Brésil (13,5 millions d'ha), en Argentine (9,5 millions d'ha),
au Canada (4 millions d'ha) et au Paraguay (800 000 ha). Le système
a été adapté aux cultures céréalières
et aux légumineuses, ainsi qu'à la canne à sucre, aux
légumes, aux pommes de terres, aux betteraves, au manioc et aux fruits.
"Les agriculteurs du monde entier commencent à accepter l'idée
que le labour zéro réduit les coûts des intrants,
améliore la qualité du sol et réduit l'érosion
et la pollution", indique la FAO.
Pour le paysan, l'agriculture de conservation est attrayante car elle
réduit les coûts de production, de main d'uvre et permet
de gagner du temps. La préparation du sol est, de toutes les
activités agricoles, la plus grosse consommatrice d'énergie
et la plus polluante. S'ils ne labourent pas leurs terres, les agriculteurs
peuvent gagner 30 à 40 pour cent de leur temps, des coûts de
main d'uvre et de carburant, par rapport aux méthodes
traditionnelles. Dans les systèmes mécanisés, les
coûts d'investissement et d'entretien des machines agricoles sont plus
faibles à long terme.
Dans de nombreuses zones, après plusieurs années d'agriculture
de conservation, on a vu renaître des sources naturelles qui avaient
disparu, indique la FAO. L'eau s'infiltre aisément sur les sols où
l'on pratique une agriculture de conservation, accroissant le niveau de la
nappe phréatique, réduisant l'écoulement de surface
et, de ce fait, l'érosion des sols.
« L'agriculture de conservation atteint des rendements comparables à
ceux de l'agriculture intensive moderne, avec l'avantage qu'elle le fait
de façon durable », souligne la FAO. "Les rendements tendent
à augmenter avec les années et les écarts de rendements
diminuent".
L'agriculture de conservation n'est pas une agriculture biologique, mais
peut y être associée, souligne la FAO. Dans l'agriculture de
conservation, les produits chimiques, notamment les engrais et les herbicides,
sont appliqués judicieusement. Au fil des ans, toutefois, les
quantités ont tendance à diminuer.
La FAO s'emploie à promouvoir l'agriculture de conservation depuis
plus de 10 ans, en particulier en Amérique latine où elle a
a été couronnée de succès. Dans l'Etat subtropical
de Santa Catarina au sud du Brésil, les agriculteurs dépendaient
autrefois considérablement des engrais chimiques, des pesticides toxiques
et des machines agricoles (tracteurs, charrues et herses). Ils avaient tendance
à pratiquer la même culture -généralement le
maïs-d'une année sur l'autre. L'érosion croissante et
la baisse des rendements ont incité à jeter un nouveau regard
sur l'aménagement des sols et à changer de cap, dans les 20
dernières années, en se réorientant vers l'agriculture
de conservation, désormais pratiquée sur 685 000 ha, soit plus
d'un tiers du total des superficies cultivées de l'Etat.
La FAO étend le programme à d'autres régions, comme
l'Afrique, l'Asie centrale et du Sud. Dans les pays de l'ex-Union
soviétique, l'agriculture traditionnelle a porté à la
dégradation de l'environnement due à l'utilisation de machines
agricoles inadaptées et obsolètes qui ont besoin d'être
remplacées urgemment.
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Pour tout complément d'information sur la conférence, consulter
le site web
http://www.ecaf.org/Congress/Latest_news.htm
ou appeler Mme Noelia OLMOS, ULLED ASOCIADOS, Tel: +34 915640496, e-mail:
nolmos@ulled.com ou le Bureau des Relations
avec les médias de la FAO: 39-06-5705 2232/3259.
Une nouvelle vidéo sur l'agriculture de conservation au Brésil
(13 minutes, comprenant des entretiens avec les agriculteurs locaux et un
expert de la FAO) est disponible auprès du Groupe vidéo de
la FAO, Tel: 39-06-5705 2062/2518.