Rome, 24 avril 2000. - Les progrès en vue d'une agriculture durable
ont été lents depuis la Conférence des Nations Unies
sur l'Environnement et le Développement qui s'est tenue il y a huit
ans à Rio de Janeiro, et la plupart des défis restent à
relever, souligne un rapport de l'Organisation des Nations Unies pour
l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Préparé pour la prochaine réunion de la Commission du
développement durable, ce rapport indique que la dégradation
des terres, la perte de la biodiversité agricole et les effets des
changements climatiques sur l'agriculture érodent la capacité
des pays à produire assez de nourriture et à atténuer
la pauvreté et la faim. "Bien qu'il y ait eu des progrès dans
plusieurs régions, la plupart des problèmes n'ont pas encore
été réglés en matière d'agriculture durable",
déplore le rapport.
La FAO est le maître d'oeuvre de deux des quatre Chapitres d'Action
21 que la Commission du développement durable doit examiner: ils se
rapportent à l'agriculture et à la gestion des terres.
Selon les prévisions, et vu le rythme auquel on avance, il ne sera
pas possible d'atteindre l'objectif fixé en 1996 par le Sommet mondial
de l'alimentation, à savoir réduire de moitié d'ici
à 2015 le nombre de malnourris, déplore également le
rapport.
Aujourd'hui, 790 millions d'individus dans les pays en développement
et 34 millions d'autres dans les pays en transition ont faim ou souffrent
de malnutrition. Le nombre des affamés diminue de quelque 8 millions
par an, mais pour atteindre l'objectif du Sommet mondial de l'alimentation
il faudrait que ce chiffre passe à 20 millions.
Malgré quelques progrès en matière de commerce
international, les subventions à l'agriculture dans les pays riches
et les prix déprimés des matières premières des
pays en développement découragent l'investissement dans
l'agriculture.
La partie de l'aide publique au développement consacrée à
l'agriculture n'a fait que diminuer depuis la fin des années 1980
pour atteindre 7,5 milliards de dollars seulement en 1995-97, contre 15 milliards
de dollars en 1986-1988.
Les agriculteurs devront produire 40 pour cent de plus de grains en 2020
pour nourrir la population mondiale. Il faudra intensifier la production.
"L'intensification partielle de l'agriculture a déjà
été réalisée dans plusieurs régions, mais
l'intensification durable, sans dégradation accrue des ressources
naturelles et de l'environnement, reste un défi", souligne le rapport.
Les sols continuent à perdre de leur fertilité malgré
la lutte contre la désertification menée sur le triple plan
national, régional et international. A titre d'exemple, rien qu'en
Asie du sud, le coût de la dégradation des terres est estimé
à 10 milliards de dollars par an.
Les progrès ont été également lents en ce qui
concerne la diminution des quantités de fertilisants utilisés
dans l'agriculture. La pollution des eaux par la nitrates augmente dans beaucoup
de pays provoquant l'eutrophisation des lacs, des estuaires et des côtes.
La dégradation des terres menace la sécurité alimentaire
et la production agricole durable dans beaucoup de pays en développement.
La FAO déplore, d'autre part, l'utilisation croissante de pesticides
dans les pays en développement et leurs conséquences néfastes
non seulement sur les ressources naturelles mais aussi sur les humains et
les animaux.
Le rapport rappelle, enfin, que "la faim et la pauvreté peuvent être
vaincues par des politiques et des mesures susceptibles d'améliorer
l'accès aux terres, de créer des emplois ruraux et de contrer
l'exode rural".
Pour des informations complémentaires, consulter le site web
http://www.fao.org ou contacter le Bureau
de presse de la FAO, tél. 0039.06.57053625.