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février 2002

L'infrastructure Au Service Des Pauvres
Fournir Aux Pauvres Un Accès Aux Infrastructures En Augmentant L'aide Publique Et La Participation Du Secteur Privé

Contacts:
Merrell Tuck-Primdahl 473-9516
mtuckprimdahl@worldbank.org
Richard Uku 473-3432
ruku@worldbank.org



WASHINGTON, le 19 février 2002
— L'objectif défini au niveau international de réduire de moitié l'extrême pauvreté d'ici à 2015 risque fort de ne pas être atteint si les pauvres du monde entier, de l'Asie du sud à l'Amérique latine, en passant par l'Afrique subsaharienne, n'obtien-nent pas un meilleur accès aux moyens de transport, à l'électricité, à l'eau et aux télécommunications. D'autres objectifs ont été fixés : assurer l'éducation primaire pour tous, améliorer les conditions de vie de ceux qui habitent les bidonvilles, relever le niveau scolaire des filles, réduire la mortalité infantile, lutter contre le VIH/SIDA et assurer un développement écologiquement viable. D'après la Banque mondiale, un doublement de l'aide publique au développement, conjugué à un accroissement des investissements privés sont indispensables pour financer l'infrastructure et contribuer à atteindre les objectifs de développement pour le Millénaire unanimement adoptés.

« Les gouvernements des pays en développement doivent créer les conditions d'une amélioration des services d'infrastructure en encourageant la bonne gouvernance et en réalisant des réformes réglementaires de fond pour instaurer un climat favorable à l'investissement et mobiliser les apports du secteur privé. Les besoins sont vastes — des bidonvilles aux villages isolés. Les bailleurs de fonds des pays riches doivent répondre à ces besoins, ainsi qu'à d'autres besoins urgents, en doublant l'aide publique au développement. Aujourd'hui les pays riches consacrent 7 fois plus de ressources aux subventions agricoles qu'au financement de l'aide » déclare James D. Wolfensohn, Président du Groupe de la Banque mondiale.



Nombreux sont les habitants des pays en développement qui manquent de services d'infrastructure, dans toutes les régions. Quelque 1,2 milliard de personnes n'ont pas accès à l'eau potable, ce qui les rend vulnérables aux maladies d'origine hydrique, et 2,4 milliards ne disposent pas de services d'assainissement adéquats et vivent dans des conditions qui favorisent la transmission rapide des maladies. On estime que 2,5 milliards de personnes n'ont pas accès aux sources d'énergie modernes, ce qui signifie souvent qu'ils n'ont pas de lumière pour étudier. Ils ne disposent pour se chauffer et cuisiner que de combustibles polluants qui provoquent des maladies respiratoires. Les 900 millions d'habitants des zones rurales dépourvues de routes utilisables en toutes saisons ont quant à eux difficilement accès aux marchés, aux emplois et aux dispensaires.

Au niveau régional, les données donnent à réfléchir. En Afrique subsaharienne, moins de 8 % de la population est connectée au réseau électrique, et de 10 % à 75 % de la population, selon les pays, vit à plus de 1 ou 2 kilomètres de routes utilisables à longueur d'année. En Amérique latine, 125 millions de personnes n'ont toujours pas accès à l'eau potable, 200 millions n'ont pas de système d'assainissement adéquat et 70 millions environ n'ont toujours pas accès à des sources d'énergie modernes.

Plus des deux tiers de la population mondiale, et la grande majorité des pauvres, vivent dans des régions rurales. Or ce sont précisément les pauvres de ces régions qui sont les plus mal lotis. L'absence de services d'infrastructure de base limite leur accès aux marchés ce qui, dans la pratique, les prive, ainsi que leurs enfants, des services d'éducation et de santé, entre autres. Elle les oblige aussi à consacrer davantage de temps et d'énergie à certaines activités. En Afrique subsaharienne, les femmes adultes transportent en général quotidiennement l'équivalent de 20 kg sur 1,4 à 5,3 kilomètres. Elles ne peuvent donc pas participer à la vie politique. Un financement plus important par l'État, en partenariat avec le secteur privé, les communautés et les usagers eux-mêmes est indispensable pour rattraper le retard en matière de services ruraux.

Le manque d'infrastructure dans les pays pauvres continue de s'aggraver parallèlement à l'augmentation considérable de la population dans les pays à faible revenu, en particulier dans les villes. D'ici à 2025, la population mondiale augmentera de 2 milliards d'habitants, dont 90 % vivront dans des zones urbaines qui vont doubler de taille. Si la tendance actuelle se poursuit, ces nouveaux citadins seront condamnés à habiter dans des bidonvilles surpeuplés, sans accès à des services publics, sans aucun droit de propriété et sans garantie d'avoir un logement, et à survivre dans des marchés parallèles non réglementés et coûteux. La lutte contre la pauvreté passe nécessairement par l'assainissement des quartiers insalubres, l'approvisionnement en eau propre à des prix raisonnables, la construction de routes desservant les zones urbaines les plus pauvres et la participation des citadins pauvres aux activités à mener à cet effet.

Il est plus que jamais nécessaire de former des partenariats pour résoudre ces énormes problèmes. Des projets tels que l'Alliance pour l'avenir des villes, que la Banque mondiale appuie avec les Nations Unies, ont pour objectifs, avec l'aide de nombreux partenaires, d'obtenir une amélioration sans précédent des conditions de vie des citadins pauvres au cours des 20 prochaines années. Le Programme d'alimentation en eau et d'assainissement, partenariat international visant à améliorer les services d'alimentation en eau et d'assainissement pour les pauvres, est fortement implanté sur le terrain en Afrique, en Asie de l'Est, en Amérique latine et en Asie du Sud, et concentre ses efforts sur les réformes de l'action publique et les changements institutionnels. Le Programme d'assistance à la gestion du secteur énergétique (ESMAP) est un programme technique de portée mondiale appuyé par la Banque, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et d'autres organismes, qui vise à rechercher des consensus et donner aux gouvernements des conseils en matière de gestion durable de l'énergie. Ce programme encourage les transferts de technologie et de savoir, notamment en proposant des solutions novatrices aux gouvernements sur l'utilisation traditionnelle et non traditionnelle de l'énergie.

Reconstruire après les guerres et les catastrophes naturelles

L'Afghanistan est un exemple extrême de pays qui doit reconstruire son infrastructure en partant pratiquement de zéro. D'après une estimation préliminaire faite en janvier par la Banque mondiale, la Banque asiatique de développement et le PNUD, le coût de la reconstruction du pays s'élèverait à 15 milliards de dollars sur 10 ans. Les tâches prioritaires sont le déminage, l'amélioration de l'alimentation en eau potable et de l'assainissement, la fourniture de services essentiels d'électricité (des données datant de 1993 indiquent que 6 % des Afghans seulement ont l'électricité) et la reconstruction du réseau routier (on estime qu'il faut reconstruire 2 500 kilomètres de routes). Ces tâches sont compliquées par les conséquences d'une longue sécheresse, qui elle aussi exige des investissements. En effet, ce sont essentiellement les pauvres qui sont affectés par les catastrophes naturelles.

Les progrès réalisés au Kosovo sont la preuve que l'on peut améliorer les choses dans de telles circonstances. La crise du Kosovo remonte à deux ans et demi, et déjà on constate des résultats positifs. Ainsi, quelque 183 000 personnes ont bénéficié de microprojets d'adduction d'eau, de remise en état des écoles et de construction d'égouts et de routes. D'autres pays comme l'Inde, le Nicaragua, le Honduras et le Mexique, accordent une place de plus en plus importante aux efforts de prévention et d'atténuation.

La reconstruction au lendemain du tremblement de terre survenu en Colombie montre également que l'on peut agir dans des situations d'urgence. Grâce à un projet financé par la Banque, 560 000 personnes bénéficient de la reconstruction et de la réparation de l'infrastructure publique. Avec l'aide d'un prêt d'urgence de 225 millions de dollars, les familles elles-mêmes participent à la construction de quelque 80 000 logements, ce qui contribue à dynamiser la vie communautaire. Des réseaux d'adduction d'eau, des écoles et des dispensaires sont également en cours de construction.

Les pauvres, les dirigeants et les hommes d'affaires ont tous besoin d'une infrastructure

Une constante ressort des enquêtes que la Banque a menées auprès des pauvres, des conversations qu'elle a eues avec les chefs d'État et des informations qu'elle a obtenues auprès des investisseurs étrangers et des entrepreneurs locaux : l'existence d'une infrastructure est essentielle à la santé, à la prospérité nationale et aux affaires.

Dans une étude de la Banque mondiale intitulée La parole est aux pauvres, qui rassemble plus de 60 000 témoignages recueillis dans 60 pays, les personnes interrogées ont pratiquement toutes souligné l'importance de services essentiels tels que les routes, les transports, l'eau, l'assainissement, l'électricité et les soins de santé. « Nous pensons que la terre est généreuse ; mais à quoi bon produire plus que ce dont la famille a besoin s'il n'y a pas de routes pour aller vendre nos produits au marché ? » a déclaré aux chercheurs un paysan pauvre du Guatemala.

En Inde, des mères pauvres expliquent qu'à cause du manque d'eau potable les maladies d'origine hydrique sont très répandues, et qu'en l'absence de routes et de moyens de transport fiables, la mortalité maternelle est élevée dans les villages isolés. À Tbilisi, capitale de la Géorgie, les habitants des quartiers pauvres de la périphérie connaissent des pannes d'électricité d'une durée d'un jour à un mois. Même lorsqu'il existe certains services de base, les prestations sont rares et rationnées. À titre d'exemple, les habitants de l'Algérie et de la Jordanie ont l'eau courante, mais les mesures de rationnement font qu'elle ne coule que quelques heures par jour. À Lagos, capital du Nigeria, de nombreux habitants doivent se contenter de tirer l'eau de puits ou de trous d'eau.

Encourager le financement par le secteur privé

Entre 1990 et 2000, plus de 2 300 projets d'infrastructure privés ont été réalisés dans les pays en développement, attirant plus de 690 milliards de dollars d'engagements de la part des investisseurs, soit beaucoup plus que les apports d'aide publique au développement. Ces investissements étaient cependant concentrés à 75 % dans les pays d'Amérique latine, des Caraïbes, d'Asie de l'Est et du Pacifique et, pour près de 80 %, dans les secteurs des télécommunications et de l'énergie.

« Les investissements requis pour développer et moderniser l'infrastructure des pays en développement sont énormes. Le secteur public ne peut pas à lui seul les financer. Il faut pour cela faire appel à des capitaux privés, mais aussi inscrire l'affectation de ces ressources par l'État dans un cadre politique et réglementaire solide. Les pouvoirs publics ne pourront y parvenir qu'en définissant les mesures et les règlements qui conviennent. La mise en place de partenariats entre les secteurs privé et public peut faire avancer le processus et stimuler l'esprit d'entreprise » déclare Nemat Shafik, Vice-président Développement du secteur privé et infrastructure de la Banque mondiale.

Le Groupe de la Banque mondiale aide les pays à améliorer leur infrastructure en fournissant différents types de services : conseils, services financiers, atténuation des risques et accès à des bases de connaissances et d'informations (voir ci-dessous à ce sujet un projet en Moldavie auquel participent trois institutions du Groupe de la Banque mondiale).

Augmenter les revenus et créer des emplois

Les services d'investissements dans l'infrastructure sont essentiels pour développer des entreprises économiquement viables. Les transports, l'énergie, les télécommunications et l'eau sont des préalables indispensables à toute production manufacturière ou autre, tant dans les zones rurales que dans les zones urbaines. Mais c'est seulement lorsqu'ils sont réalisés à bon escient que les investissements dans l'infrastructure peuvent favoriser le développement d'entreprises locales, de coopératives, de petites entreprises et de projets communautaires qui se traduisent directement par un relèvement des revenus des populations et des ménages pauvres. Le Projet de réfection et d'entretien des routes du Lesotho financé par la Banque est particulièrement intéressant à cet égard puisqu'il a entraîné la création d'un groupe de petits entrepreneurs locaux chargés de remettre en état les routes rurales. Il comprend des femmes chefs d'entreprises et assure un accès aux chantiers aux femmes aussi bien qu'aux hommes. Au Mali, un projet d'énergie appuyé par la Banque associe les populations locales à la gestion des ressources forestières et des sources d'énergie de la communauté.

La Banque mondiale appuie des projets de partenariat dans le domaine de la distribution d'eau dans d'autres pays africains, qui permettent aux responsables des compagnies des eaux locales de s'associer avec de petits prestataires indépendants pour fournir des services aux populations à faible revenu. C'est une bonne solution, qui a la préférence des ménages à faible revenu et qui privilégie en outre les entrepreneurs locaux.

L'insuffisance et le manque de fiabilité des services d'infrastructure sont un obstacle majeur pour les entreprises, tant dans les zones rurales que dans les zones urbaines. Il est difficile de trouver des débouchés nationaux à partir de régions isolées, enclavées ou montagneuses. Mais on peut surmonter ces obstacles, comme au Pérou, où un projet financé par la Banque portant sur les routes rurales bénéficie à 2,7 millions de personnes dans la région défavorisée de La Sierra, en reliant des villes isolées aux centres commerciaux. Ce projet a créé 32 300 emplois saisonniers non qualifiés dans le cadre du programme de réfection des routes rurales, et 4 700 emplois permanents d'entretien des routes.

Développer l'accès aux services téléphoniques et encourager la population locale à s'abonner à ces services sont des moyens de réduire la pauvreté et d'encourager le développement. L'introduction de téléphones dans les régions rurales de Thaïlande a permis aux agriculteurs de vérifier régulièrement le cours de leurs produits à Bangkok, ce qui a considérablement augmenté leurs bénéfices, au point de multiplier leur revenu par deux. Au Botswana et au Zimbabwe, les enquêtes dans les zones rurales ont révélé que les régions qui ont accès aux services téléphoniques sont beaucoup plus dynamiques que celles qui n'y ont pas accès.



Être en meilleure santé pour mieux apprendre

Le manque d'accès à l'eau potable ou à de bonnes installations d'assainissement et l'absence d'éclairage ou de combustible de cuisine non polluant peuvent favoriser les maladies, laisser peu de temps pour lire et étudier et alimenter le cercle vicieux de la pauvreté. On estime que 500 000 femmes et enfants meurent chaque année en Inde, victimes de maladies dues à la pollution de l'air intérieur à cause de l'utilisation de combustibles traditionnels. Des projets de distribution de foyers améliorés appuyés par la Banque dans les régions rurales d'Inde, du Mali et de Madagascar ont permis de réduire l'utilisation de combustibles polluants.

Dans les régions isolées, des obstacles énormes peuvent s'opposer à la scolarisation des filles. Même lorsqu'il existe y a des écoles, des enseignants et des livres, les filles ne peuvent souvent pas aller à l'école parce qu'elles doivent passer chaque jour de longues heures à aller chercher de l'eau, ou parce que les écoles ne sont pas équipées de toilettes séparées pour les garçons et pour les filles. Il est pratiquement impossible aux enfants qui n'ont pas l'électricité chez eux d'étudier. L'électricité, les réseaux de télécommunications et les transports ruraux et urbains permettent à de nombreux enfants pauvres de rester scolarisés. Une étude menée par la Banque mondiale dans les régions rurales des Philippines a ainsi clairement démontré qu'il existait un lien entre l'électricité dans les foyers et le temps consacré à la lecture et à la scolarité. Une autre étude sur un projet de routes rurales financé par la Banque au Maroc a révélé qu'en construisant des routes utilisables en toutes saisons, on multipliait par deux le nombre d'enfants inscrits dans les écoles primaires, et par trois le nombre de filles scolarisées.

Accorder une aide en fonction de résultats tangibles

La Banque mondiale et les bailleurs de fonds avec lesquels elle collabore envisagent d'accorder des aides en fonction des résultats, en liant le décaissement de financements publics aux services effectivement fournis ou aux résultats effectivement obtenus. Les stratégies d'aide avec obligation de résultat ne sont pas nouvelles, et elles ont été appliquées avec succès à toute une gamme de services essentiels, notamment d'infrastructure. Bien appliquée, la formule peut également aider à assurer que même les plus démunis sont considérés comme des clients intéressants par les prestataires de services privés.

« Il s'agit maintenant essentiellement de veiller à ce que les ressources provenant de l'aide extérieure et de l'impôt bénéficient aux pauvres, que les services qu'elles financent répondent à leurs besoins et soient assurés efficacement, et que les fonds publics soient utilisés de façon à inciter les opérateurs privés à financer la prestation de ces services », explique Nemat Shafik.

Si l'objectif est d'accroître le nombre d'abonnés, on peut lier le décaissement de fonds publics au nombre de nouveaux raccordements effectués et mis en service. C'est ainsi, par exemple, que l'on a pu développer l'électrification rurale au Guatemala.

La Banque a entrepris de mieux tester la formule dans le cadre d'un programme, et des projets pilotes sont en cours de conception ou de réalisation dans la plupart des régions et des secteurs, depuis des concessions d'eau au Cambodge, en passant par l'électricité au Mozambique, aux télécommunications rurales au Népal.

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Pour tout renseignement complémentaire sur le travail de la Banque Mondiale en matière d'infrastructure, consultez le site web suivant :
http://www.worldbank.org/infrastructure

Pour tout renseignement complémentaire sur l'Alliance pour l'avenir des villes,
consultez le site web suivant :
http://www.citiesalliance.org/

Pour tout renseignement complémentaire sur le Programme d'alimentation en eau et d'assainissement, consultez le site web suivant :
http://www.wsp.org/

Pour tout renseignement complémentaire sur le Programme d'assistance à la gestion du secteur énergétique, consultez le site web suivant :
http://www.worldbank.org/html/fpd/esmap/

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