mardi 26 août 2003 Espagne/Barcelone
Une nouvelle étude publiée par Greenpeace et les Amis de la Terre indique que
les cultures transgéniques en Espagne entraînent la contamination des cultures biologiques, qu'elles ont un faible rendement et que leurs avantages ont été fortement surestimés. Le rapport est également très critique face à l'incapacité du gouvernement espagnol à effectuer un suivi et un contrôle de la situation.
L'Espagne est le seul pays de l'Union européenne à cultiver commercialement les OGM. Depuis 1998, on estime que 25 000 hectares de maïs transgénique modifié pour résister à la pyrale du maïs (maïs Bt176 produit par la société suisse Syngenta) sont cultivés en moyenne chaque année.
"Cette étude indique que les cultures transgéniques ne sont pas, contrairement à ce que certains croient, des cultures miracles, bien au contraire. Les compagnies de biotechnologies sont les seules à en tirer avantage, alors que les agriculteurs et l'environnement en subissent les effets négatifs," a déclaré Liliane Spendeler des Amis de la Terre Espagne, co-auteur du rapport.
Les cultures de maïs transgénique en Espagne sont réalisées sans la moindre évaluation officielle, au mépris de la législation en vigueur. On dispose néanmoins d'informations - issues d'études indépendantes - qui indiquent que les cultures transgéniques posent de graves problèmes économiques et écologiques :
- Une étude de l'IGTA (1), réalisée entre 1998 et 2000, montre que dans la plupart des cas, aucune différence n'a été notée entre les cultures transgéniques et conventionnelles, en cas d'attaque de pyrales. Cela signifie que les pyrales survivent aux toxines produites par les plantes transgéniques et que le risque de les voir développer des résistances est élevé. Cela peut non seulement constituer un problème économique pour les agriculteurs, mais également un problème écologique, car des pesticides plus efficaces et plus nocifs pour l'environnement seront à l'avenir indispensables pour combattre les insectes "résistants".
- Les premiers cas de contamination de cultures biologiques par des OGM ont été découverts dans le nord de la région de Navarra par le Conseil de l'agriculture biologique (CPAEN, organisme public de certification biologique). En conséquence, la certification biologique a été retirée aux agriculteurs concernés qui ont subi des pertes car leurs produits ne pouvaient plus être commercialisés sous le label biologique.
- Des études indiquent que le rendement des OGM est substantiellement inférieur à celui des variétés conventionnelles comparables. Ainsi, en 1999, le maïs transgénique a produit 25% de moins que la variété ayant le meilleur rendement.
- Le Groupe de travail sur les pesticides du gouvernement espagnol a signalé en 2002 que la fréquence d'apparition des pyrales en Espagne est "faible" et "ne justifie pas l'utilisation des ces variété transgéniques" (2). L'industrie des biotechnologies prétend au contraire que "les agriculteurs espagnols ont subi la pyrale du maïs pendant des générations" (3).
Le rapport de Greenpeace et des Amis de la Terre présente également les procédures d'autorisation aux Etats-Unis et dans l'Union Européenne ainsi que des problèmes juridiques liés aux OGM depuis 1996. Il révèle notamment que les variétés Bt176 ont été retirées dès 2001 de la liste des variétés autorisées par les autorités compétentes américaines.
Les conclusions du rapport sont soutenues par le principal syndicat agricole espagnol.
"L'Espagne se transforme en un grand champ d'expérimentation. Les OGM sont cultivés depuis cinq ans sans avoir apporté le moindre avantage économique par rapport aux variétés conventionnelles et sans qu'aucune mesure n'ait été adoptée pour éviter leurs impacts négatifs. L'exemple espagnol illustre ce qui pourrait arriver à toutes les terres agricoles européennes si la Commission européenne autorise des seuils de contamination des semences conventionnelles et si les compagnies de biotechnologies ne sont pas tenues responsables des contaminations de cultures conventionnels et biologiques" à déclaré Juan-Felipe Carrasco de Greenpeace Espagne, co-auteur du rapport.
(1) - Instituto Técnico de Gestión Agraria del Gobierno Navarro, ou Institut de recherche agronomique officiel de Navarre.
(2) - Ministère espagnol de l'Agriculture, rapport du Groupe de travail sur les parasites et maladies dans les cultures extensives, avril 2002.
(3) - Communiqué de presse Europabio du 27 septembre 2002.
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