Marseille le lundi 10 mars 2003
Le rapport fournit un inventaire et une analyse de 3.000 actions pour l’eau entreprises dans
le monde depuis 3 ans. Il constate une intense mobilisation sur le sujet , mais il met
également en lumière les besoins colossaux et les efforts considérables à accomplir pour
que l’accès à l’eau soit une réalité pour tous.
Le Forum mondial de l’eau s’annonce comme la rencontre internationale sur l’eau la plus
importante jamais organisée. Près de 10,000 personnes sont attendues, toutes les questions
liées à l’eau douce y seront abordées : des questions vitales pour plus d’un milliard de
personnes et essentielles pour toute la planète.
La crise de l’eau dans le monde est aujourd’hui un sujet d’inquiétude majeur : chaque jour 25000 enfants meurent de maladies « hydriques » souvent induites par la mauvaise gestion de l’eau et ces maladies sont en augmentation ; l’agriculture souffre cruellement du manque d’eau, de nombreuse villes sont au bord de l’explosion ; Pékin comme Delhi connaissent à présent des pénuries d’eau alarmantes et dans de nombreuses régions du monde l’eau provoque des tensions croissantes.
Cette crise de l’eau constituera la toile de fond du forum de Kyoto. Pour en témoigner, un effort sans précédent de collecte de « Voix de l’Eau » a été fait et a permis à des milliers de personnes de témoigner de leurs difficultés quotidiennes liées à l’eau. Plus de 25000 témoignages ont été recueillis partout dans le monde, pour exprimer les difficultés de trouver de l’eau.
Pour Loïc Fauchon, Gouverneur du Conseil Mondial de l’Eau « toutes ces voix posent la question
des priorités données au développement : Faut-il, comme on le voit souvent, même dans les
bidonvilles, développer le téléphone portable avant l’eau potable ? »
Lors du précédent Forum Mondial de l’Eau de La Haye en 2000, le Conseil Mondial de l’Eau s’est
engagé à mesurer les suites données aux recommandations et aux engagements pris par tous les
acteurs – et en premier lieu par les gouvernements. Le rapport « les actions pour l’eau dans le monde » est le résultat de cet engagement.
Ce rapport souligne d’abord la diversité des actions mises en place et des acteurs en charge de ces actions. Quels que soient les problèmes rencontrés, des actions sont mises en oeuvre pour y remédier – de la formation à l’irrigation de nomades à Addis-Abeba à la nouvelle stratégie de la Banque Mondiale, de la mise en place d’Agences de Bassin au Brésil à l’alimentation des bidonvilles à Manille, de la gestion communautaire de zones humides en Amérique Centrale à la réforme des régies municipales en Russie.
Il convient ensuite de reconnaître un effort sans précédent des gouvernements, dans la
modernisation du contexte légal et institutionnel de la gestion de l’eau : de nouvelles lois sont promulguées, de nouvelles stratégies d’action sont édictées, la décentralisation progresse dans de nombreux pays et les institutions sont réformées. Ainsi, depuis 3 ans, de nouvelles lois sur l’eau ont été adoptées ou sont en passe de l’être dans au moins 42 pays.
Mais trop souvent ces réformes peinent à se concrétiser car les lois votées ne sont pas toujours appliquées. Là où la décentralisation est promulguée, elle ne s’accompagne pas d’un transfert réel et suffisant des pouvoirs et des moyens aux collectivités locales.
« La crise mondiale de l’eau ne peut que s’aggraver si les gouvernements ne donnent pas à l’eau la priorité dans leurs plans de développement et d’investissements, et dans leurs stratégies de réduction de la pauvreté. Les financements actuellement mobilisés sont très loin d’être à la hauteur : seulement 3 % du montant total de l’aide publique au développement étant consacrés à l’eau » insiste William Cosgrove, Vice-Président du Conseil Mondial de l’Eau.
Dans les pays où les autorités tardent à traiter la question de l’eau, les citoyens prennent des initiatives. Les ONGs, tant locales qu’internationales, jouent un rôle majeur dans ce mouvement d’ensemble : en 2000 au Sénégal, une association française, Eau Vive, est ainsi intervenue dans 126 communautés villageoises représentant plus de 90.000 personnes. « La diversité des problèmes et des situations n’a d’égale que la diversité des intervenants et des modes d’action. La mobilisation est très large – presque à la hauteur de l’enjeu », commente François Guerquin, coordinateur de l’équipe internationale qui a écrit le rapport.
Le rapport « les actions pour l’eau dans le monde » insiste notamment sur trois
recommandations essentielles :
1. Les Etats doivent mener de réelles politiques de décentralisation pour garantir un accès
à l’eau pour tous, au delà des seules régions favorisées. Il convient de renforcer les
moyens et les compétences des acteurs locaux parmi lesquelles figurent les collectivités
locales. Celles ci doivent jouer pleinement leur rôle de maître d’ouvrage et impliquer
partenaires de la société civile et acteurs privés pour le développement de services de
l’eau efficaces.
2. Des moyens financiers beaucoup plus importants doivent être investis à tous les
niveaux : institutions internationales et multilatérales, Agences des nations Unies, Etats,
collectivités locales, régions et villes.
3. Un système de suivi et de contrôle doit être mis en place afin de pouvoir évaluer
régulièrement des progrès accomplis et afin d’identifier les besoins localement ; ce
système, qui doit à la fois alerter et jouer un rôle de stimulant, doit être indépendant des
pouvoirs publics.
L’eau est devenue aujourd’hui immense un enjeu technologique et comme le rappelle Loïc
Fauchon, Gouverneur du Conseil Mondial de l’Eau « l’eau a besoin de pouvoir bénéficier de tous
les savoirs faire et de toutes les compétences. Tous les acteurs de la communauté de l’eau doivent coopérer pleinement, chacun se devant d’apporter sa contribution pour garantir l’accès à l’eau pour tous ».
Le rapport « les actions pour l’eau dans le monde » offre également des réelles perspectives
d’espoir. Partout dans le monde des hommes et des femmes ont su trouver les réponses locales à
la crise de l’eau, ces actions possibles ici peuvent l’être ailleurs avec l’appui des responsables politiques et de tous les acteurs de la communauté de l’eau. Pour cela il est nécessaire qu’à Kyoto, les résolutions prises au cours des Sommets précédents (et en particulier à Johannesburg) se matérialisent en plans d’actions et en engagements financiers et tangibles : c’est un devoir pour l’humanité et c’est là tout l’enjeu du Troisième Forum Mondial de l’Eau.
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